tout un dit de l’insurrection
qui devient ma phrase rêvée
surgissant comme ton dire
sans le dire, ample utopie
d’une Louise Michel avec
tous nos chemins sous la terre
tout un dit de l’insurrection
qui devient ma phrase rêvée
surgissant comme ton dire
sans le dire, ample utopie
d’une Louise Michel avec
tous nos chemins sous la terre
tu aimes les lavis de Manessier
sur les sables du Crotoy, ici
les fibres tressées de l’estran
me font souhaiter t’offrir
une phrase tellement pleine
de toutes tes alluvions
(variante :)
une phrase dont la peau
suivrait tes lignes de vie
quand tu les photographies,
c’est que les tamaris jettent
tout ton air dans la clarté
du blanc de leurs fleurs cachées
dans l’éclat de leurs chatons roses
Serge Ritman avec Claire ces onzains avec les onze lettres du nom (Bernard Noël)
après lire une dernière lettre de Bernard Noël datée du 3 avril qui avait reçu mon livre dans ta voix, tous les visages disent je
aussi en amitié avec Eliane Kirchner
comment dire enfin ta voix
le livre de l'oubli la nuit les rêves
un mauvais départ comme
tout piédestal t'énerve
en oubliant que les yeux
bougent un travail
se finit avec d'autres fins
que la tienne au plus vif
et tu cherches à voir isoler
derrière dans ton dos de face
la pensée qui vole dans l'air
rien contre tes dents devant
pour voler dans l'air un
silence comme bulle pleine
de douce lumière paisible
et ce nom serré entre tes
lèvres la morte immortelle
tu es avec une souveraineté
ma clarté avec tout le fond
obscur de savoir si proche
où des fins vivent sans relire
dans un petit cimetière
avec tout le mouvement qui
porte la mémoire de l'oubli
ta préface d'une vie entière
et ta mythologie de l'arbre
de vie les humains réunis
toute une culture la divine
commune ton nom rien
qu'épisodique pour continuer
l'oubli des extraits du corps
dans tous tes titres bardés
d'un silence à couper au cou
-teau dans ton pays créé et
quitté pour d'autres habitants
les migrants du livre des jours
et les traces à contempler presque
rien des ombres ou ta main
qui se retranche puis s'en va
dans ton écriture pleine d'obscur
où la lumière éclate dans ses
silences ils ont maintenant
tout le temps de t'écouter
avec tout ce qui vient crever
nos yeux comme si le nombre
infini tombait juste dans tes
lettres une constellation
tes poèmes Bernard Noël
dans l'oralité d'une chaleur
avec ce conditionnel des essais
de dire l'interminable du désir
et des relations à la recherche
de la vérité en dépit de sa
finitude une pluralité de
ton devenir enfin nous ta voix
ce matin partout rhizome
dans un arc-en-ciel
d’irisation, quelle phrase
reine viendra alors
ces hommes droits sur barricade
tenant tête aux bourgeois qui
les reconnaissent encore fait
une phrase, elle m’arrête si je
te prends en photographie
lisant DES IMAGES COMMUNES
paru dans lundimatin#279, le 14 mars 2021
si c’est le banc qui face à
l’océan nous tient le regard
vers quelle utopie d’entrevoir
une vague solidaire,
alors cette phrase l’inquiète
d’un battement de silence
si tu pousses la romance
elle te donne étrangetés
comme excès trop simples
dans ma phrase, un racontage
chantonné vite sans paroles
m’accorde à ta rime catalane
(reprise première :)
tes résumés de romans
et ces misères de ma vie
entrent en correspondance
jusque dans ce bout de phrase
qui se répète en dictions
confuses, relation à la longue
(reprise seconde :)
de ta romance, et sous la phrase
un air que je ne m’explique
pas comme un ressouvenir
pour renouveler le vers
sublime et modeste de ta voix
je ferais du cidre avec
ce pommier du Japon ou bien
mon rouge-gorge piétinerait
sa syntaxe d’un coup de glotte,
dans ta traduction ma phrase
comme un poème vécu s’envole
tes vies en vers pour
combien de saisons et
cargaisons de sale temps
mettent en inquiétude toute
ma phrase, désormais contredite
par ton sabotage de frère
à Dominique Rabaté
chez cet ami d’Apollinaire*,
sans le tableau de Friesz
je n’aurais jamais deviné
cet affront sur chaise bancale
au point de donner le vertige
aux tons ardents de ma phrase
*Fernand Fleuret
https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cqG7nBM
c’était bien un prunier ce rose
éclatant au matin dans la tourne
de ma phrase, disais-tu pendant
que l’ami du Japon transformait
le pur dans un concret caco-
sur l’estran comme une danse
phrasée à même le miroir
d’un ciel immense, ma phrase
aura-t-elle le même élan
véloce pour te retrouver ?
le phrasé répétitif des mésanges
de ce matin printanier peut-il
rendre enjouée la phrase éperdue
de ce poème, reprise continuée
de ton petit forgeron comme
avec les pensées sous les nuages
du poète dont nous avions
côtoyé la porte à Grignan
un hiver à Taulignan, toute
phrase fait-elle voix et relation
dans notre si maigre savoir ?
écrit l’ami Guy vers un phrasé
monde qui fait un tour et
un tour jusqu’à me retourner
sur ta phrase, comme je me trouve
aux voix de qui tient sa syntaxe
dans ta phrase qui s’est envolée
avec l’avocette et ses kriyu
avant de se tenir dans le marais
grammatical sur une patte
au loin tu les entends encore
quand les vagues chevauchantes,
ton déferlement m’assourdit
jusqu’à confondre les marées
et les ventres nous enfantent
le marais salant quand
la réalité éperdue
sous ta fable métamorphosée
une phrase amphibienne,
avec la colonie des bernaches
et leurs petits culs blancs,
comme si ma phrase se
retroussait toute rouge
dans la brise de ton nord
un débarbouillage de ma phrase
voici un ciel de traîne, le bleu
nuageux souillé maintenant
par tes giboulées en guerre
déboule une reine du silence
fouillis des claires étoiles
comme si ta nuit éclairait
sous le tamis d’une syntaxe
alors voilée par l’immense,
tes yeux tout ouïe qui brillent
cuisses entrevoit l’aigrette
dans l’envol de ta phrase
alors hissée, au point de
me perdre dans l’immaculée
blancheur de ses ailesmatins ouvrant le bec
des songeries, toute
une phrase méconnue
s’enchante alors et rit
dans ma bouche ivre
la virgule d'un mimosa
dans le ciel gris de ma
phrase, alors déroutée
par le vent du rire
dans ta parole
pantoun négligé pour 2021
(que n’émigrons-nous vers Palaiseaux !)
l’épidémie le pain de mie la pandémie
le petit pan de mur le pantalon de mamie
la petite mine de ma mie un premier matin
endémique je te passe la vingtaine et sous
ta voix déminée la terre dépensée te dit
nous démolirons le pandémonium piteux
du ruissellement capitaliste de la démocratie
patibulaire nous écouterons tous les pinsons
et poussins pie et papi voleront l’utopie
d’une année pleine d’épis sans répit
les bourgeois dépités verront bourgeonner
l’an des communes et des pantoums sans
pantoufler vraiment mes vingt ans sont
révolus car voici venu le temps qui hait
le néant vaste et noir le temps des cerises
j’t’aime ma chemise brûle voici nos peuples
N.B. : Les italiques empruntent à Verlaine qui écrivait : « Seul, un poème un peu niais qu’on jette au feu » !
pour Claire, son anniversaire ce 31 décembre 2020,
Avec toi, j’ai appris l’amour qui maintient sa prise et sa durée au-delà des disputes, des différends, des défauts, jusqu’à les aimer aussi. C’est l’amour pour ton air contrarié, tes explosions et le retour des sourires ensuite.
tu me disais c’est l’entre deux toujours entre
Paris et Caen et Poitiers et Nanterre et Cergy
et écouter et lire et les petits et les grands et
vieillir et tenir le futur des passés infimes tous
les sans-voix que tu sais écouter en fermant
les yeux et les deux mains qui se tiennent au
chaud du lit et c’est la marche entre le vent et
les arbres ou la bernache qui rêve à l’été entre
les Pyrénées et le Jura nos pas dans la neige
profonde tout le blanc entre nos couleurs ta
peau rouge et mes bleus à l’air d’un souffle
vivre entre Morisot et Bonnard coquelicots
et mimosas courir tous les jours vers le grain
de tes beautés l’étonnement toutes les petites
histoires et grandes et toutes les géographies
nos communes et nos solitudes qui s’emmêlent
jusqu’à tout nous dans des je-tu infinis je les
compte avec tes années comme si c’était mon
âge depuis toujours chaque jour entre matin
et soir nuit et jour tu me disais tu viens je te
réponds je cours par-dessus mes années vers
tes naissances combien tu disais je compte
sur toi je te répondais c’est l’entre deux tes
sourires le jour et tes mains la nuit tu entres