Littérature et Histoire

L'écrivain et historien Jean Louis von Hauck en visite culturelle au Pays des ancêtres des frères Goncourt. 

Jean Louis von Hauck évoque les frères Goncourt dans les colonnes de la Renaissance Lochoise. 

L'écrivain et historien Jean Louis von Hauck évoque les frères Goncourt dans les colonnes de la Nouvelle République. 

L'écrivain et historien Jean Louis von Hauck et les frères Goncourt, dans les colonnes de Vosges-Matin.

Le journaliste Globe-Trotter Thierry Georges en présence de l'ouvrage "L'Audace et l'Insolence des frères Goncourt " devant l'hôtel The Peninsula à Hong Kong. 

L'écrivain et historien Jean Louis von Hauck en conférence à la ROCHE POSAY

A la pointe nord de l'éperon rocheux dominant la vallée de l'Indre, à l'ombre de l'une des résidences favorites des Valois, la cité royale de Loches, vivait un écrivain paré de tous les talents. 

En effet Pierre Bourgeade était doté de la grâce de l'écriture et s'était illustré à maintes reprises dans l'univers des lettres. 

Je pense à lui, à celui qui était devenu un ami. 

Un homme d'une discrétion et d'une délicatesse à nulle autre pareille. 

C'est à mon ami Frédéric Mis, remarquable photographe à l'agence Opale, que je dois cette rencontre, à l'occasion d'une journée consacrée à un rituel immuable, la visite à notre ami commun le bouquiniste Yves Pontlevoy. 

Pierre Bourgeade était attablé dans un café situé au coeur de la ville, un établissement faisant face au majestueux hôtel de ville de cette magnifique cité chargée d'histoire. 

Pierre qui avait la plume prolixe était un taiseux, un être secret, réservé. Un personnage à l'écoute et à l'affut de la moindre agitation humaine. 

Qui aurait pu croire qu'il était l'un des plus prestigieux écrivains de la seconde moitié du XXème siècle? Et certainement l'un des plus originaux. 

Il était d'une humilité qui n'avait d'égal que son immense talent, une puissance de travail inouie, toujours plusieurs ouvrages en chantier et plusieurs pièces de théâtre en gestation. 

A la veille de publier un ouvrage consacré aux frères Goncourt, je pense à lui, à celui qui avait manqué de peu le prestigieux prix décerné chaque année depuis 1903. 

Dramaturge, romancier, poète, scénariste, réalisateur, journaliste, critique littéraire et photographe, Pierre, l'ami au sourire clair et malicieux, en lice pour le prix Goncourt 1983, n'obtient hélas que deux voix au deuxième tour de scrutin pour un récit brillant, dépouillé, une expérience cruelle d'un jeune homme appelé à combattre en Algérie, qui se borne à relater les faits, sans jamais les commenter. 

Un ouvrage remarquable, "Les Serpents" qui sera considéré par l'écrivain et critique littéraire Jean Pierre Amette comme: " Peut-être le plus beau livre écrit sur la guerre d'Algérie", et qui obtient le prix  Mottart de l'Académie française. 

Pierre que j'avais le bonheur de rencontrer à Loches comme à Paris était d'un commerce agréable, il encourageait ses amis, et jamais n'évoquait son oeuvre, ses distinctions, son fabuleux parcours. 

L'homme de lettres que je rencontrais au café de Flore avait été couronné par le prix Hermès-ESCP, le prix Max Barthou de l'Académie française(1979), le prix Mottart de l'Académie française(1983), le prix du public et de la photographie Monte-Carlo, le grand prix Paul Féval de la littérature populaire de la Société des gens de lettres. 

Pierre, qui descend d'une fille de Louis Racine, le fils du célèbre Jean Racine, qui avait épousée un Basque, de la famille d'Harriage, de Bayonne, l'ancêtre de sa grand-mère maternelle, était né à Morlane, un petit village situé dans les Pyrénées-Atlantiques, le 7 novembre 1927. 

Il avait développé une oeuvre polymorphe placée sous l'héritage de Sade, d'André Breton et de Georges Bataille. Il était aussi l'ami du peintre, photographe et réalisateur de cinéma Man Ray, acteur du Dadaisme à New York, puis du Surréalisme à Paris. 

Pierre, l'ami élégant, discret, facétieux et profond me manque, énormément. Echanger avec lui était un privilège. 

Découvert par l'écrivain, critique littéraire et éditeur Georges Lambrichs, qui était l'âme de la littérature française dans les années 1960-70, Pierre intégra la collection Le Chemin au coeur des Editions Gallimard.

Lambrichs s'entoura d'un groupe qu'il réunissait au café l'Espérance composé d'auteurs tels que: Michel Butor, Jean Marie Gustave Le Clézio, Pierre Bourgeade, etc...  

Pierre qui résidait à Paris dans un vieil immeuble rue de l'Ancienne Comédie face au célèbre Procope et rue Saint-Ours à Loches, était un guide, un phare, une boussole, un ami charmant, qui, par une parfaite limpidité de style, était l'un des meilleurs prosateur de son temps. 

Il se manifestait souvent par un clin d'oeil culturel dont il avait le secret. Il déposait dans votre votre boîte à lettres un de ses ouvrages, et c'était la joie, le privilège d'admirer son style, son talent, cette générosité, le fruit du travail d'un auteur de premier plan. 

A son contact, rien ne pouvait vous laisser à penser que l'on se trouvait en présence d'un homme de lettres unanimement reconnu par ses pairs, mais qui étrangement n'avait pas rencontré la gloire littéraire qui lui était promis. 

Ses ouvrages, principalement publiés aux éditions Gallimard traitent de la société et de l'histoire contemporaine: New-York Party (le capitalisme américain), L'Armoire (la dissidence), Le Camp (l'univers concentrationnaire nazi), Les Serpents (la guerre d'Algérie). 

Pierre évoque aussi la vie intérieure, Les Immortelles, l'Aurore boréale, l'Empire des livres, La Nature du Roman, publié par Jean Jacques Pauvert. Il est aussi l'auteur de nombreuses pièces de théâtre dont deux sont liées à des dates marquantes de la création contemporaine: en 1969, Orden, mise en scène Jorge Lavelli, avènement du "Théâtre musical" et 1976, Palazzo Mentale, créée par Georges Lavaudant, prix du Syndicat de la critique dramatique. 

Pour évoquer d'autres pièces de Pierre, citons: Deutsches Requiem, mise en scène de Daniel Benoin, Fragments pour Guevara, mise en scène de Michael Lonsdale. Le Procès de Charles Baudelaire, mis en scène de Dominique Quéhec. Petite Zoologie amoureuse PZA, mise en scène de Maurice Attias, L'Autorisation, mise en scène de Jacques Rosny. 

Pierre adapte également des textes de Georges Bataille: Ma Mère et La Mort, mise en scène de Maurice Attias.

Il adapte ensuite pour Jean Louis Barrault : Antigone de Sophocle et les Oiseaux d'Aristophane, le dernier spectacle monté et joué par Jean Louis Barrault au Théâtre du Rond Point. 

Pierre a aussi travaillé sur le livret d'un mélodrame fantastique consacré au Marquis de Sade TERESA, mise en en scène par Marc Adam au Château de Lacoste en juillet 1995. 

Il a écrit des scénarios  et à réalisé un court métrage, La Table d'Emeraude, interprété par Michael Lonsdale. 

Mon ami Pierre collabora à de nombreuses revues littéraires: La Nouvelle Revue Française, Diagraphe, La Quinzaine littéraire, L'infini. 

Hugo Marsan, dans le journal Le Monde évoque le 20 novembre 1998 l'oeuvre de Pierre: 

" Les livres et les pièces de Pierre Bourgeade ont en commun une écriture rigoureuse et efficace, à la gloire de l'être humain, solitaire, mais impliqué dans les grands tourments de la planète, toujours unique et totalement charnel". 

Hanté par l'histoire, l'érotisme et le sacré, Pierre fut salué par Maurice Nadeau comme héritier d'André Breton et Georges Bataille, et pour le dictionnaire des écrivains contemporains publié par Jérôme Garcin, il avait écrit sa propre biographie. 

Pierre avait pour certitude que "l'art à de tout temps été une grande bataille pour la liberté". Avec courage et ténacité, il l'a menée sans concession ni faiblesse. 

Il disait: "Mon silence n'a que les apparences du silence, ça ressemble au silence, ça a la couleur du silence, mais ce n'est pas du silence". 

Pierre est aussi l'auteur de "L'Objet Humain", un ouvrage d'entretien avec Sylvie Martigny et Jean Hubert Gaillet que je conseille vivement aux lectrices et aux lecteurs qui apprécient l'oeuvre de Pierre, ils découvriront l'homme de lettres, l'écrivain rare, l'artiste talentueux, l'homme mystérieux et énigmatique. 

((L'Objet Hummain, Collection l'Infini, dirigé par Philippe Sollers, Gallimard, date de parution, 14 janvier 2003.))

En hommage et à la mémoire de mon ami Pierre je reproduis ici la petite chronique que j'avais publiée le 19 septembre 2011:

" Le café de Flore à fait son apparition en 1885, il doit son nom à une sculpture de la déesse du printemps Flore située de l'autre côté du boulevard. 

Vers 1913, Appolinaire y est en réunion avec André Breton et Louis Aragon. 

Le mot "surréaliste" est alors inventé et le mouvement "dadaisme" est fondé.

Dans les années 1930, le Flore est un lieu de rendez-vous littéraire, Bataille, Desnos, Fargue, Queneau, Leiris, Derain, Giacometti, Zadkine, Picasso, Sartre et Beauvoir en font leur siège. 

J'allais y retrouver avec bonheur un personnage très talentueux qui m'encourageait à écrire, l'écrivain Pierre Bourgeade.

Pierre Bourgeade, un homme aux multiples facettes que j'ai eu le bonheur de compter parmi mes amis. 

Merci cher Pierre, pour ces moments de grâce. 

Pierre est parmi nous pour toujours. 

Jean Louis von Hauck 

Ecrivain, historien, chroniqueur, conférencier. 

Le Vendredi 23 Août 2024.  

Adieu Alain Delon, 

Une incomparable étoile a rejoint la galaxie.

Je retiens son magnétisme, sa fidélité, son sens des valeurs, son émouvante fragilité. 

"Il n'y a pas de plus profonde solitude que celle du Samourai. 

Si ce n'est celle d'un tigre dans la jungle".

Adieu Alain, repose en paix. 

Jean Louis von Hauck 

Le 18 Août 2024.