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Par Anonyme, le 03.04.2023
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Date de création : 16.07.2012
Dernière mise à jour :
16.11.2024
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La dernière flèche
(Pony Soldier) de Joseph M. Newman – 1952
« La dernière flèche » n’est pas de ces westerns qui laissent un souvenir impérissable, mais il brasse des thèmes qui en font un bon exemple de l’évolution du genre dans les années 50 – et, plus largement, de l’évolution de la société américaine.
Comme Gary Cooper dans « Les Tuniques écarlates » (1940), Tyrone Power, héros du film de Newman, porte l’uniforme rouge de la Police montée canadienne et gagne 75 Cents par mois « pour porter la loi là où elle n’existe pas. » Ce sont les Indiens qu’il s’emploiera à faire rentrer dans le droit chemin – celui de la réserve – alors qu’ils ont franchi la frontière américaine pour chasser le bison, dans le Montana. La tribu Cree du chef Ours debout n’a pas tous les torts : il s’agissait avant tout pour elle d’échapper à la famine. Bien qu’ils s’affrontent aux Tuniques bleues dans un corps à corps violent – la seule scène d’action ample, issue des stock shots du « Buffalo Bill » de William Wellman (1944) – les Indiens ne sont pas des monstres sanguinaires dans « La dernière flèche ». Mieux, ce western offre la particularité de se dérouler presque entièrement dans un camp indien.
Pour couvrir leur retraite et regagner le Canada, les Crees pensent utile de prendre des otages. C’est pour libérer ces captifs (un homme et une jeune femme) que Duncan MacDonald (Tyrone Power) rejoint le camp indien. Parce qu’il se réclame de la protection de la « grande reine blanche » (la reine Victoria), Duncan n’est pas inquiété par Ours debout. L’animosité des Indiens pour les « longues lames » (les tuniques bleues) ne vaut pas pour la police montée canadienne… Doublé, dans la version française, par l’excellent Roger Rudel, qui fut presque toujours la voix de Kirk Douglas de ce côté-ci de l’Atlantique, Tyrone Power pactise avec Ours debout et marchande la libération des otages. Le ton est respectueux, mais avec le regard du cinéphile d’aujourd’hui, on peut le juger condescendant : « La dernière flèche » reflète en réalité le discours colonial de l’homme blanc qui amène la civilisation et sa protection aux peuples moins évolués. Coiffé d’un casque colonial, Duncan, très sûr de lui, parle la langue des Crees et comprend la mentalité indienne. Il sait jouer de leurs superstitions : les Indiens interprètent un mirage comme un mauvais présage, ils projettent de brûler sur le bucher la captive qui aurait apporté « la mauvaise médecine » (en d’autres termes, elle aurait fâché les dieux et jeter un mauvais sort à la tribu…). Après de nombreux épisodes sans grand intérêt et des rebondissements scénaristiques assez faibles, Duncan parviendra à convaincre Ours debout de se ranger à son avis et de regagner, avec lui, la réserve canadienne où il lui garantit nourriture et justice. Le captif – qui est en fait un ancien pilleur de banques – a tué un guerrier cree en tentant de s’échapper : obtenant que le coupable ne soit pas exécuté immédiatement, Duncan expose que la justice sera la même pour les hommes blancs que pour les hommes rouges.
Dans « La dernière flèche », la domination des Blancs n’est pas justifiée, elle n’a pas à l’être, elle va de soi. Les Indiens, mués en bons sauvages, doivent naturellement allégeance à la « grande reine blanche ». Ce sous-texte est typique du discours colonialiste, pour l’intellectuel Edward Saïd, qui a consacré un ouvrage phare à l’orientalisme : « Dire à quelqu’un : “je possède la vérité sur toi ” n’informe pas seulement sur la nature de mes connaissances, mais instaure entre nous un rapport où “je” domine et l’autre est dominé. (…) la connaissance permet toujours à celui qui la détient la manipulation de l’autre… » (Edward Saïd, L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident, Seuil, 1980, rééd. 2005).
Malgré cela, on est touché par une scène charmante où Duncan échange avec un jeune Indien un sifflet de métal contre un sifflet en bois ; à la fin du film, il adoptera l’enfant qui est orphelin. Dans un contexte où la ségrégation à l’encontre des minorités sévit encore avec violence aux Etats-Unis, en premier lieu à l’égard des Noirs, « La dernière flèche » peut tout de même être considéré comme un western progressiste, dans la ligne de « La Porte du diable » et la « La Flèche brisée ».
Bien qu’assez statique, le western de Newman, artisan d’Hollywood sans talent (on lui doit tout de même « Fort massacre », avec Joel McCrea) est soutenu par une superbe bande musicaled’Alex North : on reconnaît d’ailleurs ici des thèmes qui seront développés dans « Spartacus », huit ans plus tard !
Enfin, on ne peut pas dire que le film profite de la présence de Tyrone Power très en retrait, presque transparent. Il est possible qu’il ait seulement voulu remplir son contrat avec la Fox – un contrat qui s’achevait et le laissait amer, car l’acteur avait été écoeuré de la façon dont le studio l’avait traité après « La rose noire ». Tyrone Power a incarné un inoubliable Zorro pour Rouben Mamoulian, mais il faut convenir qu’il n’a pas laissé une empreinte très forte sur le western, auquel il apparaît moins adapté que d’autres acteurs de sa génération, Errol Flynn ou Clark Gable par exemple, sans doute à cause de la distinction toute britannique qui caractérisait ce natif de Cincinnati. Selon le biographe de Tyrone Power, Fred Lawrence Guiles (Tyrone Power, la dernière idole, Editions France Empire, 1981), « La dernière flèche » fit de très bonnes recettes, meilleures encore que le film précédent du beau brun, « Courrier diplomatique ». Après « La dernière flèche », Power signera avec Universal pour un film aux marges du western, « Le gentilhomme de la Louisiane », avant de décéder prématurément six ans plus tard, en plein tournage de Salomon et la Reine de Saba dans lequel il devait tenir le rôle titre qui échoira à Yul Brynner. A 44 ans à peine…
Christophe Leclerc