A Banyuls la fête des Vendanges explose

A l’occasion de sa quinzième édition La  Fête des Vendanges se dilate. Elle dure désormais 6 jours et elle a bien changé. Il faut bien que les choses évoluent. Mais sans être d’incurables nostalgiques du passé, on a du mal à retrouver dans ce qui se passe aujourd’hui cette invention directement née du cru qui avait  dans les premiers temps l’allure d’une vraie « fête des voisins » comme il s’en fait de plus en plus, même dans les quartiers des grandes villes.

La fête des Vendanges à Banyuls n’est plus aujourd’hui « l’immense fête intime » qu’évoquait  Nord Eclair  (un journal bien loin de chez nous, pourtant)  en 1999. « Une fête, concluait l’article, infiniment intime et douce ». On ne voit plus guère les camions décorés, partant de l’école pour la bénédiction de la vendange des enfants comme le signalait Terres Catalanes qui exprimait si bien l’intention de ses créateurs : pas une « fête du vin » comme on en a tant vu. « Mais écrivait le journal, là où les Banyulencs ont fait preuve d’ingéniosité, c’est lorsque le petit groupe qui compose la commission Viticulture, conduit par Cathy Rousseill et Jean Baills, adopta le thème « vendanges à l’ancienne » en mobilisant l’ensemble de la population, des enfants espiègles aux retraités des feixes, sans oublier les commerçants … et les vignerons, bien entendu ». Le célèbre chroniqueur gastronomique et médiatique Jean-Pierre Coffe ne s’y était pas trompé non plus. Le 6 août 1996, dans une longue chronique radiodiffusée  consacrée à la fête et à son initiatrice Cathy Rousseill, il n’hésitait pas à conclure après avoir longuement vanté ses mérites « Est-ce que cette femme ne mérite pas notre admiration ? ». Et pour tous ceux qui connaissent le dévouement, la modestie naturelle de Cathy et son amour pour son village, inutile d’ajouter que l’hommage était fort bien venu.

Aujourd’hui et depuis déjà longtemps quand les barques arrivent on ne jette plus le maire à la mer, ça pourrait être dangereux ; aujourd’hui on enferme les dégustateurs sous un chapiteau et on parle même de tirer le banyuls du tonneau, comme le plus vulgaire picrate ; aujourd’hui on s’efforce d’attirer le plus grand nombre de visiteurs extérieurs au risque de voir la plage vide dès 17h. après que les gens heureux aient préféré laisser la place aux derniers imbibés en s’efforçant de ne pas trop macérer dans les embouteillages ; aujourd’hui on ne se contente plus des musiques proches de chez nous, et pourtant il n’en manque pas, on préfère aller chercher à prix d’or des bandas lointaines. Aujourd’hui, la fête des Vendanges ne se contente plus du temps du week-end, elle s’enfle et se dilate. Souhaitons-lui que pour le bonheur futur des Banyulencs, il ne lui arrive pas le même sort qu’à la grenouille de la fable.

Y.L.