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Birth of Joy « Get well »

J'ai véritablement découvert le groupe Birth Of Joy en live au Festival Chausse Tes Tongs 2015. Autant vous dire que ce fut une véritable claque en même temps qu'une déflagration sonore. Le trio guitare/clavier/batterie habite la scène comme personne avec une énergie communicative. La même qu'on retrouve sur cet album avec aussi un sens du groove, et un sens des breaks incomparables ! L’orgue hamond, un pur bonheur, amène souvent à les comparer aux Doors, et il y a bien quelques influences, mais il y a aussi du Black Keys, du ACDC, du Stooges, de véritables incendies rock'n'roll à la Led Zep, mais aussi du Pink Floyd par petites touches planantes. Les influences sont donc très seventies, mais la force du groupe réside aussi dans le fait d'avoir un son et quel son mes amis ! Ce groupe a 10 ans et « Get well », leur 4ème album est particulièrement bien construit, il semble même pensé comme un set live. Du rock'n'roll qu'on prend donc en pleine face, grâce au savoir-faire du groupe, capable aussi de mettre en place des temps de répits blues voir carrément soul. Ces Hollandais sont bien le présent du rock'n'roll. 

Birth of Joy - Get well - Long Branch Records - 2016

Diabologum "#3"

♯3 est le dernier disque de Diabologum sorti en 1996. La réédition de cet album culte en début d'année tombe à point. En effet, entre Fauve, Grand Blanc, Feu! Chatterton et autres paroliers des temps « modernes », cela fait du bien de réécouter Diabologum. Les toulousains Michel Cloup et Arnaud Michniak étaient alors les piliers de cette formation qui a construit un style bien particulier et qui prendra toute son ampleur dans ce troisième disque, #3, entre hargne et désespoir.
Les morceaux au son rock noisy et aux influences grunge absorbent les sonorités hip-hop et les résidus de pop. Les paroles sont plaquées sur des guitares rugissantes, et pourtant au combien mélodiques, comme des poèmes criés à la gueule du monde. Les mots sont alors d’une grande puissance, plein d’éclats et de tristesses larvées. Un disque brut mais qui va bien au-delà du consensus mou, il y a de la révolte dans #3. Des paroles dérangeantes et cyniques. Comme le note Sophian Fanen dans Libération : « C’est un album tout sauf didactique, tout sauf frontal dans son propos autant gorgé d’amour que de détestation, qui raconte en creux ce moment diffus où, à la fin des années 90, une génération s’est rendu compte que malgré ses efforts pour faire partie de la société occidentale plombée qu’on lui proposait, malgré les études et les envies, elle n’aurait pas sa place à moins de prendre le maquis
»... Un album essentiel aux regards des temps mouvementés, un disque à réécouter ou à découvrir sans attendre.

Diabologum - #3 - Ici d'ailleurs - 1996 (réédition 2015)



Boom Pam "Manara & Summer Singles"

A l’origine, Boom Pam est le nom d’un morceau d’Aris San, chanteur et guitariste grec qui s’est installé en Israël dans les années 1950. Il interprétait des musiques traditionnelles à la guitare électrique. Depuis 2003, sous le nom de Boom Pam, un trio israélien délivre un  cocktail de rock énergique plein de clin d’œil aux musiques traditionnelles grec et balkanique. Il aura fallu attendre cette année pour que leurs morceaux arrivent jusqu'à la lune, grâce à leur venue au Festival Babel Med Music.  
Manara & Summer Singles est leur quatrième disque. Il se compose de deux parties: Manara (pistes 1 à 7) principalement composé de reprises instrumentales et Summer Singles (8 à 11) qui sont des morceaux du groupe, le tout enregistré lors d'un week end dans un gymnase du Kibboutz Manara, près de la frontière libanaise. Les morceaux les plus intéressants sont sur la première partie, pour laquelle viennent se greffer Eyal Talmudi au saxophone et Kutiman au clavier et percussions, qui donnent de la profondeur et des airs de western spaghetti. Pour les reprises dont nous avons retrouvé la trace: Telestar est originalement un morceaux enregistrés par The Tornadoes en 1962, Çiçek Dağı‬ est un tube du rocker turque Erkin Koray enregistré en 1968, Delilah Jones est un morceau composé en 1956 par le trio vocal the McGuire Sisters, Cecilia Ann est à l’origine un fabuleux morceaux du groupe de surf mucic The Surftones, déjà repris par le pixies, Neimat Haoud est une reprise de Lehakat Ha’oud’s...  
Boom Pam nous concocte donc ici un mixte de musique méditerranéenne avec un soupçon de surf music. Le résultat final laisse entendre un rock festif très épicée au tuba et relevés avec des rythmiques inspirées de musiques traditionnelles klezmer, mais aussi de sonorités arabes ou des balkans.  Une fusion qui nous enchante par sa fraîcheur et son énergie ! A découvrir en concert?

Boom Pam - Manara & Summer Singles - Essay Recordings - 2013



Songhoy Blues "Music in Exile"

Le Mali reste un terreau musical fertile qui nous offre régulièrement de belles surprises. Courant 2012, Oumar Touré et Aliou Touré, originaires de Gao et de Tombouctou, posent leurs bagages à Bamako pour fuir l'occupation jihadiste qui pourchasse les musiciens entre autre. Lorsqu’ils sont à l’université de Bamako, ils sont alors rejoints par Garba Touré à la basse et Nathanial 'Nat' Dembele à la batterie, seul à être originaire du sud du mali. Le Songhoi Blues prend forme, une réponse à un conflit qui les a poussé à l’exil.
Il y a la chaleur du soleil, des images de désert, des larmes d’exils dans cet album engagé mais aussi beaucoup d’espoir et de vie, mêlant groove africains, riffs de guitares endiablés et mélodies lancinantes. Music in exile, produit par Nick Zinner, le guitariste de Yeah Yeah Yeah et Marc-Antoine Moreau, producteur associé notamment à la carrière d’Amadou et Mariam, s’inscrit autant dans la lignée du blues du désert d’Ali Farka Touré que du rock de B.B. King. Entre musique malienne, chants songhaï et rock fiévreux, c'est un subtil mélange de traditionnel et de modernité qui brille par son énergie et son engagement !

Songhoy Blues - Music in Exile - Transgressive Records / Pias - 2015

Noceurs « Le Jour - ep »

À l'origine, en 2012, Noceurs est un duo composé d'Agathe Bosch au chant et Ghislain Lemaire, au chant et à la guitare, deux briochins plus habitués aux planches des théâtres qu'aux scènes des festivals de musique. Ce duo s'est finalement transformé en groupe avec les arrivées de Jeff Alluin aux claviers et de Matt La Batte derrière la batterie. Leur premier single « Le Jour » est ciselé au cordeau, rempli de tensions et de sensualité. On pense (un peu) à Fauve pour son côté spoken word et on est saisi par le texte et son interprétation. La musique ne dénote pas, loin de là, avec notamment un clavier vintage nous ramenant au bonheur des seventies. Mais ce mini ep ne s'arrête pas à un single, et Noceurs s'attaque à différents genres (chanson, cabaret, rock, spoken word) sans complexes. Et ils auraient tort de se priver tant les voix d'Agathe et de Ghislain se marient à merveille comme sur « Les Fauves », un titre à l’atmosphère sombre et désenchanté. Alors sachez que le jour où vous allez découvrir Noceurs, ce ne sera pas une erreur et vous vous en souviendrez.

Noceurs - Le Jour (ep) - 2014


Adieu Gary Cooper "Bleu bizarre"

Après avoir écumer les salles de Suisse sous le nom de Périne et les garçons, voilà enfin un premier album très rétro de trois musiciens de cette formation accompagné d’un nouveau batteur. Cela donne un album signé sous le nom d’Adieu Gary Cooper chez Moi J'connais Records. Un album très rock’n roll et blues qui rappelle les eighties d’Alain Bashung avec des influences gainsbouriennes ou du Velvet.
Entièrement chanté en français, les morceaux voyagent entre atmosphère psychées et folk garage avec des ambiances vintages et mélodiques. Un album francophone de cette trempe ça fait du bien ! Malgré quelques fragilités et des morceaux un peu courts, ce disque nous embarque dans un autre temps. Après quelques écoutes, on chantonne, on chaloupe, on chavire entre joie et mélancolie… En somme, le Velvet et Bashung en vacances aux Caraïbes.

Adieu Gary Cooper - Bleu bizarre - Moi J'connais Records - 2014




The Craftmen Club « Eternal Life »

The Craftmen Club nous avait laissé en 2010 avec « Thirty-Six Minutes », un album salué à l'époque par les critiques, celles de Télérama,  des Inrocks, mais aussi du blog De la lune on entend tout (!). Ils étaient donc attendus au tournant. Pourtant, depuis, Rien ! Enfin rien en tant que groupe puisque la plupart des membres ont continué à mener des projets divers, on pense notamment au Thomas Howard Memorial du batteur Yann Ollivier, devenu chanteur pour l'occasion. Mais on se doutait bien que les Guingampais feraient leur retour, il restait à savoir quand et sous quelle forme. Le trio est aujourd'hui devenu quartet, avec l'apport d'une seconde guitare en la personne de Mikaël Gaudé aka Rotor Jambreks. Et le son du groupe a sacrément évolué, certainement moins garage, on n'entend plus non plus d'influences americana qui était une de leurs marque de fabrique. Fini aussi les paroles en français. Par contre les Craftmen n'ont rien perdu de leur foi au Rock'n'roll, mais alors absolument rien ! L'ensemble a même pris une dimension nouvelle et a gagné en densité : une rythmique métronomique, des murs de guitares, un chanteur toujours habité, et l'art d'écrire des tubes comme « Vampires » avec son côté  Tv On The Radio. Les Craftmen restent un groupe à forte personnalité, capable de nous dérouiller les gambettes en nous faisant danser sur leur rock, pourtant sombre et lancinant.

The Craftmen Club - Eternal Life - 2014


Black Joe Lewis « Electric slave »

Black Joe Lewis est un véritable punk et il le fait entendre dès le premier morceau « Skulldiggin » de son nouvel album « Electric slave ». Des guitares saturées plein d'effets pour un blues punk qui nous écorche les oreilles. C'est du lourd et c'est tellement bon ! Black Joe Lewis on l'avait découvert en 2009 avec « Tell' Em What Your Name Is » qu'on décrivait déjà comme « jouissif et hautement addictif ». Le deuxième album « Scandalous » n'avait rien gâté, alternant blues à l'ancienne, blues plus actuel, funk et punk. Cette fois la bande de Texans nous balance une véritable bombe électrique qui nous laisse que peu de répit. Du rockabilly à la manière de The Cramps sur « Young Girls », un chant à la Lou Reed période Velvet underground sur « My Blood Ain't Runnin' Right », ou encore une intro façon Aerosmith sur « Der Es Salaam ». Toute la gamme du rock'n roll y passe. Et pourtant Black Joe Lewis ne délaisse pas pour autant ses cuivres chéris. Ils accompagnent souvent ses brûlots rock, mais se taillent aussi parfois la part du lion sur de véritables morceau bluesy ou sur des titres carrément funky à l'image de « Come to my party ». Cet album se révèle une véritable déflagration électrique qu'on prend en pleine face !

Black Joe Lewis - Electric slave - Vagrant Records - 2013


Nick Waterhouse "Time's all gone"

Si l'on vous parle de rhythm & blues façon rétro, avec le nouveau Ray Charles qui pointe le bout de son nez, vous allez me dire qu'on vous en sert 10 comme ça par an et vous aurez certainement envie de fuir. Mais si l'on vous dit que Nick Waterhouse a signé sur Innovative Leisure (le label du génial Hanni El Khatib), que le son totalement analogique de l'album claque franchement, que ça swingue méchamment et que l'ensemble n'a quasi aucun temps mort, cela vaut quand même le coup de s'arrêter dessus. Nick Waterhouse semble promis à un avenir radieux, "Time's all gone" enfile les tubes à la chaine avec une efficacité remarquable. On le suit volontiers dans certains titres prêts à cramer les dancefloors. Les cuivres donnent beaucoup de couleurs à la production et les riffs de guitares sont tendus. L' ensemble est en plus très accessible, les titres sont courts et c'est à partir de là qu'on se dit que ce disque peut réellement devenir le phénomène "vintage" de l'été et inonder nos radios à en vomir. A ce moment là, on pourra toujours revenir sur les classiques du genre. En attendant "Time's all gone" s'écoute avec un réel plaisir. Et si sa musique n'est pas pour le moment indispensable, Nick Waterhouse reste une affaire à suivre.

Nick Waterhouse - Time's all gone - Innovative leisure - 2012

 

She Keeps Bees « Dig On »

« Dig On » est le 3ème album du duo brooklynien de She Keeps Bees composé de Jessica Larrabee, au chant et à la guitare, et d'Andy LaPlant à la batterie, après « Minisink Hotel » en 2006 et « Nests » en 2008. Cet album transpire la sensualité, c'est rock, c'est blues, c'est brut, c'est minimaliste mais c'est aussi et surtout très charnel. Avec des morceaux souvent très courts, la plupart font moins de 3 minutes, le plaisir est souvent immédiat. Des explosions électriques comme sur le single « Vulture », des emballements rythmiques à la Jeff Buckley, la fragilité en moins, sur « See Me », et des montées en puissance avec « Make You My Moon ». Mais aussi des titres plus calmes comme le bien nommé « Calm Walk In The Dark » ou mélancolique avec « Farmer » magnifiquement porté par la voix. Mais le diamant de l'album est « All Or None/Dark Horse » qui commence à capella, suivi de percussions et quelques subtiles notes de guitares. Un titre puissant sans user de la puissance électrique. L'ensemble est brut à souhait, sexy et sans fioritures.

She Keeps Bees - Dig On - 2011 - Ryko

L'album en écoute :




Vidéo d'un titre inédit :

The Foves - L'entretien

Les 5 et 6 août dernier se déroulait la 4ème édition du Festival Chausse Tes Tongs. Un événement pour lequel nombreux sont ceux qui s'investissent sans compter (n'est-ce pas Kristen, Antony, Marc, Stéphanie, Amy, Julien, Maï, et les autres) avec l'espoir de voir naitre un sourire aux lèvres des artistes et les yeux des festivaliers briller. Opération réussie. On retiendra le site joliment habillé par la compagnie les oeils, l'esprit festif des copeaux d’abord et en ce qui concerne la musique, le rock plein de fraîcheur de The Foves, le charisme de Blitz the Ambassador, le charme de Jaqee, les shows électro-rock de Success et de Nasser, le set sans concession de The Jim Jones Revue qui a comblé les amateurs de rock brut, et la belle rencontre Bzh/Mali sous la forme de N'Dialé. Nous avons découvert les Brestois de The Foves, voici le compte-rendu de notre entretien.

Vos Débuts
« The Foves existe sous sa forme actuelle depuis fin 2008 même si les tout début date de la mi-2007. Au départ nous étions seulement 4 avant de trouver la bonne formule avec sax, clavier et percussions, et nous retrouver finalement à 6. »

Votre style
« Nous jouons du pur garage à la Sonics que l'on mêle parfois au british blues des Animals. Mais notre musique ne cesse d'évoluer et sur scène on peut aussi bien faire une cover de ces 2 groupes qu'une reprise de Ten Years After. On prend de plus en plus de plaisir à jamer et notre musique évolue dans ce sens avec des passages portés sur l'impro qui tendent vers le psychédélique. Par contre, le risque est de perdre l'essentiel alors on revient régulièrement à la simplicité. »

Vos influences
« En dehors des Sonics ou de The Animals, qui restent nos influences communes, The Jim Jones Revue fait l'unanimité, mais il y a aussi The Blue Van, un groupe danois peu connu en France, qui a pourtant déjà sorti 3-4 albums. Leur 1er album "the art of van" est vraiment excellent. On écoute aussi les White Stripes, The Black Keys,... essentiellement du rock. Mais chaque membre écoute des styles différents : un peu de pop de branleur, de la pop dépressive, du rock progressif, et il n'y a pas de clause dans le contrat du groupe qui interdit d'écouter les Black Eyes Peas par exemple !!! Sinon on reste très ouvert. Par exemple, on a découvert dernièrement un artiste comme Eli Paperboy. »

Les Tournées-Concerts
« Après la sortie du premier ep, nous avons effectué une quinzaine en Belgique, Allemagne et Pays Bas, des pays où nous avons découvert de véritables passionnés de rock. Là bas, les gens écoutent d’abord notre concert et prennent une biture ensuite alors qu'en Bretagne c'est un peu l'inverse ! Nous avons joué dans des endroits un peu folklo. Notre meilleur souvenir de concert reste lorsque nous avons joué à Hambourg dans une cave d'une dizaine de m2 où il n'y avait rien mis à part un frigo rempli de bières ! Un autre lieu mémorable, c'est le White Trash Fast Food à Berlin qui est l'un des fiefs de Lenny de Motorhead. C'est un bar vraiment barré. Derrière une façade style cabaret dinatoire se cache une arrière salle de dingue  avec tatoueurs, cinéma porno, un véritable complexe rock'n'roll. »

Un Enregistrement?
« Après la sortie d'un premier ep en 2010 "Get A Ride With​.​.​. The Foves", enregistré à l'ancienne sur bande avec donc un son très particulier, nous travaillons sur un LP en autoproduction, et comme la musique n'est pas notre activité principale, c'est pas toujours évident. Aujourd'hui, une bonne partie des morceaux sont prêts mais nous aimerions bien enregistrer plus que 12-13 morceaux pour pouvoir choisir ensuite. »

En savoir plus :

Cheveu "1000"

Le test du second album, celui de la maturité ? de la confirmation ? et bla bla bla et bla bla bla ... Donc "1000", le deuxième album du groupe Cheveu vient donner un grand coup pied à tous ces clichés. Sans modifier l'ensemble de leur style ils envoient les choses différemment et c'est tant mieux. ça reste du Cheveu mais les tons et les ambiances varient sérieusement. Les cordes ajoutées d'entrée à "Quattro stagioni" en attestent, l'amorce pop de "Charlie Sheen" aussi, mais dans ce morceau une véritable déflagration balaye l'atmosphère après trente secondes et puis ça sonne comme une évidence, ce morceau qui aurait pu être sympa sans plus, prend une toute autre dimension avec ces hurlements, on reste scotché. C'est un peu ça "1000", les pistes s'enchainent et surprennent souvent. Leur musique est dépouillée, toujours, garage par moments mais ils s'aventurent souvent où on ne les attend pas. Si "Ice ice baby" n'est pas l'un des titres les plus forts de l'album, cette reprise d'un tube hip hop variété de Vanilla Ice reflète un peu l'ambiance de l'album. Et quand on prend le temps de l'écouter, on se retrouve devant un disque solide avec son paquet de magots, à "Quattro stagioni" et "Charlie Sheen" s'ajoutent "Like beer in the headlights", "My first song", "Bonne nuit chéri" ou "Impossible is not french". Le mieux c'est qu'on a le sentiment que l'ensemble est géré avec une certaine nonchalance et c'est ce qui donne à ce disque une réelle "classe". Alors oui, Cheveu confirme mais le plus important c'est que "1000" est encore meilleur que son devancier et que ce trio dispose d'une belle réserve de créativité, vivement la suite.

cheveu - 1000 - Born Bad - 2010

Amanaz "Africa" ; Witch "Lazy bones !!"

Le label Now Again est en ce moment dans une période faste avec la sortie il y a peu de la compilation "Black man's cry, the inspiration of Fela Kuti", le 2eme album de The whitefield brothers (chronique de Maï ici ) et enfin ces derniers jours la réédition de deux albums zambiens des années 70. Il s'agit de Switch avec "Lazy bones !!" et de Amanaz et son "Africa". Ce sont deux disques majeurs du Zambian psych rock. C'est au moment où la Zambie traverse de graves périodes politiques que ce mouvement musical prend tout son essor. Une émergence de groupe "Zam Rock" voit le jour à Lusaka et chingola. La musique de Amanaz est très directement inspirée du rock de Jimi Hendrix et manifestement de beaucoup de groupes psychédéliques. On y retrouve aussi un petit côté funk sur certains morceaux. L'Afrique est bien entendu présente et les riffs de guitares alternent au gré des pistes entre acidité et sons plus chaloupés, c'est quand même bien de rock qu'il s'agit au final. L'album n'a pas a rougir de ses contemporains continentaux et on ne compte pas les morceaux qui auraient pu se faire une place au soleil si ils avaient disposés d'une distribution équivalente à certaines productions européennes par exemple. Witch tend vers la même direction mais avec un style plus "british" sur certaines pistes. Là aussi on retrouve des riffs de guitare étonnants, on a vraiment l'impression d'être très loin de Zambie. Now Again nous donne donc une belle occasion de (re)découvrir ces deux groupes phares du "Zam Rock", ne boudons pas notre plaisir.

Witch - Lazy bones !! - 2010 - Now again
Amanaz - Africa - 2010 - Now again

Royal Bangs « Let It Beep »

 
Royal Bangs se lance dans la fameuse et tant redoutée aventure du second album et ma foi, cette étape douloureuse pour beaucoup semble n'avoir été qu'une partie de plaisir pour ce quintet originaire de Knoxville (USA). Ce "Let It Beep" révèle un joyeux chaos d'influences, rappelant autant le groove funky de The Rapture que le romantisme grunge façon Dinosaur Jr., et même si aux premiers jours de 2010 les Royal Bangs n'ont rien inventé de nouveau, leur énergie fait plaisir a entendre et le titre "My Car is Haunted" en est une parfaite illustration alors en voiture et let it beep. 

Royal Bangs - Let It Beep - 2009 - City Slang



Brownout « Aguilas and Cobras »

"Aigles et Cobras" en français est le titre du second album du collectif Brownout, avec à sa tête le très occupé Adrian Quesada. Entre leurs collaborations avec le Grupo Fantasma (Brownout est une formation réduite du Grupo) ou les accompagnements de Prince en backing-guitar, le combo d'Austin nous sert ici un hardcore-latin-funk où percussions, cuivres et guitares s'en donnent à cœur joie. "Con el cuete" donne le ton en ouverture avec sa grosse basse et ses claviers plutôt bien amenés. Les musiciens alternent avec sérieux les morceaux groovy bien rétros et ambiances plus actuelles grâce à une production impeccable. Les guitares ont une forte place tout au long de l'album avec distorsions, saturations, wah-wah, cocottes et compagnie ce qui fait qu'inconsciemment on ressent un peu de Carlos Santana dans l'ensemble mais pas que. Les influences sont aussi afro ou jazzy et très clairement P-funk sur "Slinky" où l'on croirait entendre un morceau de Funkadelic ou Parliament. Les pistes de l'album sont très variées à dominante funk tout de même. Brownout propose un univers très riche et l'ennuie ne prend jamais."Aguilas & Cobras" est le genre de galette idéale à passer en boucle.

Brownout - Aguilas and cobras - 2009 - six degrees records

Ariana Delawari « Lion of Panjshir »

Lion of Panjshir c'est le surnom de Massoud, combattant pour la liberté en Afghanistan, mais c’est aussi le premier album d’Ariana Delawari, Californienne d’origine afghane. Sa famille ayant quitté l’Afghanistan quelques  jours avant sa naissance en raison de l’invasion soviétique, elle grandit aux États Unis, dans une maison où la musique traditionnelle anime les réunions familiales. En même temps, on l’imagine très bien écouter  Jimi Hendrix, John Lennon, et Janis Joplin, volume à fond, dans sa chambre d’adolescente. Après les attentats du 11 septembre, ses parents retournent dans leur pays d’origine aider à sa reconstruction, sa mère travaillant notamment pour les Nations Unies. Ariana, elle, reste, poursuivant ses études de cinéma. Elle réalisera son premier voyage à Kaboul en Octobre 2002 avant d’y retourner chaque année. L’histoire d’Ariana Delawari, brièvement résumée permet de mieux comprendre cet album à la double culture pleinement assumée et enregistré entre Kaboul et Los Angeles avec le guitariste Max Guirand et le violoniste Paloma Udovic. A Kaboul, l’enregistrement s’est déroulé dans la maison familiale en collaboration avec des musiciens afghans sous la protection de gardes équipés de AK 47. La musique est une juxtaposition d’influences plus qu’un véritable mariage et donne un résultat à la tension omniprésente. Cet album commence de façon très rock un peu à la Scout Niblett et ce n’est qu'à partir du 3ème titre « Be Gone Taliban » que les influences moyen-orientales se font entendre. Après les titres « américains », plutôt tendus, l’émotion n’est que plus forte et l’admirable « Laily Jan » chanté en afghan avec tabla, dilruba et rabab nous transporte littéralement en Afghanistan. Entre cordes et percussions c'est un pur bonheur. On navigue ensuite du Moyen Orient en Amérique avec notamment le superbe « Cheshme Siah Daree », reprise de Ahmad Zahir ou « Don't Fight the Love », dont la ligne de guitare fait penser à celle de Chris Isaak sur « Sailor et Lula », célèbre classique de David Lynch. Pas un hasard puisque cet album est signé sur le label du cinéaste qui a même produit le titre « Suspend Me ».

Ariana Delawari - Lion of Panjshir -2009 - David Lynch MC


The Dead Weather « Horehound »

Jack White signe avec cet album un nouvel incontournable du rock actuel. Enregistré chez lui à Nashville en trois semaines, "Horehound" réunit sous le nom de Dead Weather quelques personnalités marquantes de la scène rock ; Alison Mosshart des Kills (au chant), Jack Lawrence des Raconteurs (à la basse) et Dean Fertita des Queens Of The Stone Age (aux guitares et claviers). Jack White assure donc sur cet album les parties de batterie, étonnantes d'idées et d'imperfections rafraîchissantes. Il partage aussi le chant avec la sensuelle Alison Mosshart. De l'urgence du projet naît un album de blues-rock garage, enflammé et instinctif. Chaque morceau répond à des influences musicales différentes du «quasi-reggae» "I Cut Like A Buffalo", au tranchant "Treat Me Like Your Mother" teinté d'électro en passant par le funky "New Pony" ou à l'instrumental "3 Birds" lorgnant du côté du dub. Tout cet assemblage couine et grince à merveille. L'ambiance qui résulte de cette drôle de marmite est profondément mystérieuse et rugueuse. Et si la dernière plage acoustique de l'album "Will There Be Enough Water?", sorte de blues de griot du bayou, nous fait redescendre en douceur, elle ne suffira pas à éteindre l'incendie. 

The Dead Weather - Horehound - Third Man Record - 2009



Vic Chesnutt « At The Cut »

chronique de l'album de Vic Chesnutt At The CutSur son nouvel album, Vic Chesnutt nous envoie d'entrée une véritable claque avec le titre « Coward ». Quelques arpèges de guitare, des cordes, puis le chant... « I am a coward », « je suis un lâche », un chant qui se mue parfois en cri de douleur. La guitare s'électrise alors, elle aussi criante, la batterie est frappée lourdement, puis le morceau se calme. Mais l'ambiance de l'album est définitivement posée. C'est sûr, on ne ressortira pas indemne de son écoute. Par la suite, on va alterner entre folk acoustique avec guitare sans aucun florilège, des airs plus jazzy où les balais caressent les peaux de la batterie, des arrangements de piano magnifiques, et des envolées électriques parfois dévastatrices comme sur « Philip Guston », où la voix revient plus puissante, et les guitares acérées. Chaque morceau est une pierre essentielle à l'édifice que forme « At the cut ». Et comme sur son précédent opus, « North Star Deserter », l'artiste canadien, à la fragilité tangible, est soutenu par Guy Picciotto, guitariste de Fugazi et les membres de A Silver Mt. Zion, des collègues du label Constellation. Des musiciens qui donnent toute son aspérité aux compositions de Vic Chesnutt où l'on flirte autant avec la mort, «  Flirted with You All My Life », qu'avec la beauté pure.

Vic Chesnutt - At The Cut - Constellation - 2009
 

Coming Soon « Ghost Train Tragedy »

Étant donné la qualité de leur 1er album « New Grids », et des performances live de la bande originaire de Kidderminster, une bourgade virtuelle, à proximité d'Annecy, c'est avec un plaisir non dissimulé qu'on monte dans ce train fantôme en compagnie de Coming Soon. L'album démarre en trombe avec « Walking », titre bien rock, toute guitares dehors, chanté par Howard Hughes. Ainsi, le groupe marque d'entrée son évolution, et sa différence avec le précédent opus, bien plus rustique et plus folk. Par la suite, le groupe va faire la démonstration de tout son potentiel. Howard Hughes pose sa voix grave sur la majorité des morceaux, parfois accompagné par la jolie voix de Mary-Salomé, multi-instrumentiste puisqu'elle joue aussi bien  des percussions style balafon, que de la trompette ou de la flûte. Mais le leader vocal laisse aussi le micro aux autres membres du groupe avec des atmosphères chaque fois différentes bien que toujours influencés par le rock des années 70 (Comment ne pas songer au « Marquee Moon » de Television sur « Don't Sell Me To The French » ?). Leo Bear Creek, le tout jeune batteur, prouve à cette occasion avec « School Trip Bus Crash », très influencé par les mélodies des Beatles ou des Beach Boys, qu'il n'a aucun complexe. A l'arrivée le voyage en train fantôme se révèle plus être une véritable bouffée de fraicheur qu'une plongée claustrophobique dans des couloirs sombres parsemés d'étranges surprises. On est bien loin finalement de la tragédie annoncée dans le titre.

Coming Soon - ghost train Tragedy - 2009 - Kitchen  Music


Black Joe Lewis & The Honeybears "Tell' Em What Your Name Is"

La relève soul sort les griffes, Black Joe Lewis & The Honeybears est un combo texan constitué de huit musiciens célébrant l'esprit de la soul et du blues avec un plaisir de jouer manifeste. Joe Lewis innove plus qu'il n' y parait, réinsufflant une vitalité et une tonalité plus "dirty sound" que la plupart des productions actuelles. Comment résister à un tel disque avec des brulots comme "Boogie", "I'm broke" ou encore "Sugarfoot" , je vous mets au défi de rester immobile en écoutant ces morceaux. Les quelques 30 minutes de ce "Tell Em What Your Name Is" ne laissent pas de place à l'ennui, jamais la fonction "repeat all" n'a été aussi utile. Black Joe Lewis et ses Honeybears nous livrent avec ce premier essai jouissif et hautement addictif, le chaînon manquant entre le blues et le punk-rock américain.
myspace / le site
 
Black Joe Lewis & The Honeybears -Tell' Em What Your Name Is - 2009- Lost Highway