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samedi 8 août 2015

The Rolling Stones / Le plus grand groupe de l'histoire du rock


Le plus grand groupe de l'histoire du rock

BIOGRAPHIE DE The Rolling Stones


Considérés comme le plus grand groupe de l'histoire du rock, The Rolling Stones ont développé depuis 1962 une carrière d'une exemplaire de longévité, fortement influencée à leurs débuts par la musique noire américaine. Entraînés par le duo de compositeurs Mick Jagger et Keith Richards, les Britanniques ont enregistré quelques-uns des standards définitifs de la musique populaire : « Satisfaction »« Paint it, Black »« Honky Tonk Women »... Longtemps opposés aux Beatles dans leur représentation du mauvais garçon sexy et outrageant et attraction majeure du genre en concert, The Rolling Stones ont résisté à tout : à la consommation de substances psychotropes, à la disparition tragique de leur guitariste Brian Jones, et, surtout, au temps qui passe. Car, crédités de plus d'une trentaine d'albums en studio et public, et de six cents millions de disques vendus de par le monde, The Rolling Stones bénéficient d'un avantage incommensurable sur leurs concurrents : ils sont immortels. Les cinquante ans du groupe fêtés en 2012 donnent lieu à la compilation ultime Grrr! et à une nouvelle tournée à guichets fermés.
Lewis Brian Hopkins Jones (né le 28 février 1942) adore jouer en toutes circonstances de la guitare, au risque de se faire arrêter par la police au premier coin de rue.

Michael Philip (Mick) Jagger (né le 26 juillet 1943) poursuit des études d'économie. Mais il aime également chanter du rhythm'n'blues avec son ami, le guitariste Keith Richards (né le 18 décembre 1943).

Tout ce petit monde se retrouve souvent chez le pianiste Ian Stewart (né en Écosse le 18 juillet 1938), après que Jones ait publié une annonce dans un magazine musical. Et tous fréquentent Alexis Korner, alors pape du blues britannique.

Le 12 juillet 1962, c'est sur la scène du Marquee Club que les Rollin' Stones (d'après le titre d'une chanson du bluesman américain Muddy Waters) donnent leur premier concert. Dick Taylor (futur The Pretty Things) tient alors la basse, et Tony Chapman la batterie.

Au mois de janvier 1963, le batteur et fan de jazz Charles Robert (Charlie) Watts (né le 2 juin 1941) et le bassiste William George Perks, dit Bill Wyman (né le 24 octobre 1936) mettent un terme au frénétique carrousel des sections rythmiques du groupe. En mai, le manager du groupe, Andrew Loog Oldham licencie Stewart, jugé trop vieux. Ce dernier se reconvertit jusqu'à sa mort en 1985 en chauffeur, roadie de scène, puis pianiste de séances ou de concerts du groupe.

Des 45 tours, sinon rien

C'est à la même période que le guitariste des Beatles George Harrison recommande chaudement The Rolling Stones à un directeur artistique de la maison de disques Decca. Dick Rose, entré dans l'histoire pour avoir refusé de signer les Beatles, ne se fait pas prier.

Le groupe enregistrent son premier single en juillet 1963 (« Come on »). Une deuxième session fournit « I Wanna Be Your Man » un nouveau succès (signé Lennon-McCartney), confirmé par une reprise de Buddy Holly, « Not Fade Away ».

Au mois d'avril 1964, le premier album éponyme du groupe, composé essentiellement de reprises, voit la première apparition de Nanker Phelge, dénomination collective utilisée lorsque tous les membres du groupe sont intervenus dans la composition d'une chanson. Une catastrophique tournée américaine offre néanmoins l'occasion d'enregistrer « It's All Over Now » (Bobby Womack).

Alors que le second album, The Rolling Stones No. 2 est édité en janvier 1965, Jagger et Richards peaufinent leurs compositions communes : « The Last Time » atteint le sommet des charts en février, et « (I Can't Get No) Satisfaction » déferle sur le monde au mois de mai. Le 24/9/1965, le troisième album Out of Our Heads connaît le même sort, ainsi que le single « Get Off of My Cloud ».

Le 15 avril 1966, l'album Aftermath n'est constitué que de compositions originales, et l'utilisation d'instruments inhabituels dans le rock (tel le sitar), initiée par Jones, éloigne un peu plus les Rolling Stones de leurs racines blues. Les tubes se succèdent : « 19th Nervous Breakdown » (février), « Paint it, Black » (mai), « Mother's Little Helper » (juin) et « Have You Seen Your Mother, Baby, Standing in the Shadow ? » (septembre). L'album Between The Buttons (janvier 1967) voit le départ d'Oldham.

The Rolling Stones commencent alors à être suspectés d'abus de substances psychotropes, ce que confirme une perquisition au domicile de Keith Richards. Ce dernier se console dans les bras d'Anita Pallenberg, actrice que le guitariste vient de subtiliser à Brian Jones. L'ambiance au sein du groupe en devient instantanément détestable. Jagger, Jones, et Richards sont simultanément condamnés à de la prison ferme pour possessions de drogues, peines commuées, après appel interjeté, en amendes. C'est dans la confusion que sort Their Satanic Majesties Request (décembre 1967), album souvent considéré comme à la traîne psychédélique duSgt. Pepper's des Beatles.

Cinq majeur

Le recadrage vers les racines du groupe s'effectue grâce à Beggars Banquet et au single « Street Fighting Man » (décembre 1968), où débute la collaboration avec le producteur Jimmy Miller.

Au mois de juin 1969, Jones, dont le comportement de plus en plus erratique interdit la participation à une tournée américaine, est remplacé par le guitariste Mick Taylor (né le 17 janvier 1949), transfuge des Bluesbreakers de John Mayall. Le 3 juin 1969, le corps de Brian Jones est retrouvé noyé dans la piscine de sa demeure du Sussex.

Deux jours plus tard, les Stones entrent sur la scène de Hyde Park pour un concert-hommage : on les salue alors comme le plus grand groupe de rock au monde. En décembre paraît Let it Bleed, nouveau triomphe de part et d'autre de l'Atlantique, malgré l'assassinat par les Hells Angels d'un spectateur à Altamont.

Get Yer Ya-Yas Out! sort en septembre 1970. On le considère comme l'un des meilleurs albums live de tous les temps. En mars 1971, Sticky Fingers, agrémenté d'une pochette signée Andy Warhol, est édité par le tout nouveau label du groupe, Rolling Stones. La chanson « Brown Sugar » confirme la place du groupe dans l'histoire du rock.

Ayant quitté l'Angleterre pour des raisons fiscales, c'est dans le sud de la France que le groupe enregistre Exile on Main St. (mai 1972), double album considéré comme l'un des sommets de leur oeuvre. Ce disque conclut le cinq majeur des Rolling Stones : le groupe enregistrera de nouveau de bons albums, mais jamais plus de disques historiques.

Jet set

C'est en Jamaïque qu'est enregistré Goats Head Soup (août 1973), dont le single « Angie » est un tube mondial. Mais les Stones restent de mauvais garçons, considérés persona non grata au Japon ou en Australie. Pour It's Only Rock'n'Roll (octobre 1974), le producteur Jimmy Miller est remplacé par Jagger et Richards, réunis sous le pseudonyme Glimmer Twins.

En 1975, Taylor, peu satisfait de la place congrue qu'on lui réserve au sein du groupe, quitte les Rolling Stones. Il est remplacé par Ron Wood (né le 1er juin 1947), guitariste qui a fait les beaux jours de The Faces avec le chanteur Rod Stewart. Le rythme des enregistrements reprend avec le studio Black and Blue (avril 1976) et le double Love You Live.

Au mois de juin 1978, les Stones sont remis en selle par l'album Some Girls et le tube « Miss You ». Malgré des tensions extrêmes entre Jagger (plus soucieux de sa carrière personnelle) et Richards (désormais sevré), le groupe enregistre Emotional Rescue (juin 1980), Tattoo You (août 1981), Still Life (live, 1982), Undercover (novembre 1983), et Dirty Work (mars 1986).

Le 12/12/1985, Ian Stewart, considéré comme le sixième Stones, est emporté par une crise cardiaque. La même année, Jagger édite son premier album solo, et en 1988, Keith Richards agit de même.

Honneur et réconciliation

En 1989, The Rolling Stones sont honorés par le Rock and Roll Hall of Fame. La même année, les Glimmer Twins se réconcilient dans l'album Steel Wheels, qui est perçu comme un énième retour en forme, confirmé au mois d'avril 1991 par l'album en publicFlashpoint.

En 1993, Wyman décide que la plaisanterie a assez duré : il est remplacé au pupitre par le bassiste américain Daryl Jones, ancien sideman de Miles Davis. Ce dernier n'est toutefois pas considéré comme un membre à part entière des Rolling Stones. Voodoo Lounge (juillet 1994), disque certifié double platine, remporte en outre le Grammy Award du meilleur album rock.

En novembre 1995, le live Stripped succombe aux joies des sonorités acoustiques. Se succèdent alors le très modérément appréciéBridges to Babylon (septembre 1997), le live No Security (novembre 1998) et Live Licks (novembre 2004). A Bigger Bang (septembre 2005) est l'occasion pour les Stones de retrouver le chemin des studios, pour la troisième fois en compagnie du producteur Don Was.

Les années qui passent ne semblent pas avoir de portée sur le groupe qui fête ses cinquante ans d'activité par la sortie d'une compilation ultime Grrr! en novembre 2012 et une nouvelle tournée à guichets fermés après les rééditions successives de Exile on Main St. et Some Girls, garnis d'inédits.
Christian LarrèdeCLOSER


mardi 4 août 2015

Biographies / B.B. King

B.B. King

B. B. KING 

Christian Larrède
CLOSER
Mise à jour le : 16/05/2015 à 21h06

B.B. King, né en 1925 dans le delta du Mississippi, fut le plus important et influent chanteur, guitariste etentertainer de blues du vingtième siècle. Il a influencé des générations entières de musiciens, d'Eric Clapton à Stevie Ray Vaughan, en passant par Mike Bloomfield et Johnny Winter, à tel point que la question se pose : quel bluesman moderne n'a t'il pas inspiré ? À l'actif du « roi du blues » qui n'a guère usurpé sa couronne, subsistent quelques standards immortels dont « Everyday I Have the Blues » et « The Thril Is Gone » ; une myriade d'albums qui ont défini et accompagné un genre - le blues électrique - dans toute son évolution, deSingin' the Blues (1955) à Live at the Regal (1964) ou Completely Well (1969) ; une collection impressionnante de Grammy Awards et autres récompenses honorifiques glanées de son Mississippi natal aux grandes capitales européennes...et une guitare baptisée « Lucille », qui lui a porté bonheur et lui est restée fidèle tout au long de son parcours. Devenu le bluesman le plus populaire de la planète, B.B. King a soufflé son dernier soupir le 14 mai 2015, à l'âge de 89 ans.
« Il n'y aura probablement jamais plus de parcours musical comparable à celui de B.B. King », Colin Escott.

Riley Ben King (donc passé à la postérité sous le nom de B.B. (pour « Blues Boy ») King, est né, le 16 septembre 1925, à Itta Bena, dans ce Sud des Etats-Unis (une plantation de coton) qui ne fait rire que les cartes postales. D'une enfance, parfois partagée dans la douleur entre mère absente mais très pieuse, qui le prémunit contre les dangers du blues (elle décèdera alors qu'il n'est âgé que de quatre ans), et grand-mère tendrement attentive, on retiendra assez banalement l'apprentissage de la musique à l'église (le gospel, partout et toujours), des petits boulots (métayer, laboureur, conducteur de tracteurs), et, à l'occasion de retrouvailles avec son père, un déménagement précoce (1943) à Indianola, ville située au c?ur du Delta. Dans son quotidien, le jeune homme constate bien vite que chanter dans les rues de la ville rapporte bien davantage que travailler en usine. Il épouse précocement une jeune fille prénommée Martha.


Si le gospel reste naturellement au centre de ses premières influences musicales majeures, à parité avec les grands noms du blues de l'époque (comme Lonnie Johnson, l'un des artisans essentiels du développement de la guitare blues, ou T-Bone Walker, dont le « Stormy Monday » incitera le jeune garçon à s'intéresser à ce type de musique, qu'il découvre particulièrement à la fin de son service militaire, à l'issue de la seconde guerre mondiale), le jazz y occupe également une place de choix : B.B. King écoute régulièrement le manouche Django Reinhardt, et celui qu'on considère comme l'inventeur de la guitare électrique, Charlie Christian. D'un point de vue plus exotique, le jeune homme subit également l'empreinte de la country. Dès cette époque, il se produit dans un quatuor de rue, spécialiste du gospel, les Elkhorn Singers.


C'est en 1943, à Greenwood (Mississippi) qu'il participe à sa première émission de radio. En 1946, King s'installe à Memphis pour une dizaine de mois (et un emploi dans une usine) : il y retrouve son cousin, le chanteur de country blues Booker T. Washington dit Bukka White, qui lui offre sa première guitare, et l'initie, à la fois à quelques rudiments de l'instrument (le style de King se construit, en fait, sur la transposition des sonorités que son parent obtient sur un manche grâce à l'emploi d'un bottleneck)...et à la fois à l'attraction que peut exercer la musique sur la gent féminine. Dans les deux circonstances, King développe un doigté incomparable. Son style est peaufiné : des soli de note à note, un chant de velours où règne un sublime vibrato, et une guitare en prolongement de la voix, à moins que ce ne soit le contraire.


1948 voit l'installation prolongée du jeune musicien dans la capitale du Tennessee : sa carrière commence à prendre de l'ampleur grâce à ses participations (comme musicien, mais également, plus prosaïquement, en tant qu'animateur et dj), aux émissions de radio à l'adresse du public noir. Il participe ainsi aux shows du grand Rice Miller Sonny Boy Williamson. Entre deux spots pour un vague élixir alcoolisé et miracle, c'est là qu'il se voit affublé de son surnom de « Blues Boy ».


C'est en 1949 que le guitariste enregistre pour la première fois (en particulier une pièce - « Miss Martha King » - en hommage à sa femme), pour le compte d'un jeune producteur débutant, un certain Sam Phillips (dont le rêve de Sun Studios qui accueilleront Elvis Presley, Carl Perkins, Jerry Lee Lewis, ou Johnny Cash, n'est encore que perdu dans le lointain de ses rêves). Grâce à l'intermission d'Ike Turner, King signe sur RPM, label des frères Bihari (par ailleurs patrons des compagnies subsidiaires Kent ou Modern).


Révolution de l'époque : certaines de ces sessions sont captées par un matériel portatif d'enregistrement, ce qui permet à King de graver, en 1951, son premier hit (« Three O'Clock Blues ») dans une auberge de jeunesse. Il est accompagné dans l'exercice par rien moins que le pianiste Johnny Ace, et la future star du soul blues Bobby Blue Bland, avec lesquels il tourne sous le nom des Beale Streeters. Dès lors, impeccablement vêtu de smokings, B.B. King ressuscite l'âge d'or des chefs d'orchestre de l'ère swing des années quarante.


C'est à l'occasion d'un concert dans une petite ville de l'Arkansas que se construit l'un de ces contes de fée dont la musique populaire est friande. En plein show, deux jaloux à sang chaud se disputent pour les beaux yeux d'une belle. Dans la bagarre, un bidon de pétrole est renversé sur le poêle, unique chauffage de la pièce, ce qui met le feu au baraquement.


Après s'être initialement enfui devant l'incendie, King se ravise (difficile de laisser partir trois cents dollars en fumée), et plonge dans les flammes afin de récupérer sa guitare. Apprenant a posteriori que la jeune femme à l'origine de ces débordements passionnels s'appelle Lucille, il décide de désigner son instrument de ce prénom, en souvenir de sa propre stupidité à frôler aveuglément le danger. Il y aura beaucoup de Lucille par la suite, jusqu'à la décision de la manufacture Gibson de commercialiser une ligne de guitares sous ce nom.


B.B. King - qui alors tourne sans cesse -, devient un incontournable personnage de la scène rhythm and blues durant les années cinquante, et durcit son attaque du manche, enchaînant une vingtaine de succès (dont, en 1950, l'immortel « Woke Up This Morning », qui sera par la suite volé par une génération entière de groupes britanniques de blues, et, en 1955, une version de « Everyday I Have The Blues », succès du guitariste gourmand - dans sa capacité à embrasser tous les styles, jusqu'à une reprise du « Why Don't We Do It On The Road » des Beatles - Lowell Fulson, et inspiré de Leadbelly et Memphis Slim).


Les années 60 débutent de semblable façon, mais King, à l'étroit dans le contexte qu'il connaît depuis le début de sa carrière (et où il perd à satiété royalties et droits d'auteur), décide de signer sur un label multinational, ABC-Paramount : il y retrouve rien moins que Ray Charles (un modèle commercial pour B.B.), Fats Domino, et Lloyd Price.


C'est au mois de novembre 1964 qu'il enregistre à Chicago l'un de ses albums phares, Live at the Regal (dans lequel il fait montre d'un triple talent de chanteur, guitariste, et homme de spectacle). Le 4 avril 1968, il organise un concert en l'hommage de la mort du leader noir Martin Luther King, en compagnie de Buddy Guy et Jimi Hendrix.


En 1969, King, donnant une version en mineur dans l'album Completely Well d'une chanson composée par le pianiste Roy Hawkins (le pianiste le plus malchanceux de toute l'histoire du jazz, dont le nom sera oublié dans les premiers pressages du disque, et qui perdit un bras dans un accident de voiture) atteint le centre de la cible. « The Thrill Is Gone » devient, non seulement un nouveau tube pour le guitariste, mais un succès déchaînant les passions du public blanc, plus accoutumé à des parfums pop. C'est à cette occasion que l'homme du sud conçoit toute l'importance d'une section de cuivres (et de l'emploi des cordes) en soutien à sa voix. B.B. King parvient ainsi à une quasi-perfection de l'utilisation d'un big band (une douzaine de musiciens) dans le contexte du blues. Et c'est la même année qu'il assure, en compagnie de Ike and Tina Turner, la première partie de la tournée des Rolling Stones (huit dates), asseyant définitivement sa réputation au sein d'un plus large public.


Alors que la scène blues plonge en pleine déliquescence, B.B. King maintient haut son activité durant les années 70 (il suffit d'écouter l'album Live at Cook County Jail - au bénéfice de convicts du district - pour considérer cela comme une évidence). Car il est talentueux, certes, mais également parce qu'il ne se cantonne pas à un idiome strict, n 'hésitant pas à enregistrer avec la section rythmique de groupes aussi sophistiqués que les O'Jays ou les Spinners, à concevoir des duos (avec son vieux complice Bobby Bland) quand le genre a la faveur du public, à reprendre des chansons de The Lovin' Spoonful, ou à plonger dans le jazz funk aux côtés des Crusaders.


Ainsi, il partage en 1970 un studio avec quelques stars du marché blanc, comme Joe Walsh, Carole King, ou Leon Russell (Indianola Mississippi Seeds). En 1971, et pour le compte de l'album In London, il croise Ringo Starr, l'ex-Small Faces Steve Marriott ou Peter Green (Fleetwood Mac). Certes, certaines de ses tentatives (en particulier lorsqu'il s'approche d'un peu trop près de la country nashvillienne), restent à oublier d'urgence. Mais on peut considérer que le guitariste tire en général remarquablement son épingle du jeu...tout en conservant le goût de ses racines, et en se réservant chaque mois de juin un retour aux sources à Indianola, retraite et manifestation qu'il intitule lui-même le Mississippi Homecoming. En 1977, B.B. King est fait doctor honoris causa de l'Université de Yale.


En 1979, il assure une tournée inédite en URSS. En 1980, il est intronisé dans le Rock And Roll Hall Of Fame, naturellement dans la section blues de cette distinction. En 1982, il fait don de sa collection d'albums et de 78 tours de blues, jazz et country, à l'Université du Mississippi.


En 1983, il obtient un Grammy Award à l'occasion de la réalisation de son album Blues'n'Jazz. Le 16 septembre 1985, le guitariste fête son soixantième anniversaire avec l'enregistrement de son cinquantième disque, Six Silver Strings le bien nommé. La même année, il apparaît dans la série de films de John Landis Nuit blanche pour série noire (on le verra également dans le Spies Like Usdu même, et, en 1987, dans Amazon Women On the Moon de Joe Dante). En 1988, il est lauréat d'un Grammy Award pour l'ensemble de sa carrière.


S'il maintient haut l'invraisemblable quantité de concerts qu'il assure annuellement (environ trois cents dates !) durant cette période, les années 80 voient une incontestable baisse d'activité en matière d'enregistrements (conséquente d'ennui de santé dû à son diabète).


Toutefois, la fascination qu'il exerce sur les jeunes musiciens blancs trouve une nouvelle acception dans l'enregistrement de « When Love Comes to Town » pour le compte de l'album de U2 Rattle And Hum (groupe qu'il suivra en tournée).


En 1990, il se voit remettre la Médaille Présidentielle des Arts des mains du Président des Etats-Unis. La même année, il assure son soixantième concert depuis une prison, et enregistre son cinquième album dans les mêmes circonstances, dans le contexte de la création d'une fondation pour la réinsertion des détenus.


En 1991, il devient propriétaire du Memphis Blues Club (il en fait de même à Los Angeles en 1994). En 1992, l'album Live At The Apollo remporte le Grammy Award du meilleur album de blues de l'année. En 1997, il offre une guitare, et un concert de Noël, au pape Jean-Paul II.


En 1998, il est nommé Ambassadeur de la Musique par le gouvernement des Etats-Unis, et représente son pays lors de l'Exposition Universelle de Lisbonne, au Portugal.


Le 15 février 2005, est décrété « B.B. King Day » par l'état du Mississippi. Et, de plus, la dernière décennie le voit en remarquable forme du point de vue discographique, multipliant les hommages à Louis Jordan, des duos avec des copines et copains de classe (Etta James, Koko Taylor, John Lee Hooker), ou une rencontre tant différée, et tant attendue, avec Eric Clapton (Riding With The King, 2000), pour le premier album certifié disque de platine du maître.


Lors de sa tournée européenne « d'adieu » de 2006, il s'est produit à Montreux, Paris et Londres, en compagnie de Gary Moore, David Sanborn, George Duke ou Barbara Hendricks. Le temps est désormais compté pour le bluesman qui enregistre un dernier album studio, One King Favor, paru en 2008, qui lui vaut un nouveau Grammy Award. 


Le 14 mai 2015, souffrant de problèmes de déshydratation liés à un diabète, B.B. King s'éteint paisiblement à Las Vegas, à l'âge de 89 ans. Le monde du blues et du rock, qui lui doit tant, est en deuil et les hommages se multiplient (notamment celui d'Eric Clapton à travers une vidéo). Jusqu'au président Barack Obama qui annonce : « Le blues a perdu son roi et l'Amérique a perdu une légende. »


Plusieurs fois titulaire d'un Grammy Award honorant ses disques, classé par le magazine Rolling Stone en 2003 comme le troisième meilleur guitariste de tous les temps (derrière Jimi Hendrix et Duane Allman), il a placé ses albums, à plus de soixante-dix reprises en trente années, dans les classements des meilleures ventes rhythm and blues. Par sa maîtrise absolue de l'orthodoxie du genre, mais également sa capacité à élargir les frontières naturelles de sa musique de prédilection (jusqu'aux scènes de Las Vegas), par son aptitude à la perfection dans l'économie des moyens, B.B. King fut incontestablement le plus important et influent chanteur, guitariste et entertainer de blues des soixante dernières années. Et son Roi.




lundi 3 août 2015

Trio Matamoros / Larmes obscures




TRÍO MATAMOROS
Larmes obscures

Traduction de Fabrice Hatem
Bien que tu m'aie laissé dans l'abandon, Bien que tu aies tué toutes mes illusions, Au lieu de te maudire avec juste rancune, Dans mes rêves je te comble, Dans mes rêves je te comble de bénédictions. Je souffre l'immense peine de ton égarement, Je sens la douleur profonde de ton absence… Et je pleure, sans que tu saches que mes sanglots Coulent en larmes obscures, Coulent en larmes obscures comme ma vie. Tu voudrais me quitter, je ne veux pas souffrir Avec toi, j'irai, ma sainte, Même si je dois en mourir. (texte supplémentaire, version de Compay Segundo) Un jardinier de l'amour Sema une fleur et s'en alla Un autre vint, la cultiva, Auquel elle appartiendra ? Tu voudrais me quitter, je ne veux pas souffrir… Chère compagne adorée, Je ne peux vivre sans te voir, Car ma seule fin est de t'aimer, De te chérir toute ma vie, Tu voudrais me quitter, je ne veux pas souffrir… Je te le dis, mon amour, Et je te le répète encore Avec toi, j'irai, ma sainte, Car je mourrai à tes côtés. Tu voudrais me quitter, je ne veux pas souffrir… Je te le dis, mon amour, Que je mourrai avec toi, Avec toi j'irai ma sainte, Je te le répète encore. Tu voudrais me quitter, je ne veux pas souffrir…"




Miguel Matamoros
LÁGRIMAS NEGRAS
Compay Segundo

Trío Matamoros

Lágrimas negras
Aunque tú me has dejado en el abandono, aunque tú has muerto todas mis ilusiones, en vez de maldecirte con justo encono, en mis sueños te colmo, en mis sueños te colmo de bendiciones. Sufro la inmensa pena de tu extravío, siento el dolor profundo de tu partida y lloro sin que sepas que el llanto mío tiene lágrimas negras, tiene lágrimas negras como mi vida. Tú me quieres dejar, yo no me quiero ir, contigo me voy mi negro aunque me cueste morir. Ya no quiero llorar, ya no quiero sufrir, contigo me voy mi negro aunque me cueste morir.




dimanche 2 août 2015

Biographies / Amy Winehouse


Amy Winehouse
Poster de T.A.



BIOGRAPHIE DE Amy Winehouse


(1983 - 2011)

La voix soul-jazz et son caractère bien trempé ont fait de la jeune anglaise Amy Winehouse la sensation de l'année 2007 avec l'album Black To Black. La nouvelle diva, devenue la proie des tabloïds, s'enfonce davantage dans l'alcool et les drogues, divorce, annule ses tournées, peine à enregistrer... Son destin la rattrape le 23 juillet 2011 quand elle est retrouvée morte à son domicile londonien. Elle avait 27 ans. Dans la foulée sort l'album posthume Lioness: Hidden Treasures (2011) et le quadruple volume At The BBC pour Noël 2012.

Amy Winehouse
Poster de T.A.

Fille d'un chauffeur de taxi et d'une mère pharmacienne, la jeune Amy-Jade Winehouse grandit dans l'unvers du jazz par le biais de sa famille : sa grand-mère qui a fréquenté le saxophoniste Ronnie Scott et des oncles musiciens l'ont initiée à l'écoute des grandes voix, de Dinah Washington à Frank Sinatra. Adolescente, elle s'intéresse au rap des TLC et Salt-N-Pepa et abandonne ses études quand son ami, le chanteur de R&B Tyler James présente une cassette d'Amy à son directeur artistique.

De Dinah à Frank


Un contrat vite décroché à vingt ans, elle enregistre Frank (2003) avec le producteur hip hop Salaam Remi. Avec son étonnant mélange de soul et de rap, l'album est cité comme l'une des plus belles réussites de l'année et la chanson « Stonger Than Me » remporte un Ivor Novello Award. Le caractère bougon de la demoiselle rétive à toute promotion commence alors à défrayer la chronique des tabloïds anglais qui commentent sans relâche ses frasques, sa douzaine de tatouages et ses problèmes d'alcool et de drogues.

Amy au Zenith


En octobre 2006, le hit-single « Rehab » sonne comme une réponse à la presse et à sa maison de disques, et entraîne le remarquable album Back To Black en tête des classements, faisant d'Amy Winehouse la révélation de l'année et une nouvelle icône soul. Son producteur, le prodige Mark Ronson, l'invite sur le titre « Valerie » de son propre album Version (2007). 



Le 18/5/2007, Amy Winehouse épouse son mentor Blake Fielder-Civil dans le plus grand secret à Miami et se produit aux Eurockéennes de Belfort le 29 juin. Attendue au festival Rock en Seine, elle fait faux bond, se remettant d'une overdose qui l'a plongée dans un court coma début août. Prévue pour un Olympia à Paris, c'est finalement un Zénith que la chanteuse soul remplit haut la main, en dépit d'une prestation aussi unique que cahotique.

Auprès de mon Blake

Les problèmes n'ont pas fini de miner Amy Winehouse, se retrouvant plus souvent à la « une » de la presse sensationnelle que des gazettes spécialisées ; quand début novembre, le cher époux est inculpé pour entrave à la justice dans une affaire de corruption pour faire taire un barman agressé, la chanteuse décide d'annuler toutes ses prestations pour rester auprès de son Blake. 

Le 10 février 2008, Amy Winehouse est la grande gagnante des 50èmes Grammy Awards. Ce soir là, elle remporte cinq trophées : Meilleure nouvelle artiste, Chanson de l'année (« Rehab »), Meilleur enregistrement, Meilleur album et Meilleure performance pop). Chanteuse reconnue pour son timbre exceptionnel, elle l'est également pour ses déboires. Divorce, excès d'alcool et de drogues, concerts et tournées annulées, séances d'enregistrements infructueuses... Ses déboires noircissent les pages des tabloïds qui traquent ses moindres faits et gestes. 

Incapable de surmonter ses addictions malgré plusieurs séjours en cure de désintoxication, la nouvelle diva s'éloigne des studios. La sortie d'un troisième album devient hypothétique. Un retour scénique raté à Belgrade au printemps 2011 conduit à l'annulation de la tournée estivale prévue. Tous les espoirs sont finalement déçus quand la chanteuse âgée de 27 ans est retrouvée morte à son domicile londonien le 23 juillet 2011.

Dans la foulée est rapidement annoncé un album posthume. Lioness: Hidden Treasures, paru en décembre a été confié aux mains expertes de Salaam Remi et contient des versions alternatives de titres connus, ses premières demos (« Half A Time », « The Girl from Ipanema ») et quelques raretés comme le duo « Like Smoke » avec Nas. En novembre 2012, c'est au tour de la BBC de sortir ses trésors : le coffret de 3 DVD et 1 CD Amy Winehouse At The BBC comprend ses prestations chez Jools Holland, Jo Whitley et Pete Mitchell, le concert au Porchester Hall, diverses prestations audio et le documentaire The Day She Came To Dingle.


Loïc Picaud

samedi 1 août 2015

Les dernières heures d'Amy Winehouse

Son dernier concert à Belgrade, le 18 juin 2011, s’était mal terminé. A cause de l’alcool.

LES DERNIÈRES HEURES 

D’AMY WINEHOUSE

BIOGRAPHIE


La chanteuse très soul et très seule ne s’est pas suicidée. Les analyses ont parlé : elle a noyé son mal-être dans l’ alcool. Découvrez en avant-première sur ParisMatch.com un long extrait du récit poignant de notre reporter. La suite et la fin dès demain dans le magazine Paris Match.


Amy peine à saisir son téléphone. Dans un moment de lucidité, elle écrit à son ami Kristian Marr ce SMS étrange : « Je serai là pour toujours. Et toi ? » Il est 3 heures du matin, la nuit du 22 au 23 juillet 2011. Elle est dans son lit, au troisième étage de sa maison, en face de Camden Square. Elle a bu. Elle s’endort, hagarde. Elle a déjà vécu cette situation, se sentir lourde, écrasée, abrutie par la boisson. Son garde du corps, monté la voir quelques minutes auparavant, n’a rien décelé d’anormal. C’est le même qui va jeter un coup d’œil dans sa chambre, vers 10 heures du matin. Elle ne bouge pas. Il ne s’inquiète pas. Il y retourne en début d’après-midi, perturbé par ce silence soudain gênant. « Amy ? » Pas de réponse. Il ouvre la porte, marche vers elle. « Amy ? » Il découvre la chanteuse inanimée dans ses draps.



Après trois mois de mystère, les premiers tests toxicologiques pratiqués sur le cadavre excluront une overdose de drogues, sans préciser la cause exacte du décès. Les résultats définitifs indiquent un taux de 4,16 grammes d’alcool par litre de sang au moment de la mort. Un taux de 0,5 interdit de conduire ; 3,5 est le point limite, la partie du cerveau qui commande la respiration est atteinte. Winehouse a bu comme un trou, une fois de plus, une fois de trop. Il n’y avait même pas de verre au pied de son lit, simplement trois bouteilles de vodka vides. Elle a sombré dans un coma éthylique qui a pu entraîner un vomissement dans les bronches, un refroidissement de la température corporelle ou une crise d’épilepsie. Selon les conclusions de l’enquête, sa mort est « accidentelle ».


« Elle n’était pas suicidaire, elle avait des projets »

Depuis quelques années, c’était son truc à Amy, le yoyo alcoolisé. Dès qu’elle allait trop loin, qu’elle se sentait pitoyable, elle s’arrêtait net de boire. Ces périodes de sobriété forcée se prolongeaient deux, trois semaines. Mais elle y revenait toujours, plus fortement. Après le désastre du concert de Belgrade, le 18 juin, où elle était apparue pathétique, titubante, ruminant des paroles inaudibles sur scène, elle avait tout stoppé. Elle voulait s’en tirer, chanter à nouveau, aimer, vivre. Elle a tenu trois semaines. Jusqu’au 20 juillet où elle est aperçue, après le concert de sa filleule, Dionne Bromfield, avalant des rasades de gin et de Red Bull. Winehouse, ­capable d’osciller entre l’euphorie et la noirceur en une fraction de seconde, était si imprévisible que son entourage n’a pas senti un danger particulier. La petite les avait trop habitués à se relever.

Sa mère, Janis, lui a rendu une ­visite surprise la veille de sa mort. Elle n’a rien pu empêcher, seulement constater l’étendue des dégâts. « Elle avait l’air ailleurs, perdue. Ce n’était qu’une question de temps. » Elle adoucira cette vision macabre plus tard : « Elle pouvait dormir des heures et avoir toujours l’air de se réveiller. Nous avons bu un thé, regardé des photos de famille… Quand je suis partie, elle m’a serrée dans ses bras et dit : “Maman, je t’aime.”» La santé d’Amy était surveillée depuis quatre ans par le Dr Cristina Romete. Elle est venue à son domicile ce jour-là, vers 19 heures. Elle lui avait prescrit depuis peu du Librium, un médicament qui aide à combattre les crises d’anxiété liées au sevrage. Elle constate qu’Amy boit à nouveau. Mais ne s’affole pas. « Amy était pompette mais pouvait soutenir une conversation. » Lorsque Romete lui demande si elle a l’intention d’arrêter de boire, Amy hésite : « Je ne sais pas. » Et le médecin de conclure : « Elle n’était pas suicidaire, elle avait des projets. Elle m’a dit : “J’ai encore des choses à faire dans la vie.”» Ce qui suffit pour rassurer un médecin…

Elle quitte sa patiente vers 20 heures, sans imaginer la suite funeste. Ce qui peut se comprendre ; 2011 n’est pas 2008, annus horribilis de la chanteuse. Amy ne cache plus des fioles de cocaïne dans sa perruque. Amy ne partage plus de pipes à crack avec Pete Doherty en rigolant devant des souriceaux. Amy ne se scarifie plus les bras pour atténuer la douleur du manque d’héroïne. Son ex-mari, l’affreux Blake Fielder-Civil, l’homme qui lui fit découvrir ces belles substances, dort en prison pour cause de cambriolage raté. Alors, quelques verres en début de soirée, ce n’est rien…

Au cours de ce dernier été londonien, elle va raisonnablement mal. « Amy ne faisait pas grand-chose, je crois qu’elle était très isolée », dit un photographe qui l’a suivie des années durant. Ses chères copines des débuts, Juliette Ashby, Remi Nicole, ne sonnent plus chez elle à l’improviste. Elle ne joue plus au billard des nuits entières, comme avant, dans son garage ou à l’étage de son pub préféré, The Hawley Arms. Elle s’ennuie. Ce n’est plus la passion avec son petit ami par intermittence depuis deux ans, le réalisateur gominé Reg Traviss. Elle l’aime bien, mais il n’a jamais remplacé Blake le terrible. Reg l’avait quittée en février, puis en mai, effrayé par ses abus et ses coups de fil réguliers à Blake en prison. Aujourd’hui, il révèle un projet de mariage imminent, guère crédible. Il joue le rôle du gendre idéal, et éternel. Et comment ne pas rire jaune lorsque Reg Traviss explique, avec la bénédiction de la famille Winehouse, combien Amy était une « femme normale, saine, en bonne santé » ! Sur une autre planète, peut-être.

Mais dans le nord de Londres, le soir du vendredi 22 juillet, Winehouse a enquillé les shots jusqu’à l’encéphalogramme plat. D’après un proche de Reg, lui et Amy se seraient vus, auraient bu quelques coups. Ce qu’il nie avec une candeur désarmante : « J’ai terminé le travail tard vendredi et, comme je n’ai pas réussi à la joindre, j’ai pensé qu’elle s’était assoupie. Je lui ai envoyé un SMS pour lui signifier que j’allais regarder un DVD, qu’elle me fasse signe dès son réveil. Je trouvais étrange de ne pas avoir de ses nouvelles. En sortant de chez le coiffeur, j’ai vu sur mon téléphone un appel manqué provenant du numéro de son garde du corps. Je ne me suis pas inquiété, elle perdait toujours son portable, elle avait dû utiliser le sien. Je n’ai pas rappelé, je suis passé à mon bureau chercher mes chaussures. » Il sait pourtant qu’il parle d’Amy Winehouse, une fille sauvée par miracle d’overdose à plusieurs reprises, une fille qui remplaçait une addiction par une autre, une fille qui recommençait à boire depuis peu, une fille qui venait d’envoyer un SMS à un autre au milieu de la nuit, Kristian Marr qui ne l’avait pas vue ­depuis six semaines.

«Elle était sur la bonne voie»

Pourquoi un signe maintenant ? Il ne comprend pas, mais se souvient de leur ultime moment ensemble : « On regardait “Scarface” sur son canapé. Amy voulait acheter de l’alcool. Je l’ai convaincue de se contenter de thé. On s’est endormi. Et j’étais heureux, sachant qu’elle était sur la bonne voie. » Elle a déraillé. Un certain Tony Azzopardi a déclaré avoir été « attrapé » dans la rue et emmené en taxi par Amy, ce soir-là, afin qu’il la mette en contact avec un dealer de West Hampstead. Celui-ci lui aurait fourni pour 1 200 livres de crack et d’héroïne. Tony a rajouté devant les policiers qu’elle avait fumé du crack sous ses yeux, dans le taxi, en se plaignant du harcèlement de Blake. Mais quel crédit accorder à un vieux junkie sans le sou, alcoolique, prêt à tout pour quelques billets ? D’autant que les tests toxicologiques sont vierges de traces de stupéfiants.

Est-ce ainsi que meurt une star de 27 ans ? Si seule ? Négligence coupable de l’entourage ? Andrew Morris, son costaud bodyguard, revenait de vacances. Son médecin traitant a remarqué un état d’ébriété léger. Il n’a alerté personne. Ces gens ont oublié sa nature versatile, bipolaire, dépressive. Sa mère l’a trouvée comme d’habitude, endormie puis éveillée, joyeuse puis mélancolique. Elle se préparait au pire depuis si longtemps qu’elle avait fini par se convaincre que cela n’arriverait plus. Son père avait habité quelques mois avec elle pour la protéger. C’était invivable. Il réside dans le Kent, à une heure de la capitale. Reg l’avait abandonnée à ses démons, sans penser à mal.

Seule sa grand-mère chérie, Cynthia, aurait pu la raisonner. Toutes deux écoutaient les divas tristes Dinah Washington et Sarah Vaughan. Cynthia, surnommée « Nan », lui racontait son aventure avec le saxophoniste de jazz Ronnie Scott ; Amy, ses turpitudes d’adolescente, son expulsion de la prestigieuse école de théâtre ­Sylvia Young pour un piercing trop évident, son amour des uniformes des serveuses américaines des années 50… Amy faisait alors l’effort de respecter ces ­rendez-vous hebdomadaires. Nan est décédée d’un cancer du poumon en 2006. Amy ne s’est plus jamais soumise à une quelconque discipline. Sa chanson « Rehab » témoigne de cette obstination à n’en faire qu’à sa tête. Elle avait trompé la mort si souvent ! Le temps des soirées à errer, défaite, avec Blake, les ongles noircis par le crack, les bras couverts d’égratignures, les jambes pleines de bleus, était révolu. Son malaise, moins visible, demeurait.



La carrière d'une comète



En trois ans, laps de temps qui sépare le premier album, « Frank », du ­second si intense, « Back to Black », la douleur, le désespoir, le regret, la drogue, la dépendance lui avaient taillé une voix puissante, sombre, celle d’une femme mûre et triste. Elle n’a plus jamais été capable de réitérer l’exploit, mettre ses maux en musique. Sa carrière s’est donc achevée en 2006, à 23 ans. Une comète. Ses capacités pulmonaires étaient diminuées par un début d’emphysème diagnostiqué en 2008. C’est jeune pour une maladie de vieux. On entend son timbre abîmé, fêlé par les excès sur « Body and Soul », duo avec son idole, Tony Bennett. Son dernier enregistrement. L’absence de jus, d’énergie, y est flagrante. Elle n’avait plus de coffre. Etait-ce irrémédiable ? Amy paraissait paniquée à l’idée de rechanter en public ou de remettre les pieds en studio. Elle adorait la musique, ses virées à Camden, mais la fraîcheur et l’enthousiasme s’étaient émoussés. Elle était riche, elle s’en fichait. 4,16 grammes. Elle s’est assommée. Sa mort le 23 juillet est un accident. Elle aurait pu survenir des mois, des années auparavant. Sa vie fut aussi brève que ses tourments furent ­interminables. Un long suicide, entrecoupé de moments furtifs de joie, de ­sursauts passagers. Le destin bouclé d’une fille vidée avant la trentaine.




vendredi 31 juillet 2015

Amy Winehouse aurait fati une tentative de suicide à 10 ans

Amy Winehouse


AMY WINEHOUSE AURAIT FAIT 

UNE TENTATIVE DE SUICIDE À 10 ANS

BIOGRAPHIE


News publiée le 12/05/2013 à 13h01
Par Eric Ratiarison


Un livre vient de révéler que Amy Winehouse a eu une enfance bien plus difficile qu'on ne le pensait. Et ce n'est pas joli à lire.

Amy Winehouse : The Untold Story, c'est le nom du livre choc écrit par Chloe Govan sur la star britannique décédée le 23 juillet 2011. Selon les rapports de l'enquête, l'interprète de Rehab aurait succombé à un abus d'alcool suite à trois semaines d'abstinence. L'alcool et les drogues la détruisaient depuis un bon nombre d'années déjà. Le résultat d'une vie semée d'embûches. L'une des raisons de son tourment serait le divorce des ses parents alors qu'elle n'était qu'une enfant. Une séparation due au fait que son père ait quitté sa mère pour vivre avec une collègue de travail. La jeune Amy Jade l'a très mal vécu. Du coup, pour évacuer sa frustration, elle s'est scarifiée les bras et les poignets avec des compas, des lames de rasoirs et des bouts de verres. Mais le pire est arrivé quand elle a ingéré un nombre bien trop important de médicaments. Elle voulait en finir alors qu'elle n'avait que 10 ans. L'ami qui l'a secourue confie qu'il l'a vu agoniser, que de l'écume commençait à sortir de sa bouche et que ses yeux étaient révulsés, ''c'était terrifiant'', conclut-il. Ensuite, la future star, lui a demandé de ne rien dire à personne.

En ce qui concerne son décès, un proche raconte que ''Amy ne voulait pas mourir dans l'ombre sans avoir fait un disque aussi bon que Back To Black''. De plus, il ajoute que ''malheureusement, elle connaissait le club des 27 et que ça ne la dérangeait pas de le rejoindre''. Le club des 27 est un ensemble d'artistes qui sont morts à l'âge de 27 ans. Parmi eux il y a Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison ou encore Kurt Cobain.