mardi 25 mai 2021

tous nos chemins sous la terre

                       à Claude Rétat

tout un dit de l’insurrection


qui devient ma phrase rêvée


surgissant comme ton dire


sans le dire, ample utopie


d’une Louise Michel avec 


tous nos chemins sous la terre 




dimanche 9 mai 2021

les fibres de l'estran

 

tu aimes les lavis de Manessier


sur les sables du Crotoy, ici


les fibres tressées de l’estran


me font souhaiter t’offrir


une phrase tellement pleine


de toutes tes alluvions



(variante :)


une phrase dont la peau 


suivrait tes lignes de vie




dimanche 18 avril 2021

les tamaris


si ma phrase se met à rire

quand tu les photographies,


c’est que les tamaris jettent


tout ton air dans la clarté


du blanc de leurs fleurs cachées 


dans l’éclat de leurs chatons roses




jeudi 15 avril 2021

Bernard Noël (1930-2021) : enfin ta voix

Serge Ritman avec Claire ces onzains avec les onze lettres du nom (Bernard Noël)

        après lire une dernière lettre de Bernard Noël datée du 3 avril qui avait reçu mon livre dans ta voix, tous les visages disent je 

        aussi en amitié avec Eliane Kirchner 



comment dire enfin ta voix

le livre de l'oubli la nuit les rêves

un mauvais départ comme

tout piédestal t'énerve

en oubliant que les yeux 

bougent un travail

se finit avec d'autres fins

que la tienne au plus vif

et tu cherches à voir isoler

derrière dans ton dos de face

la pensée qui vole dans l'air


rien contre tes dents devant

pour voler dans l'air un

silence comme bulle pleine

de douce lumière paisible

et ce nom serré entre tes 

lèvres la morte immortelle

tu es avec une souveraineté

ma clarté avec tout le fond

obscur de savoir si proche

où des fins vivent sans relire

dans un petit cimetière


avec tout le mouvement qui

porte la mémoire de l'oubli

ta préface d'une vie entière

et ta mythologie de l'arbre

de vie les humains réunis

toute une culture la divine 

commune ton nom rien

qu'épisodique pour continuer

l'oubli des extraits du corps

dans tous tes titres bardés

d'un silence à couper au cou


-teau dans ton pays créé et

quitté pour d'autres habitants 

les migrants du livre des jours

et les traces à contempler presque

rien des ombres ou ta main

qui se retranche puis s'en va

dans ton écriture pleine d'obscur

où la lumière éclate dans ses

silences ils ont maintenant

tout le temps de t'écouter

avec tout ce qui vient crever 


nos yeux comme si le nombre

infini tombait juste dans tes 

lettres une constellation 

tes poèmes Bernard Noël

dans l'oralité d'une chaleur

avec ce conditionnel des essais

de dire l'interminable du désir

et des relations à la recherche

de la vérité en dépit de sa 

finitude une pluralité de 

ton devenir enfin nous ta voix


        



mercredi 17 mars 2021

phrase reine




la fleur des rois dit-on

ce matin partout rhizome


dans un arc-en-ciel 


d’irisation, quelle phrase


reine viendra alors 


te couronner de cet air






lundi 15 mars 2021

droits sur barricade

ils nous regardent de loin

ces hommes droits sur barricade

tenant tête aux bourgeois qui 


les reconnaissent encore fait 


une phrase, elle m’arrête si je


te prends en photographie


        


lisant DES IMAGES COMMUNES

paru dans lundimatin#279, le 14 mars 2021




vendredi 12 mars 2021

Rosa Luxemburg née le 5 mars 1871 : utopie d'entrevoir une vague solidaire

 5 mars 1871 (naissance de Rosa Luxemburg) 

si c’est le banc qui face à 


l’océan nous tient le regard


vers quelle utopie d’entrevoir


une vague solidaire,


alors cette phrase l’inquiète


d’un battement de silence




mercredi 10 mars 2021

tu pousses la romance (à Yann Miralles)


                     à Yann Miralles 

si tu pousses la romance 

elle te donne étrangetés

comme excès trop simples

dans ma phrase, un racontage

chantonné vite sans paroles

m’accorde à ta rime catalane


(reprise première :)

tes résumés de romans 

et ces misères de ma vie

entrent en correspondance

jusque dans ce bout de phrase

qui se répète en dictions

confuses, relation à la longue


(reprise seconde :) 

tout l’intime du commun

de ta romance, et sous la phrase

un air que je ne m’explique

pas comme un ressouvenir

pour renouveler le vers

sublime et modeste de ta voix





ce pommier du Japon

 

                     à Kasumi Morita

je ferais du cidre avec


ce pommier du Japon ou bien 


mon rouge-gorge piétinerait


sa syntaxe d’un coup de glotte,


dans ta traduction ma phrase 


comme un poème vécu s’envole




lundi 8 mars 2021

Cédric Demangeot

             i.m. Cédric Demangeot

tes vies en vers pour 


combien de saisons et


cargaisons de sale temps


mettent en inquiétude toute


ma phrase, désormais contredite


par ton sabotage de frère





dimanche 7 mars 2021

sur chaise bancale

 

                        à Dominique Rabaté


chez cet ami d’Apollinaire*,


sans le tableau de Friesz


je n’aurais jamais deviné 


cet affront sur chaise bancale


au point de donner le vertige


aux tons ardents de ma phrase




*Fernand Fleuret




                                                                                                                                                         https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cqG7nBM

l'ami du Japon

                à Shungo Morita


c’était bien un prunier ce rose

éclatant au matin dans la tourne


de ma phrase, disais-tu pendant 


que l’ami du Japon transformait 


le pur dans un concret caco-


phonique de tout un récitatif





mardi 2 mars 2021

vitesse des gravelots

 la vitesse des gravelots

sur l’estran comme une danse


phrasée à même le miroir


d’un ciel immense, ma phrase


aura-t-elle le même élan 


véloce pour te retrouver ?




 

lundi 1 mars 2021

ta phrase zinzinule

le phrasé répétitif des mésanges

de ce matin printanier peut-il

rendre enjouée la phrase éperdue


de ce poème, reprise continuée


de ton petit forgeron comme


l’espagnol en fait l’étymologie ?




dimanche 28 février 2021

Philippe Jaccottet (1925-2021)

avec les pensées sous les nuages


du poète dont nous avions 


côtoyé la porte à Grignan 


un hiver à Taulignan, toute 


phrase fait-elle voix et relation


dans notre si maigre savoir ?



























dimanche 14 février 2021

de qui tient sa syntaxe

dans la solitaire multitude

écrit l’ami Guy vers un phrasé


monde qui fait un tour et 


un tour jusqu’à me retourner


sur ta phrase, comme je me trouve


aux voix de qui tient sa syntaxe




vendredi 12 février 2021

ta phrase qui s'est envolée

sous les averses froides je marche

dans ta phrase qui s’est envolée


avec l’avocette et ses kriyu


avant de se tenir dans le marais


grammatical sur une patte


prosodique, ta voix gelée



jeudi 11 février 2021

dans ma phrase bancale

https://textes.antonincrenn.com/lundi-13-juin-2005/
comme la brume m’aveugle

ton illimité alors m’éclaire


sans que le voir l’emporte


dans ma phrase bancale c’est 


toujours le dire qui la change


en un éclair d’œil, ta voix vive



mercredi 10 février 2021

les vagues chevauchantes

comme des chiens hurlants

au loin tu les entends encore


quand les vagues chevauchantes,


ton déferlement m’assourdit


jusqu’à confondre les marées


et les ventres nous enfantent





mardi 9 février 2021

une phrase amphibienne

 le héron aperçu dans

le marais salant quand


la réalité éperdue


sous ta fable métamorphosée


une phrase amphibienne,


me voici ton batrachologue



lundi 8 février 2021

ta petite Sibérie

 ta petite Sibérie crie

avec la colonie des bernaches


et leurs petits culs blancs,


comme si ma phrase se


retroussait toute rouge


dans la brise de ton nord



une reine du silence

après tes grandes eaux comme

un débarbouillage de ma phrase


voici un ciel de traîne, le bleu 


nuageux souillé maintenant


par tes giboulées en guerre


déboule une reine du silence




samedi 6 février 2021

sous le tamis d'une syntaxe

ma phrase s’est prise au bleu

fouillis des claires étoiles


comme si ta nuit éclairait


sous le tamis d’une syntaxe


alors voilée par l’immense,


tes yeux tout ouïe qui brillent





vendredi 5 février 2021

la nuit l'aigrette

ma main la nuit dans tes 

cuisses entrevoit l’aigrette

dans l’envol de ta phrase

alors hissée, au point de

me perdre dans l’immaculée

blancheur de ses ailes


jeudi 4 février 2021

dans ma bouche ivre


la mésange de tes

matins ouvrant le bec

des songeries, toute

une phrase méconnue

s’enchante alors et rit

dans ma bouche ivre



mercredi 3 février 2021

la virgule d'un mimosa

ton sourire mime

la virgule d'un mimosa

dans le ciel gris de ma

phrase, alors déroutée

par le vent du rire

dans ta parole




vendredi 1 janvier 2021

pantoun négligé pour 2021

             pantoun négligé pour 2021 

(que n’émigrons-nous vers Palaiseaux !)

 

l’épidémie le pain de mie la pandémie

le petit pan de mur le pantalon de mamie

la petite mine de ma mie un premier matin

endémique je te passe la vingtaine et sous

 

ta voix déminée la terre dépensée te dit

nous démolirons le pandémonium piteux

du ruissellement capitaliste de la démocratie 

patibulaire nous écouterons tous les pinsons

 

et poussins pie et papi voleront l’utopie

d’une année pleine d’épis sans répit 

les bourgeois dépités verront bourgeonner

l’an des communes et des pantoums sans

 

pantoufler vraiment mes vingt ans sont 

révolus car voici venu le temps qui hait

le néant vaste et noir le temps des cerises

j’t’aime ma chemise brûle voici nos peuples

 

 

N.B. : Les italiques empruntent à Verlaine qui écrivait : « Seul, un poème un peu niais qu’on jette au feu » !




 

 

 

jeudi 31 décembre 2020

l'entre deux

pour Claire, son anniversaire ce 31 décembre 2020,


Avec toi, j’ai appris l’amour qui maintient sa prise et sa durée au-delà des disputes, des différends, des défauts, jusqu’à les aimer aussi. C’est l’amour pour ton air contrarié, tes explosions et le retour des sourires ensuite.  

            Erri De Luca, Impossible, p. 29.


            tu me disais c’est l’entre deux toujours entre

Paris et Caen et Poitiers et Nanterre et Cergy

et écouter et lire et les petits et les grands et 

vieillir et tenir le futur des passés infimes tous

les sans-voix que tu sais écouter en fermant 

les yeux et les deux mains qui se tiennent au 

chaud du lit et c’est la marche entre le vent et

les arbres ou la bernache qui rêve à l’été entre

les Pyrénées et le Jura nos pas dans la neige 

profonde tout le blanc entre nos couleurs ta 

peau rouge et mes bleus à l’air d’un souffle

vivre entre Morisot et Bonnard coquelicots

et mimosas courir tous les jours vers le grain

de tes beautés l’étonnement toutes les petites 

histoires et grandes et toutes les géographies 

nos communes et nos solitudes qui s’emmêlent 

jusqu’à tout nous dans des je-tu infinis je les

compte avec tes années comme si c’était mon 

âge depuis toujours chaque jour entre matin 

et soir nuit et jour tu me disais tu viens je te

réponds je cours par-dessus mes années vers

tes naissances combien tu disais je compte 

sur toi je te répondais c’est l’entre deux tes

sourires le jour et tes mains la nuit tu entres