Jour merveilleux

Pascal Giroud

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Jour merveilleux

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D‘un geste rapide, je sélectionnai son numéro dans mon répertoire et lançai l’appel. Une sonnerie retentit dans l’écouteur, plusieurs fois, puis le message du répondeur récita sa litanie. Je coupai la communication sans attendre sa fin. Je pensai que le portable de Mylène devait être déchargé ou qu’elle ne l’avait pas entendu sonner. Pour en avoir le cœur net, je composai alors le numéro du fixe de la maison. Je laissai sonner jusqu’à ce que le répondeur de la Freebox se mit en route. Je coupai dans un geste d’impatience et aussitôt, je recomposai le numéro. Personne là encore ne répondit. Mylène devait être absente. Je refis une tentative sur son portable sans plus de succès. De guerre lasse, je déposai mon appareil sur la table et le remplaçai dans ma main par un verre de pastis allongé d’eau fraîche. Je portai mon verre à mes lèvres et une gorgée de la boisson au goût d’anis glissa dans ma gorge en laissant sur mes papilles une agréable saveur de réglisse. « — Elle ne répond pas ? » me dit tante Martha. « — Non, répondis-je, non, elle ne répond pas. » Gardant pour moi l’agacement que ce silence avait fait naître. Plusieurs fois dans l’heure qui suivit, je retentai ma chance, vainement. À chaque appel sans réponse, je sentais monter en moi un peu plus d’une sourde colère. Vers huit heures, par dépit, je téléphonai chez nos voisins, dont le mari était devenu plus ou moins un ami par défaut. C’est lui qui me répondit. Comme leur maison était mitoyenne de la nôtre, je lui demandai si lui ou sa femme avait aperçu Mylène, si elle était chez nous, s’ils n’avaient rien remarqué de particulier ou encore si notre voiture était garée devant la maison, toutes sortes de choses auxquelles ils ne surent pas répondre. « — Écoute, proposa Lucas, le plus simple est que j’aille voir ce qui se passe et puis je te rappelle. D’accord ? » Quelques minutes plus tard, mon portable vibra. Je ne lui laissai pas le temps de jouer sa musique. C’était Lucas. Il avait sonné à notre portail, mais personne ne lui avait répondu. Il ne lui avait pas semblé qu’il y ait eu quelqu’un à l’intérieur de la maison. Rien ne le laissait croire en tout cas. D’ailleurs, pour le conforter dans cette idée, il n’avait pas vu la voiture que Mylène ne rentrait jamais dans le garage à cause de l’étroitesse de celui-ci préférant la garer dans la rue. Du coup, ma colère stagnante se mua instantanément en angoisse. En une seconde, mille images déferlèrent dans mon esprit. J’imaginais surtout la survenue d’un accident de la route. Si les parents de Mylène avaient encore habité la région, j’aurais pu la croire chez eux, mais depuis deux ans, ils avaient déménagé et étaient allés vivre dans le Finistère. Mylène ne serait jamais partie si loin sans moi et qui plus est, sans m’en avertir.

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