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RechercherDerniers commentairescontent qu'il te plaise !http://madwor lds.centerblog .net
Par madworlds, le 24.09.2010
j'adore!!!http ://http://lull y.eklablog.com .centerblog.ne t
Par Lutine, le 23.09.2010
oui , je comprends .
Par cat, le 17.09.2010
hé bien, je compte bien continuer même si certains week-end se prolongent un peu trop !http://madwor lds.cente
Par madworlds, le 26.07.2010
continue surcettelancé e...on ne sais jamais ce sue l'avenir te réserve...fai s tout de même attention à l'ort
Par sylviane, le 21.07.2010
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Date de création : 16.07.2010
Dernière mise à jour :
12.02.2016
72 articles
"Ceux qui sont prêts à sacrifier une partie de leur liberté pour un semblant de sécurité ne méritent ni liberté, ni sécurité." Thomas Jefferson
***
Elle me regarde, mais ses yeux sont ternes, vitreux, comme si, derrière leurs pupilles d'azur, ne résidait plus que le vide. Elle ne parle pas, mais je sais qu'elle en a encore la force, elle n'est pas encore à la fin, elle commence simplement à l'entrevoir. Non, si elle reste silencieuse, c'est parce qu'elle n'a plus rien à dire. Ses pensées, à force de tourner sans cesse dans son crâne, se sont percutées avec tant de violence qu'il n'en reste rien. Cela ne peut pas m'arriver, car je suis déjà passé par là, parce que j'étais passé par là avant même que tout cela ne débute. Toute cette folie.
Dehors, lentement, la nuit tombe, ma nuit. Je remonte le drap sale, ferme ses yeux doucement. Quelques pas encore et la porte de la chambre se referme sans bruit. Dans la pièce principale, ou les planches ont depuis longtemps remplacées les vitres, il y en a d'autres, moins importants. Ce sont mes amis, enfin, ils l'étaient, autrefois. Avant que chacun de nous ne devienne un loup, une bête qu'a tour de rôle, nous tentons de calmer. Je suis l'ami de ce qu'ils ont été, surement de ce qu'ils deviendront, mais pas de ce qu'ils sont aujourd'hui. Eux n'étaient pas prêts, eux, n'avaient pas assez souffert. Mais je leur fait toujours confiance, tout simplement parce que seul, aucun de nous ne survivrait plus de quelques jours. Et ce n'est pas seulement à cause de cette violence, de ce combat sans fin qui nous attend, juste derrière la porte de l'appartement. C'est aussi à cause de la démence, de la solitude qui vous transforme en machine sans âme, en machine à vivre : manger, dormir, et rien de plus.
Je m'approche de la porte d'entrée à travers la fumée. Une des choses qui n'ont jamais manqué : les différentes drogues dont la plupart se nourrissent désormais. Les gens n'ont pas suffisamment pensé avant que tout cela n'arrive, et ironiquement, à présent que c'est ainsi, ils veulent par dessus tout éviter d'y réfléchir. Leur lâcheté, leur bêtise... Parfois, je me demande si tout cela n'est pas nécessaire pour qu'elles prennent réellement fin. Mais je suis dur. Avant, argent signifiait être à l'abri du besoin... Jusqu'au jour où on s'est rendu compte qu'étrangement, l'argent ne se mangeait pas.
Je leur fait simplement un petit signe, et ils savent ce que cela signifie : que je vais devoir commettre un acte que leur morale réprouve, pour que nous ne mourrions pas tous. Pourquoi moi ? Tout simplement parce que je suis une ordure depuis toujours. Tant qu'on me payait, me donnait de quoi manger, me gardait sous contrôle, j'ai été gentil, sympathique même. Dans le fond, je n'aime pas être un salaud, frapper les gens, voler, et toutes ces choses pour lesquelles je suis, par ailleurs, très doué. J'aurais préféré continuer à me la couler douce, me contenter de survivre en n'emmerdant personne. Mais voilà, on a subitement décidé que les gens comme moi devaient crever de faim. Cela à semblé normal à tous. Après tout, nous n'étions pas utiles à la société, pas « productifs ». Donc, nous méritions de crever, parce que nous n'avions pas la décence de nous résigner à suivre la volonté du plus grand nombre. Comment voulez vous réagir à ça ? Nous étions devenus des ennemis, des parias, et puisque tant de haine était tournée contre nous, il n'y avait aucune raison de ne pas leur rendre. Au centuple. La seule différence, de taille : nous n'avions, nous, rien à perdre. Alors de nombreux hommes et femmes, des gens un peu comme moi, ont commencé à vivre non plus en parasites, mais en prédateurs. Traqués, ils n'en sont devenus que de plus en plus dangereux, de plus en plus efficaces. Et surtout, de plus en plus nombreux...
On avait dit aux gens que plus ils seraient utiles, plus ils seraient riches, et donc heureux. La vie comme dans un jeu vidéo, un MMORPG ou le temps investit est obligatoirement récompensé d'égale façon. Et ils ont cru à ces conneries. Et puis, un jour, même en travaillant 20 heures par jour, ça ne suffisait plus. Ils auraient dut se méfier en voyant le nombre de pays ou avaient lieu des « émeutes de la faim », ces « petits soulèvements » à la base de la plupart des grandes révolutions, et des plus grands massacres. La « loi de l'offre et de la demande », venait de les condamner. Ils ne pouvaient plus payer suffisamment, ils n'étaient plus compétitifs, donc, eux aussi pouvaient crever.
Le Chaos, avec un grand C, voilà ce qui a suivit. L'état, dépassé, ne put que se retrancher derrière ses dernières sécurités. Ceux qui travailleraient pour lui seraient nourris. Cependant, il n'y avait pas assez de place pour tout le monde. Ils sélectionnèrent donc les élus, ils mirent des policiers et des militaires devant, et ils condamnèrent le tout. En réalité, seuls les riches, les vrais, purent rester indépendants. Ils se regroupèrent, firent appel à des compagnies privées de sécurité, et se fabriquèrent de petites enclaves, des poches de paradis, comme ils le voyaient, au milieu de notre enfer. Dans les villages, les gens se rassemblèrent plutôt en communautés agricoles, ou « on aime pas les étrangers », et vivant en complète autarcie. Les cités, elles, devinrent pour la plupart de mini-états aussi fermés que les enclaves des « bourgeois ».
Je referme la porte de l'appartement, et descend l'escalier de bois, aux marches étroites, jusqu'au hall de l'entrée. Je ne rencontre personne en chemin, mais cela n'a rien d'étonnant. Nos voisins savent quelle genre de personnes nous sommes, et ils nous haïssent en conséquence. Je ne sais pas ce que chacun d'entre eux doit faire pour survivre : trafics, prostitutions diverses, ou de rares boulots « à la limite », permettant tout juste de se nourrir. Je préfère ne pas savoir, car de toutes façons, il est hors de question de s'en prendre à qui que ce soit qui vit dans mon immeuble. La paix est trop rare pour être brisée, même pour la bouffe, et puis, je n'aime pas m'en prendre à ceux qui galèrent autant que moi, ça ne serait pas bon pour mon karma.
Sortant finalement dans la rue elle même, je jette à peine un regard à l'objectif de la caméra installée quasiment au dessus du pas de porte, son œil luisant embrassant nuit et jour les mouvements des habitants du quartier. Officiellement, ces choses sont la pour lutter contre le terrorisme, sont censées « sécuriser » la population. Moi, ça ne m'a jamais sécurisé, même quand je n'avais rien à me reprocher. Ça fait parti de ce que j'appel le Chaos, savoir qu'un inconnu m'observe en permanence, note, enregistre mes déplacements, décortique ma vie. Mais l'appareil n'est pas la raison qui me fait ainsi me méfier, tentant de me fondre dans les ombres pour rejoindre des lieux moins exposés aux regards des habitants. Ce sont les milices qui en sont la cause. Quand tout à commencer à partir en sucette, il n'y avait plus assez de policiers. Notre gouvernement a alors autorisée la création de « comités de quartier ». Des volontaires, prêts à faire régner l'ordre, avec autorisation de pratiquer l'arrestation. Le concept a beaucoup plut, et grâce à lui, le Chaos est plus grand encore. C'est comme si chaque secteur de Paris avait une loi différente, et que chacun de ces secteurs voyait ses frontières se déplacer, nuit après nuit. Et chacun de ces « groupes citoyens », y va de son petit moyen magique pour détecter les criminels et les ennemis de l'état. Ici la couleur de la peau, la bas, la longueur des cheveux, de la barbe, ou encore la propreté des vêtements ou des ongles. Certains les ont combattus ouvertement, mais tous ont finit par se taire. Après tout, qu'avaient ils donc à se reprocher pour être opposés à une mesure censée apporter l'Ordre, la sacro-sainte Sécurité ? Cette saloperie d'intérêt général, qui ne désire rien plus que remplacer le « Je », par le « On ». Parfois, on retrouve un ou deux de ces fiers croisés refroidis au coin d'une rue sombre, et puis les flics les ramassent, et « on » en fait des martyrs. Superbe. Vraiment.
J'ai horreur des petits chefs, de ces types avec un tel complexe d'infériorité qu'ils se sentent obligés de se prouver en permanence qu'ils sont les meilleurs, les plus « brillants », dans tous les sens du terme. Ceux la, on leur donne un papier ou une étoile, et ils se sentent comme investis d'une mission divine, comme s'ils devenaient soudain « importants », dignes de respect. Si un type me donnait une arme, et voulait me forcer à me battre pour lui, pour ses idées, c'est lui que je descendrais, immédiatement. Et s'il était plus fort que moi, alors j'attendrais juste un peu plus longtemps...