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Radio minus: une radio pour les enfants?

Radio Minus, c'est tout simplement une radio en ligne pour les enfants aventureux. Une radio qui ne se moque pas d'eux car elle est ouverte mais pointue, accessible et exigeante, surprenante et stimulante... 
Elle va inviter les petites oreilles à voyager en découvrant plein de sons farfelus et frapadingues à travers des sélections originales (manger, danser, se coucher, se lever et se laver). Le projet collectif qui embarque toute une équipe de digger est porté par le duo sonore et visuel Gangpol & Mit qui collectionnent depuis plus de 10 ans des disques improbables glanés au fil de leurs voyages.  Parfois il arrive de croiser le Radio minus Sound System pour une boum... à suivre sur leur site ou facebook. Des musiques sérieuses et décalées, inédites et planétaires, pétillantes ou loufoques... En fait, Radio Minus c'est pour les petits mais aussi pour les grands!

Skinshape "Skinshape"

Derrière cette jaquette qui pourrait faire penser à une démo des années 1990, se cache un disque intemporel,  inqualifiable et incroyable. Influencé par la musique des années 1950 et 1970, Skinshape alias Will Dorey, jeune londonien de 23 ans, est également  bassiste et choriste dans un groupe appelé Palace et cofondateur du label Horus Records qui œuvre dans le Reggae. Il nous offre ici son premier album solo au son vintage : un concentré de dub délicatement groovy et d’électro délétère aux sonorités psychédéliques. 
Ce disque comporte quelques maladresses et imperfections mais à travers les sept plages, il transperce les genres avec beaucoup d’adresse et de subtilité et arrive à créer un univers propre. A part quelques invités, l’artiste assure l’ensemble des voix et des instruments (basse, guitare, synthés et percus). Chaque composition est relevée d’une batterie et d’une ligne de basse qui posent un rythme planant, créant ainsi un fil rouge à l’album en lui donnant une couleur de downtempo ou de trip-hop. C’est au final une œuvre originale et brillamment orchestrée, un album au son doux, vintage et feutré...

Skinshape - Skinshape - Melting Records - 2014



Zenzile "Berlin"

Voilà quelques années, que j’attends avec impatience un album de Zenzile qui me transporte à nouveau comme le splendide Modus Vivendi, sorti en 2005. C’est chose faite avec le dernier et huitième album studio qui pourtant sort des sentiers battus. Le projet est à la base un ciné concert créé à partir du film Berlin : la symphonie d'une grande ville (1927), chef-d'œuvre du cinéma expressionniste. Pour autant, cette bande son se suffit à elle même.  C'est un album totalement instrumental, sans invité, une première pour le quintet angevin. Musicalement, les sonorités dub sont mises entre parenthèse. Le groupe s'inspire ici du rock progressif et du kraut­rock, courant rock allemand expérimental des années 1970, qui inspira la scène punk et jeta les bases de la musique industrielle. L’œuvre, composée de onze titres, est alors un voyage difficilement séparable, c'est un tout plein d'émotions qui nous transperce de manière magistrale. Un grand disque, jubilatoire et planant pour tous les amoureux de musique!

Zenzile - Berlin - Yotanka - 2014



Lindigo « Milé sék milé »

« Je suis né maloya, je transpire maloya, je crèverai maloya ». On veut bien croire Olivier Araste, chanteur du groupe Lindigo, tant son maloya, l'un des genres musicaux majeurs de l'île de La Réunion, longtemps dénigré par certains Réunionnais le considérant comme une musique de sauvage trop répétitive pour être intéressante, tant son maloya, je vous disais, est imparable. Lindigo est un groupe qui existe depuis maintenant 15 ans et « Milé sèk milé » est son cinquième album. C'est un groupe qui n'a pas son pareil pour ouvrir un maloya très respectueux des traditions, aux autres musiques. C'est ce qui rend son maloya si moderne, et la présence de l'accordéoniste Fixi, un ex du groupe parisien de rap-musette Java, à la production n'y est pas étranger. Les percussions nous mettent en transe, et l'on se surprend à danser dans notre salon alors que la neige tombe dehors. Le maloya de Lindigo est basé sur la tradition des Kabarés, ces cérémonies où les esprits des ancêtres interviennent à travers le corps des vivants. Fidèle à cet aspect mystique du maloya, « Milé Sèk Milé » a été enregistré en live, dans une cour de Sainte-Suzanne, au nord-est de La Réunion. Une cour où la famille et les amis ont été invités avec leurs enfants, et même des moringueurs, les lutteurs réunionnais, pour apporter une « émulation guerrière ». L'énergie collective de Lindigo sur « Milé sèk milé » est un véritable antidote à l'Hiver.

Lindigo - Milé sék milé - 2014 - Hélico


Ablaye Cissoko & Volker Goetze « Djaliya »

Ablaye Cissoko, chanteur et joueur de kora originaire de Saint-Louis, au Sénégal, et Volker Goetze, trompettiste d'origine allemande, aujourd'hui installé à New York, se sont rencontrés en 2001 au sein de l’Orchestre Jazz Europe Afrique, lors de la création du festival de Saint-Louis. Un grand orchestre qui réunissait des Allemands, des Sénégalais, des Norvégiens, des Camerounais, des Italiens, qui avait pour but de réunir diverses cultures. Depuis ces deux-là ne se quittent plus. « Djaliya » est le troisième album du duo et fait suite au succès d' « Amanké Dionti » sorti il y a deux ans. La veine musicale n'a pas changé : Ablaye Cissoko, grâce aux cordes cristallines de sa kora nous enracine dans sa terre africaine, alors que Volker Goetze, avec sa trompette aux sonorités aériennes, nous élève vers les cieux. La principale différence, sur ce nouvel album, réside dans la présence du percussionniste François Verly. Au final, on découvre un jazz terriblement humain, qui a su revenir aux sources, en Afrique, pour célébrer l'émotion et nous faire rêver. On se surprend à fermer les yeux pour se laisser envahir par la musique et l'émotion. Il paraît, d'ailleurs, qu'on demande souvent à Volker Goetze, pourquoi il ferme les yeux lorsqu'il souffle dans son instrument. Il répond que c'est parce qu'il a... les larmes aux yeux. L'écoute de « Djaliya » d'Ablaye Cissoko et Volker Goetze se révèle un véritable voyage spirituel.

Ablaye Cissoko & Volker Goetze - Djaliya - Ma Case - 2014


Silvia Pérez Cruz & Raül Fernandez Miró « Granada »

Silvia Pérez Cruz, c'est une voix bouleversante. Une artiste baignée depuis toujours dans le classique et le jazz et élevée à la chanson populaire ibérique et latino-américaine. Elle a participé à de nombreuses collaborations et a aussi composé des musiques pour des spectacles de danse, des pièces de théâtre ou pour le cinéma. Raül Fernandez Miró, quant-à lui, est un guitariste plutôt rock mais aux oreilles grande ouvertes sur toutes les musiques. La fusion de ces deux talents donne naissance à un album d'une intensité rare où l'on pense parfois à la puissance émotionnelle de l'artiste tunisienne Amel Mathlouthi. Ces deux-là avaient déjà collaboré en 2006 en reprenant des chansons traditionnelles catalanes et latino-américaines. Aujourd'hui, bien que toujours fidèles aux chants populaires, le couple a diversifié son répertoire. ça part dans toutes les directions, des protest-songs de l'ère franquiste à « L'Hymne à l'amour » d'Edith Piaf. L'émotion, par contre, reste omniprésente, même si des tensions se font parfois palpables. On tremble alors... mais de plaisir. Sur cet album, on retrouve essentiellement UNE voix et UNE guitare. Mais avec une interprétation tellement intense qu'on en reste abasourdi. On pense beaucoup à Jeff Buckley, même si le répertoire est différent : une interprétation intense et une guitare à la douceur acoustique qui alterne avec des sonorités électriques plus tranchantes. Et lorsque le duo reprend un poème de Federico Garcia Lorca, déjà adapté en musique et en version anglaise par Leonard Cohen, on se tait, on écoute, et on verse une larme.

Silvia Pérez Cruz & Raül Fernandez Miró - Granada -  Universal Music - 2014



Vaudou Game « Apiafo »

Il existe dans le berceau de la culture vaudou qu’est la région Togo/Benin, un courant musical qui découle de la rencontre entre musiciens africains et leurs cousins éloignés des États-Unis. Le Poly-rythmo de Cotonou en est son principal représentant, particulièrement apprécié des amateurs de grooves afro depuis les années 70. Le groupe Vaudou Game, monté à Lyon par le chanteur togolais Peter Solo, s'inspire, quant-à-lui, autant des traditions vaudou que des musiques de transe que sont le blues, le funk ou le rythm’n’blues. Avec « Apiafo », Vaudou Game nous offre un album bourré de groove et d'énergies positives, porté par le single « Pas contente », un tube redoutablement efficace dont vous n'avez certainement pas pu passer à côté. Peter Solo y a convié son oncle Roger Damawuzan, soul man vétéran de la scène togolaise, ayant collaboré avec les As du bénin, ou encore l’Orchestre Melo Togo. Mais Vaudou Game n'est pas responsable d'un seul et unique single, mais bien d'un album riche, varié et particulièrement réussi. « Apiafo » possède un son au groove si caractéristique qu'il nous ramène direct dans les années 70. On est même surpris de ne pas entendre les craquement du vieux vinyle déniché au dernier vide grenier de fin d'année. Mais ce n'est pas le cas et Vaudou Game est bien Le groupe afro-funk à suivre cette année et ses dates de concerts à surveiller de près.

Vaudou Game - Apiafo - 2014 - Hot Casa

Retrouvez Vaudou Game aux dernières Transmusicales de Rennes :


Clap ! Clap ! "Tayi Bebba"

Après le EP Tambacounda, chaleureusement accueilli, le Toscan Cristiano Crisci revient avec une nouvelle petite bombe sous le nom de Clap! Clap! chez Black Acre : Tayi Bebba. Un album conceptuel composé de 17 plages intenses et tribales comme un gros coup de tonnerre sous les tropiques. Tayi Bebba est une île imaginaire, chaque piste représente un lieu, un évènement ou un rituel. Musicalement, il nous entraîne dans un monde musical étrange qui se nourrit de rythmes précis et soutenus comme des tambours battants la chamade avec des nappes électroniques envoutantes et de nombreux samples. On se sent happé par les sons, à la limite de l’agression ou de la tachycardie mais c’est au final une transe qui nous submerge avec une irrésistible envie de danser. Un voyage transcendantal fou et percutant qui nous entraine dans un délire sous acide qui sous certain aspect fait penser à la musique spirituelle et mystique de Vendredi (avec un côté plus abrupt). Une bonne dose de vitamine tribale et moite pour l'arrivée de l'hiver !

Clap ! Clap !-Tayi Bebba-Black Acre-2014

Compile "Nova Danse"

Avec les fêtes de fin d'année, il était impossible de ne pas évoquer cette nouvelle compile éditée par Radio Nova courant novembre, Nova: Danse, d'autant que son contenu n'est pas commun dans l'univers des compiles que l'on peut qualifier de festives. C'est en effet la première fois qu'une compilation réunit des titres dansants, variés et qui sortent de l'ordinaire. Elle réunit 10 disques, chacun représentant une décennie, de 1930 à 2020. Le dernier disque s'amusant à imaginer la musique dansante de demain... Musicalement, ce coffret est très riche, comme l'était l'essentiel coffret à toute discothèque digne de ce nom, retraçant les racines imaginées de Radio Nova (1956-1980). Nous retrouvons donc sur ces 10 disques des morceaux de jazz, de swing, de hip-hop, d'électro, de soul, de blues, de rock, de raï, de rumba, de house, de disco, de funk, de ragga, de cumbia, de musique africaine... Un beau tour du monde en musique dansante ! Malheureusement tous les morceaux ne feront pas danser votre tante fan de madison ou votre cousin accro aux beats des boites de nuit mais cela demeure un bol d'air musical à se procurer car son intérêt est bien dans les découvertes qui titillent nos oreilles et qui pourront peut-être enflammer votre dancefloor du samedi soir.
Comme toute compilation, il y a des manques et les choix ont du être difficiles. Pour pallier à ces manques, nous vous proposons donc d'ajouter les morceaux dansants, qui vous semblent indispensables à toute belle soirée festive, dans les commentaires pour endiablé une piste de danse hors du commun extra-ordinaire et qui invite au voyage. A vos claviers !

Nova Danse 1930-2020 - Radio Nova - 2014

  



 

à chacun ses meilleurs albums...

Comme chaque fin d’année voilà le moment du bilan des dits meilleurs albums 2014… jamais exhaustif, toujours réducteur et très subjectif. Nous vous proposons ici un petit tour d’horizons de quelques classements en vrac… histoire d’aller voir ce qui se trame sur d’autres planètes…

Le Canal Auditif, un blogue québécois consacré à la critique des musiques dites indépendantes avec plusieurs sélections de chroniqueurs, Marie Eve Muller par ici, Philippe des Jardins par là ou encore 15 meilleurs EP de 2014 selon Louis-Philippe Labrèche ici.
Songlines propose 10 meilleurs albums de "world music"... 
Une autre sélection de "Global Music" sur Nrp.
100 albums sélectionnés par l'hebdomadaire français les Inrocks.
Les 50 sons qui ont marqué l'année de Radio Nova selon Emile Omar, programmateur.
Spin, 50 albums pour une sélection très éclectique et étonnante, du black métal à l’électro asiatique en passant par la soul !
Stereogum, un des tous premier blog créé en 2002, plutôt orienté rock indépendant et alternatif.
Sens Critique, le réseau culturel participatif français plutôt consensuel mais avec quelques surprises...
Pitchfork, la sélection du magazine musicale basé à Chicago.
Paste Magazine, un autre magazine américain basé dans l'état de Géorgie cette fois-ci.
Rolling Stones,  la sélection du magazine internationalement connu, basé à New-York.
The Guardian, la liste du quotidien britannique... 
The Telegraph, un autre quotidien britannique d'information mais qui nous propose une liste des 28 meilleurs albums de jazz de cette année.
Magazine Mojo, le mensuel anglais musical plutôt branché rock.
Les producteurs de France Musique proposent chacun leur 5 coups de cœur discographique 2014, musique classique of course!
Metalorgie, un webzine qui aime le métal et ses dérivés.
Music Story, l'encyclopédie musicale en ligne nous propose une sélection des meilleurs albums de Blues 2014.
CBC Music, un site de radio canadienne qui présente les 30 meilleurs albums canadiens.
Un autre site canadien par ici, Ma Presse
La Grosse Radio qui sélectionne les meilleurs albums Reggae
Une autre sélection reggae sur ReggaeMani
Ici Musique, propose une sélection des 5 meilleurs albums en musique du monde et plus si affinité...
Et pour terminer en image, une sélection de 10 clips sortis en 2014 sur Noisey !

En conclusion, nous pouvons noter que cela manque un peu de piment, d'audace et de voyage... mais il y a de quoi découvrir quelques disques passés à travers les mailles du filet ! Et si vous avez des suggestions, à vos claviers !

Chancha Via Circuito "Amansara"

Le producteur argentin Pedro Canale (alias Chancha Via Circuito), fleuron du label électro ZZK, nous offre ici un troisième album : Amansara. Un nouveau rêve venu directement d’Amérique du sud, distribué par Crammed Discs. Une musique ancrée dans sa culture et la tradition mais qui garde une force, l’énergie d'une danse chamanique. Avec les années, son travail s’est éloigné de la digital-cumbia pour aujourd’hui affirmer un son plus original, entre nappes électroniques et instruments traditionnels, le tout sur un tempo langoureux. Pedro Canale se joue ici des frontières et des genres pour créer un nouveau son plus suave, plus spirituel. Un album tout en douceur plein de beauté et de poésie qui nous encercle, nous envoute comme dans un rêve plein de mélancolie et de chaleur. Dans une interview pour Mondomix en 2013 Pedro Canale soulignait que « l’électro produite à Buenos Aires se caractérise par une absence de préjugés pour fusionner les rythmes et les genres ». Amansara en est une belle preuve...

Chancha Via Circuito - Amansara - Wonderwheel Recordin - 2014

Lord Paramour "Paramour"

Lord Paramour, ce sont deux amoureux du beat qui se réunissent pour créer un album. Le premier, Marrrtin porte plusieurs casquette dont celles de Graffeur, producteur, Membre du groupe Funky Bijou, Dj de Battle de Break, beatmaker et meneur du prolifique label Stereophonk, connu autant pour ses instrus joués sur les plus grands plateaux de breakdance que pour ses collaborations. Le second, Ajax Tow est un activiste de la scène Abtrack hip hop Française qui puisent ses influences à la fois dans le rock, les B.O seventies et la funk. A deux ils nous offrent sept titres de break beat qui s’enchaînent à l’univers débraillé avec des sonorités acidulées allant piocher diverses influences, des musiques orientales/indiennes, au trip-hop, en passant par le disco et tirant même vers le rock. Sur le titre Agamikal, on retrouve le MC Rennais aux origines irakiennes et ancien leader d’Aiwa. Un joyeux charivari lumineux et coloré qui nous invite au voyage avec un son parfois old school, groovy et pimenté !


Lord Paramour-Paramour-Stereophonk-2014
 

36ème édition des Transmusicales de Rennes

Et voilà, c'est reparti pour la 36ème édition des Rencontres Transmusicales de Rennes, une occasion de découvrir de multiples pépites musicales. Alors pour celles et ceux qui n'auront pas la chance d'y être (comme moi), vous avez à porter de mains, et d'oreilles quelques moyens de découvrir certains artistes qui seront présentés...

Sur France Culture Plus, FACE B propose cette semaine un parcours à la découverte de la crème de la sono mondiale qui comme chaque année représente une part importante de la programmation des Transmusicales, à écouter ici!

Un direct vendredi à partir de 17h sur Radio Campus par ici...

Des vidéos et des lives à regarder sur ARTE+7 par là...

A côté, une playlist, une émission et des live en direct (Jeudi 4 décembre : Max Jury / Vendredi 5 décembre : Pierre Kwenders / Samedi 6 décembre: Moses Sumney) sur Fip...

Et le site officiel pour découvrir la programmation!

La Canaille « La Nausée »

Avec ce troisième album, La Canaille se place dans la continuité d' « Une Goutte de Miel dans un Litre de Plomb » sorti en 2009 et «  Par Temps de Rage » en 2011. La Canaille évolue toujours en marge, de manière indépendante avec une liberté artistique totale. On est loin ici, du divertissement et de certaines productions formatées, sans âme véritable. On peut ainsi placer La Canaille aux côtés d'artistes comme La rumeur ou encore Casey. Ils ont en commun une rage intérieure et une profonde nécessité de l'extérioriser. De véritables révoltés. Marc Nammour est  issu des quartiers populaires, et se place un peu dans la lignée d'un certain Bernard Lavillier, lui aussi porte parole des ouvriers à l'époque du titre « Les mains d'or ». Il nous propose des chroniques de la vie d'aujourd'hui, du quotidien et nous dresse une galerie de portraits : du banquier qui a son bureau non pas au rez-de-chaussée mais « en hauteur », au couple résigné, au silence pesant, lors d'un diner au restaurant, en passant par le p'tit vieux qui sent que la fin est proche et qui supplie la mort, puisqu'il ne croit pas en dieu, de vivre encore un peu. La Canaille, avec un poil de désespoir, mais aussi beaucoup de rage et de colère, nous décrit un triste monde. Marc Nammour y pose son regard sans concession, aucune. C'est un peu  « Fenêtre sur cour » tant on se sent en immersion dans la vie des gens. Pour mettre en abime son propos, La Canaille fait appel à des featurings haut de gamme comme Serge Teyssot-Gay et sa guitare toujours aussi acérée, DJ Pone de Birdy NamNam ou encore Sir Jean du Peuple de l'herbe pour conclure l'album dans un style ragga, peu commun, pour La Canaille. Pas de doute La Canaille et bien j'en suis.

La Canaille - La Nausée - L'Autre Distribution - 2014


Jean-Louis Murat « Babel »

Je n'ai jamais vraiment écouté Jean-Louis Murat par le passé, mis à part lorsque dans ma chambre d'étudiant, j'écoutais les émission de Bernard lenoir sur France Inter. Pourtant le Monsieur sort un nouvel album presque chaque année depuis le milieu des années 80.  Mais avec celui-ci, il se passe quelque chose et la présence du Delano Orchestra, groupe de Clermont-Ferrand venus en amis et voisins, n'y est pas étranger. Jean-Louis Murat est un auteur/compositeur à l'univers rock comme l'atteste sa base rythmique guitare/basse/batterie. Mais son rock est ici largement teinté de folk, avec des bois, des cuivres (trompette en tête) et des vents. Les textes sont habités, intimes, et fragiles. Il est question de vie mais aussi beaucoup de mort, l'enregistrement de cet album ayant commencé à peine un mois après le décès de son père. Murat nous touche en chantant tel un homme triste, mais le Delano Orchestra avec sa trompette, même si parfois funèbre, lui redonne un souffle de vie, un souffle d'espoir. Cet album c'est aussi un voyage en Auvergne, au milieu des volcans. Oh certes ce n'est pas un grand voyage puisqu'on bouge entre Sancy et Chamablanc distant d'une trentaine de kilomètres. Mais le dépaysement est réel : on se retrouve un peu ailleurs, hors du temps, loin de l'agitation des villes. Et il chante un monde qui disparaît, celui des petits villages, comme il l'explique dans les pages des Inrocks : « J’essaie de refaire ce lien que mon père avait rompu en quittant la campagne pour la ville, en reniant sa culture rurale. L’ironie, c’est qu’atteint d’Alzheimer, il n’avait à la fin qu’une seule idée en tête : traire les bêtes, réparer les clôtures, rentrer les foins. » 

Jean-Louis Murat - Babel - PIAS - 2014

Les 10 ans du label No Format

Il y a 10 ans, l'aventure No Format débutait, et d'emblée le label s'est forgé une identité forte, avec des visuels toujours superbes, et l'idée de proposer des projets atypiques. L'exigence et l'ouverture sont la base du projet et les styles musicaux se côtoient, de la musique mandingue au hip-hop français. « Toto Bona Lokua », qui fait partie des premières production en 2004, réunit trois voix, celles de Richard Bona, le Camerounais, Lokua Kanza, le Congolais, et Gérald Toto l'Antillais, pour un résultat pleins de nuances et de douceurs.



Par la suite le label ne va cesser de varier les plaisirs, en produisant le premier album soul/folk « Camphor & Copper » de la Canadienne Mélissa Laveaux, le rap sans concession de Rocé sur « Identité En Crescendo », ou encore l'audacieux duo Kouyaté/Neerman. En 2012, c'est la sortie de « Black Box » de Nicolas Repac qui marque les esprits. Cet album regorge de bijoux de blues contemporain fabriqués en empruntant des sons ici et là. Nicolas Repac les manipule et les ré-assemble tel un véritable orfèvre.



En 2014, le label nous a proposé trois albums bien différents : Un album de pop brésilienne contemporaine signé Lucas Santtana, celui du griot malien Kassé Mady Diabaté, entouré de la fine fleur de la musique mandingue, Ballaké Sissoko, Lansiné Kouyaté et Badié Tounkara, et enfin « Song of Time Lost » de Piers Faccini guidé par le violoncelle de Vincent Segal. Ces deux-là nous enchantent avec leur folk mélancolique et notamment une reprise délicieuse du Réunionnais Alain Péters.



Le label No Format nous invite à l'occasion de ses 10 ans, au Café de la danse à Paris, du 1er au 4 décembre pour une série de concert non formatés !

SBTRKT « Wonder where we land »

Derrière ce nom sans voyelles prononcé « Subtrakt » se cache, littéralement puisqu'il a l'habitude de porter un masque, un producteur anglais de génie, qui s'est fait connaître grâce à des remixs de  M.I.A, Radiohead, ou encore Modeselektor. « Wonder Where We Land » est son deuxième album  et navigue toujours entre dubstep, soul, électro et pop dans la parfaite lignée de James Blake. On y retrouve de nombreuses collaborations avec notamment Sampha (chanteur à la voix langoureuse déjà présent sur le premier album et qui l'accompagne régulièrement sur scène), ou encore l’américain Ezra Koenig, chanteur des Vampire Weekend sur l'excellentissime « New Dorp. New York ». Cet album regorge de trouvailles sonores qui le rendent particulièrement riche et exigeant mais pourtant loin d'être inaccessible. Alors même si on a parfois l'impression d'entrer dans un labyrinthe musicale complexe, on ne se perd pas dans les expérimentations électroniques grâce notamment à des morceaux pop hyper mélodieux comme ce « Look Away » en collaboration avec Caroline Polachek, échappée de Chairlift. Cet album s'écoute et se réécoute du début à la fin, toujours avec autant de plaisir. Et pour un artiste qu'on croyait cantonné à l'art du one-shot et du single, c'est un véritable coup de maître. Et pour ne rien gâcher SBRTKT s'essaie aussi à l'art du hip-hop en invitant Raury, issu de la scène East Coast américaine, à poser son flow express sur « Higher ». « Wonder where we land » de SBTRKT est une pure merveille, et bien la preuve que la musique du 21ème siècle n'a rien à envier à celle du siècle dernier.

SBSTRKT - Wonder where we land - Young Turks - 2014

tUnE-yArDs "Nikki Nack"

Trois après l’excellent Whokill (2011), revoilà une petite joyeuseté à découvrir de tUnE-yArDs ! Quel plaisir de sortir des sentiers battus en écoutant ce nouveau disque, toujours plein de surprises, de fraîcheur et de légèreté.  L'auteure-compositrice-interprète Merrill Garbus est de nouveau  accompagné de Nate Brenner à la basse mais ils ont cette fois-ci lâché un peu de leste sur la production en la déléguant à Malay (Frank Ocean, Big Boi, Alicia Keys) et John Hill (Rihanna, MIA…). Le son et les arrangements sont plus lissés ce qui malheureusement enlève le charme bricolé du précédent disque mais qui lui permettra peut-être une plus grande audience (Merrill Garbus travaillait à coups d’enregistrements sur dictaphone retravaillés par ordinateur). Musicalement alors que le saxophone et les pédales d’effets étaient les principaux composants des deux premiers albums, c’est ici une rythmique omniprésente et le synthé qui sont au centre avec une ligne de basse renforcée. Le chant reste criard et poignant, doux et plein de charme.
Parfois calme, parfois très dansant, c’est au final un joyeux bazar original et décalé qui nous est offert.  Les influences se chamboulent, un punk sautillant, un ragga acrobatique, un chant et des percus africano-urbaine, une pop ludique ou encore un rap saccadé. L’album déborde d’inventivité tout en conservant un univers originale et coloré . Avec ce troisième album, tUnE-yArDs nous offre un petit bonbon qui pétille dans la bouche en se moquant bien des frontières musicales… et ça fait du bien !

tUnE-yArDs - Nikki Nack - 4AD - 2014 

Noceurs « Le Jour - ep »

À l'origine, en 2012, Noceurs est un duo composé d'Agathe Bosch au chant et Ghislain Lemaire, au chant et à la guitare, deux briochins plus habitués aux planches des théâtres qu'aux scènes des festivals de musique. Ce duo s'est finalement transformé en groupe avec les arrivées de Jeff Alluin aux claviers et de Matt La Batte derrière la batterie. Leur premier single « Le Jour » est ciselé au cordeau, rempli de tensions et de sensualité. On pense (un peu) à Fauve pour son côté spoken word et on est saisi par le texte et son interprétation. La musique ne dénote pas, loin de là, avec notamment un clavier vintage nous ramenant au bonheur des seventies. Mais ce mini ep ne s'arrête pas à un single, et Noceurs s'attaque à différents genres (chanson, cabaret, rock, spoken word) sans complexes. Et ils auraient tort de se priver tant les voix d'Agathe et de Ghislain se marient à merveille comme sur « Les Fauves », un titre à l’atmosphère sombre et désenchanté. Alors sachez que le jour où vous allez découvrir Noceurs, ce ne sera pas une erreur et vous vous en souviendrez.

Noceurs - Le Jour (ep) - 2014


Tricky « Adrian Thaws »

Tricky réjouit une nouvelle fois les fans de la première heure grâce à un trip-hop haut de gamme à la production toujours aussi bien léchée. Le gars de Bristol n'a rien perdu de son savoir-faire et garde cette capacité a marier les voix féminines emplies de douceur à des productions parfois rugueuses. Mais le génie de Tricky repose essentiellement sur le fait qu'il reste en recherche perpétuelle. C'est ainsi qu'il va piocher aussi bien dans le hip-hop classique que dans la house, dans le reggae ou encore dans le blues avec un « Keep Me In Your Shake » moite et sensuel interprété par la chanteuse germano-nigériane Nneka. « Adrian Thaws », le titre de cet album, est aussi son véritable nom dans le civil, un patronyme qu'il tient de son père qu'il n'a pas connu gamin. Du coup Tricky semble ici boucler une boucle dans sa carrière puisque «  Maxinquaye » le titre de son chef-d’œuvre et premier album était en fait un hommage à sa mère, suicidée lorsqu'il avait 4 ans. Malgré tout on espère bien que celui-ci ne sera pas son dernier et qu'une nouvelle boucle s'ouvrira encore. Le mini morceau qui clôture l'album, en duo avec Mazy la fille qu'il a eu avec Martina Topley-Bird, est d'ailleurs peut-être une preuve que Tricky a bien la tête tourné vers l'avenir. 

Tricky - Adrian Thaws - False Idols - 2014