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vendredi 14 août 2020

Ce que le monde doit au polar du nord


«Beck», honnête adaptation des romans fondateurs du polar suédois.
 © BENGT WANSELIUS PHOTOGRAPHER

Ce que le monde doit au polar du nord
Après les chocs The Killing et Borgen, puis une pause, les séries TV scandinaves explosent à nouveau. Du roman au feuilleton télé, le polar s’impose comme le génie du nord. Début de notre balade


Nicolas Dufour
Publié dimanche 3 juillet 2016 à 22:52


Les nouveaux éclats du nord
La création TV nordique s’est révélée au monde avec l'haletante The Killing, puis Borgen. Après un temps d’arrêt, les fictions scandinaves explosent, et de nouveaux pays se mettent sur la carte. En six parties, notre exploration des nouvelles perles du nord.
La qualité de la culture populaire scandinave est peut-être due à une volonté initiale d’exprimer une critique. De fissurer l’image d’une société en apparence parfaite. De dire haut et fort au pays – la Suède, en l’occurrence – combien sa tranquillité est factice. En 1965, avec le premier roman contant les enquêtes de l’inspecteur Martin Beck, le couple d’écrivains Maj Sjöwall et Per Wahlöö a ouvert un filon sans limite.
Martin Beck animera dix romans, durant une décennie. De l’avis général, c’est la naissance du polar suédois, et, par extension, scandinave. Du Norvégien Jo Nesbø au Danois Jussi Adler-Olsen en passant par les monuments suédois du genre Henning Mankell et Stieg Larsson, une production locale, à l’échelle de la planète, s’est structurée et imposée.

Une absence de préjugés

A considérer la ruche nordique, un point étonnant est l’absence de préjugé face à la culture populaire. Nul état d’âme à «écrire populaire», à se soumettre aux lois du suspense et du thriller. Le genre devient creuset autant que marque de fabrique. Le polar a été privilégié parce qu’il permet justement d’explorer les côtés sombres d’une social-démocratie battant de l’aile; mais aussi parce que ce genre s’exporte bien – dans le business des coûteuses séries TV, l’argument compte.
Et justement, après les triomphes littéraires, voilà que les séries TV explosent. Depuis une décennie, l’Europe du Nord a planté son drapeau, bien visible, sur la carte mondiale de la fiction TV. Le choc a commencé en 2007 avec Forbrydelsen, The Killing, un des feuilletons les plus haletants des années 2000. Du Danemark aussi, Borgen a ouvert les vannes de la fiction politique ancrée dans son contexte, fût-il bien particulier. Elle a rendu possible nombre d’autres projets, tels que Baron Noir en France cette année.
Le rayonnement anglais des séries danoises: la bande originale anglaise de «Forbrydelsen»



D’initiative suédoise, Bron/Broen (The Bridge) glorifie le pont entre Malmö et Copenhague comme lieu effilé du crime. La deuxième saison sort ces temps en DVD, la troisième, passionnante, est disponible avec sous-titres anglais, et il y aura un quatrième chapitre.
Aperçu de la saison 3 de Bron/Broen, brillante



Puis le mouvement s’est un peu tassé. Depuis 2010 environ, les nouvelles du Nord sont devenues sporadiques. Les créateurs ont investi le comique ou la comédie sociale, plus difficiles à faire comprendre au-delà du cadre national.

Reprise des activités

La pause est finie. La déferlante du Nord va reprendre avec une énergie démultipliée, les projets foisonnent, depuis l’Islande jusqu’à la Finlande télévisuelle, encore méconnue.
On y trouve plusieurs registres différents, mais le genre polar domine sans conteste, décliné entre le canal historique – un meurtre, une investigation – et des variations sur le mode économique (la norvégienne Mammon), sociopolitique en Finlande (Tellus), ou parodique avec la mafieuse Lilyhammer, en Norvège encore.

Grands romans, petites séries
Le paradoxe est que les grands polars littéraires n’ont pas donné lieu à de grandes séries. Martin Beck est décliné en d’honnêtes téléfilms depuis 1998. Erica, l’héroïne de Camilla Läckberg, a son feuilleton aux couleurs des maisonnettes de sa cité côtière, sympathique, sans autre – et contesté par l’auteure elle-même. Le Wallander suédois, avec Krister Henriksson, se révèle plaisant mais neutre, l’anglais (Kenneth Branagh) a un ton tragique de plomb. Pis, les premières adaptations du Département V de Jussi Adler-Olsen sont ratées.
Comme si le polar était devenu le trait du génie régional. Les plus éclatantes réussites télévisuelles, à commencer bien sûr par The Killing, sont de purs produits de télé, dus à des scénaristes. Au Nord, littérature et séries TV avancent en parallèle. Dans les deux cas, elles ne font que commencer leur conquête du monde.


samedi 9 mai 2020

L'auteure suédoise de polars Maj Sjowall est morte




Maj Sjowall en 2009
Photo Jost Hindersmann Krimidoedel

L'auteure suédoise de polars Maj Sjowall est morte


Avec son mari, Per Wahloo, elle est à l'origine de la vague des romans policiers nordiques.

Par Nicolas Turcev, avec AFP, le 05.05.2020 à 16h31 (mis à jour le 05.05.2020 à 17h00)

Maj Sjowall, qui avec son mari Per Wahloo (mort en 1975) a lancé la vague des romans policiers nordiques, est décédée, le 29 avril, à l'âge de 84 ans, a annoncé son éditrice. L'écrivaine "est morte au terme d'une longue maladie", a indiqué à l'AFP Ann-Marie Skarp, directrice des éditions suédoises Piratforlaget. En France, l'essentiel de l'oeuvre du couple est paru aux éditions Rivages et 10-18.


Les époux ont créé le personnage récurrent de l'inspecteur Martin Beck et de son équipe d'enquêteurs à Stockholm, qui à travers ses investigations peint un tableau sans concessions de la société suédoise. "Ces dix romans avec pour héros Martin Beck sont désormais des classiques et ont inspiré, j'ose le dire, tous les auteurs de romans policiers vivants", a ajouté Ann-Marie Skarp. Leurs livres ont été traduits en 40 langues et ont servi de base à des douzaines de films.



Un chapitre chacun



Née le 25 septembre 1935 à Stockholm, Maj Sjowall a étudié le graphisme et le journalisme. Elle a d'abord travaillé comme traductrice, directrice artistique et journaliste. Elle a rencontré Per Wahloo, lui aussi journaliste, en 1961. Ils se sont mariés et ont eu deux fils. Après avoir couché les enfants, ils avaient coutume de s'asseoir de chaque côté d'un bureau et d'écrire jusque tard dans la nuit, un chapitre chacun.


"Nous avons beaucoup travaillé le style, a-t-elle expliqué au Guardian en 2009. Nous voulions trouver un style qui soit ni le mien, ni le sien, mais un style qui serait bon pour nos livres."

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