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mardi 11 septembre 2018

Balthus / Une censure peut en cacher une autre


Thérèse rêvant 1938
Balthus
Photo de Triunfo Arciniegs
Nueva York, 2012


Balthus: une censure peut en cacher une autre

Le capitalisme achève de ravager la planète et de détruire les vieilles solidarités sans vraiment rencontrer de résistances. Chez nous, pendant que la présidente fait un discours fleuve sur un bébé panda, les premiers SDF meurent de froid dans la rue, comme d’habitude.

La « perversion » est une diversion

Evidemment, le capitalisme ne veut pas qu’on en parle, de tout ça, qu’on s’y intéresse de trop près. Alors le capitalisme a une diversion bien pratique. C’est l’Ordre Moral. L’Ordre Moral dit ce qu’on peut lire, voir, aimer et ce qu’on ne peut pas. Comme, dans la France macronisée, le capitalisme sauvage est en pleine forme, l’Ordre Moral aussi. Ces deux-là marchent la main dans la main. Ces jours-ci, où nous sommes en train de devenir des Américains comme les autres, l’Ordre Moral a pris pour compliquer les choses l’allure a priori progressiste d’un néo-féminisme post-weinsteinien qui, au nom des violences faites au femmes (assez peu néanmoins dans le domaine salarial), étend sa croisade désormais au domaine de l’art: littérature, cinéma, peinture.

La petite cuillère n’existe pas

Non seulement l’art qui se fait aujourd’hui mais aussi l’art qui s’est fait hier. Dernier épisode en date, à New-York, mais ça ne saurait tarder par ici, une Ordeuse Morale a initié une pétition pour que le MOMA cesse d’exposer Thérèse rêvant de Balthus à cause « de ce que ce tableau insinue ». Mais il insinue ce que vous y voyez madame Mia Merrill, vous qui dites vous inscrire dans le sillage de #metoo et ce que vous y voyez n’a pas (encore) force de loi mais dit beaucoup de votre rapport au sens, à la beauté, à la liberté.
Ne rigolez pas, Nabokov et Proust, votre tour arrive… Le sursis, c’est parce que la littérature, ça demande des efforts: il faut lire les livres, tout de même.
Après, malgré tout, ce que je trouve paradoxal, magnifique et tragique dans cette histoire, c’est que finalement l’Ordre Moral prend l’Art au sérieux. On s’apercevra ainsi de ce qu’on perd au fur et à mesure qu’il l’effacera de nos mémoires.

CAUSEUR





lundi 10 septembre 2018

Balthus / Au cinema


Thérèse on a Bench Seat
Balthus

Balthus
AU CINEMA

Dans le film de François Truffaut Domicile conjugal (1970 ; scène reprise in extenso dans L'Amour en fuite, 1979), les deux personnages principaux, Antoine Doinel (interprété par Jean-Pierre Léaud) et sa femme Christine (Claude Jade), se sont disputés et vivent séparément. À un moment donné, Christine décroche du mur un petit dessin d'environ 25 × 25 cm et le tend à son mari qui est venu voir leur enfant, Alphonse :

« Christine : – Tiens, prends le petit Balthus.

Antoine : – Ah, le petit Balthus, je te l'ai offert, il est à toi, garde-le. »
Ce dessin présente au premier plan un personnage sombre (peut-être de dos), dans une allée avec des arbres sur la gauche. Il ne ressemble à rien de ce que Balthus aurait dessiné et ne figure pas dans le catalogue raisonné, mais les recherches continuent pour l'identifier. 
Dans Péril en la demeure de Michel Deville, les allusions à Balthus font partie de la trame même du film. Celui-ci baigne dans un érotisme cérébral directement inspiré de l'œuvre du peintre, la reproduction d'un tableau de Balthus, représentant une demeure, y est aperçue à plusieurs moments-clés de l'intrigue, dont le personnage principal donne des leçons de guitare à une adolescente aguicheuse, qu'il rejoindra dans la scène finale.





samedi 8 septembre 2018

Oeuvre de Balthus / La chambre turque




Oeuvre de Balthus : la chambre turque

Balthus est le peintre de l'intimité, dans ce que cette intimité-là a précisément de plus secret et qu'abordent très rarement les artistes. Paradoxalement, ses toiles sont grandes et même parfois immenses. Picasso, qui se situait à l'opposé de cette forme d'art, l'avait suffisamment en estime pour posséder une toile de Balthus, aujourd'hui présentée avec la dation. Mais de Balthus, personne ne sait vraiment rien, ou presque rien. Balthus, être secret ou plutôt replié sur lui-même, veille avec intransigeance à ce que nul ne vienne troubler sa retraite. Il ne répond à aucune lettre, jamais, et au téléphone rarement. Il n'a pas accepté d'imaginer une maquette pour un timbre: il ne croyait pas possible de plier sa main aux dimensions infiniment trop réduites de la maquette. Il ne croyait pas non plus qu'il fût possible de tirer d'une seule de ses œuvres un timbre qui la reproduisît avec assez de justesse. Pourtant, c'est avec lui et par téléphone, que le choix de l'œuvre a été fait. Le timbre, sans doute, l'étonnera, mais sans doute nul n'en saura rien. Tous les dictionnaires nous apprennent que Balthus — lequel nie son prénom — s'appelle Balthazar Klossowski de Rola, qu'il est né à Paris en 1908, qu'il est d'origine polonaise et qu'il est comte de surcroît. C'est très jeune en Suisse qu'il rencontre Rainer-Maria Rilke: le poète l'encourage à peindre. Un certain érotisme sous-jacent, sans propos malsain, fait souvent contraste au décor raffiné, bourgeois et peuplé de ses œuvres. Les êtres et les choses sont à leur place dans une mise en page rigoureuse, mais quelque chose flotte, qui ne choque pas, qui n'a pas besoin des stridences d'une couleur excessive, qui ne déforme pas des contours dessinés au contraire avec une certaine raideur. Nous sommes ici au bord de l'équivoque, mais nous n'y sombrons pas. C'est cela, l'atmosphère de Balthus: richesse et exactitude des décors et des ameublements, paix apparente des êtres, pulsions dissimulées dans le silence des attitudes souvent conventionnelles mais proches en fait de l'ambiguïté. L'artiste se dérobe devant la curiosité de la critique, mais sa peinture se dérobe aux références explicites. Tout en effet se trouve sur la toile : l'attente d'une jeune fille, le rêve d'adolescentes distraites de leur lecture, la solitude près d'un bouquet, dans le luxe des tentures... Il y avait les «jeunes filles en fleur» de Proust. Il y a les énigmatiques jeunes filles-fleurs de Balthus. Balthus fut avec justice nommé directeur de la Villa Médicis à Rome en 1961 : son séjour romain a été relativement bref. Aujourd'hui Balthus peint, de plus en plus grand, à l'écoute des secrets de la tendresse et de l'amour.






vendredi 7 septembre 2018

Balthus / Je vois les adolescentes comme un symbole

La chambre
Balthus

Balthus 
Je vois les adolescentes comme un symbole

Je vois les adolescentes comme un symbole. Je ne pourrai jamais peindre une femme. La beauté de l’adolescente est plus intéressante. L’adolescente incarne l’avenir, l’être avant qu’il ne se transforme en beauté parfaite. Une femme a déjà trouvé sa place dans le monde, une adolescente, non. Le corps d’une femme est déjà complet. Le mystère a disparu.