Une étrange dimension

.

_____________________________________________________

.

.

Une étrange dimension

.

.

l'habitaient et rien que cette exploration aurait pu me prendre l'éternité. Une fois, par accident, ma vision passa la surface du mur qui donnait sur l'extérieur. Un univers de cristaux m'apparut alors, étincelant dans l'obscurité indigo de son épaisseur minérale. Je m'enfonçais dans le béton, au milieu des gains de sables, des cailloux noyés dans le liant, chacun jouant sa partition, résonnant d'un son grave de trompe tibétaine, chant du roc et des montagnes. Puis, soudain ! Je fus dehors, dans le vide à la hauteur de mon sixième étage, contemplant l'immensité du monde, la beauté de son agencement, la perfection des choses et des êtres. Je m'élevais au-dessus des immeubles de la ville. L'horizon circulaire et flamboyant se révéla à moi de tous les sens. Je montais encore et bientôt il n'y eut plus, perdue au milieu de vagues d'ondes et de lumière, que la présence lointaine d'une petite bille bleue pour me rappeler que j'avais été vivant, que j'étais vivant !

Je me réveillai pris d'une crise de panique plus violente que celle qui m'avait arraché au merveilleux la première fois que j'avais rendu visite à la cuisine. À nouveau, comme précédemment, je ne parvins pas à retrouver le sommeil. Le matin vint et me trouva assis dans mon lit, songeur, mais éveillé avec à mes pieds Minouche endormie.

.

Entre temps, j'avais recommencé à travailler. J'avais guéri. J'étais redevenu un homme solide, physiquement au moins, car mon psychisme restait très marqué par le poids de la culpabilité que faisait peser sur moi le souvenir de la mort de Marie. Souvent, j'avais espéré la rencontrer lors de mes escapades nocturnes, après cette première expérience qui m'avait montré mon monde sous sa vraie nature, c'est à dire sous la forme d'une sphère insignifiante. Mais, cela n'arriva jamais. D'ailleurs, l'opportunité de croiser l'essence d'autres êtres ne me fut que rarement donnée. Ce n'est pas qu'elle n'existe pas, mais elle luit si faiblement que la plupart du temps, elle circule en restant totalement inaperçue. Dans mes délires du jour, j'imaginais au moyen de ma matière grise aux tristes limites l'âme de Marie en train de flotter dans les lieux qui lui avaient été ordinaires lors de sa vie terrestre, mais cela s'avérait impossible. Passée la porte des morts, quelle

.

Page 7

suite ici.