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lundi 13 mai 2013

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme en vacances

Samedi soir, j'étais au Cabaret Sauvage en train de me trémousser devant la Caravane Passe. 



Ils étaient particulièrement déjantés.



En sortant, il pleuvait et j'ai eu froid.
Quand je suis rentrée chez moi, j'avais faim et sommeil. J'ai attaqué mon dernier pot de rillettes et je suis allée dormir du sommeil du juste (non sans m'être démaquillée et lavé ce qu'il faut).

Ce matin, habillée de bric et de broc, j'attaque la fin du cake au pruneaux un peu rassis et je découvre le dernier Courrier International en buvant mon thé. Je ne bois jamais de café en petit-déjeunant: l'envie me vient plus tard dans la matinée.
A moitié coiffée, je fonce au marché. Il me faut des tomates pour le potager et JAMAIS  je n'irai les acheter dans les grands enseignes. Je vous expliquerai pourquoi dans un prochain billet.

En fait de tomates, j'ai acheté aussi des fruits, des saucisses aux herbes, des petites dorades roses, des aubergines et des poivrons rouges pointus. Et puis aussi des épinards tout frais et des carottes en botte.
Il faisait un soleil piquant et venteux.

C'est un marché où viennent les maraîchers.


On s'en tire à deux fois moins cher qu'en grande surface et c'est bien plus frais.
Si j'étais quelqu'un de bien, je n'achèterais presque plus rien en grande surface. C'est une arnaque de plus en plus grossière, mais hélas, c'est pratique.

En passant près de la bonne boulangerie, j'ai fait une réserve de pain. Le congélateur commençait à se vider et le manque de pain m'angoisse.

De retour chez moi, je me suis mitonné un café noir et puis j'ai rangé.
Ensuite, il a fait faim et nous avons déjeuné de pain frais, fromages et salade. Modeste mais efficace. Et bon.

Alors, je me suis occupée des tomates et des bébés salades que j'avais pris en plus.
Mon potager est prêt: tout y est.
Tomates, salades, haricots qui ont bien germé et les panais qui se décident enfin à montrer le bout de leurs feuilles.

J'ai réservé un plan de tomate pour un coin où se nichent les limaces. Elles n'aiment pas l'odeur toxique des feuilles de tomates. Maudites soient les limaces.

 Après ça, j'ai eu un coup de mou et je suis allée m'allonger le temps d'une petite sieste.

Le temps de me faire un thé aux fleurs de lotus royal et j'ai attaqué le boulot à la cuisine.
Vidage des daurades.

Nettoyage dans une ahurissante quantité d'eau des épinards.

Celui-ci date de l'an dernier. Il n'existe plus.
Préparation des poivrons pointus et aubergines en vue d'un passage au grill. Ensuite, j'en ferai de l'ajvar. Qu'est-ce que l'ajvar?
Une fondue aillée de poivron et d'aubergine à damner tous les saints. Je donnerai la recette un de ces jours.



Avec tout ça, je n'ai pas eu le temps de continuer le décollage du papier peint de mon salon, qui est horrible (le papier peint, pas le salon). Trop laid pour mériter une photo.

Je me suis offert une pause-causette avec une vieille amie et ensuite, vint le moment de préparer les daurades.

La suite de la soirée offre un intérêt limité. Je crains de lasser.

Là, il est presque une heure et il est temps d'aller dormir. Même heure qu'hier. Les vingt-quatre heures sont bouclées.

Nourrissage des chats qui attendent sagement sur mon bureau.
Retour à la salle de bain.

Stefan Zweig m'attend.

Une vieille connaissance.



jeudi 11 avril 2013

Du shit dans les fleurs

Mardi matin, 8h30, entrée en scène: mes élèves m'attendent dans la cour avant, les premiers sont rangés sagement, comme d'habitude. Les derniers s'effilochent en rang chiffonné, encore tout absorbés par leurs conciliabules.
Et voilà Yasmine qui s'avance vers moi et qui me sussure de sa voix fluette: "Bonjour maîtresse, regardez ce que j'ai trouvé".
Elle m'ouvre la paume de sa main et je m'attends à y découvrir un oiseau blessé.
Au lieu de ça, je vois un petit sachet transparent rempli d'une chose brunâtre et filandreuse.


J'ai juste le temps de lui faire expliquer qu'elle est tombée nez-à-nez avec sa trouvaille en se penchant dans les toilettes pour refaire son lacet. La chose se trouvant installée sur la tuyauterie basse arrière. Pas question d'ameuter toute la classe lâchée ainsi en vrac au-dehors, encore sous le nez des parents qui nous regardent, de derrière la grille.

Le petit sac de substance brune a été déposé chez la directrice, justement en train de sa battre pour répartir deux classes non-remplacées, dont les maîtres sont malades. Elle a de quoi s'occuper pour la matinée.

Alors, une fois installés dans les règles, j'explique. Les gosses sont surexcités. Ils veulent des détails. Faute de mieux, ils inventent déjà et imaginent des gros bras en train de fondre sur des malfrats, coincés en flag dans les toilettes de l'école. Yasmine est regardée avec des yeux neufs, chargés d'envie.
Elle a trouvé de la drogue!

Gorgés de rêves brutaux, on se met au travail. Proportionnalité, règle de trois, usages subtiles du passé simple. Conjugaison de conquérir...

Ce matin, jeudi, 8h30, entrée en scène quelque peu comateuse. Je tiens une solide crève et la journée promet d'être un peu longue.
Mes élèves m'attendent dans la cour avant. Comme d'habitude, Dragan me salue poliment et me parle de son chat. Drissou me lance un bonjour franc un peu gouailleur. Comme toujours, Robin, Rayane et Enzo traînent en voiture balai et les demoiselles sont attroupées autour d'invitations à un anniversaire.
Yasmine range son enveloppe et s'avance.
"Bonjour maîtresse, regardez ce que j'ai trouvé."
Et sa paume confiante s'ouvre sur le même sachet.

"J'étais assise sur le banc là-bas et comme mon cartable était lourd, j'ai basculé en arrière dans les plantes. C'est comme ça que je l'ai trouvé"

Yasmine aurait-elle un don pour repérer les semailles des dealers?

Pendant les deux récréations, les gosses ont joué à chercher de la drogue. Ils s'amusaient beaucoup. Et puis quoi! Pas de raison que ce soit toujours Yasmine qui trouve!

Notre école est ouverte aux quatre vents. Il a fallu se battre des années pour obtenir que les créneaux arrondis dans le muret qui la sépare de la voie piétonne soient obturés. Le rosier que j'avais planté et qui nous protégeait un peu a été ratiboisé par les jardiniers de la ville. Trop sauvage. Des marginaux alcooliques venaient pisser contre sous le nez des gosses et ils balançaient dans la cour des bouteilles vides et des canettes. La grille est symbolique. D'ailleurs, les parents en retard ne s'encombrent pas de scrupules et passent leurs mouflets par dessus bord pour s'en aller travailler tranquilles.

C'est beau l'ouverture sur le monde.







dimanche 20 janvier 2013

Orgie de galette: c'est la faute à la neige!

Depuis quinze jours, je m'entraîne avec acharnement.

Non, je ne prépare pas le marathon.
Non, je ne repasse pas le concours des profs des écoles pour décrocher un poste ailleurs qu'en Seine-Saint-Denis. D'ailleurs, je n'ai pas le droit.
Non, je ne veux pas me gratter l'oreille avec le pied gauche arrière, comme le fait on chat.
Alors?

J'attendais des invités de marque aujourd'hui et je me faisais un point d'honneur à leur préparer la galette des Rois de leur vie.
Quinze jours de peaufinage de la technique de la pâte feuilletée inversée, celle des pros.
Au lieu d'enfermer du beurre dans un pâton de farine + eau, on fait l'inverse: le pâton de base est enfermé dans du beurre fariné. Ça a l'air sournois, comme ça, mais en fin de compte, c'est assez simple.

Toujours est-il qu'aujourd'hui, tout était prêt.
Le cidre bouché fermier, la galette dont j'étais fort satisfaite, la joie au coeur et la baraque à peu près en ordre.


Seulement comme la perfection n'est pas de ce monde, il a fallu que la neige flanque tout en l'air.
Il en est tombé un monceau toute la nuit et encore toute la journée.
Nous nous sommes réveillées dans un silence de cimetière: plus circulation dans la rue!


Et dans le jardin, un tourbillon d'oiseaux venus se nourrir à la mangeoire à graines, tandis que mon gros Aristote tentait, de la neige jusqu'au ventre, de les approcher. Chou blanc total. Les mésanges, les merles, les rouge-gorges, les verdiers, les pinsons et les autres lui ont ri au nez. Bien fait!
L'autre chat, s'est tué la santé à roupiller comme un forcené toute la journée sur mon linge propre.

Traces accusatrices du  bestiau 


Le bestiau sur sa lancée













                                       
D'habitude, j'aime bien la neige, le crissement des pas qui l'écrasent, l'odeur de froid-mouillé un peu électrique, le sentiment d'enveloppement feutré, le blanc, le silence...
Mais là, elle m'a joué un chien de sa chienne.
Mes amis n'ont pas pu venir.

Alors, ma fille et moi, nous nous sommes emmitouflées, nous avons chaussé nos godillots et nous sommes allées faire une balade dans la taïga toute proche.




Après quoi, tandis que le feu crépitait dans la cheminée, nous avons attaqué la galette et le cidre. C'était très agréables: nous étions un peu grises et gentiment repues. Mais j'enrage de ne pas avoir pu partager ce moment avec mes amis aussi!



Il en reste la moitié pour se donner du coeur au ventre demain matin.
Ça sera mon premier jour de jurée d'Assises.
J'ai rendez-vous à Bobigny à 9h.
Vu l'état des routes, je m'en irai comme je pourrai, avec mes croquenots et ma chapka, faire mon devoir de citoyenne.





mercredi 28 novembre 2012

Plomberie, canard fatigué et cours d'Assises

Nos existences sont tissées de fils contrastés. En général, le traintrain ronronne et la pendule fait tic tac. Et puis de temps en temps, tout s'emballe, le coucou sort de la pendule en braillant et le train se prend pour un avion.
C'est aléatoire comme un poème surréaliste.

Je ne sais pas s'il faut m'en réjouir, mais chez moi, le coucou est aphone depuis longtemps à force de s'égosiller et le train a perdu ses freins.
Il se passe toutes sortes de choses tout le temps. C'est devenu un mode de vie.
C'est aussi la raison pour laquelle je viens de sombrer dans une sieste de dimension mexicaine.

Voilà un échantillon.

La série a démarré en mode tuyauterie.
Ma chaudière a rendu l'âme il y a peu. Nous avons eu froid.
Mon évier de cuisine s'est bouché et le tuyau d'évacuation s'est cassé alors que le débouchage avait eu lieu avec succès (le siphon était tapissé de cheveux boueux). Me voilà donc en plein jonglage entre seaux et bassines.




















Il y a deux jours, en sortant mes poubelles, je vois un canard en train de dormir sur le paillasson de la porte de mon sous-sol.


Un superbe col-vert qui a claqué du bec et s'est bouffi en me voyant approcher. Je n'avais pourtant que de bonnes intentions.
Je lui ai donc préparé une bassine d'eau propre au cas où il aurait eu envie de faire des ablutions et quelques miettes de pain. Là-dessus, je suis partie faire mes courses.
Au retour, il était toujours là, endormi, le bec dans les plumes.
J'ai voulu voir si tout allait bien et il a encore eu peur. Il s'est réfugié derrière mon vélo et j'ai décidé de le laisser tranquille.


La nuit est tombée et le lendemain, il était parti vivre son destin de canard.

Hier, j'ai reçu une lettre du tribunal de grande instance de Bobigny.
Je suis désignée pour faire partie d'un jury de cours d'Assises.
Voilà quelques temps, on m'avait avertie de ce que j'étais tirée au sort pour être éventuellement désignée. Ça y est. Je suis bonne pour aller voir de près ce qui se passe: deux viols et un assassinat en magasin.


A côté de ça, je tente de louer l'entresol de ma maison, pourtant impeccablement refait en joli petit deux-pièces sur jardin: rien. Choux-blanc complet et je ne comprends pas pourquoi. A croire qu'il n'est pas destiné à ça, sous peine de je ne sais encore quelles péripéties. J'en ai pourtant bien besoin pour payer le chauffagiste, le plombier et je ne sais quoi encore: le couvreur peut-être?

Parce que la canard ne m'a pas donné un radis pour l'hôtel et je ne crois pas que ma présence en cours d'Assises me permette de m'offrir des vacances aux Seychelles.


vendredi 9 novembre 2012

Ach Gross Paris!


Dans la nuit de mercredi à jeudi, les trains et les RER au départ de la gare du Nord ont arrêté de circuler. Blocage général. Foutoir. Anarchie. Salauds de Franciliens descendus sur les voies.
Quelle mouche les a donc piqués, ces furieux?
Pour descendre la nuit sur les voies dans le secteur de la Plaine Saint Denis, c'est vrai qu'il faut en pincer pour la promenade. D'ailleurs le porte-parole de la SNCF s'est empressé de les charger d'un flamboyant:

"Au départ on a un petit problème électrique qui aurait dû concerner 150 personnes pendant une heure et au final on se retrouve avec une vraie pagaille qui a touché des dizaines de milliers de personnes"

Pour un peu, il les traitait de gueux.


                                Admirons, à 1mn10, la façon dont cette dame expose la situation.         

Le bonhomme (ou la bonne femme), du haut de son arrogance, ne se rend même pas compte de l'énormité de son propos. Le "petit" problème électrique ne devait durer qu'une heure de rien du tout (une paille, aux heures de pointe) et ne concernait que 150 pauvres diables coincés là debout, tassés les uns contre les autres, à moitié morts de fatigue.

Ce qu'il oublie de dire, c'est que ce genre de "petit" problème est tellement habituel sur cette ligne B, que les gens qui l'empruntent deviennent enragés. Les rames sont irrégulières, pas toujours sûres, sales, et pour peu qu'on ait le mauvais goût d'y voyager entre 17h et 19h, on y fait l'expérience d'une promiscuité bétaillère. 


Je connais des gens qui déploient des trésors de ruse pour que leur futur employeur, s'il est parisien, ignore le parcours du candidat infortuné, condamné à emprunter cette ligne. Trop d'aléas. Au suivant.

Le plus absurde, c'est le prix de ce périple.
J'habite en zone 4, à une vingtaine de kilomètres de Paris. Une carte d'abonnement mensuel coûte 99,60€. Un carnet de 10 tickets d'une gare lambda vers Paris, environ 30 €. Un carnet de tickets de bus/métro: 12,50. Evidemment, si ces billets sont achetés à l'unité, c'est plus cher.

Cette histoire de pagaille, due au ras-la-casquette des voyageurs exaspérés aurait dû amener la SNCF à s'excuser platement.
Vous n'y pensez pas!
Des années que ça dure et qu'on n'en parle jamais. Là, il a fallu que l'Eurostar et le Thalys soient bloqués, et que la circulation soit vraiment perturbée pour qu'enfin, on sache.

                                          
Et pendant ce temps-là, la mairie de Paris propose doctement des mesures de restriction draconiennes à l'encontre des automobiles. Delanoë veut faire interdire les véhicules diesel, les voitures de plus de 17 ans d'âge, ses adjoints proclament benoîtement qu'ils veulent rendre la vie impossible aux automobilistes. Vive l'écologie!
Et pendant ce temps-là, les Franciliens n'ont qu'à se débrouiller. 
Z'ont qu'à pas habiter la banlieue tous ces crevards!

Comme si Paris était un îlot coupé du monde! C'est très bien l'écologie, je suis pour. Mais alors qu'on se pose et qu'on réfléchisse un brin. Comment vont faire les gens si la circulation automobile tourne au cauchemar organisé et si les transports demeurent à ce point coûteux et délirants? 

J'ai bien envie de citer Pierre*, tiens: "je ne n'aime pas dire du mal des gens, mais en effet Delanoë, la clique à Delanoë, toute cette bande de bras cassés plein de morgue, bref, vous voyez qui je veux dire, ils sont gentils."



* Les cinéphiles s'y retrouveront.




lundi 22 octobre 2012

Faut pas pousser mémère dans les orties

Avant, j'habitais à Sevran.
Un coin charmant, au bord du canal de l'Ourcq, loin des citées obscures où on se canarde à tour de bras.
La maison suintait d'humidité l'hiver. Et puis surtout, l'Education nationale, appliquant ses beaux préceptes de mixité sociale, comptait sacrifier notre fille en l'envoyant dans un de ces collèges effrayants dont la Seine-Saint-Denis a le secret.
Donc, nous avons fui et nous sommes passés à l'Ouest.

On ne peut nier pourtant que Sevran reste un vivier culturel. C'est un des bons côtés des villes communistes, enfin...écolo maintenant, le maire a senti le vent tourner et il a prudemment viré sa cuti.
C'est pourquoi mes filles ont continué à étudier la musique chez les Rouges-Verts. Ici, chez les socialistes, le conservatoire fait pitié. Pas à cause des profs qui font ce qu'ils peuvent, mais à cause d'une politique culturelle privilégiant les thés dansants.
Tout ça pour dire que Sevran me devait des sous.
Une histoire de frais d'inscriptions.

J'aurais dû toucher mes 194, 46 euros en mai dernier.
Non titulaire de la carte du parti, je savais que je devais m'armer de patience. A Sevran, le personnel municipal est très urbain, mais il ne faut pas le bousculer. Surtout si on n'est ni un copain, ni un fils de, ni un vieux stal (qui a dans ce cas des tas de copains), ni quoi que ce soit de connu.
J'ai donc réclamé mes sous en septembre.
Le conservatoire municipal m'a adressée à un certain X, à la mairie.
Premier contact excellent. Le gars était en train de téléphoner à un pote et il a eu la bonté de ne pas me faire attendre. Il était tellement détendu et amical que je suis prête à parier qu'il avait les pieds sur son bureau.
Il promet de faire le nécessaire, s'excuse. Tout juste s'il ne me colle pas une bise.

Fin septembre, toujours pas de sous.
Je rappelle.
Le gars était en train de causer avec un copain et, toujours sympa, m'identifie tout de suite. "C'est vous les 194,46 euros?"
Oui, c'est bien moi.
Il se confond en excuses, ne comprenait pas pourquoi ça avait (il avait "merdé" sur le bout des lèvres) cafouillé et me demande de venir déposer un RIB. Ce qu'à Dieu ne plaise, parce que je connais trop bien les guichets d'attente à Sevran. Va pour le scan. Promis juré, c'était réglé le lendemain.

Mi-octobre bien avancée, toujours pas de sous.
J'appelle Monsieur X.
Là, il causait avec son assureur qui l'engueulait, parce qu'il avait laissé conduire sa femme sans assurance. Du coup, j'ai failli attendre.
Monsieur X, un peu crispé, sans doute à cause de l'assureur, s'étonne de ce que je n'ai toujours rien reçu et espère que mes 194,46 euros n'ont pas été virés à quelqu'un d'autre.
J'espère aussi.

Résumé de l'histoire.
Sevran me doit des sous depuis cinq mois et rien ne vient.
Sevran est une des villes les plus endettées de France , détails -->ici.
Sevran emploie des gens qui passent leurs journées à faire causette au téléphone pendant que les honnêtes gens triment comme des nègres forçats.



Moralité?
Y'en a pas.




mercredi 12 septembre 2012

Au revoir les suceurs de sang

Je vis environnée de vampires.
L'hiver, ils dorment, engourdis qu'ils sont, tapis dans leurs logis obscurs.
Mais aux beaux jours, ils émergent et là, c'est table ouverte.
Mon sang doit être le Clos Vougeot du genre, parce que ça ne rate jamais. J'ai toujours le sentiment que si un vampire patrouille le secteur, il est pour moi.


Quand automne arrive, un soulagement sourd me sussure  qu'enfin, le temps est venu de plus partager malgré moi ma précieuse hémoglobine.
Nous y voilà enfin.

Ça a commencé au printemps, comme d'habitude. Une nuit de bon sommeil, la musique des vampires volants me zinzinule aux oreilles. Plus moyen de dormir: il faut savater l'intrus. L'intruse plutôt, car Dracula est une dame: saigner les honnêtes gens lui permet de faire ses enfants. Drôle de moeurs...
Cet exercice est toujours pénible: tuer ou subir cette musiquette insupportable, promesse d'un festin de sang et de jolies plaques qui démangent, au réveil.
Je tue sans pitié.
A coup de semelle.
Tant pis pour ma nuit. Le temps que mes alertes intérieures s'apaisent, que je sois sûre qu'une autre suceuse ne viendra plus me saigner, il est l'heure d'aller travailler.

Toute la belle saison, nous nous pourchassons. Mais au fil du temps, les suçons sont moins rouges, le zinzinulement moins discordant. On s'habitue.

Mais attention au vampire sauvage!
Celui-là n'est pas civilisé. Il ne fréquente pas les maisons. Il n'a pas de l'éducation. Impossible de s'habituer.
Il vit en forêt et sa goujaterie n'a d'égal que sa voracité.
Déjà, il vous fond dessus à tout moment. Même en plein midi.
Ensuite, il a de mauvaises manières. Il farfouine jusque sous les vêtements et pompe sans s'essuyer la trompe. Une fois l'affaire faite, il laisse sur la peau une intense démangeaison et un souvenir aussi boursouflé qu'un muffin. Un rustaud.


J'ai ouïe dire qu'un cousin exotique encore plus mal embouché venait parfois en visite pour ses vacances. Le tonton Cristobal des vampires ailés est parfois repéré du côté des pistes de Roissy, jusqu'à Villeparisis. Celui-là prend l'avion et une fois arrivé, il fait comme les autres. En prime, il laisse un cadeau au nom joli: la malaria. Malheur à qui le rencontre; il a déjà fait quelques victimes dans le secteur immédiat de l'aéroport.

Je ne l'ai jamais rencontré, celui-là. Mais une année, des feuilles pourrissaient dans ma brouette et l'eau qui suintait de ce tas puant attirait des moustiques étranges. Des étrangers, encore. Un soir, ça n'a pas raté: j'ai surpris l'un d'eux occupé à me sucer le mollet, parce que j'ai senti une vraie piqûre.
Elle a tellement gonflé que j'ai dû voir un médecin, lequel a diagnostiqué une piqûre d'araignée. J'ai eu beau lui répéter que j'avais vu de mes yeux vu le vampire habituel me pomper le sang, il n'a rien voulu savoir.

Ce moustique-là restera un mystère.




vendredi 17 août 2012

Restez polis!

Ma banlieue réserve parfois des surprises décapantes.
Ainsi, cette affiche.
Au premier abord, rien que de très normal pour le secteur.
Mais à y regarder de plus près.....


Le halal "Plukon", ça ne s'invente pas.
Et c'est une vraie marque.
Pas une blague.

Si j'étais publicitaire (Dieu me garde d'un job pareil), je ne pourrait m'empêcher de transposer les paroles de l'antique chanson de Richard Anthony "buuuuvons buvons buvons le sirop Typhon..." par
"mannnnnnnngeons mangeons mangeons le poulet Plukon..." et la suite à l'avenant.
Mais ça finirait mal.




jeudi 12 juillet 2012

Ziinga les pirates: suite de l'affaire.



Lors d'un récent billet, j'avouais toute honte bue que je m'étais fait escroquer comme une oie blanche par un site fort peu recommandable: ZIINGA. Des héritiers des pirates maltais.

Ces gens sont à la tête d'un site d'enchères. D'après ce que j'en ai lu sur le net, c'est un piège, parce qu'ils n'envoient pas les lots. En revanche, ils récupèrent les codes des cartes bleues pour inscrire les gens à leur insu à un programme "privilège" bidon, qui coûte 67 euros par mois, pour trois mois minimum. Ensuite, si on veut se dédire, il en coûte 31 euros.

Moi, ils m'ont eue autrement: ils m'ont appâtée avec un cadeau que je n'ai jamais reçu. J'ai donné mon code carte bleue avec un système soit-disant sécurisé (mon oeil) pour payer des frais de port dérisoires.
Résultat: abonnement à leur satané programme de trois mois hors de prix.

Enfin bref, je ne vais pas vous la refaire dans le détail. Si ça vous intéresse de savoir comment je me suis fait avoir stupidement, allez donc jeter un oeil là ------------------------------------------------------------------------------------------>
Vous vous sentirez intelligents, ça va va être un moment délicieux.

Une fois revenue de ma stupeur, je suis allée à la banque pour contester le prélèvement. Puis au commissariat où ils ont eu toutes les peines du monde à me dire si c'était de leur ressort ou pas. J'ai poireauté. Finalement, une dame sévère m'a reçue pour conclure qu'il fallait que je me rende au tribunal de commerce de Bobigny, parce que c'était du "commercial".
Je venais d'attendre  trois quarts d'heures pour des prunes, à contempler les affiches de recrutement et les numéros d'urgence pour les viols et les enfants battus.
Pas question d'aller à Bobigny dans la foulée: pas le temps. Découragement.
J'ai failli me dégonfler.

Finalement j'y suis allée quelques jours après. Café rapide dans un restau indien, vu que le café normal était fermé. Direction le Tribunal de Grande Instance. Là, on m'indique la direction du Tribunal de Commerce.
A Bobigny, les gens sont habitués à se repérer à tout sauf aux noms des rues. L'urbanisme très spécial de cette ville les a amenés à des stratagèmes variés pour ne pas errer des heures au milieu de cette architecture angoissante.


Donc là, c'était: "traversez la passerelle (qui enjambe un boulevard aux dimensions staliniennes), tournez à gauche jusqu'au rond point. Au BP, traversez et là, après le bâtiment rouge, vous verrez le Tribunal de Commerce". Typique de Bobigny: folklore local à fond.
Je me suis quand même perdue.

Arrivée sur place, on m'annonce que c'est au Tribunal de Grande Instance qu'il faut aller.
Demi-tour. Tout baignait. Il faisait beau et je connaissais le chemin.

La plainte a été déposée très rapidement, auprès d'une dame joviale qui a ouvert des yeux ronds en voyant ce que Ziinga osait demander.
Reste à savoir si elle sera suivie de quelque action...

Retour à la banque avec mon récepissé. La boucle était bouclée. Enfin! J'ai une assurance, on m'affirme que je serai remboursée.
Entretemps, j'ai eu l'agréable surprise de découvrir que Ziinga m'avait versé 36 euros. Bon début.

Et ce soir, je me suis fait plaisir: ils ont eu la joie de recevoir un petit mail en anglais (vu qu'ils n'utilisent que cette langue pour répondre aux litiges) où je les informe de la plainte que j'ai déposée, de l'information envoyée à la  Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, de la diffusion sur Facebook et les blogs de leurs méthodes. Pour finir, je les prie de me rembourser l'intégralité de ce que je leur ai versé et ensuite, de ne définitivement plus me contacter.

Résultat, pas mal d'émotions, beaucoup de temps dépensé, mais finalement pas perdu.
Je me suis déniaisée:

- Mieux vaut aller faire un tour sur le net avant de s'embarquer sur des sites marchands inconnus.
- FUIR CEUX QUI NE PROPOSENT PAS D'ADRESSE POSTALE. Se méfier de ceux dont l'adresse postale est sybilline, ou dans des endroits aux relents louches (Malte, îles lointaines, Monaco..).
- Les banques proposent des systèmes astucieux qui permettent de payer par carte bleue sans donner le véritable numéro. Ça s'appelle e-carte.
- Si on n'habite pas trop loin, autant aller directement déposer plainte à la préfecture quand c'est un peu compliqué: on attend moins et on sait tout de suite si la plainte est recevable ou pas (dans les commissariat, ils "oublient" parfois de faire suivre ou ils classent quand ça paraît trop tordu).
- Ziinga n'est pas le seul arnaqueur. Marité me signale Gleamify qui a l'air gratiné aussi et BRITANNIQUE ÉGALEMENT! 
- Site britannique vendant des produits de camelots: méfiance!




dimanche 24 juin 2012

Comment la fauvette m'a emmenée au marché

Ce matin était encore tout gris.
La petite fauvette à tête noire récemment installée dans mon fouillis feuillu a néanmoins entonné sa jolie chansonnette.
Courageuse petite bête...



 Du coup, je me suis secouée et je suis allée au marché.
J'aime bien les marchés: toute cette boustifaille offerte me réjouit les sens et on trouve là un concentré de société  à l'humeur bonhomme.

J'ai la chance de disposer de plusieurs marchés, près de chez moi. L'un est réduit, peuplé de commerçants onctueux qui vendent cher aux petites dames à chien.
L'autre est vaste et plus popu. Les commerçants s'invectivent et engueulent les clients, s'il faut, avec des accents bigarrés: du parigot à la Audiard, de l'arabe, du vietnamien, du portugais... et le client est aussi varié que les reflets sur le plumage d'un canard.
De la gitane, du vieux stal ruminant la belle époque, du bourgeois, du mendigot rom, de l'enfoulardée... D'accord, la marchandise n'est pas toujours de première qualité: il faut être vigilant.
Mais on rigole bien et les prix sont presque deux fois moindres que chez ceuss qu'on un manche à balai dans le derrière.

Ce matin, j'ai eu de la chance, parce qu'en plus, je suis tombée sur un destockeur qui fourguait du vin.
Je ne suis pas experte es pinard, mais celui-là avait l'air correct et le marchand pas trop voyou.

Rien de révolutionnaire: quinze bouteilles en tout, dont deux de Monbazillac 2008 et trois d'un petit négociant bien coté sur le net (Côte du Rhône Jacques Wallut 2005), et puis aussi trois de Saint Emilion 2006, pour quarante euros. Par là-dessus, trois modestes Entre-Deux-Mers, deux mystérieuses Cuvées Réservées de Bordeaux, deux petits Bordeaux à l'air honnête et deux Bergerac.
Une moyenne de 2,60€ la bouteille.
Un risque mesuré.


Accessoirement, j'ai aussi acheté des fruits et des légumes, du poisson et du cumin. Et du pain.


Tout est extra frais. Les fraises du producteur local embaumaient la cuisine et elles étaient tellement bonnes qu'on les auraient crues alcoolisées.

Les gens pensent qu'habiter en Seine-Saint-Denis est une malédiction. Mais il n'ont pas idée de la truculence de tels endroits, ni des prix. Qui, à Paris, pourrait acheter 2kg de petits poivons rouges, 1kg d'aubergines bien fermes, deux artichauts, 1 kg de brugnons et 1kg d'abricots du Gard extras, 1kg de fraises sublimes, 4 citrons non traités, 1,5kg de pommes, 2kg de tomates, 2 concombres, 2 baguettes au levain, 1 sachet de cumin, un carrelet luisant, pour 25 euros?
Le vin, n'en parlons pas, c'est un coup de chance.

Il a tout de même fallu transporter tout ça, charriot cahotant chargé à bloc et carton de vin sous le bras, jusqu'à la voiture. Ça a été une épreuve. Surtout sous la pluie, dans la foule pas pressée.

N'empêche...j'aime les marchés.


mercredi 6 juin 2012

Ma banlieue est pleine de surprises

J'étais de corvée de courses de kermesse lundi soir, dans mon supermarché habituel. Comme je traînais un pas un peu las dans le secteur des fruits et légumes, mon attention fut attirée par des pommes. Pas bien belles, mais pas chères.
Comme je m'interrogeais sur une récupération possible en compote, je vis arriver un petit bonhomme vif, plus tout jeune et l'oeil rieur. Il avisa aussi les pommes, puis rectifia le tir de son charriot en lançant: "Oula! Elles sont encore plus moches que moi!"
Il m'avait réveillée de ma torpeur et a aussitôt remarqué mon sourire.
"Ben oui, a-t-il ajouté en rigolant, faut voir les choses en face!"

Je n'ai pas acheté de pommes.

Mon chariot chargé comme une voiture de Marocain sur la Nationale 10, j'engouffrai le contenu dans ma petite voiture. Et d'un volant rêveur, j'attaquai le retour.

Au rond-point , juste à la sortie du supermarché, à cinq minutes de chez moi, je crus rêver.


Le tas de terre, au fond, près du grillage, c'est un chameau.

Et puis juste après, je tombe nez à nez avec ça:


Nous sommes en Seine-Saint-Denis.

Si si!

mardi 22 mai 2012

Oyez oyez! La République m'appelle!

Après le boulot, je suis allée faire les courses. C'est dire que je suis rentrée un peu tard et un un peu lasse.
J'ai ramassé le courrier distraitement. Je l'ai jeté sur la table et il a attendu là le temps que je fasse un bisou à ma filloune, quitte mes chaussures et mon manteau, que je prépare de la soupe et que je range mes emplettes. Par la même occasion, j'ai aussi libéré les chats qui attendaient leur tour de jardin et j'ai vidé le lave-vaisselle.

Et vous êtes en train de vous demander ce qui me prend de dégoiser sur des banalités pareilles.
C'est parce que jusqu'à l'ouverture de ce maudit courrier, je vivais dans une paix relative.
L'une des enveloppes cachait une jolie surprise.

J'ai cru tomber raide.

Voilà que je suis tirée au sort pour figurer sur la liste préparatoire des pékins susceptibles de devenir jurés de la cour d'Assises de Bobigny.

Et  allez!
Je me console en me disant que ça doit être intéressant.... et puis rien n'est encore scellé dans le marbre.

En attendant j'ai l'impression de faire un bond de plus de deux cents ans en arrière, à l'époque où on guillotinait à tout va et où on se faisait appeler "citoyen". Les jurys populaires, ça date de ces époques-là.

                                                                   Léger vertige.


lundi 21 mai 2012

L'UMP tourne romano

Je reviens de Sevran où j'avais rendez-vous chez le médecin. Sevran centre, pas Sevran Beaudottes. Dans ces banlieues mal famées, il est d'usage de préciser le quartier, parce que l'ambiance varie brutalement de l'un à l'autre.
Sevran centre, donc, c'est l'ancienne ville, celle où il fait encore bon vivre.

C'est là--->

Pas là --->

Sevran fait partie des banlieues rouges. C'est une de ces reliques du temps passé où l'ouvrier espérait encore pouvoir tenir un jour le patron par les c...la barbichette.
On votait massivement communiste.


La tradition perdure, même si le maire, Stéphane Gatignon, élu communiste, est devenu Vert en cours de mandat. Du rouge au vert, tous les daltoniens vous le diront, il n'y a qu'un rien de différence. Je parle du spectre des couleurs, bien entendu.

Or donc, je me gare devant une sorte de gecekondu*, pas trop loin de chez mon médecin. Je me dis qu'à Sevran tout de même, ils laissent construire de drôles de choses.

En y regardant de plus près, je m'aperçois avec stupeur que ce cabanon informe, c'était le siège de l'UMP locale!


Salauds de Rouges!

* Bidonville turc: les baraques sont construites en une nuit, ce qui leur permet d'échapper à la démolition (en une nuit, on a le droit). Ça donne des bâtisses assez surprenantes et pas toujours très finies.


lundi 7 mai 2012

Ma journée particulière

Pour commencer, qu'on veuille bien ne pas voir dans mon titre une quelconque allusion politique. Je n'ai rien trouvé d'autre et loin de moi l'idée de comparer la journée d'hier à celle du film d'Ettore Scola*. Soyons clairs. D'ailleurs je ne ressemble pas du tout à Sophia Loren.
Voyez plutôt.

Hier, donc, fut le Grand Jour.
Le matin, je m'en suis allée non-voter.
Je voulais exprimer mon désarroi en rendant une enveloppe vide. Pas possible de voter Sarko et son entreprise de massacre ahurissant de l'école publique, de la police, de l'hôpital... Pas confiance en Hollande et la clique socialeuse. Tout le monde s'en fout de mon désarroi, puisque les enveloppes vides, les bulletins blancs, trafiqués, décorés sont de toute manière fourrés dans le même sac.
N'empêche que je ne voulais pas rester terrée frileusement chez moi. Ça n'aurait ressemblé à rien.

La rue n'avait pas son air de d'habitude avec tous ces gens à pied et habillés en dimanche, lancés dans la même direction: l'école-bureau de vote.
Du coup, ça se saluait dans tous les coins et des agrégats se formaient sur les trottoirs. Ils avaient l'air contents de se voir.
Moi-même, au lieu du quart d'heure prévu, j'ai mis pas loin de quarante-cinq minutes pour non voter. Au passage, j'ai récolté des nouvelles de la famille Têtard dont la fille aînée termine khâgne, Véro m'a renseignée sur l'adresse d'un bon élagueur pour mon cerisier et Jean m'a entretenue longuement de son adoration pour son chat Gribouille.

Un frère jumeau
J'ai sauté dans ma voiture pour filer vers Paris. J'avais rendez-vous avec des amis et j'étais déjà en retard.
En bas de l'immeuble, il y avait une brocante. Du coup, c'était plein de monde dans la rue et les gens se causaient aussi. A Paris, surtout dans ce quartier-là, ça sonnait franchement exotique. Dans ce coin-là, les rues sont vides le dimanche, tout juste fréquentées par des petites dames qui promènent leur chien.
On se serait cru dans un film d'Audiard. Les brocanteux ne sucent pas que de la glace et ils n'ont pas la langue dans leur poche. Ça s'invectivait entre deux tartines de pâté et les bouteilles de blanc traînaient ouvertement entre les pliants. On alpaguait le chaland d'un air bonasse  et la chalante s'entendait brailler des galanteries. Tout était hors de prix, évidemment, mais ça valait le coup d'oeil. J'ai bien aimé le stand d'un gars qui proposait toutes sortes de reliques de l'URSS: vestes et casquettes de l'armée rouge, portraits de Lénine, chapkas un peu grasses estampillées d'étoiles.... Good bye Lénine!


Ils m'ont donné faim avec leurs déballages de rillettes et de jolies baguettes farinées. Trop faim pour attendre. Pas assez pour prendre un vrai repas. Il me fallait du pain.
Pas de boulangerie ouverte!
J'avise un Lenôtre. Ils doivent bien avoir du pain, là-dedans. J'entre. Une vendeuse à l'accent pointu m'accueille comme si j'étais la dernière romano. Le fait que je ne demande que du pain n'a pas dû arranger mon image. Dans ces maisons-là, on paye à la caisse. Une jeune femme de couleur à l'air soumis (la patronne devait lui en faire voir) me demande alors six euros! Pour un pain rond aux noix et aux raisins!
L'espace d'un instant, j'ai failli les planter là avec leur pain, mais j'avais faim. Alors j'ai fait répéter et j'ai casqué. Bande de voleurs... Naturellement, l'ami qui me tenait compagnie en a fait ses choux gras et il a cruellement ricané. Pas de pitié pour les affamés.

Le soir venu, vers dix-neuf heures, je me trouvais à une terrasse avec un petit verre de Gaillac. Les brocs remballaient en s'engueulant. Les passant allongeaient le pas, en quête d'un repas tout fait à rapporter chez eux. Qui du pain (je ne sais pas combien ils l'avaient payé, eux), qui des crapuleries chinoises, qui des pizzas.... tous pressés. De l'électricité dans l'air. Sus à la télé!
Ce fut donc une soirée pizza-bière-télé-commentaires sans pitié.

Voilà ce que j'en ai retenu:
- Ça s'est mis à traîner vilainement en longueur à partir du moment où Hollande à pris la parole. Sarko est ce qu'il est, mais son discours était moins rasoir. Cela étant, Hollande a pris soin de modérer ses engagements. Le gars est prudent.
- Nous sommes bien contents d'avoir fait connaissance avec Thomas Hollande.
- Les journaliste, de politique, s'est transformé en journaliste sportif: "François Hollande monte dans sa voiture. Le cortège est à 17 km de Paris, 15, 10.."A vous Paris.
 - Ceux qui patrouillaient place de la Bastille n'interviewaient que des jeunes écervelés qui n'avaient rien à dire, à part, en gros, que c'était "super". Je crains que beaucoup n'aient été là que pour la musique gratos et pour "pécho".
Du coup, même si c'est un peu sévère, je nous passe un coup de Choron, tiens, ça détend:


Rendez-vous à la tirade de la minute 1.

- J'ai trouvé étrange de voir brandis des drapeaux algériens et d'autres que je n'ai pas identifiés.
- Décidément, je n'aime pas Martine Aubry.
- Ségolène faisait la gueule.

Hollande a du pain sur la planche. Il est courageux. J'espère qu'il sera à la hauteur de la tâche.
Avec tout ça, j'ai mal dormi.
La faute à la pleine lune, sans doute.



*Considéré comme un classique de la grande époque mythique du cinéma italien, le réalisateur Ettore Scola réunit le couple Sophia Loren/Marcello Mastroianni dans un film parfait de bout en bout. Filmé dans un lieu clos à la manière d'une pièce de théâtre, un immeuble en l'occurence, l'action se situe en pleine période mussoliniene, où la crainte et la délation terrorise le moindre comportement. Entre la mère de famille et l'homosexuel qui se retrouveront sur le toit de l'immeuble par le plus grand des hasards, se nouera une improbable mais magnifique amitié, que ni la concierge suspiscieuse et délatrice ou quelques personnages cachés derriere les portes de ce petit microcosme vivant dans l'immeuble, ne viendront ternir. Un film magnifiquement interprété, une bande son grouillante de cris et de bottes symbolisant l'effervescence extérieure. Derrière la grande histoire que tout le monde connaît se joue la petite de Scola, émouvante et parfaitement dialoguée.
Commentaire de Elriad sur AlloCiné.