Affichage des articles dont le libellé est Juan Carlos I. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Juan Carlos I. Afficher tous les articles

jeudi 13 août 2020

Dominique de la Barre / De la monarchie

Qué es una monarquía: Tipos y ejemplos de monarquías ✏️

De la monarchie




Dominique de la Barre 
11 août 2020

La Ligne Claire sollicite l’indulgence de ses lecteurs en raison de la longueur inhabituelle de ce blog. Cet essai sur la monarchie entend souligner les mérites de cette institution tout en répondant aux arguments de ses détracteurs.
–0–
Le départ en exil du roi Juan Carlos a amené certains, le parti Unidas Podemos par exemple, à réclamer non seulement la poursuite du cours de la justice à l’encontre du citoyen Juan-Carlos de Borbón y Borbón mais l’abolition de la monarchie même. Il est toujours malaisé de distinguer les critiques envers la personne de l’ex-souverain de celles envers l’institution du fait même que la personne n’est le souverain qu’en vertu de l’institution. En revanche, il est plus aisé de passer en revue les arguments avancés par les détracteurs de l’institution, et qu’on peut regrouper en trois catégories :
– le caractère héréditaire, supposé contraire aux principes démocratiques,
– le souverain est à l’abri d’une sanction électorale, de sorte qu’il ouvre la porte à de possibles abus de pouvoir,
– le coût réputé élevé de l’institution monarchique.

Dynastie et hérédité

La Ligne Claire avance la théorie selon laquelle l’institution monarchique n’est que l’application à l’organisation de l’État d’un phénomène universel et de tous temps, la dynastie. Ainsi, en dépit d’une république en guise de cache-sexe, la Corée des Kim et la Syrie des Assad, de même qu’en son temps le Cuba des frères Castro, fonctionnent en réalité sur le mode dynastique. Plus encore, des pays qui dans un passé pas trop lointain se sont affranchis de la Couronne britannique se sont empressés de reproduire en leur sein ces mêmes mécanismes : en Inde la dynastie Nehru-Gandhi a longtemps dominé la vie politique, sans rien céder à la famille Bhutto au Pakistan voisin, tandis qu’aux États-Unis, dès leur constitution, des dynasties politiques voient le jour, les Adams d’abord suivis des Roosevelt et des Bush à notre époque. Bien plus, nombre d’usurpateurs, au rang desquels Bonaparte figure en première place, s’empressent, une fois le pouvoir assuré, d’établir une dynastie nouvelle. Dans d’autres domaines de l’activité humaine se sont fait jour des dynasties d’artistes (Breughel, Bach), d’industriels (Ford, Rockefeller, Peugeot), de banquiers (Rothschild, Pictet) et de scientifiques (Bernoulli), manifestations d’un phénomène de tous lieux et de tous temps, et qui n’est pas propre à l’institution monarchique.

Monarchie héréditaire et monarchie élective

A côté de la monarchie héréditaire cohabite la monarchie élective. L’Europe en a connu plusieurs parmi lesquelles on peut citer le Saint-Siège, qui subsiste, la République de Venise, qui était en réalité une oligarchie et le Royaume de Pologne, où l’élection du souverain en a fait le jouet de ses puissants voisins, la Russie et la Prusse et a conduit à la disparition de l’État vers la fin du XVIIIe siècle. Quant à elle, si la dignité impériale était en principe élective en Occident, dans la pratique elle était devenue héréditaire dans la maison de Habsbourg à partir de 1452, qui par le fait même en a assuré la pérennité.
Pourquoi donc le système de la monarchie élective n’a-t-il pas fait ses preuves, à savoir un État stable, voire puissant ? On pourrait penser pourtant que le système n’offre que des avantages : à chaque élection, le corps électoral, quel qu’il soit, élit le candidat le plus apte ; celui-ci, élu à vie, n’a pas à se soucier de sa propre réélection et peut donc se vouer tout entier à la promotion du bien commun. Or, c’est précisément le contraire qu’on observe, à savoir que la monarchie élective devient aussitôt l’enjeu de factions, de partis, dirions-nous de nos jours, si bien que le souverain se comporte de fait comme un chef de bande, envers qui il devient redevable.
En vue de mettre fin à la pratique héritée des Francs de partager l’héritage d’un chef parmi tous ses fils, qui s’était avérée une source de division perpétuelle et surtout d’instabilité politique, les Capétiens adoptent à partir du Xe siècle le modèle de la monarchie héréditaire, auquel ils ajoutent une règle certes arbitraire mais simple et efficace, la primogéniture masculine. Quarante rois se succéderont en application de cette règle au fil de huit cents ans. Ce faisant, les Capétiens assurent non seulement leur propre survie mais celle de l’Etat, par-delà les menaces graves, la guerre de Cent Ans par exemple. Un système qui à chaque génération fait l’impasse sur les compétences de son successeur, a donné des saints et des fols, des longs et des gros, ma foi à l’image de l’humanité tout entière, tout en assurant une gestion efficace de l’Etat. On ne saurait donc trop insister sur ce constat qui surprendra certains: l’institution monarchique, combinée au principe héréditaire, constitue un facteur essentiel de la stabilité, de la pérennité et même de la grandeur de l’Etat.
Pour durer, tout système politique doit être perçu comme légitime et assurer une certaine efficacité. Illégitime, il sera renversé et inefficace, il le sera aussi. De ce point de vue la monarchie héréditaire se révèle redoutablement efficace : pour assurer sa succession, il suffit que le roi couche avec la reine, c’est-à-dire avec son épouse légitime, car le fruit de cette union, le futur chef de l’Etat, ne saurait être illégitime. Une nuit d’amour et voilà assurée la continuité de l’État, on ne saurait faire mieux.

Monarchie absolue et tyrannie

Si de nos jours on ne formule pas l’objection de l’absolutisme à l’encontre de l’institution monarchique, il ne paraît pas inutile dans le cadre de cet article de rappeler ce qu’il y a lieu d’entendre par monarchie absolue, dont la manifestation la plus éclatante demeure bien entendu Louis XIV. Pouvoir absolu signifie pouvoir parfait, c’est-à-dire complet ou encore achevé, mais ne signifie en aucun cas que le roi règne sans entrave ou de façon arbitraire. Le roi est lié tout d’abord par les lois fondamentales du royaume, sorte de constitution non-écrite, qui gouvernent notamment les règles en matière successorale. « Je suis dans l’heureuse impossibilité de n’y pouvoir rien changer » dira plus tard Louis XV à ce propos, indiquant tout-à-fait clairement qu’être bénéficiaire de la loi successorale ne signifie pas en être le maître ; même l’abdication n’est pas laissée au seul bon plaisir du roi : ainsi en 1936, c’est en vertu d’une loi votée par le Parlement que le roi Edouard VIII est autorisé à abdiquer. En outre, le roi est lié par le droit coutumier si bien que dans la réalité des faits il est confronté à un maquis de règles, de lois et d’ordonnances qui sont invoquées par des pouvoirs locaux, parlements de province par exemple, précisément pour contrer son autorité ; enfin le roi est lié par les traités qu’il conclut lui-même avec les puissances étrangères. Les limites à l’exercice du pouvoir royal sont donc à la fois réelles, nombreuses et efficaces. Retenons donc que le monarque absolu n’est en aucun cas un tyran, pas même un souverain qui règne de manière arbitraire, mais au contraire une personne que sa charge oblige.

Absence de sanctions

Dans ce contexte, l’impossibilité de sanctionner le souverain s’explique et se justifie donc très clairement. Autant le tyran se met à l’abri des sanctions par le fait même de son pouvoir tyrannique, c’est-à-dire l’oppression de ses opposants, autant l’absence de sanction du roi légitime doit être entendue comme un mécanisme qui assure la stabilité de l’institution et son inviolabilité. En effet, la possibilité de sanctionner le roi, que ce soit de manière formelle ou non, ouvre bien entendu la porte à une élection plus ou moins déguisée de son successeur.
Ce sont donc les textes de loi qui gouvernent le pouvoir royal qui font office de sanction. Au Royaume-Uni, où le souverain ne jouit plus d’un pouvoir effectif, la notion même de sanction perd de son sens. En Belgique, la Constitution en son article 106 stipule expressément qu’aucun acte du Roi n’est valable en l’absence du contreseing d’un ministre qui par le fait même de ce contreseing se rend responsable de cet acte. Si donc c’est le ministre qui est responsable et non pas le Roi, la question de la sanction de la personne du Roi est vide de sens.

Coûts

Il n’entre pas dans le cadre de cet article d’effectuer un audit des coûts liés à la monarchie en Espagne ou ailleurs. On se bornera donc à formuler à ce propos quelques remarques de portée générale.
Tout d’abord, la question des coûts est une question accessoire en ce sens qu’elle ne touche pas en tant que telle à l’essence de l’institution monarchique. C’est d’autant plus vrai qu’il revient au Parlement de fixer le montant de la liste civile.
Si la monarchie est susceptible de s’entourer d’un certain faste, plus ou moins coûteux, très variable selon les pays et les époques, elle n’en a aucunement le monopole : qu’on songe aux défilés du 14-Juillet, aux cérémonies d’investiture du Président des Etats-Unis ou encore aux parades grandioses qui se déroulent en Chine ou en Corée du Nord. De plus, certains coûts fixes liés à certaines monarchies sont amortis depuis des siècles tandis que les frais d’exploitation variables sont à mettre en rapport avec les avantages très réels qui découlent de la pérennité de l’institution, une qualité particulièrement appréciée à l’étranger. Même la République française n’hésite pas à tirer parti de Versailles ou de Chambord, où les visiteurs affluent par milliers. Enfin, notons que certaines fonctions présidentielles, à nouveau celle des Etats-Unis par exemple, peuvent s’avérer très coûteuses.

Conclusion et Épilogue

La monarchie se révèle l’application de phénomène dynastique, une réalité observable de l’activité humaine, à l’organisation de l’État tant et si bien que, même lorsque l’État revêt la forme extérieure de la république, l’attachement et le prestige de la dynastie persistent, que ce soit en Bavière, en Afrique auprès des chefs coutumiers ou des maharadjahs en Inde.
De l’avis de La Ligne Claire, Juan Carlos a sans aucun doute attenté au prestige de l’institution qu’il a incarnée pendant près de 40 ans. Que ceux qui songent à la museler gardent à l’esprit le sort de Stanislas Poniatowski. Élu roi de Pologne en 1764, l’ancien amant de Catherine la Grande deviendra vite le jouet des Russes. Il présidera au dépècement de son royaume et mourra en exil. Avec lui disparaissait non seulement la royauté mais pour 130 ans l’État polonais.




Dominique de la Barre est un Belge de l’étranger. Ses centres d’intérêt tournent autour de l’histoire, de la religion, de la généalogie et des langues.



mercredi 12 août 2020

Juan Carlos I / La chute et l’exil

Juan Carlos I



Juan Carlos: la chute et l’exil

Dominique de la Barre
4 août 2020 

Les lecteurs de La Ligne Claire auront pu lire dans la presse les déboires liés au don de 100 millions de dollars qu’aurait reçu le roi émérite de la part du roi d’Arabie et qui auraient été crédités sur un compte ouvert au nom d’une fondation panaméenne auprès d’un établissement bancaire de renom à Genève. Des enquêtes pénales sont en cours en Suisse et en Espagne.
Ce qui semble particulier à La Ligne Claire c’est que cette affaire ne concerne pas seulement le citoyen Juan Carlos de Borbón y Borbón mais l’institution monarchique elle-même. Que pendant le même temps en France, l’ancien président Nicolas Sarkozy soit mis en examen, ne jette pas le discrédit sur l’institution de la présidence de la République en tant que telle et n’amène personne à réclamer la restauration de la royauté.
En Espagne, il en va autrement. D’une part, et en dépit des mérites du même Juan Carlos, en particulier lors de la tentative avortée de coup d’état de la part du colonel Tejero en 1981, la monarchie espagnole repose sur des bases toujours fragiles. Exemple unique de restauration monarchique à l’époque contemporaine, elle succède aussi à deux proclamations de la république en 1873 et en 1931.
Mais il va aussi et sans doute surtout de la nature même de l’institution qui fait du monarque le fils ou la fille de son prédécesseur. Alors que son beau-frère gît en prison, le roi Philippe VI, à la nouvelle qu’il était un bénéficiaire à son insu de cette fondation, a renoncé par avance à son héritage et a coupé la liste civile du roi émérite, 194 mille euros par an. Jusqu’à hier, il était possible qu’il dût achever de tuer symboliquement le père à qui seul il doit sa fonction et l’expulser du palais de la Zarzuela. Face au risque de ce meurtre rituel, le roi Juan Carlos a choisi de prendre les devants en annonçant lundi 3 août qu’il quitterait l’Espagne
Certes, tant qu’il était roi jusqu’en 2014 Juan Carlos était couvert par l’immunité de sa fonction ; de plus, il est possible que certains des faits incriminés se révèlent prescrits. Mais l’immunité a vocation à protéger la fonction royale, pas à lui octroyer une impunité à commettre des délits. Juan Carlos était né en exil à Rome ; il emprunte aujourd’hui le même chemin que son père et son grand-père, le prix à payer pour sauver l’institution monarchique qu’il a incarnée.
Quel que soit l’arrangement constitutionnel, l’institution monarchique naît d’un contrat entre une famille et le peuple. Sire, Madame, sachez-le car cette règle ne souffre aucune exception, en cas de conflit c’est toujours le peuple qui gagne. L’exercice de la fonction royale exige désormais l’exemplarité avant, pendant et, depuis que les rois abdiquent, après la prise de cette fonction.




Dominique de la Barre est un Belge de l’étranger. Ses centres d’intérêt tournent autour de l’histoire, de la religion, de la généalogie et des langues.



vendredi 7 août 2020

Juan Carlos parti d’Espagne, le roi actuel aura fort à faire pour «réparer» la monarchie

Juan Carlos en 2013, alors qu’il s’apprêtait à abdiquer en faveur de son fils. — © Daniel Ochoa de Olza

Juan Carlos parti d’Espagne, le roi actuel aura fort à faire pour «réparer» la monarchie


Felipe VI a annoncé que son père, le souverain émérite, était définitivement écarté de la Casa Real et du pays. Mais avec les affaires de corruption qui la minent, la Maison royale aura beaucoup de meubles à sauver si elle parvient à restaurer son prestige issu de la transition démocratique post-franquiste


Olivier Perrin

Publié mardi 4 août 2020 à 09:12
Modifié mardi 4 août 2020 à 21:29


L’ancien roi d’Espagne Juan Carlos de Borbon y Borbon, 82 ans, longtemps révéré pour avoir mené la transition de la dictature de Franco à la démocratie, s’est donc résolu ce lundi à l’exil après l’ouverture par la justice de son pays d’une enquête pour corruption à son encontre. Il l’a annoncé dans une courte lettre à son fils, le souverain Felipe VI, qui l’a ensuite annoncé sur le site de la Casa Real. Le Tribunal suprême espagnol doit établir s’il a touché des pots-de-vin pour la construction d’une ligne ferroviaire à grande vitesse en Arabie saoudite par un consortium d’entreprises espagnoles.

LE TEMPS



jeudi 6 août 2020

En Espagne, Juan Carlos prend le large






En Espagne, Juan Carlos prend le large

Le roi émérite, qui fut le garant de la transition démocratique du pays, a quitté le territoire espagnol. Une manière de tenter de sauver la couronne, mise en danger par les déboires judiciaires du monarque
François Musseau, Madrid
Publié mardi 4 août 2020 à 18:25
Modifié mardi 4 août 2020 à 23:07

Le départ de celui qui disait «avoir tout donné pour sa patrie» a un parfum de disgrâce. Le roi émérite, lui qui pendant quatre décennies fut l’incarnation de la transition de la dictature vers la démocratie, a pris la tangente en fuyant cette même «patrie». Juan Carlos, associé à une période opulente de l’Espagne, se trouve-t-il aujourd’hui à Estoril, où résidait son propre père, Jean de Bourbon, comme le soutiennent des médias portugais? Ou bien en République dominicaine, comme l’atteste le quotidien La Vanguardia, dans une des fastueuses résidences du magnat du sucre et tycoon hôtelier «Pepe» Fanjul, son supposé «grand ami»?

Quelle que soit la destination de Juan Carlos Ier, et que cet exil soit temporaire ou non, un cycle s’est terminé: avec ce départ en plein cœur de l’été, qui a pris tout le monde de court même s’il a été mûrement prémédité et préparé avec le fils et actuel monarque Felipe VI, un lien symbolique s’est rompu entre un pays entier et celui qui résida cinquante-huit ans à la Zarzuela – la résidence royale, sise au nord-ouest de Madrid.
«Un double drame»
«Pour tous ceux qui, comme moi, ont vécu des décennies de consolidation démocratique, dans laquelle Juan Carlos Ier a joué un rôle primordial, il est très triste de le voir aujourd’hui faire ses valises, tel un aveu de sa déchéance morale, commente l’éditorialiste Fernando Omega. On assiste à un double drame, celui d’un père répudié par son fils, et celui d’un fils obligé de sauver l’institution monarchique en sacrifiant son père.» Dans une lettre adressée lundi à Felipe, Juan Carlos explique que sa «décision méditée» de quitter l’Espagne est liée aux répercussions publiques d’événements passés de sa vie privée. Autrement dit, et compte tenu de ses déboires judiciaires, son exil est sa manière à lui de protéger à la fois son fils et la monarchie.
Le 18 juin 2014, en abdiquant au profit de son fils, Juan Carlos – sur lequel s’accumulent déjà une série de scandales de mœurs – croit renforcer une monarchie dont la réputation commence à se déliter auprès d’une majorité d’Espagnols, pour qui la Casa Real avait toujours été jusque-là symbole d’union nationale et d’exemplarité. Mais, ce faisant, celui qui devient ce jour même «roi émérite» fragilise sa propre situation puisqu’il met fin à son «inviolabilité». A cette date, Juan Carlos est persuadé que son prestige n’a pas été fondamentalement entamé par ses multiples frasques, notamment une partie de chasse clandestine au Botswana en avril 2012, qui se soldera par une chute fracassante.

Importants dessous-de-table versés par le régime saoudien

A sa sortie d’hôpital, il lâche aux Espagnols: «Je suis désolé, je me suis trompé, cela ne se reproduira pas.» On le sait depuis longtemps chasseur invétéré, coureur de jupons compulsif, navigateur hédoniste: une image quasi folklorique, pour certains sympathique, qui s’ajoute à son rôle décisif lors du putsch avorté du lieutenant-colonel Tejero en février 1981. «Son rôle lors de ce moment capital, où la démocratie espagnole aurait pu sombrer de nouveau, lui a conféré une puissante image de sauveur de la nation, dit le politologue Enrique Gil Calvo. A tort, Juan Carlos a alors pensé qu’il pouvait à jamais bénéficier de ce capital de sympathie, qui plus est protégé par son statut royal.»
Le moment de bascule se produit en 2018, lorsque des médias révèlent – sur la base d’enregistrements clandestins réalisés par un ancien commissaire de police – que l’ancien monarque disposerait de comptes bancaires en Suisse, liés à d’importants dessous-de-table versés par le régime saoudien dans le cadre d’un contrat de train rapide entre Riyad et Médine, contrat obtenu par un consortium espagnol. Ces 65 millions d’euros auraient été versés à une fondation avant de bénéficier à une certaine Corinna Larsen, «l’ancienne tendre amie du roi», suspectée d’être aussi une intermédiaire.

Possibles poursuites judiciaires

Ces mouvements d’argent se poursuivant après l’abdication de juin 2014, ils peuvent faire l’objet de poursuites judiciaires. S’ils trouvaient des «indices» allant dans ce sens, la justice suisse et le parquet du tribunal suprême pourraient mettre en examen le roi émérite. Hier, l’avocat de Juan Carlos a bien pris soin de préciser qu’en aucun cas son client n’avait l’intention de fuir et que, depuis sa nouvelle résidence, «il serait totalement à la disposition de la justice».
Reste à savoir si l’exil volontaire de Juan Carlos va suffire à sauver la monarchie espagnole, objet d’une avalanche de scandales depuis une dizaine d’années. Certes, depuis le début de son règne en juin 2014, Felipe VI a tout fait pour maintenir une attitude irréprochable. Le 15 mars dernier, voyant que les casseroles judiciaires de son père prenaient de l’ampleur, il a renoncé à l’héritage paternel (pour éviter toute possible contamination avec de l’argent d’origine douteuse) et a supprimé la somme annuelle de 200 000 euros allouée à son père.
La plupart des formations politiques, dont les socialistes au pouvoir, ont approuvé le départ volontaire de Juan Carlos, comme une mesure supplémentaire favorisant un «cordon sanitaire» autour d’une monarchie en péril. A l’inverse, les nationalistes et la gauche radicale de Podemos y voient une «attitude indigne», une «fraude». Voire un motif pour contester la légitimité de Felipe VI.





mercredi 5 août 2020

Juan Carlos I, le meurtre du père




ÉDITORIAL 

Juan Carlos, le meurtre du père

Le départ de l'ex-roi met en lumière les nombreuses faiblesses du pays


LUIS LEMA
Publié mardi 4 août 2020 à 21:24
Modifié mardi 4 août 2020 à 21:30

Une fuite? Un exil? Une mise à l’écart d’un personnage devenu décidément trop encombrant? Le départ forcé de Juan Carlos, annoncé lundi soir, était devenu une nécessité. Il y a presque un demi-siècle, le jeune roi Juan Carlos, nommé par une décision du dictateur Franco, avait su se mouler aux désirs de son époque, et apparaître comme l’emblème d’une nouvelle Espagne assoiffée de modernité et de démocratie. Quand la démocratie semblait ne plus tenir qu’à un fil, le monarque avait fait la différence.
Pourtant, l’âge venant, à coups de bourdes, d’aveuglements et d’égocentrisme, il a fini par manquer sérieusement le coche. Juan Carlos, progressivement, ne signifiait plus rien dans l’Espagne actuelle. Mais son départ, loin de résoudre les problèmes, risque au contraire de mettre encore plus en évidence les faiblesses d’un pays aux prises avec des crises à ce point multiples qu’il serait vain de vouloir les énumérer toutes.

Pêle-mêle: frappée de plein fouet par la crise sanitaire du Covid-19, l’Espagne se débat avec des conséquences économiques que l’aide européenne ne parviendra pas à gommer. La coalition au pouvoir – les socialistes sont épaulés par l’extrême gauche – fait beaucoup de mécontents, y compris dans les rangs des électeurs de gauche. Son unité territoriale vacille sous les coups de boutoir des indépendantistes catalans. Les nostalgiques d’un pouvoir fort relèvent la tête et s’expriment à haute voix, ici autant qu’ailleurs. Autrefois garante de l’unité du pays, la monarchie est contestée, souvent avec des arguments parfaitement recevables.
Dans ce contexte, Juan Carlos, ses chasses aux éléphants, ses maîtresses et son goût pour l’argent, étaient devenus un boulet purement insupportable. Felipe VI, le successeur aux allures de premier de classe, l’a parfaitement compris. Mais il n’est pas sûr que le meurtre symbolique du père soit suffisant pour apaiser les flammes et rendre la monarchie acceptable dans l’ensemble du pays.
Les Espagnols, encore plus que d’autres, peuvent avoir la mémoire courte. Ce qui, aujourd’hui, paraît parfaitement acquis, était loin de l’être il y a juste quelques décennies. Les dangers sont si nombreux que la maison royale, associée aux dirigeants politiques, semble avoir paré au plus pressé, se débarrassant d’un patriarche devenu synonyme d’une époque révolue. Or, cacher la saleté sous le tapis est rarement une solution pérenne. L’Espagne a besoin d’espérer. Vite, elle doit maintenant se mettre d’accord sur les valeurs et les desseins dont elle est aujourd’hui assoiffée.


jeudi 9 octobre 2014

Juan Carlos et Sofia / Un divorce à l'horizon

Un divorce à l’horizon?
Juan Carlos I et l'ex-reine Sofia
REUTERS/Juan Medina

JUAN CARLOS ET SOFIA

UN DIVORCE À L’HORIZON?

Le 03 septembre 2014 | Mise à jour le 03 septembre 2014
Le mariage entre Juan Carlos et la ex-reine Sofia, célébré il y a 52 ans, vacillera-t-il? A en croire la presse italienne, cela n’est qu’une question de temps. Selon «La Repubblica», les observateurs de la Casa Real s’attendent prochainement à un bref communiqué de presse annonçant la séparation définitive de l’ex-couple royal. Tous deux occupent déjà des zones éloignées du palais royal depuis des années et communiquent grâce à leurs secrétaires. C’est l’annonce, le 2 juin dernier, de l’abdication de Juan Carlos qui aurait précipité les choses.
La séparation semble effective assure «La Repubblica» qui rapporte que le couple ne s’est pas vu depuis la mi-juillet au moins. L'ex-reine est partie à Majorque pour s’occuper de ses petits-enfants. «Maintenant que la maison est vide, écrit le quotidien, la reine mère a décidé de rester encore à Majorque, en compagnie de son inséparable sœur Irene». De son côté, Juan Carlos est resté très discret. Toujours convalescent après son opération de la hanche, il a consacré une partie du mois de juillet à la rééducation, entre sport, piscine et promenade. Début août, il a rencontré à Bogota le président colombien. Depuis, pendant trois semaines, c’est le «silence absolu», précise le quotidien italien, «personne ne sait où il est allé, ni avec qui». Juan Carlos est réapparu il y a quelques jours à Grenade pour la Coupe du monde de basket.