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Rechercher Derniers commentairesauteur prétentieux !
Par Anonyme, le 28.02.2025
tres beau film et chaque fois je mets un film de john wayne . le meilleur des meilleurs. ca fait du bien de le
Par Anonyme, le 14.12.2024
mehganelessonn efitpeutainfit eputaebfztsoit a
Par Anonyme, le 03.04.2023
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Par Anonyme, le 03.04.2023
mamaveuxpaopit abiymangerpome nrtpaquedonebi ybitdonemanger tizrzpetiviole pakiolehcetpmb erilepzvioledo neman
Par Anonyme, le 03.04.2023
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Date de création : 16.07.2012
Dernière mise à jour :
16.02.2025
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Charlton Heston n’a jamais été aussi humain que dans « Will Penny ». L’acteur à propos duquel Pauline Kael a pu écrire « Heston est une sorte de dieu vivant : bâti pour être fort, il est un archétype de ce qui fait gagner l’Amérique » a régulièrement sauvé le monde du chaos (« Les Dix Commandements », « Ben Hur », « Le Cid », « Soleil Vert »), ou tout du moins il a tenté de le faire (dans « Les Cinquante-cinq jours de Pékin », « Khartoum », « La Planète des singes », « Tremblement de terre »). Ici, il n’a rien du surhomme ; il n’est qu’un simple cow-boy fruste et usé.
Ouverture : paysage de montagnes enneigées en arrière-plan, plaine desséchée, un troupeau et Will Penny qui fredonne une chanson tandis que le générique s’égrenne. La distribution promet beaucoup ; elle ne décevra pas. Une curiosité d’abord : « introducing Lee Majors », l’acteur qui deviendra bientôt Steve Austin alias « L’Homme qui valait trois milliards » sur le petit écran. Et puis Ben Johnson, acteur fétiche de John Ford et Peckinpah, Anthony Zerbe (qui affronte Heston dans The Omega Man, excellente adaptation du Je suis une légende du regretté Richard Matheson), Donald Pleasance.
Sans oublier Bruce Dern, acteur récompensé cette année à Cannes par le prix d'interprétation masculine, relativement peu connu du grand public français, mais qu’on a en fait vu dans quantité de films dans les années 60-70 et qui outre la paternité de Laura Dern a surtout du assumer vis à vis de producteurs souvent timorés la particularité d'avoir été un des rares sinon le seul comédien a avoir tué John Wayne dans un western, ce qui selon ses dires lui ferma de nombreuses portes par la suite... La musique est signée David Raksin, compositeur des fameux thèmes du « Laura » d’Otto Preminger et des « Ensorcelés » de Vincente Minnelli. Pour « Will Penny », il a composé une sorte de boléro… un peu intriguant et décalé, à vrai dire.
Dès les premières minutes, Gries présente Will Penny comme un vacher plus âgé que la plupart de ses camarades (il frise les cinquante ans) et, pour cette raison, vigoureusement chahuté, voire humilié : on l’appelle « grand-père », on ne manque pas de lui faire remarquer qu’on fait le travail à sa place, etc… Une note émouvante : quand il doit signer un registre pour percevoir sa paie, Will Penny trace péniblement une croix à la place de son patronyme. C’est par ce genre de détails, par petites touches (la difficulté pour un vacher de trouver du travail l’hiver, le prix d’une veste de buffle ou l’intérêt pour un cow-boy de porter la moustache pour éviter les gerçures), que Gries convainc du réalisme de son western – une chose essentielle pour lui. Dans les bonus du DVD consacré au film, le fils de Gries expliquera que son père et Charlton Heston avaient tenu à ce que les armes utilisées pour le film soient d’époque.
Quand on découvre Will Penny, il a rempli sa mission : convoyer un troupeau depuis le Texas. Avec ses copains, Blue (Lee Majors) et Dutchy (Anthony Zerbe), il part chercher du travail ailleurs… et fait de mauvaises rencontres : sur le chemin, les trois hommes tombent sur une famille patibulaire dirigée par Donald Pleasance, acteur au physique inquiétant, qui fit notamment merveille en ennemi de 007 dans On ne vit que deux fois et qui compose ici un prédicateur illuminé. Le conflit s’engage pour un élan repéré par Dutchy et Blue mais abattu par la famille de Pleasance. Echanges de coups de feu. Will, bon tireur, abat l’un des fils de Pleasance, Romulus. « Œil pour œil, dent pour dent… que le sang versé appelle la vengeance ! » s’enflamme le prédicateur. Dès lors, on sait que Will n’en a pas fini avec ceux-là. Dans l’échauffourée, Dutchy a été touché au ventre. Peut-être s’est-il tiré dessus lui-même en voulant sortir son arme de sa gaine. Will et Blue cherchent un médecin pour le soigner et finissent par tomber sur une auberge, au milieu de nulle part. « La meilleure chose à faire, c’est de le laisser tranquille en attendant qu’il passe ! », déclare le tenancier. Et d’ajouter que, pour une veste de buffle comme la sienne, il donnerait cinq à six dollars.
Il y a là aussi une femme et un enfant en provenance de l’Ohio et qui se restaurent, en route pour gagner la Californie. On les reverra plus loin...
Arrivés à Alfred-Ville, Will et Blue peuvent enfin faire prendre en charge Dutchy dont on ne donne pas cher de la peau. Will reprend la route, seul. Il est du reste seul depuis l’enfance et ne vit que pour lui-même, comme il l’expliquera plus tard. Sous la pluie, il arrive au ranch Flatiron où il se fait embaucher par Ben Johnson. Trente dollars le mois. Le patron l’envoie se poster à trois ou quatre jours de cheval de là, pour garder un troupeau durant l’hiver. Ils ne doivent pas se revoir avant le printemps, sauf incident. Will parvient à la cabane qui doit lui servir de logis pendant cette période. Mais elle est squattée par la femme et l’enfant qu’il a rencontré un peu plus tôt. Will leur donne un ultimatum : ils doivent avoir déguerpi dans les trois jours, période pendant laquelle il part en reconnaissance dans le secteur.
Malheureusement pour lui, la bande de Pleasance est sur ses traces. Attaqué par surprise, terrassé, poignardé, Will n’a plus guère d’espoir de s’en sortir dans une région aussi reculée. « Qu’il crève lentement, tout seul. L’Hiver arrive, ça va être long », promet Pleasance, dont la composition expressionniste est un peu trop appuyée pour s’accorder avec la sobriété du film. Will n’a plus que ses sous-vêtements. Sans bottes, dans le froid, il marche. Et réussit à regagner la cabane, où la femme prendra soin de lui – parce que c’est un acte chrétien, précise-t-elle. Will se rétablit peu à peu, il coupe du bois, répare la maison… Des liens se tissent avec l’enfant (joué par le propre fils de Gries, qui dira dans les bonus combien il s’était attaché à Charlton Heston, son héros).
Les scènes d’intimité, de vie presque familiale, sont au centre du propos de ce western ; ils en font la valeur et la singularité. Au contact de la femme et l’enfant, Will s’humanise, il se dégrossit… L’humour n’est pas absent du récit (quand Cathy impose à Will de prendre un bain et qu’il lui confesse en prendre tout de même déjà huit à neuf par an). L’émotion non plus, quand Will dresse un sapin de Noël dans la cabane et que l’enfant (Horace) vient l’étreindre. Heston a la larme à l’œil : c’est que Will n’a jamais eu d’enfant et il est très ému. Non seulement, Heston joue un personnage profondément humain – donc vulnérable – ce qu’on ne voyait que par « éclairs » dans « Ben Hur », « L’Extase et l’agonie » ou « La Planète des singes », par exemple, mais en plus, il redevient un acteur – lui dont le jeu est d’ordinaire constamment menacé par la tentation de la pose.
Arrive ce qui devait arriver : la femme fait comprendre à Will qu’une autre vie que celle de cow-boy serait possible. Will, qui n’a dû connaître que des prostituées, deux ou trois fois l’an, n’est pas indifférent à la beauté et l’énergie bienveillante de la jeune femme. « Je suis seul depuis mon enfance. Je n’ai jamais connu autre chose. Ni voulu autre chose. Et vous voilà tous les deux. Auprès de vous, on se sent vraiment un homme ». La densité émotionnelle de ces séquences, dénuée de toute sensiblerie, est exceptionnelle. Mais le premier baiser entre Will et Cathy est aussitôt interrompu par l’irruption de Pleasance et sa bande. L’harmonie qui régnait dans la petite cabane isolée vire au cauchemar : le prédicateur enjoint la jeune femme à choisir un de ses fils, comme on affecte une pouliche à un étalon ; comptant faire de Will son esclave. Et le soir venu, la famille dégénérée s’adonne à une sorte de fête païenne, chantant et dansant comme des démons, tandis que l’enfant pleure. Le paradis opposé à l’enfer.
Will finit cependant par trouver l’occasion de s’évader. En fuite, il tombe sur Blue et Dutchy, finalement rescapé. Les échanges de coups de feu entre les différents protagonistes sont nourris. Will a l’idée de se servir du chariot pour approcher de la cabane. Avec Dutchy, il jette l’attelage à pleine vitesse sur les insurgés. Réussissant à se hisser sur le toit, il enfume les occupants par la cheminée. La bande du prédicateur est contrainte à se débusquer. Pleasance et ses fils sont abattus. Et au même moment – un sens de l’à-propos un peu artificiel mais si caractéristique des scénaristes hollywoodiens – le propriétaire du ranch et ses hommes surviennent.
Will est face à un choix : va-t-il poursuivre sa vie d’errance ou se créer un foyer avec Cathy et l’enfant ? La jeune femme voudrait construire une vie à trois… mais Will est sceptique ou, plus exactement son réalisme l’amène à ne pas y croire : il a presque 50 ans, âge canonique pour un cowboy, il est trop tard pour lui. Et il ne connaît rien au métier de fermier. « J’ai toujours vécu pour moi-même. Comment ferais-je pour vous nourrir ? (…) Vous miseriez sur le mauvais cheval ».
Pas de happy end, donc. Will prend le large, à contre-cœur sans doute. Mais son honnêteté l’amène à ne pas abuser de la situation. Sans doute conservera-t-il la nostalgie de cet hiver vécu avec Cathy et l’enfant, tout le restant de ses jours.
Christophe LECLERC