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mardi 15 août 2017

Hymne à l'Alsace du nord

Me voilà de retour dans la ville, avec un enthousiasme modéré. J'admets que c'est agréable de retrouver mes chats chéris, mais si j'avais pu, je serais restée pour toujours encore un moment en Alsace.
Centre de sauvegarde de la faune sauvage de Loosthal. Les cigognes libres viennent tenir compagnie à leurs copines en cage qui sont soignées.

 Alsace du nord s'il-vous-plaît. Là où le touriste ne va pas, faute de vinasse en suffisance ou d'abondances fleuries aux balcons. Parce que c'est un bout du monde aussi, sans doute.

Le chat chéri aîné trônant devant les courgettes alsaciennes.

Pourtant, c'est beau. De cette beauté pas fardée qui fait la charme des lieux qui peuvent encore vivre sans touristes.

Zittersheim, vue du jardin où nous prenions notre petit déjeuner.

 Les forêts sont sombres, pentues et tourmentées à souhait, pleines de rochers majestueux enserrés par les racines des arbres immenses. A défaut des trolls qu'on s'attend à voir surgir de derrière les fougères, quelques chevreuils nous sont passés sous le nez.


A l'occasion d'une de ces promenades, j'ai eu le grand honneur de faire connaissance avec les fourmis des forêts. Celles qui construisent des tumuli énormes qui communiquent les uns avec les autres.


Essayez un peu d'approcher pour observer ces dames. Elles attaquent direct. J'ai eu beau fuir sans demander mon reste, elles ont continué à me mordre très loin des précieuses fourmilières. Les bestioles n'aiment pas les étrangers.

Vue d'en bas
 Vue d'en haut.

  
Dans les forêts, on trouve aussi des châteaux qui ont de la gueule, bien que tous ravagés par les armées de Louis XIV au cours de la conquête du Palatinat.

Par exemple, Fleckenstein. 


Même du temps de sa splendeur, l'endroit devait être un poil austère, surtout sans électricité, chauffage et tout le bazar. Ça vous pétrit de respect son gueux.

C'est ainsi que, tout étourdis devant ces sévères édifices, nous sommes allés nous encanailler chez les faiseurs de feu. L'Alsace du nord demeure en effet un endroit où on le dompte de toutes les manières possibles, pourvu qu'il chauffe dur et qu'il soit maîtrisé.  D'où l'existence de cristalleries et de potiers. Lalique et Saint Louis, c'est ici. Des merveilles de délicatesse sorties d'un enfer de chaleur et de manipulations stupéfiantes. Et encore, les ouvriers d'aujourd'hui travaillent dans des conditions correctes; il y a cinquante ans ou plus, c'était autre chose.

Premiers Gallé exposés à 'ancienne cristallerie de Meisenthal

Cristallerie Lalique: extraction d'un four en terre refractaire. Pas plus de trois secondes devant le four chauffé à plus de 1400°C obligent à un ballet, où chacun sait exactement quand il doit intervenir pour relayer le collègue. Imaginons l'époque où les tenues ignifuges n'existaient pas.
Les potiers de Betschdorf ou de Soufflenheim travaillent chez eux, encore en famille pour beaucoup. Eux aussi ont appris à maîtriser les caprices des cuissons au four: la poterie, c'est autre chose que de passer un poulet à la broche. En flânouillant, j'ai atterri dans l'atelier de Monsieur Ruhlmann, un ancien des Arts Décoratifs  qui travaille encore à l'ancienne (four à bois et vernissage au sel) avec sa femme. Un superbe capharnaüm  plein de merveilles.

Les poteries gravées et peintes à l'oxyde de cobalt, en attente de cuisson, laquelle n'est organisée qu'après quelques mois, tant la préparation du four est longue.

Deux des précieuses tasses achetées à Monsieur Ruhlmann. Technique du grès au sel: du sel est projeté dans le four à 1250°C en fin de cuisson: les vapeurs de sodium s'amalgament à la silice présente dans l'argile pour former une fine couche de verre un peu granuleux en surface. Les poteries ainsi traitées sont absolument étanches.

Comme la vie n'est pas faite uniquement de forêts et de poteries, il a été parfois question de manger. Là, inutile de commenter, les images parlent d'elles-mêmes.

Eaux de vie diverses de chez Hepp: abricot, coing, framboise... et une belle réserve de miel de sapin et de forêt.
Le kugelopf de chez Boistelle, à Saverne

Sublime choucroute de chez Meisenlocker à Strasbourg                                  































































    Charcutailles achetées au marché 
de Wingen sur Moder, 
chez la plantureuse Madame Schwab.





Je m'arrête là? J'ai pitié?
Allez, encore une petite!

N'oublions pas la tarte flambée. Les gens qui la proposent sont éleveurs en semaine. Les vendredis, samedis et dimanches soirs, ils deviennent restaurateurs pour arrondir leurs fins de mois. Pas des feignants... On s'en est collé des ventrées scandaleuses en rugissant d'extase.

LA tarte flambée. La Grange. Neuwiller.

mardi 8 août 2017

Objet phallique alsacien

Voilà le genre de chose qu'on trouve en Alsace.



Je suis curieuse de savoir ce qui va être envisagé pour en déchiffrer l'usage.

Que les Alsaciens veuillent bien ne pas cafter (vielmols merci!).

Alors? A votre avis?

jeudi 20 juillet 2017

Journée d'emplettes à Paris

Je me suis réveillée à 6h30, complètement ensuquée parce qu'il fait une chaleur à crever et que je me suis couchée trop tard. L'idée, c'était d'aller courir au parc Montsouris, mais là, non. Déjà trop chaud et moite le matin.
Du coup, j'ai traîné, mangé du gâteau aux amandes d'abricot, pris un petit café. En fait de course de fond aux aurores, la crise de mollasserie aigue guettait avec son assortiment habituel: shopping à la con sur le net, baffrage de ce qui restait de gâteau et évidemment, le sentiment d'être une moins que rien.


Alors j'ai réagi.

J'ai décidé d'aller à l'école bosser encore un peu, ranger le fouillis qui encombre quatre tables, m'avancer dans mes photocopies de rentrée. C'est bon ça, contre la culpabilité, d'aller à l'école pendant les vacances. Surtout à vélo. Hop! Digéré le gâteau!

Sauf que je n'ai pas fait le quart de ce que j'avais prévu, à cause des travaux pharaoniques qui vont nous gâcher la vie toute l'année prochaine et qui avaient déjà commencé. Les gars étaient en train de défoncer la porte d'accès au préau quand je suis arrivée et ils avaient bouclé l'accès à la photocopieuse à cause de la poussière. J'ai donc rangé mollement mes feuilles, collé en hauteur mes cartons de classeurs neufs et téléphoné à la dame du Bon Coin qui proposait un pantalon intéressant à 5 euros. Non pas que je sois devenue fashionata au point de ne penser qu'à ça, même à l'école. Que non pas. Il s'agissait de me trouver une tenue avantageuse pour éviter de devenir la proie des tiques lors de mon prochain séjour en Alsace. Il semble que le coin où nous projetons d'aller nous détendre en soit infesté et dans ce cas, un pantalon clair est recommandé de préférence à un foncé. Pour repérer la bestioles suceuse, tout simplement. 

Là, je vous fait la grâce de l'illustration. Une grosse tique, c'est moche.

Comme cette dame me proposait un rendez-vous au métro Cadet au minimum à 14h, j'avais  trois heures à tuer d'ici là. Que faire?
Sur ces entrefaites, une petite faim m'est venue.
La boulangerie de la rue Dupleix fait de bons croissants, alors je me suis laissée tenter.


J'étais en train de me pourlécher quand il s'est mis à pleuvoir dru et j'ai foncé sous le métro aérien pour m'abriter. C'était jour de marché. Tiens? Pourquoi pas acheter quelques fruits? En fait non. Tout était atrocement cher.


C'est comme ça que je me suis trouvée à la Motte Picquet. Allez, c'est direct jusqu'à Sèvres Babylone: direction la Grande Epicerie du Bon Marché. J'adore traînasser dans les rayons de cet endroit-là. C'est prohibitif aussi, mais qu'est-ce que c'est beau!


Et puis il y a de tout et du bon. Du coup, j'ai acheté du glucose. Chez Michalak (voir mes dernières expériences), ils disent qu'avec ça, la chantilly tient mieux. Je vais tester.

Et là, devinez un peu ce qui m'est tombé dessus?
Je vous le donne en mille.
J'ai eu faim!
Après tout, il était presque midi.
J'ai été très raisonnable en me contentant d'un peu de sublime jambon italien et du pain. Je suis allée grignoter au un square voisin dans un nuage de pigeons goulus.


Après quoi, je me suis fait délester de quelques sous par une dame qui m'a expliqué qu'elle avait faim et honte de demander. Le ton était inhabituel et je venais de manger, alors j'ai donné.
L'heure tournait, le temps n'était pas terrible: direction Detou/Simon. Encore un coin à boustifaille. Chez le premier, ils ont tout pour la pâtisserie. Chez le deuxième, c'est juste à côté, tous les ustensiles imaginables.


 Et hop! Un coup de métro jusqu'à Etienne Marcel! Notez bien que petit à petit, je me rapprochais de Cadet et de mon pantalon anti-tiques. Qu'on n'aille pas me prendre pour une écervelée obsédée de bouffe quand même!
Alors évidemment, chez Detou, je suis restée un petit peu. C'est la caverne d'Ali Baba, cet endroit.


Je venais pour du yuzu et du gélifiant thermoréversif, je suis repartie avec de l'hibiscus, des pignons et des épices à pain d'épice en masse. On vend en demi-gros, chez Detou. Pour le yuzu, j'irai chez Tang.

13h15, allez, Direction Cadet au pif. Je fais souvent ça, pas vous? Quand il y en a, je me repère au soleil. Là, c'était direction ouest, nord-ouest.
Ça circule dur dans ce quartier-là. On sent tout de suite que le coeur de Paris bat par-là. Il y avait les Halles, les vraies, autrefois.


 Il en reste quelque-chose: ça grouille de monde et ça traverse n'importe comment, ça s'invective, ça se faufile, ça klaxonne. A vélo, c'est assez rigolo, mais mieux vaut ne pas rêvasser.
Je comptais me perdre un petit peu. J'avais le temps.
Et bien non. A 13h30 tapantes, je me garais et devinez quoi?
J'ai eu faim.
Envie de sucré, pas du jambon qui me restait avec le pain.
Alors je me suis pris un petit café avec un flan devant une boulangerie qui faisait terrassette sur la rue piétonne.


 On s'est un peu tassés avec les autres gens qui étaient réfugiés là et il s'est mis à pleuvoir à nouveau. Je dégaine le parapluie, vu que leur espèce de toile n'abritait pas de grand-chose. Les passants se sont mis à cavaler sur les pavés et nous, on s'est encore plus tassés pour éviter les gouttes. On a bien rigolé.
J'ai récupéré le pantalon dans le coin de la porte cochère où la vendeuse s'était abritée en attendant que je finisse mon flan caféiné. Pourtant, je n'étais pas en retard. Toute gentille cette vendeuse. Elle a bien essayé de me refiler un autre pantalon bleu foncé, mais mon histoire de tiques l'a calmée illico.
Cette fois, je me suis décidée à rentrer à la maison. Avec tout ce que j'avais mangé, la sieste s'imposait.

De Cadet jusqu'au secteur Montsouris à vélo, rien de tel pour faire passer le flan et le reste. Allez! En tâchant de se faire respecter par les voitures pressées dans les rues étroites pleines de travaux. L'idée, c'est d'empêcher les gros salauds de doubler en te passant à 10 centimètres des mollets. Pas compliqué: il suffit de pédaler à fond au milieu de la rue. La vitesse moyenne est en gros la même que celle des voitures qui elles, restent bloquées pendant que moi, je contourne (ça c'est agréable!) et les gens n'ont même plus l'idée d'essayer de doubler. Ça dansait un peu sur les pavés du Louvre, le Boulevard Raspail vous avait des allures des cartes postales des années cinquante tellement il était vide et rue René Coty, j'ai failli m'énerver contre un abruti qui n'a rien eu de mieux à faire que me doubler en mode queue de poisson pour piler devant moi et me reculer dessus pour se garer. Heureusement qu'ils ne sont pas tous comme ça.
Je suis rentrée chez moi en nage.
Douche  follement agréable.
Comme j'étais toute seule, je me suis payée de luxe de déambuler dans le plus simple appareil avant de me glisser avec volupté entre mes draps frais pour la sieste.
Ça n'a pas duré longtemps. Un fanatique de la chignole m'a réveillée en sursaut.
Alors je me suis rhabillée.
Je suis ressortie pour aller rue Mouton Duvernet chercher un colis.
De re-retour à la maison, je me suis souvenue que mon chéripounet m'avait priée de nettoyer la caisse des chats, ce que j'ai fait. Et de fil en aiguille, la caisse des chats, ça mène à tout, j'ai fait le ménage à fond.

Et voilà comment un matin mou se transforme en journée de fou.



vendredi 19 juillet 2013

Débordée!

Ma maison me tient par la barbichette.
Pire qu'un gigolo premier choix.



Voilà pourquoi, bien que je foisonne d'idées en ce moment, je n'écris pas.

Voyez plutôt.

J'ai enfin décollé tout le papier peint de mon salon et de mon bureau. Le sagouin de précédent occupant avait bien évidemment tout plaqué directement sur le murs, lesquels étaient tombés fous amoureux du papier et ne voulaient plus le lâcher.
 Saleté de mariage pour tous.
Bon.
Les murs ont du mal à s'en remettre. Il va falloir réparer tout ça à coup d'enduit et force ponçage. Ça va être du gâteau par ces chaleurs...
Ensuite, je peindrai.

A côté de ça, ma rambarde, mon portail et mon portillon en bois ont été traités n'importe comment. Le bois proteste en menaçant de pourrir. Urgence! Donc opération colmatage, décapage, médicament et lasure.

C'est pas fini, car ma maison est d'une exigence de danseuse nue.


Elle est pleine de poutres et de boiseries.
Vu que les capricornes ont attaqué dans les hauteurs, je vais aussi devoir traiter tout ça. Je me suis déjà procurée une sorte de pyjama fort peu sexy pour procéder à la chose sans compromettre la santé de mes yeux et de mes petits poumons.

Enfin, mes volets ont soif et appellent leur dose de peinture bleue.
La peinture est déjà là, mais ils attendront encore un peu.

Comme je m'offre une virée en Serbie bientôt en compagnie de mon amoureux adoré et de son fiston tout mignon, je crains fort d'être un peu absente ces temps-ci.
Je prie tout le monde de ne pas m'en tenir rigueur.

Et vivent les vacances!

dimanche 12 août 2012

Comment éduquer deux chats adultes à se supporter?

J'ai recueilli Chagall, un joli jeune matou bien fatigué, il y a maintenant un peu plus d'un mois.
J'ai bien l'honneur de le présenter au monde:


Je suis également la maîtresse de deux autres chats mâles qui s'entendent comme larrons en foire: le plus âgé, Attila le Noir, a adopté le plus jeune encore chaton, Aristote le Tigré, en lui administrant d'interminables séances de léchouilles. Ça crée des liens puissants.



Attila le Sage, malgré son nom redoutable, a eu le bon goût de manifester à l'égard de l'intru une indifférence bienveillante.
Aristote le Grondeur, en dépit de son nom rassurant, lui a craché à la figure.

Au début, Chagall était trop diminué pour réagir. Il restait mollement couché là où il était sans protester. Au pire, il reculait, soumis, pour échapper aux foudres d'Aristote.
Mais un jour, Chagall a fait volte-face. Fraîchement opéré, il disposait encore d'un panel suffisant d'hormones de matou pour juger que cette demi-portion d'Aristote l'avait assez chauffé comme ça et il lui a sauté dessus. Du poil a volé, la maison a un instant été assourdie de hurlements démoniaques et Aristote s'est enfui.

Après ça, il a été impossible de les calmer. Aristote ne réapparaissait à la maison en rasant les murs qu'à la nuit tombée et Chagall le guettait pour lui apprendre la politesse à sa façon. J'étais obligée d'enfermer Chagall dans un pièce à lui la nuit pour éviter les pugilats.
C'est alors que j'ai décidé de réagir. Je craignais qu'Aristote s'enfuie pour de bon ou qu'il finisse en chair à pâtée, ce qui m'aurait désolée.

J'ai réussi à rétablir une paix relative en un peu plus d'une semaine. Voici comment:
! Tous les chats doivent être stérilisés.
! Ils doivent disposer d'une litière facile d'accès et strictement personnelle, tant que tout n'est pas complètement apaisé.

Le soir venu, donc, je bouclait Chagall dans sa pièce, séparée du reste de la maison par une porte vitrée. Ce qui se passait de part et d'autre n'avait donc aucun secret pour quiconque.

Etape 1 (très facile): le repas.
J'ai nourri l'un et l'autre chat de part et d'autre de la porte, de sorte qu'ils associent le plaisir de la croquette à la présence de l'un et de l'autre. Leur dîner restait là la nuit, pour qu'ils n'aient pas le choix d'aller se restaurer sous le nez de l'autre.

Etape 2 (très facile): le jeu.
Dès le deuxième soir, au plaisir du dîner, j'ai associé celui de la ficelle.


Aucun chat, même très renfrogné, ne résiste à une ficelle agitée ou traînée sous son nez. Il la transforme illico en une proie imaginaire et c'est parti.
C'est ainsi que je me suis munie d'une ficelle, et que je l'ai promenée dans l'une et l'autre pièce, alternativement. Chacun des adversaires pouvait observer l'autre en train de jouer, tout en crevant d'envie d'y aller aussi, sans pouvoir le faire (à cause de la porte close).
Très fourbement, je m'arrangeais pour amener le joueur au ras des moustaches du spectateur impuissant. Chagall a commencé par se jeter sur la vitre pour corriger Aristote. L'autre, feulant, s'éloignait et lui jetant des regards torves.

Après deux ou trois soirs de ce traitement, ils ont cessé de se menacer à travers la vitre et ils ont joué en s'ignorant.

Etape 3 (prudence): la promenade accompagnée.
Quand j'ai vu que le jeu se passait dans le calme, j'ai ouvert la porte et pris dans les bras celui des deux qui se laissait le plus faire. En la circonstance, c'était Chagall. Je tenais la ficelle dans une des mains et j'ai fait jouer Aristote à mes pieds, sans cloison. Chagall a d'abord fait mine de me mordre et il a jugé plus à propos de se retenir. S'il l'avait fait, je l'aurait aussi sec remis derrière la porte vitrée.

Etape 4 (prudence): la jeu en liberté
Après une petite semaine de ce traitement, j'ai dégainé la ficelle au jardin. Attila et Chagall ont joué tout de suite, tandis qu'Aristote, méfiant, observait la scène caché sous les iris de Sibérie. Il s'est rapproché petit à petit de l'arène et, n'y tenant plus, il a bondi sur la ficelle. Mais il a tout de suite fait machine arrière, voyant que Chagall était de la partie. L'autre a fait mine de le chasser et je me suis immédiatement interposée en redoublant de signaux de ficelle pour détourner son attention.
Aristote est resté spectateur, mais au moins se sont-ils supportés.
Ainsi me suis-je donnée en spectacle devant les voisins deux ou trois jours, soit le soir, soit le matin.

Jusqu'à cette étape-là, Chagall dormait toujours dans sa pièce fermée.

Etape 5 (surveillance discrète): liberté surveillée
Au matin, lâcher de chats dans le jardin. Pas de ficelle, pas de jeu. Rien. Moi, j'observais du coin de l'oeil en cueillant mes abricots en lambeaux. Les abricots n'aiment pas les étés pourris. De toute façon, c'était juste un prétexte pour surveiller sans en avoir l'air.
Ils se sont tourné autour. Dès que Chagall franchissait la distance de sécurité (environ deux mètres), Aristote, de toute la puissance de ses quatre kilos, lui signifiait par un grognement sourd qu'il ne tenait pas à ce que la distance de sécurité soit raccourcie. Chagall n'a pas outrepassé. C'était gagné: ils étaient devenus capables de se supporter et de respecter les limites fixées par l'autre.

Etape 5: Lâchez tout!
Dès lors, la nourriture a été distribuée en commun, dans trois écuelles différentes et pas collées les unes aux autres. Ils ont accepté cette nouvelle organisation.
J'ai encore isolé Chagall quelques nuits dans une partie de la maison, réservant l'autre partie aux deux autres compères. Jusqu'au moment où bêtement, j'ai enfermé Chagall et Aristote ensemble dans la même partie de maison. Au matin, je les ai retrouvé entiers, sans déceler aucune trace de bataille.



C'est alors que Cacahuète, la chatte des voisins qui s'invite volontiers chez moi, est réapparue.
Elle a craché à la figure de Chagall qui n'aime pas qu'on lui manque de respect et le cirque a recommencé...




lundi 6 août 2012

Les vacances m'ont prise

Il m'est arrivé une étrange aventure.
Habituellement, en été, les gens prennent des vacances. Surtout les feignants de profs qui s'en offrent une belle tranche de presque huit semaines, miséreux condamnés aux stages de remise à niveau exceptés. Ces loqueteux-là ont droit à sept semaines estivales.
Enfin estivales...

Il se trouve que cette année, mes vacances, je les passe chez moi. Foin du stress aéroportuaire ou des foules autoroutières! A moi le calme de ma maison!
Du coup, ivre de cette liberté si confortable, je me figurais mener de front des foules d'occupations dont bien entendu, l'entretien de mon blog.

Fi!
Les vacances me sont tombées dessus et je n'ai rien pu faire. Ni prévenir, comme les plus urbains des blogueurs le font, ni entrebailler la porte des vacances pour envoyer une petite carte de mon coin de banlieue. Rien.
On m'a paralysée.

D'abord, j'ai été prise d'une léthargie féroce. Je me suis mise à dormir dix heures par nuit, puis dans l'après-midi, un coup de barre sournois me prenait et je retournais me coucher pour une solide sieste. A croire que j'étais fatiguée.
Ça a duré presque une semaine.
C'est à ce moment-là que j'ai adopté Chagall.
Malgré ma léthargie, il ne m'avait pas échappé qu'un chat misérable venait mendier à la porte fenêtre du jardin. Il était tout jeune et affamé. La pauvre bête était lacérée de griffures et à moitié pelée. Prise de pitié, je l'ai nourri, puis approché. Il se laissait manipuler comme une poupée. Cette bête-là connaissait les hommes et je crains fort qu'on ne l'ait abandonné à la veille des vacances, comme ça se fait entre salopards peu scrupuleux.
J'ai finalement décidé de l'adopter. Il fallait le stériliser et le tatouer, tâches dont ses précédents maîtres, qu'ils soient maudits, s'était bien évidemment dispensés. Une association très sympa: l'Ecole du Chat,  est venue à mon secours en la personne de Bernadette. Royale.
Voilà le bestiau. Un beau morceau.

Me voilà la maîtresse de trois chats...

Avec Attila, mon vieux noir diplomate, jamais un mot plus haut que l'autre. Mais avec Aristote, là, les insultes ont malheureusement fusé et j'ai été obligée de m'improviser Grande Réconciliatrice. Les progrès ont été fulgurants, puisqu'en quelques jours, ils ont cessé de s'administrer des ronflantes. Je m'en vais vous raconter comment dresser ces bêtes-là à se tolérer dans un prochain billet (avant un mois, promis)

Position rapprochée, inimaginable il y a seulement cinq jours: Aristote scrute, Chagall observe, mais pas de passe d'armes.
Sieste en commun: Chagall pendouille et Attila tire la langue.
En pleine adoption-guerre des chats, j'ai eu de la visite. C'est bien agréable de partager quelques jours avec une vieille connaissance, mais là, le bénéfice de mon long sommeil s'en est allé bien vite. Les soirées se sont prolongées à siroter des bières dans le jardin en jouant aux échecs ou en papotant des heures.





Ensuite, je me suis attaquée au rangement de ma maison qui est vaste. Depuis des années, on y a entassé tout et n'importe quoi dans un joyeux capharnaüm et j'ai décidé que ça suffisait. Certaines pièces tournaient aux écuries d'Augias et un cochon n'y aurait pas retrouvé ses petits. Ce n'est pas pour me trouver de mauvaises excuses, mais ce genre de boulot est peu compatible avec la bonne tenue d'un blog. On en sort flasque et poussiéreux comme un chiffon et que raconter? "Aujourd'hui, j'ai mis les vieilles vestes dans des cartons, j'ai classé les dossiers de fisc et de sécu qui se baladaient en dix morceaux ici et là, j'ai dépoussiéré l'arrière des étagères du bureau, fait les carreaux tellement gris qu'on se serait cru dans un sous-marin, etc..." pas possible.

Pour compléter le tableau, j'ai entrepris de me remettre au serbo-croate. Inutile de plaisanter finement. Ce n'est pas une blague. Donc, chaque jour, je m'y colle. Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes, donc, je n'ai pas étudié le russe au lycée, alors que j'en crevais d'envie. Dommage, ça aurait été un atout. Je ne suis pas non plus Daniel Tammet, le gars qui a appris l'islandais en une semaine, donc, je fais avec ce que j'ai et c'est un peu laborieux.

C'est aussi le moment où mon jardin a choisi de virer hippie. Avec ce temps bizarre qui fait pourrir les fruits, la végétation s'emballe et il tourne à l'enfer vert. J'ai entrepris d'y mettre bon ordre, mais ça ne se fait pas en cinq minutes. Il va même falloir bûcheronner un peu, moi, une faible femme!


Le tout entrecoupé de siestes, de conversations téléphoniques longues comme je ne peux jamais m'en offrir dans l'année.

Alors le blog est resté sur le carreau.
Je prie tout le monde de bien vouloir excuser ces vacances pas du tout prévues qui m'ont soustraite brutalement à la civilisation.

Ça m'a fait un bien fou et me re-voilà!

jeudi 26 avril 2012

Voyage au bout des stages de remise à niveau

A la rentrée 2008, Monsieur Sarkozy encore tout frétillant dans ses nouvelles fonctions nous annonçait tout plein de mesures enthousiastes pour l'école.
Grasse mat les samedis matins: les gosses allaient travailler moins, les parents auraient leur week end tranquille et par la même occasion, les maîtres d'école aussi. Merveilleux!

Merci Reiser!

Pas question pour autant de laisser sur le carreau les "élèves en difficulté". Monsieur Sarkozy aime les défis et les effets d'annonce. Donc ce dispositif de grasse mat un peu démago allait donner lieu à une autre riche idée encore plus démago et compensatrice de liberté saturnale: l'"aide personnalisée" dispensée aux élèves en difficulté.
Les mouflets concernés allaient être pris en charge deux fois une heure par semaine pendant les journées de classe. Les chronobiologistes sont formels: 6h d'école et plus avec le temps de cantine, c'est pas assez.
Autre défi dont Sarkozy a le secret: caser le même programme déjà costaud sans les samedis matins, avec des classes pleines comme des oeufs éventuellement agrémentées de loulous au comportement troublé.
Quelque part à l'Elysée, un conseiller lucide a dû dire à Sarko que ce cocktail-là risquait de sentir le Molotov assez rapidement.
D'où l'accouchement de l'idée qui tue et met tout le monde d'accord:
les stages de remise à niveau pendant les vacances!

Voilà ce qu'on dit aux parents: "Vos mômes vont être pris en charge par des profs volontaires et très pédago. Ça va être super et en plus, c'est gratos".
Le parent alléché: "Pourquoi ne pas tenter. Et toujours ça de gratté sur le centre aéré."

Voilà ce qu'on dit aux enseignants: "boulot facile en petits groupes de cinq enfants maximum, payé en heures sup 360€ pour 15h et exonéré d'impôts".
Le prof appâté:"360€??? C'est grassement payé et si en plus c'est facile..... Je vais enfin pouvoir me payer le dernier Mac Book Pro/ la guêpière "Soir de Venise"!"

Sarko a réponse à tout.

Cette année, bien que peu convaincue par ce gavage en règle, j'ai cédé au chant des sirènes et je me suis portée volontaire. J'avais besoin de sous (pas pour me payer une guêpière, soyons sérieux).

Je fus édifiée.

Les convocations furent délivrées aux familles juste une semaine avant le début du stage. Certaines ont annulé leurs vacances pour offrir ce soutien à leur enfant. Pauvres gens....
Des enseignants, on fit encore moins de cas: convocation quatre jours avant le démarrage sur le temps de midi. A peine une heure pour découvrir les difficultés des "stagiaires", former les groupes, manger.....on n'a pas mangé.
Ce fut épique, car nous découvrîmes à cette occasion qu'en plus des CM1 et des CM2, on avait accepté les CE1...sans savoir combien d'enseignants se porteraient volontaires. Résultat: de cinq maximum, les groupes sont passés à sept, huit, voire dix!
Piégés comme des bleus, on a commencé à regretter.
Trop tard.


Le stage nous a laissés sur le flanc.
Trois heures en petit comité chaque matin de 8h30 à 11h30, avec quinze minutes de pause en tout et pour tout, c'est lourd. Pourquoi lourd? Parce que d'abord, il faut se lever alors qu'on est claqués. Ça, d'accord, ça faisait partie du contrat, alors on n'a pas râlé.

Ensuite, la moitié des mômes ne voulait absolument pas venir à ce stage de malheur. Ils préféraient dormir et on les comprend.
AP* + stage + six heures de taule par jour = C'EST TROP!

Un bon tiers ne relevaient pas de ce dispositif: non-lecteurs, agités chroniques, pourrisseurs de vie, handicapés légers, absentéistes... il a bien fallu les prendre quand même.

Compte tenu de la non-organisation, un jeudi midi sur un coin de table vite fait et l'estomac vide, à trier les mômes au pif tellement il y en avait, pas facile de programmer un boulot construit.

Moi, j'en avais sept: cinq mimis et deux pénibles. Une grande peste à la langue trop longue dont l'occupation principale consistait à se payer la fiole des autres. Un pauvre gosse déjà revenu de tout, un révolté, qui ruminait sa désespérance. Un costaud susceptible aussi qui, en cas d'affront, le lavait d'un coup de poing ou d'un jet de projectile. C'était imprévisible.
L'association de la grande niaiseuse et de l'autre n'était pas très judicieuse: ils se chauffaient tous les deux et le dur aurait fini par lui mettre une peignée. Le dernier matin, après avoir tenté de travailler, calmé l'irrascible qui avait déjà jeté deux fois son gros feutre à la tête d'un autre et voulu se rouler en boule à terre pour manifester sa colère, j'ai fini par improviser une séance de théâtre: ils n'en pouvaient simplement plus.

Conclusion de ce stage: ça ne sert strictement à rien, surtout si les enfants sont récalcitrants. Ce n'est pas en une semaine qu'on va rattraper des mois, des années de décrochage. Les gosses ont besoin de leurs vacances et entreprendre d'en faire du foie gras est inutile et douloureux.
Je ne sais pas comment ça se passe ailleurs, mais chez moi, une chose est sûre, c'était le foutoir.
Alors si des parents me lisent, ne croyez pas un mot de ce que l'éducation nationale vous raconte: les enseignants volontaires, la remise à niveau miraculeuse, la joie et la bonne humeur, l'organisation dentelée au millimètre... c'est du baratin!



La vérité, c'est que l'éducation nationale a le nez morveux et veut se racheter une conscience.
Les volontaires ont tout bonnement besoin de fric, sinon ils n'iraient pas.
Les enfants souffrent de ne pas pouvoir se reposer comme ils le méritent. Qu'on leur foute la paix en période de vacances et qu'on leur offre ce dont ils ont besoin le reste du temps: une école qui fasse son boulot.


*Aide personnalisée, en jargon.