Non pas en l'honneur du solstice d'été. Ça pourrait, mais non.
Non je ne me marie pas.
Non je n'ai pas gagné au loto.
Alors quoi?
J'ai changé toute seule mon pommeau de douche et mon flexible et je suis fière comme un footeux qui vient de marquer un but.
Jusqu'à maintenant, je m'étais cantonnée dans ce que nos bonnes vieilles habitudes nous dictent depuis le Néolithique: la bricole et la chasse, c'est pour papa et la cuisine, le repassage, (encore qu'au Néolithique...bon), le biberonnage, enfin bref, tout le reste, c'est pour maman.
D'ailleurs, la preuve:
Voilà que depuis quelques jours, mon flexible de douche fuyait crescendo. Crescendissimo même. Hier soir, au lieu de me doucher avec le pommeau plein de calcaire, j'ai été forcée de me livrer à des contorsions ridicules pour récupérer le filet d'eau qui giclait de la base du pommeau.
Ça ne pouvait plus durer et ce matin tôt, j'ai décidé de me rendre au magasin de bricolage le plus proche pour me munir d'un matériel flambant neuf. Jusque là, c'était fastoche. J'ai même dégotté un superbe pommeau Grohe en forme de soucoupe volante qui était en promo.
Après, vingt mille ans de conditionnement comme illustré ci-dessus ont failli flanquer par terre mes élans. Mais le souvenir des acrobaties grotesques de la veille m'ont empêché de mollir, d'autant que je savais qu'aujourd'hui, ça serait encore pire.
Molto crescendissimo.
J'ai tout bétonné: enquête préalable sur Internet, collecte du matériel idoine, vérification du sens de "pince multiprise" et "clé à molette", détail des étapes. C'était bon, j'étais prête.
Tout s'est bien passé jusqu'au moment où il a fallu dévisser le flexible du robinet. Pas moyen. Il avait été quasi soudé par le précédent intervenant. Un homme, évidemment.
J'ai sué sang et eau avec l'acharnement du désespoir, arc boutée dans ma baignoire. En vain.
Accablée, ÉCRASÉE par la fatalité d'un héritage aussi cruel, j'étais à deux doigts de me rendre et d'appeler au secours un homme. Solution de facilité répugnante, vu l'enjeu, et un peu risquée aussi (voir mon précédent billet).
Par chance, j'ai la chance d'avoir une copine bricoleuse et arrangeante qui s'appelle Christine. Je suis allée lui expliquer ce que ce jfghghfhdhfbv:nv=fkjggh de flexible m'infligeait et elle m'a proposé son boa.
Non allons! Pas ça!
Ni ça
ÇA!
Elle m'avait conseillé aussi de faire un pansement préalable à l'indévissable flexible, là où le bât blessait: vinaigre blanc. Dissolution des calcaires entartrants et grippeurs.
J'ai suivi ses conseils à la lettre et grâce au boa, ça a marché presque sans effort!
Le flexible vaincu est tombé mollement au fond de ma baignoire, j'ai installé le nouveau à l'aide du boa sympa, de ma pince multiprise et d'un petit chiffon bleu. Le petit chiffon, c'est pour serrer ou desserrer sans abîmer le métal et avoir une meilleure prise. Bleu, c'est pas obligé.
Présentation des armes, dont seule la crochue jaune fut utile. Mais les autres sont vaillantes et décoratives.
Le flexible neuf dans toute sa superbe triomphante.
J'ai bien l'honneur de vous présenter mon installation terminée. La photo est moche, je sais, mais le précédent occupant de cette maison n'a pas jugé utile d'installer une lumière pratique dans la pièce. Cet homme-là ne lisait sans doute pas au bain. Un héritier en droite ligne des ancêtres chasseurs de mammouths.
Moralité: les petites dames ne sont pas si nullardes que ça en bricoleries. Suffit qu'elles s'extirpent de la tête l'idée que les hommes seuls, par la grâce de leur chromosome Y, sont capables de s'en sortir.
La prochaine fois, je vous raconte comment j'ai réparé mon joint de culasse.