Une étrange dimension

La Belle et la Bête

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Une étrange dimension

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Un regard de ce genre vous incite à courir acheter une corde. Mes béquilles et mes plâtres n'étaient peut-être pas si inutiles en y repensant. La seule occupation que j'avais à ma portée était celle d'agir en téléspectateur accro. Dès mon réveil, je mettais l'écran de télévision en marche et ne l'éteignais que tard, presque au petit matin du jour suivant parfois.

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Depuis ma sortie du coma, une quinzaine de jours donc, il ne m'était plus arrivé de revivre les mêmes expériences puis il y eut cette nuit. Comme à l'habitude, la télévision était allumée dans ma chambre, un LCD que j'avais fixé sur le mur au pied de notre lit quand notre vie à deux avait encore un sens. La lumière de la lampe de chevet était éteinte. Minuit était passé. Je regardais une rediffusion de « La Belle et la Bête » de Jean Cocteau avec Jean Marais et Josette Day pour interprètes principaux, à mon sens le plus beau conte fantastique mis en image de tous les temps, et tout à coup, je me suis rendu compte que je dormais. C'était tout à fait étrange. Je voyais la Belle avancer dans ce long couloir aux rideaux flottants et en même temps, je m'observais étendu sur le lit. Les deux visions ne se superposaient pas et n'apparaissaient pas par alternance comme si j'avais tourné la tête. En fait, j'embrassais tout. L'écran de la télévision devant moi, mon corps sous moi, ce que j'avais conscience d'être moi, mais aussi le plafond et les murs, bref l'ensemble de la pièce. « Je rêve », ai-je pensé, et je n'ai rien fait de plus que suivre le récit enchanteur que me faisait Monsieur Cocteau par-delà le temps et les autres émissions qui défilèrent pendant le reste de la nuit.

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Au matin, je me suis réveillé avec le souvenir des dernières heures écoulées et de tout ce qui avait été diffusé par France 3 pendant ce temps. Par acquit de conscience, j'ai vérifié sur l'hebdomadaire des programmes si ce que j'avais vu avait bien été prévu ou si j'avais simplement inventé ces images, imaginé avoir été le témoin de leurs passages. Sur le magazine, tout était là.

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Les nuits suivantes, je les passais donc à regarder la télévision, alors que mon corps se reposait et le lendemain, je m'éveillais en pleine forme, tout revigoré par de bonnes heures de sommeil.

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