J'ai trouvé ton odeur. Elle m'a surprise.
Hésitante, j'y suis revenue, par petites touches. Je suis revenue humer ces petites notes, simples molécules. Jusqu'à pouvoir en apprécier l'accord musical dans son ensemble. Fragile et délicat.
Sans aucune dissonance.
Dans l'instant.
Seuls tes yeux dans le vague ont apporté cet élément nécessaire, ce souffle qui dit l'incertitude des choses. Ce souffle qui fracasse. Ou ce souffle qui envole.
L'immanence de ce qui sera.
Tout simplement.

Crédit photo : Manfred Baumann

Les lumières de la veilleuse
Aurores boréales sur les paupières
Qui m'empêchent de sombrer
Le souffle doux de celui qui dort
Et m'offre la chaleur de son corps
Pour quelques heures encore
En attendant le moment de partir
Dans les mots chuchotés
Par respect pour la nuit
Parce que les mots sont blasés
Comme les regards qui sourient
Comme les aurevoir
Bien sûr sans savoir quand
Mais quand même dans pas longtemps
Et que juste dans l'instant
Ce n'est pas si important
Les amants de l'automne
Ont ce pouvoir-là.

Crédit photo : Lauren Simonutti 

Parle-moi
Dis-moi
Raconte-moi
Ce que je ne comprends pas.
Je voudrais que tu ouvres pour moi
Tes mondes inconnus
Découvrir d'autres couleurs que les miennes
D'autres espaces
Ces espaces où tes bras sont ouverts
Ces mondes où tu t'arrêtes
Où tu ne te racontes plus de mensonges
Où tu souris en regardant devant
Sans lâcher la main qu'on te tend
Je voudrais entrevoir dans tes mots
Ce que je n'ai jamais pu voir de mes yeux
Je voudrais entrevoir dans tes mots
Celui que tu n'étais pas
Au moins une fois
Parle-moi
Dis-moi
Raconte-moi
Je voudrais comprendre
Où je me suis trompée
Mais juste à moitié
Je voudrais juste comprendre
Ce que je n'ai pas voulu voir

Crédit tableau : Ron Hicks

Parfois
Dans ces nuits si chaudes
Je me surprenais à avoir envie de lui
Une envie féroce
Qui tranchait avec le silence
Sans savoir exactement
Si c'était de lui
Ou bien d'un autre
Comme si cela avait de l'importance
Finalement

Crédit Henri Matisse 

C'est juste un instant.
Fugace.
Juste avant,
Parce que cela se passe
Dans la tête.
Parce que cet instant-là
On ne le vit que dans une compression du temps
On ne s'en rend même pas compte.
Juste une ivresse.

Crédit Michael Leonard 

Je lui ai dit
Que les émotions
C'était comme l'eau.
Même sous une chape d'indifférence
Elles finissent par déborder.
Il m'a dit
Non, arrête !
Je lui ai dit
D'accord
Si tu veux.
J'ai refoulé l'eau
Et je n'étais plus moi.

Axel Houston

Il y avait toi, je sais
Je crois
Le vent qui souffle ce soir
Emmêle mes cheveux
Et tout ce qu'il y a dans ma tête
S'est envolé avec mes mots.
Il y avait toi, au loin
De plus en plus loin
C'est le vent qui souffle fort
Qui t'a emporté
Et moi avec mes cheveux emmêlés
Je suis restée là
Sans voix.
Il y avait toi
Mais tu n'es plus là
Avec ce vent qui est passé
Et ce que j'aurais pu te raconter
Avec ma voix cassée
Est parti dans les nuées.
Il y avait toi, je sais
Je crois.
Moi, je suis restée là.

Illustration Edvard Munch 

Écris
Écris ce que tu ne sais pas
Les impossibles choix
Et ce que tu ne diras jamais
Écris les ombres et les lumières
Écris les questions et les émois
Les désirs et les manques d'envie
La fatigue et la joie
Écris
Que rien n'est facile
Comme si la nuit
Pouvait t'écrire aussi.

Crédit illustration : Nikoleta Sekulovic

Je me souviens de ce piano désaccordé
Sur le chemin que nous empruntions
Autrefois.
Le vent y jouait mieux que toi
Ses partitions en bise majeure
Mais les sourires que je voyais dans tes yeux
Me réchauffaient bien plus que toutes ses envolées.
Je regardais danser les feuilles
Les feuilles mortes aujourd'hui,
Quand chantent encore les mélodies
Qui les ramènent à la vie.
Mais la vie avec tes sourires
Est restée dans le piano gris
Au fond de mes souvenirs.

Crédit illustration Akira Kusaka

Tout au fond de mes rêves

Tout au fond de mes nuits

Au fond de mes pensées

Au fond de mes journées

Au fond de mes envies

Au fond de mes désirs

Au fond de ce que je dis

Au fond de ce que je vis

Au fond de ce que je suis

Au fond de moi

Tout au fond de moi

            Il y a toi.

Crédit illustration John Stezaker