Affichage des articles dont le libellé est Benedict Cumberbatch. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Benedict Cumberbatch. Afficher tous les articles

mercredi 15 décembre 2021

« The Power of the Dog » avec Benedict Cumberbatch est l’un des meilleurs films de l’année

« The Power of the Dog » avec Benedict Cumberbatch est l’un des meilleurs films de l’année

Disponible sur Netflix, le nouveau film de Jane Campion est un anti-western de toute beauté. 

Douze ans séparent Bright Star, la dernière incursion sur grand écran de Jane Campion, et la sortie sur Netflix de son nouveau film, The Power of The Dog. Entre temps, la réalisatrice néo-zélandaise s’était concentrée sur la série Top of The Lake, mais son retour était l’événement des festivals de cinéma de l’automne. Et pour cause, avec son adaptation du roman de Thomas Savage (1967), elle livre un long-métrage d’une puissance sans nom, tout en paysages grandioses et en violence sourde.

Montana, années 20. George (Jesse Plemons) et Phil (Benedict Cumberbatch) ont fait fortune en héritant d’un des plus grands ranchs de la région. Occupation mise à part, tout les sépare. Le premier est élégant et plein d’empathie, le second est un animal sauvage, revendiquant son machisme. Les deux frères mènent une vie intrinsèquement liée, au point de dormir côte à côte. Jusqu’à ce que George épouse Rose (Kirsten Dunst), une jeune veuve qui s’installe, avec son fils Peter (Kodi Smit-McPhee), sur le domaine familial. Les plus aguerris détecteront un petit clin d’oeil (volontaire ou inconscient) à La Leçon de piano, qui a permis à la réalisatrice d’être la première femme à remporter une Palme d’or en 1993.

Après avoir bâti tant de films autour de figures féminines, Jane Campion s’attaque au western, genre cinématographique masculin par excellence. Sale, rustre, adepte de la castration à mains nues, Phil est la figure principale du récit. Sa présence menaçante plane sur le film, qu’il harcèle Rose, vue comme une croqueuse de diamants, ou se moque de l’attitude efféminée de son fils. Ses quelques excursions solitaires au fin fond de la forêt sont les seuls moment où il se départit de ce masque de virilité exacerbée. Sous couvert de le soumettre au rite de passage des vrais cow-boys, donc à des codes de masculinité hétéronormés, Phil se rapproche aussi de Peter. Se tisse une relation de professeur à élève pleine d'ambiguïté, qui fait surgir une dimension inattendue de la personnalité de l’éleveur sans pour autant l’absoudre. Le face-à-face entre Benedict Cumberbatch et Kodi Smit-McPhee, qui livrent deux grandes prestations, en est d’autant plus passionnant.

Face à cet afflux de masculinité toxique, Rose s’est construit un monde à elle pour survivre à l'oppression, à l’image de tant d’héroïnes campioniennes. Elle se réfugie de plus bel dans l’alcool et la dépendance, faisant de sa chambre un cocon protecteur. Les personnages de The Power of the dog traversent le film avec le poids de leur passé et de leurs secrets. Le découpage par chapitre favorise aussi les ellipses, faisant du long-métrage une énigme de tous les instants, où les dynamiques ne cessent d’évoluer et d’emplir chaque moment d’une horreur lancinante. Amoureuse des grands espaces, Jane Campion sublime cette nature de l’ouest et condamne en filigrane ceux qui cherchent à la comprendre ou à la dompter. Si le paysage est un baromètre de l’âme, comme le confiait la cinéaste, il présage ici d’une tragédie qui ramène chaque homme à la condition (dérisoire) de son existence.


VANITY FAIR




mardi 29 décembre 2020

Gary Oldman / «Smiley, c'est l'anti-James Bond»

 Benedict Cumberbatch et Gary Oldman mènent l'enquête 
pour débusquer la taupe. La Taupe (c) Studio Canal

Gary Oldman : «Smiley, c'est l'anti-James Bond»

INTERVIEW - Le comédien endosse le costume gris du héros de La Taupe: un maître espion aux allures de simple quidam.

Jusqu'à présent, Gary Oldman, 53 ans, était habitué aux rôles de méchants. Le flic sadique dans Léon? C'est lui. Le comte Dracula dans le film de Coppola? Encore lui. Sans oublier son interprétation du sulfureux bassiste des Sex Pistols Sid Vicious dans leSid and Nancy d'Alex Cox. Depuis quelques années, Oldman inverse la tendance, notamment grâce à Harry Potter ou Batman. Aujourd'hui, il est George Smiley, le héros de La Taupe. En incarnant l'espion tranquille créé par John Le Carré, l'acteur britannique trouve son meilleur rôle, qui lui vaut d'être en lice pour l'oscar le 25 février.

LE FIGARO. - Qu'est-ce qui vous conduit à accepter de tourner La Taupe?

GaryOLDMAN. - Un simple coup de téléphone. Tomas Alfredson voulait que je joue George Smiley et souhaitait me rencontrer. Je connaissais son travail sur Morse. J'avais lu les romans de Le Carré. George Smiley n'était pas un inconnu pour moi. J'ai foncé. Je n'ai appris que bien plus tard que la production avait cherché durant 18 mois l'acteur capable d'interpréter Smiley…

Comment s'est déroulée votre rencontre avec Alfredson?

J'ai immédiatement compris que non seulement Alfredson aurait une vision originale du script, mais qu'en plus c'était quelqu'un de gentil, avec un grand sens de l'humour, vous savez, un peu au-dessous du radar (Rires).

De quelle manière êtes-vous entré dans la peau de l'agent secret George Smiley?

La silhouette originelle de Smiley m'a été inspirée par la photographie de Graham Greene avec son trench-coat, que m'avait fournie Tomas. Pour moi, ce fut comme un indice, un début de piste. En réalité, je ne me suis jamais vraiment aventuré en dehors des descriptions de John Le Carré. George Smiley est à l'exact opposé d'un personnage comme James Bond. Il est si réel, banal. Si vous le rencontriez dans la rue, vous ne le remarqueriez même pas. Je veux dire par là que James Bond est le fantasme masculin. C'est tout cet univers de smoking et de belles robes, de bolides luxueux et de femmes somptueuses. James Bond passe son temps à sauter dans le lit de ses conquêtes. Dans La Taupe, c'est l'inverse. C'est la femme de Smiley qui est de mœurs légères. Quant à la paire de lunettes de Smiley, en fait, elles sont iconiques. Elles sont à George Smiley ce que l'Aston Martin est à James Bond!

Comment avez-vous découvert ces étonnantes lunettes?

Par hasard. Tout a commencé en Californie. Mon œil a été attiré par un panneau d'affichage. J'ai d'abord cru que c'était une photo de Marcello Mastroianni. En m'approchant, j'ai découvert qu'il s'agissait de Colin Firth dans A Single Man! Un an plus tard, dans un aéroport, en feuilletant un magazine, je découvre un magasin de lunettes vintage à Pasadena. Me souvenant de l'affiche de Colin Firth, je note l'adresse. Lorsqu'on me propose le rôle de Smiley et qu'il est précisé qu'il lui faut des lunettes, je téléphone au magasin. J'y vais et je trouve les lunettes! Tout s'est enchaîné comme une histoire d'espionnage. Le plus drôle est que j'ai fini par tourner le film avec Colin Firth! Ce qui m'amuse avec cette paire de lunettes, c'est qu'elle me donne l'air d'être un vieux hibou! Dans le film, Smiley voit tout, entend tout. Il ne prononce pas le moindre son avant la vingtième minute. On se demande alors ce qu'il pense. Le personnage reste mystérieux, menaçant. Il peut même être cruel, très manipulateur.

Avez-vous eu des contacts avec John Le Carré?

Oui. Ce fut une rencontre merveilleuse, drôle et intéressante. J'ai pris le petit déjeuner chez lui à Amstead. Il a eu 80 ans en 2011 et termine son prochain roman. Il m'a raconté plein d'anecdotes, d'histoires d'espions. L'homme m'a paru tout ce qu'il y a de plus vivant! Ce fut un grand honneur de le rencontrer et d'avoir sa bénédiction pour Smiley, surtout quand on passe après Alec Guinness!



LE FIGARO