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terça-feira, 27 de janeiro de 2009

à la mémoire des victimes d' Auschwitz

Primo Levi, à une heure incertaine, traduit de l’italien par Louis Bonalumi
Arcades, Gallimard

Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non.
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas :
Gravez ces mots dans votre cœur.
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.

10 janvier 1946


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merci à Florence Trocmé de m' avoir communiqué la traduction française de ce texte, curieusement écrit deux ans avant ma naissance...

domingo, 21 de dezembro de 2008

vin (version française)



il y a des jours où le ciel acquiert

la couleur et la texture du vin.
ce sont des jours bénits:
les gorges se tournent vers le haut
elles se tournent complètement comme des fleurs ouvertes vers le haut
et elles ne peuvent pas parler, continuer a remplir de bruit
le bruit déjà si excessif de ce monde ivre.

il y a des jours qui sont comme un verre de vin
pas posé, mas battu sur la table comme une carte de jeu.
une carte de couleur viollette, violente comme un corps de femme
dressé en velours, et tenant de son bras la propre tête.

même ceux qui usent un pistolet, même ceux qui suent
et sentent le cheval, même ceux qui se vantent d' avoir un pénis,
se replient sur eux-mêmes, et tremblent: vin, vin très rare, très [volcanique
filtre tout d' un coup la totalité des rideaux. Et on n' entend rien.

un verre plein s' installe sur le visage,
dans la place du nez. telle une énorme vulve, telle
une lune. et exige: bois. bois la couleur du vin, cette encre,
cette saveur foutue. et à nouveau les personnes deviennent des enfants.

allez, buvez, au rytme des tambours. allez, ouvrez vos gorges
comme les figures de guernica. allez, faites un silence total.
laissant entendre le bruit des liquides, leur fluctuation
primordiale. la femme va entrer dans la taverne.

la femme aux ongles des pieds longues comme des épées,
telles des crochets qui se penchent vers la chair, et ordonnent:
bois ce sang, avale d'un seul coup la couleur.

et toi, tu bois, comme un enfant. et elle sort de la salle
ses ongles faisant un bruit métallique dans le sol,
traînant le velours. et portant de la main le verre de ta vie,
pleine de pouvoir. se dirigeant, tournée de dos, dieu sait vers où.


voj dec. 2008

blanc


Je t' ai vue quelque part.
Je ne sais plus dans quelle ville, dans quelle vie.
Ou plutôt tu m' as regardé et j' ai vu ton regard.
Et il ne s' arrête pas. Tu est insistante, persistante.
Pour t' échapper je fuirais vers une autre vie, vers une autre ville.
Car il est bien évident que je t' ai désirée, mais vue de loin.
Ta proximité m' effraye.
Tel un champ de neige, je te veux blanche.
Je veux que tes yeux ne m' abandonnent pas.
Mais je t' imagine toujours comme quelqu'un de lointain.
Dans un quelque part qui est aussi nulle part.
Et ainsi je pourrai t' aimer, de toute
Éternité.
Sur un lit blanc. Intact. Les draps soigneusement pliés
Jusqu' aux étendues des pôles terrestres.


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Photo Aya and Ned

Source: http://www.louchelab.com/index.html

Texte: voj déc. 2008, porto