Histoire de Mârha

Jérome Bosch

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Histoire de Mârha

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Chacun a son brin de vérité. Je connais donc l'histoire terrible par laquelle tout a commencé et quel rôle tu y as joué. Ne m'en veux pas si je te juge malgré moi et si je pense la punition méritée.

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— Est-ce pour me blâmer que tu t'es déplacé ? N'ai-je pas reçu assez ?

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— Ce n'est pas à moi de décider, mais un certain être saurait peut-être tout arrêter.

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— Comment donc ? Qui ?

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— Mais Seigneur, la belle Mârha.

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— Que me dis-tu, je l'ai tranchée et démembrée. C'est insensé.

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— Accorde-moi un peu de ton temps, je vais tout expliquer... Une ancienne nation vivait il y a bien longtemps sur les rives d'un fleuve englouti par les sables. Son peuple se faisait appeler Nhin et sa fin fut terrible. Mais là n'est pas le propos. Au-dessus de la cité merveilleuse qu'il avait bâtie régnaient dans les cieux d'innombrables Dieux qui s'amusaient à voir les humains s'affairer. Parmi eux, Mârha avait son rôle. Elle aimait à se montrer sous l'apparence d'une jouvencelle en compagnie d'une ânesse d'or chargée. Ce n'est pas une fable, c'est la vérité. Quand la ville se fut écroulée et que le peuple qui les avait créées eut été décimé, toutes ces déités disparurent à leur tour, dévorées par l'oubli. Seules, quelques-unes passèrent les siècles et les frontières par les conteurs véhiculées, se nourrissant des pensées qu'on avait pour elles et cherchant à les amplifier pour gonfler en puissance. C'est pourquoi, il y a vingt lunes, est apparue ici Mârha. Toute son action visait ce but et connaissant tes travers et ceux de tes pareils, il lui fut facile de vous mettre en scène et d'user de vos excès à vos dépens. À présent, elle est dans la montagne et rayonne, car chaque jour, vous ne pouvez-vous en empêcher, vers elles vont tous vos souvenirs.

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— Tu es fou, coupa le prince, ou tu cherches à me jouer et à tirer parti de notre situation.

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— Non, Seigneur. Je n'attends rien de toi et ne demande rien en échange de mon aide. Fais ce que je te dis et peut-être les choses s'arrangeront. Si tu le veux, je resterais à ta merci. Je te révèle ce que j'ai appris en côtoyant tes gens et ce que j'en ai déduit... Il existe dans les bas-fonds de la ville une jeune fille que Mârha a séduite. J'ai enquêté, elle s'appelle Sirana. Pour elle, Mârha est comme une sœur dans son cœur et entre elles, les liens sont étroits. Afin de garder l'espoir de voir les choses revenir à la normale, voici ce que tu dois faire : convoque cette jouvencelle et prie-la de bien vouloir

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