Tom Hardy |
Les 10 qualités de Tom Hardy, acteur d’exception
Frédéric Strauss
Publié le 20/01/2016. Mis à jour le 20/01/2016 à 08h18.}
Dans “Legend”, il joue des jumeaux gangsters. Un rôle à la mesure de son ambivalence et de son penchant pour la performance. Tom Hardy, un acteur de légende, à aller voir dans les salles ce mercredi 20 janvier.
Legend, qui fait son actualité cette semaine, n'est pas la meilleure occasion de s'en apercevoir, mais Tom Hardy, 39 ans cette année, est un acteur phénoménal, qui attire les personnages les plus hauts en couleur et beaucoup de grands cinéastes. Qu'est-ce qui rend cet Anglais unique en son genre ? Des qualités sérieuses, fondamentales ou originales, parfois contradictoires… Nous en avons établi la liste.
Incarné
Un acteur, c'est (aussi) un corps. Le cinéma n'aime pas toujours s'en souvenir, cherchant plutôt une présence dans le regard, l'allure, l'attitude… Tom Hardy, lui, met les pieds dans le plat : son corps est là ! Corps de cogneur (Warrior, 2011), d'animal toujours. C'est en laissant libre cours à ce corps qu'il s'imposa : de l'acteur fluet qu'il était, et qui prête maintenant à sourire dans Star Trek : Nemesis (2002), il devint la bête de muscle qui surgit dans Bronson (2008) de Nicolas Winding Refn. Il a retrouvé la ligne ensuite, mais sans jamais perdre ce jeu physique qui est sa signature. Comme celle de l'acteur avec lequel on a toujours envie de le comparer : l'homme en maillot de corps, Marlon Brando.
Intemporel
Il a beau porter un peu trop souvent la barbe des hommes d'aujourd'hui et prendre naturellement des airs de bête de mode branchée, Tom Hardy a quelque chose d'inattendu dans le cinéma actuel : un visage parfois romantique, un regard lointain, un côté venu d'ailleurs… Intemporel à coup sûr, il convainc en homme du passé, même quand c'est pour endosser carrément l'habit d'un agent de la police secrète soviétique, à Moscou en 1952, dans Enfant 44 (2015).
Beau
S'il est devenu un acteur de catégorie A, c'est quand même grâce à sa bonne gueule. Tom Hardy a pourtant moins utilisé la sienne que Ryan Gosling et beaucoup d'autres. Les faits n'en sont pas moins là : photogénique en diable comme il se doit, l'acteur joue la carte de la séduction sans mal. Mais pour le voir dans un vrai numéro de charme, il faut rattraper une petite comédie sympathique qui a fait bide, Target (2012).
Laid
Son pouvoir de devenir monstrueux excède Bronson (2008) et dépasse The Dark Knight rises (2012) où il interprétait l'horrible Bane : à la moindre occasion, Tom Hardy prend plaisir à se défigurer un peu. Là aussi, on retrouve le souvenir très présent de Brando, qui a toujours joué sur les deux tableaux, la beauté et la laideur. Une manière d'être ange et démon et d'exercer une fascination sûre.
Sexué
Corps, séduction, répulsions et pulsions : tout converge pour faire de Tom Hardy l'acteur le plus sexué du moment. Et le modèle Brando fonctionne à fond dans ce registre, jusque dans l'ambiguïté hétéro-homo : en maillot de corps et aussi en blouson de cuir, Marlon fut une icône de la culture gay et Tom Hardy en est sans doute une aujourd'hui. C'est là qu'intervient Legend, où il interprète deux jumeaux gangsters, l'un qui drague des minettes et l'autre des minets, mais s'en sort moyennement.
La faute à un réalisateur peu doué, assurément. Mais on sent aussi une difficulté compréhensible à afficher trop clairement une ambivalence qui ne relèverait que de ce clivage hétéro-homo. Au festival de Toronto, lors de la conférence de presse de Legend, Tom Hardy refusa gentiment et fermement de répondre à un journaliste qui l'invitait à parler de sa sexualité. Comme il l'avait fait quelques années plus tôt dans un magazine gay en évoquant ses aventures, qui n'avaient pas été que féminines. Trop de sexualité peut tuer la sexualité : pour rester un phénomène sensuel, Tom Hardy semble avoir sagement décidé de ne plus mettre les points sur les "i".
British
Pas tellement british ? Pas forcément distingué, pas tellement classique, c'est certain. Un peu d'identité nationale traverse pourtant ce natif de la banlieue de Londres, et seul un autre Anglais pouvait révéler cette vraie nature avec la discrétion de rigueur : Christopher Nolan, qui fut le premier à montrer un Tom Hardy magnétique, réservé et très classe dans Inception (2010). Avant d'en faire la brute de The Dark Knight rises. L'association de ces deux sujets de sa Majesté va tout naturellement continuer et ça sera avec Dunkerque, un film de guerre annoncé pour l'été 2017.
Méchant
Le « villain », comme on dit dans la langue de Shakespeare, est un rôle que Tom Hardy a endossé plus d'une fois. Son physique y est pour beaucoup, le rendant facilement menaçant. Mais méchant, il l'est aussi par une forme de démesure mentale qu'il a le don de suggérer, entraînant ses personnages au-delà des territoires de la rassurante humanité… Ce mystère du mal, Tom Hardy trouve à l'incarner comme jamais dans The Revenant (sortie le 24 février 2016) d'Iñaritu, où il pourrit la vie de Leonardo DiCaprio sans qu'on sache vraiment pourquoi il le fait, ni pourquoi il ne le ferait pas… Inquiétant, impressionnant. Et, à la clé, une première nomination aux oscars (catégorie meilleur acteur dans un second rôle).
Façonnable
Son talent le plus plaisant pour nous spectateurs et sans doute le plus jouissif pour lui : un plaisir presque enfantin à changer d'apparence, à se déguiser, se grimer… En blond aux cheveux longs années 70, il donnait parfaitement le change chez les espions de La Taupe (2011). Mais tous ces rôles ont été l'occasion d'une transformation plus ou moins spectaculaire, comme si Tom Hardy ne cessait d'apparaître et de réapparaître. Peut-être pas encore vraiment identifié à cette heure.
Joueur
Avec son talent, beaucoup d'acteurs auraient déjà installé une carrière tranquille et de bon standing. Tom Hardy, lui, s'amuse. Provocateur, bouffon, aventureux et passionné, il est devenu une figure de proue idéale pour l'univers radicalement ludique de Mad Max Fury Road (2015), et on le retrouvera forcément dans ce rôle de Max. Au-delà, c'est tout Hollywood que son tempérament déluré va, à coup sûr, finir par embarquer.
Flamboyant
Avec sa générosité, Tom Hardy est de ces acteurs qui non seulement ne boudent pas leur plaisir d'être à l'image, mais s'emparent de leurs personnages en virtuoses et participent directement à la création d'une dimension de cinéma, bigger than life. Nolan a exploité sans vergogne cette qualité dans The Dark Knight rises, au risque de la déformer et d'en faire un défaut : juste un peu plus de flamboyance et Tom Hardy pourrait devenir un acteur démonstratif, en roue libre… Un risque dont Iñaritu avait sans doute conscience en tournant The Revenant : il y encadre Tom Hardy et cadre sobrement la folie de son personnage. Acteur à surveiller, ça lui a toujours bien été.