Affichage des articles dont le libellé est Gillian Anderson. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Gillian Anderson. Afficher tous les articles

dimanche 13 juin 2021

Mes héros sont des héroïnes

 

Caitriona Balfe

Mes héros sont des héroïnes

Beaucoup de séries mettent en avant des femmes de tempérament. Des modèles pour la vie réelle? Des soutiens sans faille, en tout cas!

Marie-Pierre Genecand
Publié mardi 19 avril 2016 à 10:56

Je regarde beaucoup de séries. «Grey’s anatomy», «Girls», «The affair», «Outlander» et, récemment «The Fall» avec la sublime Gillian Anderson. Aucun lien entre le monde hospitalier de Seattle, la galère new yorkaise à 20 ans, un adultère compliqué, une chronique écossaise à travers les âges et la traque d’un tueur en série à Belfast? Un point commun pourtant: ces séries reposent toutes sur des femmes de tempérament.

Des courageuses qui ne se laissent pas abattre au premier coup de vent. La palme de l’exploit revient sans doute à Claire Randall, infirmière de guerre de 1945 qui, dans «Outlander», se retrouve brusquement transportée dans l’Ecosse de 1743 et doit s’adapter aux mœurs rugueuses des Highlanders, ces guerriers révoltés. Un défi que l’Irlandaise Caitriona Balfe relève avec talent, en évitant le ridicule associé aux sauts dans le temps, alors que les Monthy Python semblaient avoir accroché pour toujours le procédé aux cimes de l’humour. Claire Randall souffre, aime pour de bon et on souffre, on aime avec elle. Bon, les femmes en tout cas, car, j’avoue, je ne connais aucun fan masculin de cette série...

La question: ces héroïnes exercent-elles une influence sur ma vie? La réponse: oui. Dans mon entourage, j’ai beaucoup d’amies formidables qui gèrent crises et revers avec grandeur. Pourtant, souvent, lorsque je bute sur un obstacle, ce n’est pas à ces proches que je pense, mais à mes héroïnes de fiction. Si ces warriors ont surmonté une explosion, un deuil, un abandon, je dois bien pouvoir régler cet infime problème de piston. L’héroïne est pratique. On peut en faire sa meilleure copine sans concession. On développe pour elle un attachement qui ne demande aucun engagement. Pareil avec un roman. Combien de personnages n’ai-je pas convoqués, en rêve ou éveillée, pour résoudre une difficulté? Ils, elles sont là, immuables, bienveillants, à disposition…

Je me demande si, vendredi dernier, Nathalie Leclerc-Pelan a pensé à Claire Randall lorsque cette patronne de bar-tabac à Champ-du-Boult, en Normandie, a mis une raclée à un jeune homme armé qui voulait la dépouiller. Au quotidien Ouest France, la gérante a raconté qu’elle a d’abord cru à une blague, d’où son aplomb. Mais son courage n’a pas faibli quand elle a réalisé que le malfrat ne rigolait pas. Elle l’a poussé vers la sortie, en le corrigeant plusieurs fois, comme on le faisait jadis avec les gosses mal élevés. Des raclées à main nue sur un homme armé? Souvent, dans la vie comme dans les films, mes héros sont des héroïnes.

LE TEMPS

mardi 8 décembre 2020

Gillian Anderson / La force et le glamour


Gillian Anderson

 

Gillian Anderson, la force et le glamour

Elle a été Scully, l’ufologue malgré elle de «X-Files», et Stella, l’enquêtrice de «The Fall». Excellant dans les rôles de femmes puissantes, la plus britannique des comédiennes américaines fait sensation en enfilant le tailleur de Margaret Thatcher dans «The Crown»


Antoine Duplant
Publié mercredi 2 décembre 2020 à 12:27
Modifié mercredi 2 décembre 2020 à 12:28


Le dragon est de retour dans le royaume d’Angleterre. Regard réprobateur, sourire vinaigré, impérieuse sous une sculpture capillaire dûment laquée et dans son tailleur bordeaux, Margaret Thatcher fait sensation dans la quatrième saison de The Crown. La Prime Minister s’impose auprès de la reine en lui rappelant qu’elle est de six mois son aînée. Et lorsque la monarque lui demande s’il est confortable d’avoir des ennemis, elle répond: «Oh yes!»

C’est Gillian Anderson qui incarne la terreur des classes laborieuses. La coiffure, le maquillage, la garde-robe recréent la silhouette historique, mais c’est la voix qui lui donne son âme. La comédienne explique qu’elle en reproduit le sifflement vaguement vipérin en avançant légèrement les incisives sur la lèvre supérieure. Elle parvient même à exprimer le côté «sexy» de la Dame de fer, un petit plus passé inaperçu au large de la Grande-Bretagne…

Née à Chicago, Gillian Anderson a suivi ses parents très jeune à Porto Rico, puis à Londres, où elle est bonne élève, tendance garçon manqué. Elle a 11 ans quand la famille retourne aux Etats-Unis, à Grand Rapids, Michigan. Le dépaysement est d’autant plus violent que ses camarades de classe raillent son accent anglais.

Elle adopte alors la punk attitude, crâne rasé, iroquois violet, anneau dans le pif, et se singularise par son indiscipline. Pour ses condisciples, elle est la «fille bizarre», la «bouffonne», la parfaite candidate à l’incarcération – d’ailleurs, la police finit par s’en mêler quand elle a l’idée de coller les portes de l’établissement scolaire pour échapper à un examen…

L’effet Scully

La jeune rebelle trouve sa voie sur les planches et décroche un diplôme à l’Université d’art dramatique de Chicago. Elle court les auditions à New York. Puis part tenter sa chance à Hollywood. C’est par la télévision que la gloire arrive quand Chris Carter lui propose un rôle dans son projet de série axée sur le paranormal. Les dirigeants de la Fox rêvent d’une comédienne plus grande, plus blonde, plus plantureuse, mais le jeune producteur réussit à l’imposer dans X-Files.

Elle est l’agent spécial Dana Scully, licenciée en physique et docteure en médecine. Assignée au bureau des affaires classées du FBI, elle a pour partenaire Fox Mulder (David Duchovny), dit «Le Martien». L’alchimie entre les deux comédiens participe au succès d’une série qui renverse les stéréotypes de genre: Scully représente la raison, Mulder le rêve; elle a les pieds bien sur terre (et les mains dans la viande froide des corps qu’elle autopsie…), lui la tête dans les étoiles. Levant les yeux au ciel, elle ramène à la raison celui qui voit des ovnis là où il n’y a que des frisbees. Bien sûr, il arrive que son scepticisme achoppe sur des faits inexpliqués…

X-Files (11 saisons, 218 épisodes) déferle sur la planète. Si sa devise, «La vérité est ailleurs», détermine sans doute de belles vocations complotistes, le personnage interprété par Gillian Anderson provoque l’«effet Scully». Car, «à l’époque, on ne voyait pas ce genre de femme à la télévision, explique la comédienne. Un personnage féminin sûr de lui et respecté de son collègue masculin. Bon nombre de filles se sont retrouvées en elle.» Une enquête a démontré que les femmes ayant regardé X-Files ont plus de chance de faire des études en science, en technologie, en ingénierie et en mathématiques.

Femme charismatique

Après X-Files, Gillian Anderson retourne au théâtre et fait une carrière discrète mais exigeante au cinéma: on la voit dans Chez les heureux du monde, de Terence Davies, dans Le Dernier Roi d’Ecosse. Elle joue aussi une touriste en vacances de neige dans L’Enfant d’en haut, d’Ursula Meier.

Elle retrouve un rôle éblouissant dans une série anglaise, The Fall. Elle est Stella Gibson, Stella comme l’étoile des poètes latins, Gibson comme la guitare électrique, superintendante de la police métropolitaine détachée à Belfast pour traquer un étrangleur de femmes. Perpétuant l’idéal hitchcockien de la blonde glaciale en surface et brûlante à l’intérieur, cette femme de tête évolue dans un monde viril où règnent la veulerie et la violence. Où les mâles dominants comprennent la phrase «l’homme baise la femme», mais perdent pied lorsque le sujet et le complément permutent.


Hautaine et fragile, sensuelle et tranchante, à la fois cougar et mater dolorosa, Stella, adepte du «mariage de passage», prend les hommes et les jette – et les femmes aussi à l’occasion… La comédienne ne fait pas mystère de sa bisexualité. «Pour moi, une relation consiste à aimer un autre être humain; leur genre est sans importance», tranche-t-elle.

Le personnage de Scully, avec son grand manteau chic et sombre, son absence de vie sentimentale, la tension sexuelle irrésolue qui l’unit à Mulder, s’avère emblématique de l’ère du sida. Quand Gillian Anderson a posé dénudée en une d’un magazine, elle a cassé cette image et choqué certains fans. Aujourd’hui, la comédienne tient le rôle d’une sexologue désinhibée dans Sex Education, une série qui a pour devise «Messy is normal» («Le désordre, c’est la norme»). Elle y semble tout à fait à l’aise.


Profil

1968 Naissance à Chicago.

1993 Dana Scully dans «X-Files».

2013 Stella Gibson dans «The Fall».

2019 Jean Milburn dans «Sex Education».

2020 Margaret Thatcher dans «The Crown».

LE TEMPS