Affichage des articles dont le libellé est Enfant. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Enfant. Afficher tous les articles

jeudi 17 août 2017

Retour des lionceaux de Daesh? Pas de problème, l'école est là.

Le presse s'alarme du retour des djiadistes vers la mère patrie. Il semblerait que finalement, l'herbe soit plus verte en France qu'en Syrie. Ainsi, ces gens qui ont tranquillement torturé, massacré, réduit leur prochain en un esclavage effroyable vont revenir et bien entendu, pas question de les refuser, puisqu'ils sont français.

Déjà là, je tique.

Manuel Valls, du temps de sa splendeur, avait parlé d'"état de guerre" et je crois me souvenir qu'il avait encouragé les braves gens à s'y habituer. Bien. Dans ce cas, si état de guerre il y a, les djiadistes locaux ou réimportés relèvent du conseil du même nom et devraient être purement et simplement passés par les armes.

La France ne le fera pas, c'est évident.
Donc ces gens vont revenir avec leurs enfants.
Que faire des enfants?

Bien entendu, pas question de les soustraire à leur famille, qui va donc continuer à leur bourrer le crâne avec l'idéologie qu'on imagine. Si l'herbe est plus verte ici, c'est aussi parce qu'on laisse les gens radicaliser leurs petits sans les tourmenter. Liberté, égalité, fraternité, hein?

Le Figaro d'aujourd'hui alerte.

"Le rapport du réseau européen Radicalisation Awareness Network (RAN, créé par la Commission en 2013), citant des «responsables français», donne un chiffre d'environ «460 mineurs, dont la moitié a moins de 5 ans et un tiers y est né» dans le territoire contrôlé par l'État islamique".


Bon, alors qu'est-ce qu'on fait? 

Pas de problème, on va les mettre à l'école et tout va rouler.

"Au-delà d'un indispensable suivi psychologique, RAN plaide, en particulier dans le cas d'enfants en bas âge, pour une normalisation, notamment grâce à l'école (ce qui suppose une information et un accompagnement des structures éducatives), pour éviter d'aggraver la situation et d'aboutir «à des problèmes psychosociaux et éventuellement à des risques de sécurité importants pour l'avenir»

Je rappelle qu'un maître d'école n'est absolument pas formé aux réalités telles que l'autisme, les troubles de l'attention, l'hyperactivité, les dyspraxies, dyslexies, dysmachintruc et j'arrête la liste qui est longue. Outre les fantaisies changeantes des programmes, il se coltine déjà les enfants "handicapés". Passons sur les enfants en fauteuil, malvoyants ou dysmachin: ils sont gérables, même sans formation. Mais que dire de ceux qui présentent des troubles du comportement costauds? "L'école inclusive" les impose au même titre que les autres: merci Chirac, d'avoir autorisé cette mascarade bien-pensante, destinée en réalité à fermer les classes spécialisées  et à faire des économies.
A partir de maintenant, dans un univers de bisounours où il n'est pas question de heurter les familles musulmanes, il va falloir se préparer à accueillir les rejetons fanatisés dans la joie et la bonne humeur.

On peut compter sur l'aide active de l'éducation nationale pour ça.

Photo extraite du Figaro. Credits photo: Balkis press/ABACA




jeudi 4 mai 2017

Cour de récré

Aujourd'hui, j'étais de service de récré.
En clair, je devais me planter dans un coin de cour pour scruter les môminets, sécher les larmes, mettre du froid sur les bosses et régler les différends.
Ce dernier point est le plus difficile à faire bien et juste, parce qu'il y a du bruit et qu'il faut faire vite.

Je profitais d'un éphémère rayon de soleil lorsque deux mignonnets de CP ont surgi dans mon champ de vision, très remontés l'un contre l'autre.

Le premier avait mal parlé à l'autre, qui avait pris la mouche.
Comme je tentais de comprendre le pourquoi du comment, histoire de rendre justice comme il faut, Môminet 1 dit soudain à l'autre: " Tu dis que des mensonges, d'abord!"
Môminet 2 rétorque, tout poil hérissé: " C'est pas vrai! C'est toi le menteur! Et puis d'abord tu as volé des billes à Louis!"
S'ensuit un échange crescendo.
-" Nan! Et puis toi, tu as des cartes et c'est interdit! Maîtresse! Il a des cartes! (Explication: il s'agit des cartes Nintendo ou autres qui ont fini par être interdites à cause des chamailleries sans fin qu'elles engendraient)
- Il a piqué des billes à Louis! Louiiiiiis!"
Et ainsi de suite, jusqu'à ce que je coupe court pour les prier de jouer gentiment, sans quoi, je me verrais contrainte de réquisitionner les billes coupables. Quant à Louis, je l'invitais à venir me raconter ses malheurs en direct, ce qu'il s'est abstenu de faire.
Louis préfère s'abstraire. Un prudent.

Allez savoir pourquoi, avec un brin de mélancolie, j'ai vu dans cet échange comme une évocation du débat politique d'hier soir.
Môminet 1 et 2, Marine Le Pen et Macron, même combat. 

Sauf qu'hier soir, se jouait l'avenir de notre pays.

Aujourd'hui, j'étais dans une cour de récréation et la hauteur des débats ne m'a pas semblé tellement plus élevée.


dimanche 26 mars 2017

Histoire d'un voyage à Londres

L'an passé, j'avais accepté de m'embarquer avec une collègue dans un projet de voyage scolaire à Londres.
Le départ était prévu le 7 décembre 2015. C'est dire qu'entre la rentrée de septembre et le jour de la grande traversée, le temps était compté. Moyennant je ne sais combien de mercredis après-midi passés en paperasseries abondantes et vomitives, un harcèlement acharné pour engranger cartes d'identités, assurances maladies, formulaires variés remplis par les familles, paiements et j'en passe, nous avions eu juste le temps de faire le nécessaire à la mi-novembre.

Les gosses étaient surexcités, apprenaient l'anglais à la vitesse de la lumière, ma collègue se liquéfiait d'angoisse. Tout roulait.

C'est alors que survint le massacre du Bataclan, le 13 novembre.

Aussi sec, l'éducation nationale réagit: plan Vigipirate rouge vermillon fluo, prière de boucler les élèves dans les écoles comme des bagnards. Les familles étaient sommées de venir chercher leur progéniture le plus furtivement possible et le moindre déplacement en transport en commun fut absolument interdit. Les écoles de provinces qui envisageaient une vadrouille à Paris furent priées de renoncer: plus de voyages à Paris. Stop, terminé.
Du beau boulot.
Les gosses étaient en sécurité.

Ce qui nous étonna tout de même un peu, c'est que les voyages scolaires à l'étranger ne furent pas clairement interdits. On nous envoya des messages sybilins, où il était question de signaler notre intention de partir. Donc d'engager notre responsabilité.

"Précisions concernant les voyages scolaires hors Île-de-France et à l’étranger
 
Ils sont autorisés et doivent simplement être signalés à l’autorité académique à
l’adresse suivante : celluledecrise@ac-paris.fr, avec copie à l’adresse
sdareic@ac-paris.fr pour les voyages à l’étranger.
Cette information ne donnera pas lieu à une réponse, sauf dans le cas
exceptionnel où l’autorité académique serait amenée à interdire le voyage.
Dans ce cas, et dans ce cas seulement, vous aurez un retour dans les 48 heures."



L'affaire se compliqua encore lorsque je découvris que ma collègue souhaitait partir tout de même.

Moi, malgré ma déception, je ne tenais pas du tout à me lancer à l'assaut de Londres en compagnie d'enfants dans ces conditions.



Seulement nous étions coincée par la logique retorse de notre autorité de tutelle qui, en nous demandant de solliciter l'autorisation, se payait le luxe de nous obliger à engager notre responsabilité. Malin.
Par la même occasion, elle se dispensait de traiter la délicate et périlleuse affaire des gros sous. Sans interdiction officielle, pas de remboursement des sommes déjà versées. Circulez, y'a rien à voir.
Tout bénef pour l'éducation nationale. Tout plein d'ennuis pour nous.

Nous étions mal barrées et en plus, j'avais ma collègue sur le dos, qui flippait sa race en se voyant déjà traînée au tribunal par l'organisme (les PEP 75. "Une association pour le droit à l'éducation, à la culture et aux loisirs pour tous") qui nous réclamait sans sourciller les sommes encore dues et que bien évidemment, je refusais de verser. Le contexte sentait tout de même la poudre!

Par bonheur, ma collègue a molli, les familles nous ont suivies et découvert par la même occasion de quelles manigances l'éducation nationale était capable. Toujours ça de gagné: des yeux d'avocats, journalistes, cadres sup de tout poil (je travaille dans un quartier huppé) qui s'ouvrent sur cette réalité-là, ça débouche sur de la prise de conscience brûlante.
Entretemps, j'avais demandé à l'éducation nationale non pas l'autorisation, mais l'interdiction de partir. Bien évidemment, je n'ai jamais eu de réponse.

Un bras de fer s'est engagé avec les PEP 75 qui refusaient mordicus de faire le moindre geste dans notre sens. C'était signé, attentat ou pas, il fallait payer, sinon...
Finalement, après six mois de négociations intenses, l'appui de la mairie du XVème, de la ville de Paris, des parents qui pétitionnèrent, les PEP ont lâché les sous: autour de six mille euros tout de même.

Le 23 mars 2017, après qu'une voiture pilotée par un cinglé islamiste a foncé dans la foule sur le pont de Westminster, le verdict est tombé: voyages scolaires à Londres annulés jusqu'à nouvel ordre. Il a fallu ça.

Mais comme l'éducation nationale est pleine de bonnes intentions, il a fait savoir dès le lendemain que lesdits voyages étaient à nouveau autorisés. Tout va bien à Londres, finalement.



vendredi 14 octobre 2016

Terroristes tenez-vous bien, l'Education nationale est là!

Presque trois ans que j'ai laissé mon blog. Je prie mes lecteurs de m'en excuser, je les ai lâchés comme des sacs de sable.
Toutes sortes d'événements m'ont happée hors de la sphère bloguesque et ensuite, j'ai eu du mal à m'y remettre. J'ai déménagé, vendu ma maison, changé d'académie, changé de mari, recommencé à lire...bref, pas mal de choses prenantes.
Aujourd'hui, j'ai eu comme un chatouillis d'inspiration et me revoilà.
On ne se débarrasse pas de moi comme ça.


J'ai eu envie de vous raconter une histoire rigolote.
Comment on apprend à se protéger des terroristes dans les écoles élémentaires publiques.
On va passer un bon moment, vous allez voir.

D'abord, le dispositif possède un joli petit nom, c'est le PPMS*. Ceux qui connaissent n'ont pas le droit de souffler. Les autres, réfléchissez un peu et si vous séchez, c'est en bas de page.
L'idée, c'est d'apprendre à protéger les enfants, et éventuellement soi-même, en cas d'intrusion de cinglés fanatiques surarmés aux intentions assassines. Les autorités compétentes nous ont fait comprendre sans ambiguité que le prochain carton, ce serait une école. Nous sommes donc invités à nous entraîner activement à la riposte.

Seulement les écoles ne sont pas des châteaux forts et les enseignants, bien que supposés polyvalents, peu formés au maniement des armes à feu.
Mais comme il faut montrer aux parents que leurs enfants sont en sécurité à l'école, alors on dégaine le PPMS.


Dans l'académie de Paris, où j'ai l'honneur d'exercer désormais, en haut lieu, on n'a pas encore réussi à nous concocter un signal d'alarme clair. Alors les directeurs s'arrangent. Certains font retentir la même sonnerie que celle du feu, en la bidouillant un peu. D'autres soufflent dans la corne de brume, signal d'une catastrophe naturelle et/ou d'un exercice de sécurité de regroupement dans le préau (c'est un autre PPMS, celui-là). Si par hasard, les méchants sont là, alors on leur envoie direct les gamins dans le viseur. C'est réglé.
Les directeurs finauds, comme le mien, préfèrent pas de signal du tout. De fait, en cas d'attaque, on imagine sans peine qu'on entendra canarder. Difficile de confondre avec l'alerte incendie.

C'est maintenant que ça devient rigolo.
On nous demande de verrouiller la porte de la classe, laquelle est du genre léger et en grande partie vitrée. Admettons.
Comme les autorités se rendent tout de même compte que lesdites portes pourraient ne pas être un obstacle sérieux, on nous prie de les obstruer en faisant glisser les armoires pleines de bouquins devant. A ma connaissance, l'Education nationale n'a pas encore songé à organiser des stages de musculation, ce qui s'imposerait pourtant, vu les nouvelles compétences que supposent le PPMS. Il paraît que de toute façon, la peur décuple les forces. Admettons.
 
                                          La maîtresse d'école de demain, fin prête pour le PPMS

Ensuite, le fait que les classes communiquent entre elles par l'intermédiaire de portes encore plus vitrées et fragiles, non-équipées de verrous, c'est un détail. Pas question de les murer, c'est pour la sécurité incendie. N'en parlons pas et avançons.
La classe étant donc à l'abri des armes lourdes, grâce aux armoires poussées devant les portes vitrées verrouillées, on nous recommande tout de même de planquer les élèves et de ne pas faire de bruit. Il va sans dire que les armoires ont été déplacées avec légèreté, dans un silence de coton.
Mettre les gosses aux abri sans bruit, c'est autre chose.
Alors on s'exerce à les mettre sous les tables en fin de journée, en tâchant d'éviter le boxon général. Il va sans dire qu'il est fortement déconseillé d'expliquer la raison pour laquelle on organise régulièrement cette récréation bruyante en classe. Avec les petits, on joue au silence. Bien.
Avec les grands, à qui il est tout de même moins facile de bourrer le mou, il a bien fallu cracher le morceau et là, ils ont posé des questions fallacieuses, ces petits salopards.
Par exemple: "Sous les tables, on nous voit, non?"  "Comment on va faire pour pousser les armoires?" "Maîtresse, Etienne il fait du bruit".

Et la pire: "Et s'ils entrent quand même, qu'est-ce qu'on fait?"

* PPMS: Plan Particulier de Mise en Sécurité




jeudi 30 janvier 2014

La théorie du genre va-t-elle oui ou non être enseignée aux enfants des écoles?

Le sujet enflamme.

Les familles commencent à paniquer: suivant le panache blanc de Farida Belghouljusqu'à 50% des enfants absents dans certaines écoles de Seine et Marne le 27 janvier dernier!

Là-dessus, Vincent Peillon panique aussi et rassure les parents suivistes en les convoquant séance tenante chez les chefs d'établissements, les conseillers pédagogiques et les inspecteurs.

Ce soir, on ne parlait que de ça à la radio, dans les journaux, partout. Une vraie cacophonie!

Bon, alors qu'est-ce qui se passe au juste?

Le monde de l'éducation nationale est régi par des textes édités dans le BO (le bulletin officiel).
Une chose est sûre, le BO concerné n'évoque pas la queue de la théorie du genre. Il se fend de tout un baratin sur l'égalité filles-garçons, les bienfaits de la mixité..blabla. Rien de nouveau sous le soleil: on nous le sert à chaque changement de programme. Je joins le dernier en date pour les sensibilités vétilleuses, en manque de dépiautage --> C'est ici!

Donc, Vincent Peillon a raison:
Farida Belghoul débloque et les parents qui suivent ses errements aussi. D'ailleurs, ça ne m'étonne pas: ce sont des familles peu éduquées, faciles à embobiner et pas trop futfutes. Ce n'est pas moi qui le dit: je l'ai entendu sur France Inter. Pas du tout condescendant. Bref.

Oui, mais attention!
Là où Monsieur Peillon a tort, c'est qu'au lieu de réfléchir aux causes de cette mobilisation, il la boute hors de son champ de vision en incriminant l'extrême droite. C'est bien commode.
Et puis il conclut:
"Je demande aux chefs d'établissement, aux directeurs d'école, aux conseillers pédagogiques, aux inspecteurs de l'Education nationale de convoquer les parents qui ne mettent pas leurs enfants à l'école pour leur expliquer la réalité des choses et leur rappeler que dans notre pays, il y a une obligation scolaire à l'égard des enfants".
Quel besoin avait-il de préciser cela? Sous-entend-il que les parents concernés ne seraient pas au fait des lois françaises?
C'est maladroit.

Monsieur Peillon devrait pourtant prendre le temps de réfléchir, car s'il est vrai que la théorie du genre n'est pas envisagée dans l'enseignement des écoles, elle est abordée en classe de première depuis 2011, en Sciences de la Vie et de la Terre. 

D'autre part, l'actuel gouvernement s'est arc-bouté, malgré une opposition massive, sur le passage en force du mariage homosexuel. Aucun dialogue, aucun débat, rien. Tant pis pour ceux que cette loi heurtait.

Là-dessus, Madame Belkacem s'en est allée faire l'apologie dudit mariage dans un collège du Loiret, en compagnie du GAGL45 (Groupe Action Gay et Lesbien Orléans Loiret), le LGBT local.
Maladroit encore.

Vu de France, il y a déjà de quoi inquiéter les familles soucieuses de ne pas mélanger l'enseignement public et l'intimité des orientations sexuelles.
Bien sûr, le BO est aussi correct qu'un missionnaire mormon, n'empêche qu'autour, ça grenouille.
Heureusement qu'une nouvelle rassurante est tombée voilà quelques jours: une proposition de loi toute chaude prévoit d'interdire l'enseignement à la maison. Que deviendrait-on sans l'école!
Bien évidemment, nous ne reviendrons pas sur la réforme des rythmes scolaires, imposée par le même Vincent Peillon sur la base d'une chronobiologie réinterprétée à la sauce "homme nouveau".

Maintenant, examinons se qui se passe à l'étranger.
Je découvre tout d'abord qu'il existe un document, diffusé depuis 2011 (encore 2011!), intitulé "Standard pour l'éducation sexuelle en Europe". Les différents pays d'Europe sont donc censés y adhérer, parce qu'il est intolérable que le fait culturel national ou ethnique l'emporte sur l'unité européenne.

Ensuite, la Suisse toute proche, s'appuyant sur l'esprit d'ouverture à la chose sexuelle chère à l'Europe, a fait diffuser dans les écoles maternelles et primaires des kits et des ouvrages assez hot.
Je ne suis pas bégueule, mais je ne crois tout de même pas que ce soit très adapté au public: de 4 à 10 ans. L'inquiétant  n'est pas tant que ce soit diffusé en Suisse - les Suisses font ce qu'ils veulent -, mais qu'en France, on nie cette réalité. Pourquoi?

Voilà ce qui est dénoncé:

Extrait du livre "Lisa und Jan", à l'attention des 4 à 8 ans.


"Das bin Ich" autre livre recommandé pour la même tranche d'âge.


Charmant petit kit à l'attention des enfants des classes maternelles et primaires. En France, on prétend qu'ils sont destinés aux élèves du secondaire. Qui ment?


Pendant ce temps-là, en Allemagne, il est question de flanquer en taule les parents qui s'entêteraient à enseigner refuser l'enseignement de la théorie du genre. Carrément!
--> Ici en allemand.
--> Ici en français, avec quelques petites bricoles en plus.

Alors, Monsieur Peillon, quand vous dites:'"Il y a un certain nombre d'extrémistes qui ont décidé de mentir, de faire peur aux parents. Ce que nous faisons à l'école, c'est enseigner les valeurs de la République et donc du respect entre les femmes et les hommes".

"Tous les manipulateurs, tous les fauteurs de trouble et de haine qui répandent ces rumeurs, je leur demande d'arrêter".
...nous ne demandons qu'à vous croire.
Mais dans ce cas, ne pensez-vous pas qu'il serait beaucoup plus rassurant d'aborder franchement ces sujets d'inquiétudes?
Ils sont justifiés.

Je ne sais pas encore quel sera l'ABCD de l'égalité, mais le B-A BA de la pédagogie, c'est de commencer par le commencement pour expliquer les choses.


jeudi 11 avril 2013

Du shit dans les fleurs

Mardi matin, 8h30, entrée en scène: mes élèves m'attendent dans la cour avant, les premiers sont rangés sagement, comme d'habitude. Les derniers s'effilochent en rang chiffonné, encore tout absorbés par leurs conciliabules.
Et voilà Yasmine qui s'avance vers moi et qui me sussure de sa voix fluette: "Bonjour maîtresse, regardez ce que j'ai trouvé".
Elle m'ouvre la paume de sa main et je m'attends à y découvrir un oiseau blessé.
Au lieu de ça, je vois un petit sachet transparent rempli d'une chose brunâtre et filandreuse.


J'ai juste le temps de lui faire expliquer qu'elle est tombée nez-à-nez avec sa trouvaille en se penchant dans les toilettes pour refaire son lacet. La chose se trouvant installée sur la tuyauterie basse arrière. Pas question d'ameuter toute la classe lâchée ainsi en vrac au-dehors, encore sous le nez des parents qui nous regardent, de derrière la grille.

Le petit sac de substance brune a été déposé chez la directrice, justement en train de sa battre pour répartir deux classes non-remplacées, dont les maîtres sont malades. Elle a de quoi s'occuper pour la matinée.

Alors, une fois installés dans les règles, j'explique. Les gosses sont surexcités. Ils veulent des détails. Faute de mieux, ils inventent déjà et imaginent des gros bras en train de fondre sur des malfrats, coincés en flag dans les toilettes de l'école. Yasmine est regardée avec des yeux neufs, chargés d'envie.
Elle a trouvé de la drogue!

Gorgés de rêves brutaux, on se met au travail. Proportionnalité, règle de trois, usages subtiles du passé simple. Conjugaison de conquérir...

Ce matin, jeudi, 8h30, entrée en scène quelque peu comateuse. Je tiens une solide crève et la journée promet d'être un peu longue.
Mes élèves m'attendent dans la cour avant. Comme d'habitude, Dragan me salue poliment et me parle de son chat. Drissou me lance un bonjour franc un peu gouailleur. Comme toujours, Robin, Rayane et Enzo traînent en voiture balai et les demoiselles sont attroupées autour d'invitations à un anniversaire.
Yasmine range son enveloppe et s'avance.
"Bonjour maîtresse, regardez ce que j'ai trouvé."
Et sa paume confiante s'ouvre sur le même sachet.

"J'étais assise sur le banc là-bas et comme mon cartable était lourd, j'ai basculé en arrière dans les plantes. C'est comme ça que je l'ai trouvé"

Yasmine aurait-elle un don pour repérer les semailles des dealers?

Pendant les deux récréations, les gosses ont joué à chercher de la drogue. Ils s'amusaient beaucoup. Et puis quoi! Pas de raison que ce soit toujours Yasmine qui trouve!

Notre école est ouverte aux quatre vents. Il a fallu se battre des années pour obtenir que les créneaux arrondis dans le muret qui la sépare de la voie piétonne soient obturés. Le rosier que j'avais planté et qui nous protégeait un peu a été ratiboisé par les jardiniers de la ville. Trop sauvage. Des marginaux alcooliques venaient pisser contre sous le nez des gosses et ils balançaient dans la cour des bouteilles vides et des canettes. La grille est symbolique. D'ailleurs, les parents en retard ne s'encombrent pas de scrupules et passent leurs mouflets par dessus bord pour s'en aller travailler tranquilles.

C'est beau l'ouverture sur le monde.







samedi 30 mars 2013

Education nationale: secrets honteux

Quelques-unes de mes collègues ont pris leur retraite avant l'heure, voilà deux ans. Elles avaient 45, 50 ans. Parfois moins. Leur statut de mère de trois enfants le leur permettait, après quinze ans de service et voilà deux ans, cet avantage, réservé aux fonctionnaires, a été supprimé.
D'où leur décision de s'arrêter.

Très récemment, une amie qui a bénéficié de cette mesure m'appelle.
Elle est donc en retraite et touche une rente à ce titre. Pas grasse, la rente, certes, mais une rente tout de même.
L'inspection académique de Seine-Saint-Denis lui a téléphoné, comme à plusieurs autres retraitées anticipées, pour lui proposer un job. Je vous le donne en mille: maîtresse d'école vacataire. Tarif: 15, 80 euros l'heure. Et des point bonus pour ceux qui atterrissent en zone sensible.
Emploi du temps modulable. Journée, mi-temps, en alternance une semaine sur deux.
Le tout avec amabilité et même, gentillesse.
Le tapis rouge.



Intriguée, elle se renseigne auprès de son ancienne inspectrice de circonscription (en gros, de commune). Là, à sa stupeur, on lui parle sans langue de bois. Quatre cents personnes ne sont pas remplacées sur le département. Les jeunes qui démarrent démissionnent".
Parole d'inspectrice.

Pour démissionner ainsi en masse par ces temps de pénurie de boulot, c'est dire comme le job est sympa.

Alors mon amie a accepté, pour le beurre dans les épinards. L'administration, trop heureuse d'avoir récupéré une vraie enseignante, au lieu d'un pauvre diable recruté à Pôle Emploi, lui fait toutes sortes de facilités pour la satisfaire.
C'est ainsi qu'elle a atterri dans une école près de chez elle, pour occuper un poste à mi-temps.

Elle déchante.

Sa classe de CE1 a été mise en pièces par une succession d'absurdités.
Deux enseignants se la partageaient: un nouvellement nommé et une stagiaire. J'avoue que je m'y perds un peu dans la multitude de statuts, si bien que je ne me souviens plus de quel genre de stagiaire il s'agissait. Sans doute quelqu'un qui potasse son master 2.
Peu importe.
Le fait est que depuis que Sarkozy a décidé que le master 2 tenait lieu de formation, les nouveaux sont catapultés dans les classes sans autre forme de procès. En général, ça se passe mal. Très mal. Alors, comme on a besoin de profs, on les garde quand même, mais pour éclaircir la noirceur du tableau, l'administration les déménagent dans d'autres classes.
C'est ce qui s'est passé ici.
Mon amie vient remplacer un master 2 balancé dans la cage aux lions, qui ne s'en sort pas. La stagiaire, elle, n'est pas là en permanence. Alors, ce sont d'autres stagiaires ou personne qui assurent l'alternance.

Dans ces conditions, bien sûr, les enfants n'apprennent rien et, plus grave, prennent l'habitude de considérer la classe comme une activité intermédiaire entre la fête foraine et la caserne au gré des adultes qui passent.

Voilà où nous en sommes.
Inévitablement, je m'interroge. Ne vaudrait-il pas mieux que Monsieur Peillon prenne la mesure de ces urgences-là, au lieu de dépenser nos maigres sous pour sa réforme des rythmes scolaires? Non. Pendant que l'école se délite, il encourage des gens déjà retraités faire le même boulot.

Il y a quelque chose de pourri quelque-part...






lundi 11 février 2013

La réforme Peillon vue de l'intérieur

Non pas que l'idée de revoir les rythmes scolaires soit une idiotie.
Halte-là! Je peux en témoigner. Tout le monde est d'accord là-dessus: six heures d'école, c'est trop long. Pas besoin d'avoir inventé la poudre pour s'en rendre compte.



Hélas, notre bon Peillon a eu envie de copier sur son petit camarade Sarkozy, qui crachait des réformes sans avoir en tête la moindre idée sur la façon de les appliquer.
C'est pourtant pas beau, de copier.


Donc, Peillon a décidé de passer à l'acte et de foncer. Hardi petit!
La journée de classe sera raccourcie. Dès la rentrée 2013.

Et là, tout étonné, il constate que les profs, au lieu de lui tresser des couronnes, ils renâclent.
A entendre ce qui se dit sur les ondes officielles, ces salauds de profs ne font rien qu'à embêter Monsieur le ministre, parce qu'ils ne veulent rien changer à leurs petites habitudes.
Ben voyons...

Alors, puisque les journalistes à la tête dure font semblant de ne rien comprendre, j'explique.
La journée d'un écolier français est faite de temps scolaire, six heures pour le moment, et de temps périscolaire: garderie, cantine, étude. Ce temps peut être long. Jusqu'à quatre heures EN PLUS du temps scolaire.
Oui, vous avez bien lu: certains mômes restent dix heures à l'école.

C'est bien pratique, le temps périscolaire, parce que ça permet à l'école de jouer un rôle dont personne ne parle jamais: celui d'une GARDERIE.
Je ne porte aucun jugement là-dessus, mais c'est une réalité qu'aucun ministre ne veut admettre. A croire qu'elle sent mauvais.

Revenons à nos moutons.

Peillon, qui n'a rien de plus urgent à mettre en place, veut faire la peau à la semaine de quatre jours. Prétexte officiel: les chronobiologistes pensent que c'est mieux qu'il n'y ait pas de rupture de rythme. En réalité, ils sont très partagés là-dessus et cette vérité toute puissante est fort discutée.
Prétexte officieux: gommer ce qui a été mis en place par le prédécesseur (et qui a fait plaisir à tout le monde) pour bien montrer que désormais, c'est lui le chef.
On ne m'ôtera pas de l'idée que la vraie motivation, c'est celle-là.

Alors, il fait d'une pierre deux coups: journées plus courtes et classe le mercredi matin. Bingo!

Pas bingo du tout. Pourquoi?

D'abord, la journée de classe va diminuer d'une demi-heure. Une crotte de lapin.
Ensuite, puisque les parents travaillent et qu'ils ont besoin d'une garderie d'un temps périscolaire de qualité, la journée des pauvres biquets va parfois être rallongée! Eh oui! A cause du temps de midi qui va s'allonger. Les moins bien lotis font se farcir non plus dix heures, mais onze heures d'école! Surtout quand on sait ce que c'est que le "périscolaire de qualité": des gens recrutés à la va comme je te pousse, parce que c'est mal payé, les emplois du temps mal foutus et neuf fois sur dix, c'est désastreux.
Alors les prétextes à la sauce chronobiologique, ils sentent la tartufferie à des kilomètres.
Quant à moi, je pressens que dès le jeudi matin, à ce rythme-là, les élèves vont ressembler à des zombies.

Pour que personne ne m'accuse de parti pris, je m'en vais prendre l'exemple de mon école.
Ça va être un peu technique.  Rendez-vous dans quelques lignes en cas d'allergie aux détails techniques.
Classe de 9h à 16h30 (au lieu de 8h30-16h). Temps passé à l'école: PAREIL!
Temps de cantine: 2h (au lieu de 1h30). Trop long 2h. Les mouflets vont s'entretuer...
Garderie du matin: 7h30-9h (au lieu de 7h30-8h30). Etude: 16h30-18h (au lieu de 16h-17h30). Le "périscolaire de qualité" s'allonge! Quelle chance!
Et le mercredi: 2h de classe pour tout le monde + 1h d'aide personnalisée (concerne quatre à cinq élèves par classe).
Conclusion: Cinq jours d'affilée, 5h30 de classe par jour, sauf mercredi 2h à 3h, au régime minimum, 10h30 au maximum. 2h dehors tous les midis (180 mômes, un préau minuscule).
Maintenant, je pose la question: où iront les enfants dont les parents travaillent le mercredi, après leur deux heures de classe? Motus là-dessus.

Bien évidemment, on ne touche ni aux programmes gonflés à bloc, ni aux sacro saintes vacances. D'ailleurs, les professionnels de l'hôtellerie n'ont même pas été conviés à participer aux réunions préparatoires à cette réforme "en profondeur".

Vous me direz, qu'est-ce qui oblige les écoles à mettre cette réforme en application? Après tout, on ne va pas leur envoyer la maréchaussée!

L'argent.

Les communes qui acceptent de mettre en place le bazar toucheront une subvention de 80€ par élève + 40€ pour les communes rurales ou si elles sont éligibles à la DSU (dotation de solidarité urbaine).
En 2009-2010, la France comprenait 6 647 091 écoliers . Si on considère, à la hache, que trois millions seront concernés, ça nous fait tout de même une jolie petite ardoise.
Celles qui refusent ne bénéficieront plus d'aucune subvention pour le financement des activités périscolaires. Ça amortira une partie de l'ardoise.
Conséquences: une commune en faillite, telle que Sevran, ne peut pas refuser. Combien vont être ainsi acculées, sous la contrainte?

Voilà un moyen bel et bon de lancer une réforme.
Nul doute que la fin justifie les moyens.
Dans l'intérêt de l'enfant.










vendredi 30 novembre 2012

Du vent dans les voiles

Depuis 2004, sous Chirac, le voile est viré de l'école.
Vu de l'extérieur, ça semblait pas mal comme idée, parce que dans les banlieues, des gamines commençaient à tenter le forcing en se pointant voilées au collège. Ça sentait l'enlisement pas franc et le remugle de Gaza.
Sauf que cette loi était tellement mal écrite que rien dans le fond n'était vraiment clair.
Que dit le BO*? (traduction en français: le bulletin officiel, la Bible du fonctionnaire, la référence absolue)

"2.1 La loi interdit les signes et les tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse 
Les signes et tenues qui sont interdits sont ceux dont le port conduit à se faire immédiatement reconnaître par son appartenance religieuse tels que le voile islamique, quel que soit le nom qu’on lui donne, la kippa ou une croix de dimension manifestement excessive."

Donc, les gamines ne peuvent plus venir voilées. Le reste, c'est pour pas avoir la LICRA, le CACA et le MRAP sur le dos. Bien.
Mais quid des parents?
Là, c'est le grand brouillard opaque.
Le texte se débarrasse de la question. Ça va comme ça.

"2.3 La loi ne modifie pas les règles applicables aux agents du service public et aux parents d’élèves
(...)La loi ne concerne pas les parents d’élèves(...)."

S'ensuit un énorme flou gênant.
Car se pose l"épineuse question des sorties scolaires.
La kippa agressive ou la croix démesurée sont rarement un problème, donc qu'est-ce qui reste?
? ..... Voilà (D'accord, le jeu de mot est nul).

La loi est ultra courtoise, parce que jamais, au grand jamais, elle ne se permettrait d'imposer quoi que ce soit aux chefs d'établissements. A eux de se démerder de juger.
Et c'est d'autant plus sympa que les mamans voilées, elles, sont rarement disposées à laisser couler. Donc, entre une hiérarchie frileuse et des mères épidermiques--> dans ce genre, c'est vite choisi: on ne refuse pas les mamans voilées en sorties scolaires.
D'autant que dans certains coins, si on les refuse, outre le risque de se faire défoncer le portrait, on ne sort plus les gosses.

Hollande président, résignés à tous les déculottages  heureux de nous livrer aux joies de l'alternance, nous nous attendions à en remettre une couche.
Et bien pas du tout!
A la surprise générale, une circulaire de rentrée annexe publiée sur Eduscol (le portail national des professionnel de l'éducation, en français) durcit le ton. Elle est aussi bien planquée dans les méandres du Net qu'un micro film d'agent double, elle peut faire sa méchante. Que dit-elle?

Au chapitre "laïcité": "Il est recommandé de rappeler dans le règlement intérieur que les principes de laïcité de l'enseignement et de neutralité du service public sont pleinement applicables au sein des établissements scolaires publics. Ces principes permettent notamment d'empêcher que les parents d'élèves ou tout autre intervenant manifeste, par sa tenue ou ses propos, ses convictions religieuses, politiques ou philosophiques lorsqu'ils accompagnent les élèves lors des sorties et voyages scolaires."

Stupeur!
Incrédulité devant une pareille prise de position!
On a même téléphoné à l'avocat de l'Autonome ( en français, l'organisme d'assurance spéciale auquel tout enseignant soucieux de son cuir est affilié), pour lui demander ce qu'on risquait si on passait outre. Le gars a été laconique: le pénal.

Qu'on se le tienne pour dit.
Désormais, tout le monde va guetter la bonne occaz de tomber sur le râble des profs: les parents laïcards hérissés par le voile et de l'autre, les voiles qui vont hurler au racisme si on leur refuse les sorties, qu'on leur presque toujours ouvertes jusqu'à maintenant.

Comme personne à part les enseignants (et les parents laïcards--> dans ce genre,  qui savent toujours tout) n'a jamais entendu parler de cette circulaire et que depuis 2004, on trouve très chouette que les mères voilées accompagnent les mômes en sorties, il va y avoir du steak sur les murs.

Qui a une meilleure solution?

*Réf. : L. n° 2004-228 du 15-3-2004 (JO du 17-3-2004) 
CIRCULAIRE N°2004-084 Du 18-5-2004 JO du 22-5-2004

mercredi 10 octobre 2012

Réforme de l'école? Rien de nouveau sous le soleil.

Monsieur Hollande fait comme moi avec mon blog: on n'entend pas parler de lui pendant un moment et il réapparaît telle la marmotte au sortir de l'hiver.


Sauf qu'il est président de la République et qu'il a sur les bras le sauvetage du pays et moi pas.
Le voilà donc qui se réveille pour annoncer, sonnez hautbois résonnez trompettes, qu'à lui on ne la fait pas, et qu'il va nous remonter le niveau de l'école primaire on va voir comme, non mais sans blague.

Depuis le temps que les principaux intéressés, j'ai nommé les parents et les enseignants pas trop vendus, hurlent à la catastrophe....mais nos bons dirigeants, droite et gauche confondues, préféraient se gargariser de ce que les chercheurs en sciences de l'éducation leur rabâchaient: c'est nous qu'on est les champions de la pédagogie, le niveau monte et vas-y que je t'endors.
Voilà comment nous nous sommes embourbés depuis trente ans et plus.

Là-dessus arrive Sarko qui supprime des postes à tour de bras, fusille les réseaux d'aide, plante la formation et oblige les futurs profs à se farcir 5 ans d'études.
Si bien que même notre gros Hollande s'est rendu compte qu'il était temps de faire quelque-chose. Probable qu'en toile de fond, il caresse l'idée crapuleuse de rallier ses troupes en perdition: les enseignants ont encore l'étiquette de gauchards convaincus. Mais là comme ailleurs, je crains que notre président n'ait un temps de retard. A force de se goinfrer la misère du monde en plein dans sa face d'expériences riches telles que la pluriculturalité des quartiers, l 'enseignant vire de plus en plus à droite, mais ça, c'est une autre histoire.

Donc, que nous propose Monsieur le président, pour redorer le blason bien flétri de l'école primaire?

- Alléger la journée de classe.
Bien! Bonne idée! Six heures, c'est trop, surtout pour les mouflets de 6 ans.
Des années qu'on le dit. Rien ne se passe. Pourquoi? Parce que l'école sert aussi de garderie gratuite pour les parents qui bossent. En Allemagne, où les gosses sont libres l'après-midi, les parents (les mères, surtout) ont le choix entre deux solutions: ne pas travailler ou ne pas faire d'enfants.
Le taux de natalité allemand est le plus bas d'Europe. 
Dont acte.
Alors Monsieur Hollande reprend une idée déjà exploitée: organiser des animations sportives ou artistiques après l'école. Sus à la discrimination!
Très bonne idée!
Mais avec qui? Des employés municipaux? Dans ce cas, les communes gardent la main et je doute que toutes puissent mettre les mêmes moyens en oeuvre. Et le principe d'égalité?
Avec des agents d'état spécialisés?
J'en doute.
Donc, c'est foireux et pas nouveau.

- Adjoindre un enseignant à l'enseignant en titre, pour venir en aide aux élèves en difficultés.
Joli! De toute évidence, les conseillers de Monsieur Hollande ont cédé aux chant des sirènes finlandaises (qui sont blondes, pulpeuses et pourvoient grassement leurs écoles en maîtres au teint rose).
Mais crénom d'un chien! Qu'on commence par embaucher de simples remplaçants, ou à rétablir les réseaux d'aide avant d'en arriver à cette mesure de luxe! Le gars est en train de dire à un pauvre qu'il doit s'acheter du caviar pour ne pas crever de faim, c'est insensé!

- Scolariser les enfants de 2 ans, surtout dans les quartiers "sensibles". Il paraît qu'ensuite, l'échec scolaire est moindre.
Fort bien.
Cette mesure vite avortée, faute de sous, a été timidement mise en oeuvre voilà environ 20 ans. On a laissé tomber. Pourquoi? C'était cher et inopérant: les bébés de 2 ans sont vraiment tout petits et les structures n'étaient pas adaptées pour les accueillir. On les parquait en les laissant aux mains d'enseignants mal formés.
De plus, l'inscription en maternelle n'étant pas obligatoire, les familles restent libres d'optempérer ou pas. Or, dans les "quartiers", beaucoup de mères ne travaillent pas...
Alors après, si on considère qu'il est mieux de soustraire l'enfant à sa famille pour en faire un bon élève, je propose à Monsieur Hollande d'aller plus loin encore et de créer des classes pour nourrissons de 6 mois. On accueille bien les psychotiques, alors moi je dis: pourquoi pas?
Lebensborn


- Rétablir une demi-journée d'école.
Clairement, ça enquiquine tout le monde.
On a supprimé les samedis matin sans rien changer aux programmes et l'école a continué à tourner. Les familles étaient bien contentes de profiter de leur samedi avec leurs enfants, surtout les parents divorcés qui aujourd'hui, sont légions. Pour parler vrai, les enseignants guettés par l'épuisement dès la deuxième semaine de septembre étaient ravis aussi.
Alors on envisage les mercredis matins, dans le cadre du mieux-être de l'enfant. Quelle idiotie! Les mômes vont arriver épuisés le vendredi sans cette coupure. Et comment vont faire ceux qui ont une vie après l'école? Musique? Sport? Ceux-là n''ont qu'à suivre ce qui sera proposé à tous, dans le cadre des ateliers au rabais de l'après-midi. Salauds de bourges!
Là encore, on nous dit que c'est mieux si les gosses défavorisés sont moins chez eux et plus à l'école.
Qu'est-ce que c'est que cette idéologie nauséabonde?
La pension pour tous, alors?
Et vive l'école!

- Quant à l'interdiction des devoirs écrits, elle remonte à 1958. Ça date.

Hollande ne fait que ressasser de veilles lunes en voulant nous faire croire que c'est du neuf.
Il se fout de nous et se fourre le doigt dans l'oeil.

Je suis maîtresse d'école depuis bientôt vingt ans et j'ai le plaisir de travailler dans une école qui est "une référence" et pour les parents, et pour le collège du secteur, et pour les inspecteurs qui ne nous emmerdent pas trop. Pourquoi? Parce qu'on travaille à l'ancienne. On triche avec les programmes pour faire vraiment du français, on oblige les gamins à apprendre leurs leçons, on ne perd pas notre temps à allonger les heures de sport ou d'arts plastiques, on enseigne l'histoire et on lit et écrit.
Nous sommes de vieux réacs insoumis.
Alors, Monsieur Hollande, un conseil:
L'école ira bien mieux si on arrête de se prendre le choux avec toutes ces salades.
Qu'on rétablisse l'autorité des profs, qu'on arrête de les traiter comme des incapables, qu'on les paye correctement, qu'on cesse de transformer les concours en passoires.
Qu'on cesse de faire croire aux enfants qu'il est possible d'apprendre en rigolant. Pas de succès sans un minimum de contrainte et d'effort.
Qu'on allège les programmes pour revenir à l'essentiel.
Une fois recrutés (un niveau licence est bien suffisant), qu'on forme vraiment les profs. Seuls les gens de terrain peuvent le faire. Pas ces universitaires pédagogistes doctrinaires qui sévissent dans les IUFM.
Qu'on laisse les parents à leur juste place. A chacun son rôle.
Que les enfants caractériels ou malades mentaux soient soignés dans des structures adaptées.

C'est peu de choses, mais c'est l'essentiel.


vendredi 6 juillet 2012

J'ai été la maîtresse d'une femme mariée

Depuis lundi, mon élève courant d'air est réapparue.
C'est une très jolie petite fille qui ne sait ni lire, ni écrire. Pourtant elle a dix-onze ans et n'est pas bête du tout.
Mais elle vient très peu à l'école.
Ses parents sont des Tziganes de Serbie, établis depuis plusieurs années dans la ville où je travaille.

Au début de l'année, elle essayait d'apprendre. Les autres jouaient avec elle. Elle semblait contente de venir à l'école.
Et puis ses visites se sont effilochées. Plus question d'apprendre.
Elle a disparu presque quatre mois.
Tout le monde pensait qu'elle ne reviendrait plus.

Elle est réapparue hier, à la surprise générale. Elle m'a semblé lointaine. Elle a refusé de jouer avec les autres et elle est restée tout l'après-midi d'hier seule, assise à une table, tandis que les autres jouaient et l'invitaient à les rejoindre.
Jusqu'à son apparence qui avait changé. Elle avait toujours été très soignée: bien coiffée, très coquette et habillée avec soin. Là, ses cheveux étaient réunis en un chignon très "femme" et ornés d'une volumineuse fleur rose artificielle. Ses bijoux encore plus voyants qu'auparavant.
Dix ans...ou onze, peut-être.

Aujourd'hui, elle a accepté de jouer. C'est alors que j'ai vu sa main droite.
Un bijou pas très ordinaire, pour une petite fille.

Puis, j'ai vu son annulaire droit.
Un anneau d'or, tout simple, qu'elle ne portait pas au début de l'année.


Sa famille est orthodoxe.

Chez les orthodoxes, les anneaux de mariage se portent à la main droite.
Elle ne sait pas que je le sais.
Mais je le sais.

Alors je m'interroge. Forcément.
Mariée à cet âge-là, ça semble d'un autre âge. Est-ce que je fantasme?

J'espère.
Et si par malheur, ce n'était pas le cas, il est évident que personne ne pourra rien faire. Rien ne sera officiel. Personne dans l'entourage ne soufflera mot et les assistantes sociales et autres protecteurs d'enfants, si d'aventure l'idée leur venait de fouiner, pourront toujours aller se rhabiller dans leurs bureaux pleins de jolies affiches.

Photographe: Cécile Decorniquet









mardi 20 mars 2012

Les agneaux demandent le silence


C'est dans ma voiture, en route vers le boulot, que je l'ai appris.
J'étais en retard et j'ai pris pile les infos de 8h00 en pleine poire.
Ça réveille.

Cette histoire de carton dans une école m'a saisie presque au saut du lit.
Ça assomme.

D'autant plus que rien ne nous a été épargné. La journaleux aiment se gargariser dans l'horreur. C'est bon ça, coco.

J'arrive donc à l'école sonnée. C'est pas l'envie qui m'a manqué d'éteindre cette radio de malheur, mais j'ai été prise de scrupules. C'est pas bien de couper le sifflet aux assassinats d'enfants. Alors je l'ai laissée.

C'est pour ça que j'ai été doublement contente d'arriver sur le parking de mon école.
J'aime bien retrouver mes petits monstres et en plus, j'étais vraiment soulagée à la perspective de ne plus entendre parler de tout ça pendant sept bonnes heures.

C'est dire ma consternation quand j'ai appris qu'on nous priait de bien vouloir observer une minute de silence à 11h dans les classes.
Non mais franchement, à quoi ça rime?
Qu'est-ce qu'ils y peuvent, mes mouflets de 10 ans, à cette boucherie?
Je me vois bien arrivant en classe. Présences, appel de cantine, étude. Et puis: "mes chéris, un dingue à massacré des pauvres gosses comme vous dans une école. C'est très triste et très glauque, alors nous allons nous taire 1mn à 11h pour y penser bien fort."
Un coup à les chambouler encore plus, les pauvres.

Je considère en outre que les têtes pensantes qui règnent sur notre beau pays n'ont pas à me dicter la marche à suivre en matière de minute de silence ou autres. C'est moi qui ait affaire aux enfants. Pas eux.

J'ai donc protesté haut et fort que je n'en ferais rien.

Un peu de pudeur, quoi, merde!

Mais en classe, après les présences, l'appel de cantine et l'étude, Yasmine a demandé: "Maîtresse, vous avez vu ce qui s'est passé à Toulouse?"
Piégée.

Bien obligée de répondre... la télé allumée n'importe quand, voilà ce que ça donne. Ils laissent traîner leurs oreilles et c'est moi qui hérite de la séance causette.
D'autant que le coup d'envoi était lancé et tous les gosses y sont allés de leur pluie de questions et remarques.
"Mon papa, il dit qu'il y a des gens, ils ont un double visage. Ça veut dire quoi?"
"Il paraît que c'était des Juifs, les enfants. C'est comme au Moyen Age alors?"
" Pourquoi il a fait ça?"
"C'est où Toulouse? "..Réponse.. "Aaah ! ça va! C'est loin alors!"
"Mon grand-père, il dit que c'est à cause des jeux vidéos".
Certains réinventaient même l'histoire en ajoutant des détails pas trop racontables.

Yasmine qui mijotait ça depuis le début m'a filé le coup de Jarnac:
"On va la faire la minute de silence?"
J'aurais préféré que tu la poses pas, celle-là...

Il a fallu commencer par expliquer ce que c'était. Restons pédago.
Et pourquoi parfois, on se taisait une longue minute. Ça leur a plu, aux loulous, cette nouveauté. D'autant que je leur ai dit carrément qu'à moi, elle ne me plaisait pas trop, cette minute-là, parce qu'ils étaient encore petits pour ce genre de cérémonie.
Ruben, qui n'est pas idiot a lancé: "Ben oui! Et pourquoi qu'on ferait pas aussi une minute de silence pour les enfants qui sont morts dans l'accident de car en Suisse?"
Bien vu Ruben.
Un mort est un mort. Faisons silence pour tous.

Y'a rien eu à faire: ils l'ont voulue, leur minute. Défi? Rituel initiatique? Pari de ne pas rigoler?
J'ai fini par céder. Si ça pouvait leur faire plaisir...
J'ai posé mes conditions: si on n'entendait pas la sonnerie idoine à 11h, on laissait tomber. Pas question de se farcir une minute en retard à 3h de l'après-midi.
Si ça tournait à la grosse rigolade, on n'insistait pas. Je voyais d'ici les crises de fou-rire à la quinzième seconde.
Si on n'avait plus envie, on oubliait.
On est tombés d'accord.

A 11h, évidemment, ils ont entendu le signal.
"Ça sonné, là, non?
- Oui maîtresse!!! (zyeux brillants, souffles retenus)
- Bon, on y va alors?
- Oui maîtresse!"

Il a bien fallu y aller...

J'ai cru un instant que Yasmine  nous tirerait de là, parce qu'elle retenait à grand peine ses gloussements. Elle s'est maîtrisée.

C'est ainsi que j'ai fait exactement le contraire de ce que j'avais prévu de faire et je ne sais pas encore si je suis une sale renégate vendue aux médias ou une héroïne magnifique.

Sale histoire...





mercredi 14 mars 2012

Mots d'enfants

Mardi, 16h05.

Les élèves sont en train de rentrer chez eux, ou en récréation d'étude.
Je suis en classe avec une poignée d'entre-eux. C'est l'heure d'AP (Aide Personnalisée)= en français: soutien scolaire. Il y en a deux comme ça par semaine.

Ils goûtent en causant. L'ambiance est très détendue. Pour ça au moins, c'est sympa, l'AP.

Jessica a apporté du goûter pour un régiment. Généreuse, elle offre des biscuits "Prince" à tout le monde.

"Qui veut un Prince??? "

 Rachid répond:
"Moi, je veux une princesse."


mardi 13 mars 2012

Quand les petites filles grandissent

Ce matin, à 8h32, sitôt ouverte la porte donnant sur la cour, j'ai bien vu que mes élèves n'étaient pas comme d'habitude.


En général, à cette heure-là, ils sont plutôt mollassons. Ils se rangent sans trop s'agiter. Ils sont presque disciplinés. Ensuite, au fur et à mesure que le soleil gagne le zénith, les choses changent et ils redeviennent normaux.

Là, il flottait sur le coin des filles une agitation aussi matinale que suspecte.
D'ordinaire, en pareilles circonstances, je vois assez vite surgir des enveloppes décorées qui signalent un anniversaire prochain. Ou des breloques bariolées qu'on me brandit sous le nez avec ravissement.
Là, rien.

Sur mes gardes, je les ai fait entrer dans le couloir et tâchant de flairer la cause de ces mystères. Réflexe de survie: anticiper, toujours anticiper. Ne jamais être pris en traître.

Ces demoiselles se sont calmées en classe. Bien obligées: je tiens à ma paix, par conséquent, je les ai installées le plus loin possible de leurs copines. On est là pour travailler nom d'un petit bonhomme!
Donc, au boulot.
Elles ont tenu le coup vaillamment pendant les opérations à virgule, puis pendant l'anglais.
Mais juste après le calcul mental, j'ai à nouveau senti planer cette surexcitation bizarre. Ces coups d'oeil entendus. Ces sourires un peu crispés.
L'approche de la récré?
Pas normal.
Même la récré ne leur fait pas cet effet-là.

Alors je me suis dit que la belle Andréa devait avoir un nouvel amoureux et que ça ne me regardait pas. Qu'ils roucoulent en paix.

J'étais de service de cour. Première cour agréable depuis longtemps. Il faisait doux et le soleil chauffait doucement.
Ces demoiselles n'ont pas tardé à m'encercler de leurs airs mystérieux et de leurs sautillements fébriles.
"Maîtresse! On a quelque chose à vous dire!"
"Maîtresse! Il s'est passé quelque chose!"
Dès qu'un malheureux garçon approchait, par l'agitation alléché, elles le repoussaient sans ménagement. Du coup, les garçons se sont mis à rôdailler autour d'elles en un deuxième cercle plus lâche. Ils étaient intrigués, lançaient des coups d'oeil torves en faisant semblant de jouer, et ouvraient leurs oreilles de loin.

On est bel et bien allé me chercher Andréa qui n'attendait que ça et qui s'est mise à faire des mines en rougissant.

"Allez! Dis-lui, à la maîtresse!"
"Maîtresse! Andréa, elle a quelque chose à vous dire!"

Elle mourrait d'envie de me le dire, Andréa, seulement, elle n'osait pas.

Finalement, poussée par le autres qui l'encourageaient, rose d'excitation et de confusion tout à la fois, Andréa a fini par me souffler:
"J'ai mes règles..."

C'était donc ça!

Aussitôt, la tension est retombée comme un soufflé. Elle avait rompu le charme en parlant.
Et dans le même temps, elle est redevenu une petite fille.

La cloche a sonné.

Elle est allée se ranger avec les autres.
Le calme est revenu.
Tout a continué comme avant.
Ou presque.