Soupçons de fraudes pour l'un des fournisseurs du chantier de l'EPR de Flamanville

C'est une nouvelle épine dans le pied du chantier de l'EPR de la centrale de Flamanville. L'un de ses fournisseurs serait soupçonné de fraudes. C'est ce que révèle le média Reporterre dans un article datant du 15 février dernier, après une alerte lancée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) sur des cas de "falsifications, contrefaçons et suspicions de fraudes".

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Trois nouvelles affaires ont été signalées à la justice en 2023. Au total, 10 affaires sont en cours d'instruction. Selon les informations de Reporterre, au moins un des trois cas signalé l'an passé concerne un fournisseur du chantier de l'EPR de Flamanville. Certaines pièces du futur réacteur pressurisé européen pourraient être non conformes. Questionnée à ce sujet ce vendredi 23 février 2024 lors d'une réunion de la CLI, la commission locale d'information, aux Pieux, l'Autorité de sûreté nucléaire n'a pas apporté de réponses, pour ne pas violer "le secret de l'instruction".

Les membres de la CLI regrettent un sérieux manque de transparence à quelques semaines de la mise en route de l'EPR, comme le prévoit EDF. "On sort d'années de chantier, avec beaucoup d'aléas. Ce mot "fraude" n'est pas un petit mot. La population est inquiète. On a besoin d'éléments rassurants. Or, on n'entend rien de concret. On est dans l'inconnu", déplore la première adjointe de Siouville-Hague, Elisabeth Burnouf.

La mise en service retardée ?

EDF, futur exploitant de l'EPR de Flamanville, s'est fixé comme objectif de mettre en service l'EPR en 2024 et plus précisément "d'ici la fin du mois de mars". Le reste du calendrier n'a pas été détaillé. Pour Yannick Rousselet, membre de Green Peace et consultant indépendant en sûreté nucléaire, cet objectif est inatteignable. "Ce chargement fin mars, il est possible d'un point de vue technique, mais il semble très hypothétique avec toutes les procédures, tous les problèmes encore à résoudre, sans parler des enquêtes en cours par rapport aux falsifications. Cela risque de nous amener à des délais encore très importants ! "

De son côté, Alain Morval, le directeur du projet de l'EPR Flamanville, se veut rassurant. "Nous voulons avoir une installation parfaite pour que la sécurité soit garantie au démarrage. Effectivement, il y a encore des points à traiter mais nous avançons très bien. Le planning est chargé mais nous travaillons d'arrache-pied pour solder l'ensemble des sujets", explique-t-il. La mise en service de l'EPR était initialement prévue en 2012. Le chantier a d'ores et déjà accumulé 12 ans de retard.