Chapitre 20

Résumé : Vêtue de sa plus belle robe, Hermione s'est mise en direction en compagnie de Drago qu'elle trouve très élégant dans son costume. Mais elle appréhende tout de même cette ouverture de bal.

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Tandis que la musique résonnait, Drago et Hermione avançaient lentement dans la Grande Salle. Un tapis rouge avait été posé sur le sol et créait un passage entre les dizaines de tables rondes dressées. Hermione balaya la salle du regard à la recherche de ses amis. Ses yeux se posèrent furtivement sur Ron, visiblement irrité et nerveux. A côté de lui, se trouvait Harry qui lui, semblait plutôt inquiet. Elle leur adressa à tous les deux un sourire, dans l’espoir de les rassurer.

A mesure qu’elle se rapprochait de la piste de danse qui lui faisait face, le battement du cœur d’Hermione accélérait et elle avait de plus en plus de mal à respirer. Elle observait l’orchestre qui était à la place habituelle de la table des professeurs. Les musiciens semblaient beaucoup plus à l’aise qu’elle. A ce moment précis, elle aurait simplement voulu disparaître d’un coup de baguette magique. Mais il était déjà trop tard. Ils étaient enfin arrivés au centre de la piste. Ils se firent face, presque naturellement. Puis, les lumières se tamisèrent et désormais Hermione ne distinguait plus que le visage de Drago. Une chose était sûre : il n’était pas aussi stressé qu’elle. Au contraire, il paraissait étrangement à l’aise. C’est alors qu’un morceau de valse commença.

Drago s’avança vers elle et posa sa main sur sa taille. Elle le regarda droit dans les yeux. Ils n’avaient jamais été aussi proches l’un de l’autre, et pourtant, ce contact ne la dérangeait pas. Il avait en quelque sorte réussi à lui transmettre sa confiance. Et elle n’avait plus aussi peur que quelques minutes auparavant. Il se rapprocha encore d’elle et attrapa son autre main. Elle crut voir un sourire sur le visage du jeune homme. Mais elle fut rapidement entraînée par lui, dans une valse. Et il s’avéra que Drago était un excellent danseur. Il ne faisait aucun faux pas. Elle se laissa aller et prit rapidement plaisir à danser avec lui. Elle n’était pas particulièrement experte en la matière, mais parvenait à se débrouiller, grâce à son père, avec qui elle avait eu l’occasion de danser à diverses soirées chez des amis Moldus.

Mais là, c’était différent. Elle dansait avec celui qu’elle pensait être son ennemi. Une personne qu’elle n’avait jamais eue envie de connaître. Une personne de laquelle émanaient suffisance et arrogance. Mais devant elle, c’était un être différent. Une nouvelle facette de sa personnalité, qu’il cachait aux yeux de tous. Appréciant de plus en plus le moment, elle se mit à sourire et constata avec plaisir qu’elle n’était pas la seule. Il en faisait de même. Et il semblait sincère. Elle replongea son regard dans le sien et ses yeux bleus eurent le même effet sur elle que la première fois qu’elle les avait vus de près. Son cœur palpitait, à cause de l’émotion mais également à force de danser au rythme de la musique.

Celle-ci finit par s’arrêter. Ils se retrouvèrent l’un en face de l’autre, comme au début, mais l’expression de leur visage n’était plus la même. Hermione était heureuse. Soulagée. Touchée du moment privilégié qu’elle venait de vivre avec lui. Les lumières se rallumèrent soudainement et ils s’éloignèrent presqu’instinctivement l’un de l’autre. Comme si ce moment devait rester intime. Comme si personne d’autre ne devait se rendre compte qu’ils l’avaient apprécié autant l’un que l’autre. Puis, l’orchestre enchaîna avec un autre morceau et d’autres couples rejoignirent la piste de danse. Hermione respira un bon coup et se dirigea vers Harry et Ron, qui étaient toujours assis au même endroit. Elle leur adressa un grand sourire et s’installa en face d’eux. Elle se servit un verre d’eau, le porta à ses lèvres, quand elle se rendit compte qu’aucun d’eux ne parlait. Ils avaient même l’air… dépités. Elle finit son verre d’eau, le reposa et balaya la salle du regard. Ses yeux se posèrent sur Ginny, seule, assise à une autre table, qui semblait s’ennuyer comme jamais.

- Harry ?

Il sembla revenir à lui.

- Regarde là-bas, Ginny. Elle est seule… Et elle n’a pas l’air bien.

Il hésita.

- Oh allez, fonce…

Il lui sourit, prit une inspiration, et se leva, pour rejoindre Ginny. Hermione en fut satisfaite. Elle reporta ensuite son attention sur Ron, qui lui, n’avait pas bougé d’un poil. Il avait toujours l’air énervé. Et cela commença à l’agacer.

- Tu penses me fixer longtemps comme ça ou tu comptes me dire ce qui te tracasse ?

- J’étais juste en train de me dire que tu donnais l’impression d’avoir pris énormément de plaisir à danser avec Malefoy.

Le ton sarcastique qu’il venait d’employer lui déplut. Elle s’emporta.

- Je faisais ce que Dumbledore m’a demandé, c’est tout !

- Ne mens pas. Tout le monde a bien vu à quel point vous étiez complices. Et bien ensemble. Tous les deux.

Il avait insisté sur ces derniers mots. Elle se mit à rire, nerveuse.

- Arrête de dire n’importe quoi, Ron. Ta jalousie t’aveugle.

Ca ne pouvait être que ça. Il était jaloux et lui faisait comprendre. Mais la phrase qu’il ajouta ensuite la fit radicalement chanter d’avis. Il se mit à rire lui aussi.

- Mais de quelle jalousie tu parles ? Ça n’a rien à voir !

Il se calma.

- Non, tout ce que je vois, c’est que tu fraternises avec l’ennemi.

Hermione crut recevoir un coup dans la poitrine. Elle sentit les larmes monter aux yeux et se contrôla du mieux qu’elle put pour les retenir.

- Ca n’a rien à voir ? répéta-t-elle lentement, en prenant le temps de décomposer chaque mot.

Il ne bougeait plus, imperturbable.

- Parfaitement.

Et il détourna le regard.

Blessée, Hermione se leva d’un coup sec, faisant tomber sa chaise en arrière. Elle le fixa quelques instants, cherchant à répliquer jusqu’à ce qu’elle se rende compte que cela ne servirait à rien. Elle s’était trompée sur toute la ligne. Depuis le début. Elle balaya la larme qui coulait le long de sa joue d’un revers de la main, et prit la direction des couloirs, bousculant au passage quelques personnes.

Elle ne savait pas vraiment où elle allait. Tout ce dont elle était sûre, c’est qu’une nouvelle fois, il avait tout gâché. Cette soirée était gâchée. Tant de pression pour ce résultat. Elle était écœurée. Elle croisa deux jeunes élèves au détour d’un couloir, assis l’un à côté de l’autre, en train de s’embrasser et de se murmurer des mots à l’oreille. Ce qui lui fit encore plus de mal. Elle n’aurait jamais la chance de connaître ces moments de bonheur. En tout cas, pas avec la personne qu’elle aimait, et avec qui elle aurait souhaité les passer. Cette pensée la fit éclater en sanglots et, incapable de continuer à marcher, elle s’adossa au mur et s’assit sur les marches de l’escalier qui se trouvait juste à côté. Elle ramena ses genoux – et le reste de sa robe – vers elle, et posa sa tête entre ses mains.

Ses pleurs, bien qu’elle essayât de les contrôler, résonnèrent dans l’immense couloir. Comment avait-il pu être aussi insensible ? Comment avait-il pu se tromper à ce point ? Elle aurait voulu que cette soirée soit spéciale. Elle aurait voulu la passer avec Ron. Elle aurait voulu qu’ils dansent tous les deux, qu’ils se rapprochent et qu’enfin, ils franchissent cette barrière de l’amitié. Pourquoi se bornait-il à penser qu’il se passait quelque chose entre Drago et elle ? Elle avait passé, certes, un moment agréable, inhabituel, mais de là à dire qu’il avait plus… Elle savait qu’il était jaloux. Depuis longtemps. Mais pas autant. La connaissait-il réellement ? Pour Hermione, c’était clair. Ron l’avait déçue, et elle ne parviendrait pas à lui pardonner de sitôt.

C’est alors qu’elle entendit des pas, qui se rapprochaient. Méfiante, elle eut le réflexe de sortir sa baguette, mais elle se rappela qu’elle ne l’avait pas prise. Apparut ensuite Drago, les mains dans les poches, l’air décontracté. Elle soupira et essuya son visage.

- Qu’est-ce que tu fais là ?demanda-t-elle sèchement.

C’était bien la dernière personne qu’elle avait envie de voir en ce moment. Il ne broncha pas et resta planté devant elle.

- J’ai pas pu m’empêcher d’écouter, j’étais juste derrière vous…

Le visage d’Hermione changea. Il n’exprimait plus de la tristesse. Mais de la colère.

- Mêle-toi de tes affaires, tu veux ? Ça ne te regarde pas.

- Un peu que ça me regarde. Je suis la personne dont ton petit ami… enfin je ne sais pas ce qu’il est dorénavant, est jaloux de moi.

- Tu es pathétique. Fiche-moi la paix.

- Je dois avouer qu’il y a de quoi être jaloux, vu mon charisme et mon physique…

Elle ne répondit pas. Il soupira.

- Oh allez Granger, ne sois pas si triste. Après tout, j’étais censé être celui qui gâcherait ta soirée, et pas Weasley ! C’est moi qui devrais être énervé !

Il avait repris ce ton malicieux et Hermione ne put s’empêcher de sourire, malgré sa colère. Elle réussit néanmoins à l’atténuer et le regarda.

- Qu’est-ce que tu manigances ?

- De quoi tu parles ?

- Allez… Tu es compatissant. Et blagueur. Ce n’est pas toi.

- Tu vas vraiment me le reprocher ?

- Je ne sais pas.

IL s’approcha d’elle, voulut s’asseoir à ses côtés, mais des voix crièrent son nom. Il posa alternativement son regard sur Hermione et sur le couloir qui menait à la Grande Salle, hésitant. Mais les voix redoublèrent d’intensité.

- Je dois y aller. Mais avant.

Il s’accroupit en face d’elle.

 - Profite de ta soirée. Tu l’as bien méritée après tout le travail que tu as fourni.

Et il s’en alla, laissant Hermione bouche bée. Ça n’avait aucun sens. Elle se pinça le bras.

- Aïe !

Tout était réel. Drago venait tout juste de lui remonter le moral. Le Drago Malefoy. Celui qui avait une aversion pour les Moldus. Celui qui l’avait toujours maltraitée. Elle n’y croyait pas. Pouvait-on cacher à ce point sa véritable personnalité aux yeux du monde ? Pouvait-on vraiment passer de l’être le plus infâme à l’être le plus compréhensif ? Non, ça n’avait réellement aucun sens. Mais il avait raison dans le fond. Elle ne pouvait laisser personne lui gâcher sa soirée, après tout ce qu’elle avait fait. Elle releva la tête, prit une grande bouffée d’air et se mit à marcher en direction de la Grande Salle. Et tant pis si elle devait affronter Ron : elle était prête.