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que cest beau ces citations brigitte !:
et elles sont si réalistes ..
me revoila après une pause bien mérit
Par lespetitstresorsda, le 17.02.2025
a regarder tes photos superbes
nous avons la même météo
bravo a vénus et mango
bizzzzzzzzzz z
christian
Par douceuretdetente, le 16.02.2025
bonjour mon amie
chez toi ,,,je trouve toujours des si beaux
moments de bonheur de tendresse,,
des image
Par douceuretdetente, le 16.02.2025
mon amie
ce sont les plus jolies images de saint valentin
de center blog
j en prends une avec ta permiss
Par douceuretdetente, le 15.02.2025
soleil c'est super mais drôlement froid , passe une bonne soirée gros bisous lysiane saperlipopette 87centerb
Par saperlipopette87, le 14.02.2025
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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour :
18.02.2025
11555 articles
L'auteure :
Karine Tuil, née le 3 mai 1972 à Paris, est une romancière française.
Ses livres ont pour thèmes les contradictions des individus et les hypocrisies de la vie contemporaine, en proposant une analyse sans complaisance de la société.
Après son baccalauréat, elle entreprend des études de droit, obtient un DEA (Droit de la communication) à l'Université de Paris II (Panthéon Assas).
Elle exerce la profession de juriste et prépare une thèse qu'elle ne soutient pas.
Elle décide alors de se consacrer à l'écriture.
Comme le remarque Eric Loret dans Le Monde des livres, elle expérimente à partir de 2010 une tonalité plus sociale et critique, « questionnant la place de l’individu, qu’il soit artiste lunaire ou citoyen minoritaire »
Les Choses humaines est publié le 22 août 2019 aux éditions Gallimard. Consacré à une affaire de viol, l'auteure y évoque aussi des thèmes tels que l'ascenseur social et les rapports de domination.
Présent dans plusieurs sélections pour les prix littéraires d'automne, dont le prix Goncourt et le prix Femina, il est en définitive le lauréat du prix Interallié et du prix Goncourt des lycéens cette même année 2019.
L'histoire :
Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français ; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes.
Ensemble, ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine.
Tout semble leur réussir.
Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale.
Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage sont au cœur de ce roman puissant dans lequel Karine Tuil interroge le monde contemporain, démonte la mécanique impitoyable de la machine judiciaire et nous confronte à nos propres peurs.
Car qui est à l’abri de se retrouver un jour pris dans cet engrenage ?
Critiques presse :
LaLibreBelgique 14 novembre 2019
La romancière Karine Tuil a remporté mercredi le prix Interallié pour "Les choses humaines" (Gallimard), puissant roman autour d'une affaire de viol qui nous parle aussi de domination, des faux-semblants et du culte de la performance.
LaPresse 27 septembre 2019
Des jeunes, de l’alcool, une soirée qui dérape. Dans Les choses humaines, Karine Tuil démonte le mécanisme de l’agression sexuelle et raconte l’onde de choc qu’elle provoque. Un roman passionnant qui parle de son époque avec finesse et intelligence.
LeJournaldeQuebec 23 septembre 2019
En plus d’être géniale et bien construite, l’histoire est superbement racontée. Bref, un livre à ne surtout pas rater !
LaLibreBelgique 20 septembre 2019
La zone grise du consentement. C’est à cette délicate et ombrageuse notion que Karine Tuil consacre son nouveau roman Les choses humaines. L'occasion pour l'écrivaine française de plonger par ailleurs dans l'univers des médias. De tacler le rapport entre certains journalistes et des hommes politiques et de revenir sur le pouvoir de l'argent.
LeDevoir 10 septembre 2019
Avec «Les choses humaines» et un peu d’air du temps, Karine Tuil explore avec efficacité la mécanique des violences sociales et intimes.
Épigraphe :
"Qui cherche la vérité de l'homme doit s'emparer de sa douleur."
Georges Bernanos
"Le fait est que comprendre les autres n'est pas la règle dans la vie.
L'histoire de la vie, c'est de se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C'est même comme ça qu'on sait qu'on est vivant : on se trompe."
Philip Roth
"D'abord, nommer les faits. Dès qu'il y a pénétration, il y a viol. Après, bien sûr, il y a l'échelle des peines : un doigt, c'est trois ans ; une pénétration sexuelle , six, ça peut aller jusqu'à quinze, mais c'est rare. Si le suspect n'a pas d'antécédents judiciaires, des garanties morales, s'il a un bon niveau social et joue profil bas, ça peut descendre à deux, avec sursis. S'il est noir, maghrébin, étranger, sans papiers, il prend plus. Puis vient la question du consentement. Faut placer le curseur. Ça devient rapidement social, un viol. Je vous choque? Moi je le dis toujours à mes clientes : la partie adverse va traquer chaque détail de votre vie. Vous avez bu? Vous avez dîné, dansé avec votre agresseur ? Vous l'avez rencontré sur internet ? Ils finiront par conclure : elle l'a bien cherché."
Maître X, avocat
Extraits :
"La déflagration extrême, la combustion définitive, c’était le sexe, rien d’autre – fin de la mystification ; Claire Farel l’avait compris quand, à l’âge de neuf ans, elle avait assisté à la dislocation familiale provoquée par l’attraction irrépressible de sa mère pour un professeur de médecine rencontré à l’occasion d’un congrès ; elle l’avait compris quand, au cours de sa carrière, elle avait vu des personnalités publiques perdre en quelques secondes tout ce qu’elles avaient mis une vie à bâtir : poste, réputation, famille – des constructions sociales dont la stabilité n’avait été acquise qu’au prix d’innombrables années de travail, de concessions-mensonges-promesses, la trilogie de la survie conjugale –, elle avait vu les représentants les plus brillants de la classe politique se compromettre durablement, parfois même définitivement, pour une brève aventure, l’expression d’un fantasme – les besoins impérieux du désir sexuel : tout, tout de suite ; elle-même aurait pu se retrouver au cœur de l’un des plus grands scandales de l’histoire des États-Unis, elle avait vingt-trois ans à l’époque et effectuait un stage à la Maison Blanche en même temps que Monica Lewinsky – celle qui resterait célèbre pour avoir fait vaciller la carrière du président Bill Clinton – et si elle ne s’était pas trouvée à la place de la brune voluptueuse que le Président surnommait affectueusement « gamine », c’était uniquement parce qu’elle ne correspondait pas aux canons esthétiques alors en vigueur dans le bureau ovale : blonde aux cheveux tressés, de taille moyenne, un peu fluette, toujours vêtue de tailleurs-pantalons à la coupe masculine – pas son genre.
Elle se demandait souvent ce qui se serait passé si le Président l’avait choisie, elle, la Franco-Américaine cérébrale et impulsive, qui n’aimait explorer la vie qu’à travers les livres, au lieu d’élire Monica, la plantureuse brune au sourire carnassier, la petite princesse juive qui avait grandi dans les quartiers huppés de Brentwood et de Beverly Hills ? Elle aurait cédé à la force d’attraction du pouvoir ; elle serait tombée amoureuse comme une débutante, et c’était elle qui aurait été auditionnée par le sénateur Kenneth Starr, acculée à répéter invariablement la même histoire qui alimenterait les dîners en ville du monde entier et les quatre cent soixante-quinze pages d’un rapport qui ferait trembler les thuriféraires du pouvoir américain, exciterait les instincts névrotiques d’un peuple appelant sous le coup de l’indignation et de la torpeur à une moralisation générale, et elle ne serait sans doute jamais devenue l’intellectuelle respectée qui, dix ans plus tard, rencontrerait ce même Bill Clinton lors d’un souper donné à l’occasion de la parution de ses Mémoires et lui demanderait frontalement : « Monsieur Clinton, pourquoi vous êtes-vous prêté publiquement à cet humiliant exercice de contrition et avoir protégé votre femme et votre fille sans exprimer la moindre compassion envers Monica Lewinsky dont la vie intime a été saccagée ? » Il avait balayé la question d’un revers de la main en répliquant d’un ton faussement détaché : « Mais qui êtes-vous ? » Il ne se souvenait pas d’elle, ce qui semblait normal après tout, leur rencontre remontait à près de vingt ans, et s’il l’avait croisée dans les couloirs de la Maison Blanche, facilement identifiable avec ses cheveux blond vénitien qui lui donnaient une allure préraphaélite, il ne lui avait jamais adressé la parole – un président n’avait aucune raison de s’adresser à une stagiaire à moins d’avoir envie de la baiser."
"Vingt et un ans plus tôt, en 1995, elles étaient trois à avoir franchi les portes de la Maison Blanche à la grâce d’un dossier scolaire exemplaire et de multiples recommandations. La première, Monica Lewinsky, ne resterait donc qu’une météorite propulsée à l’âge de vingt-cinq ans dans la galaxie médiatique internationale avec, pour seuls faits d’armes, une fellation et un jeu érotique accessoirisé d’un cigare. La deuxième, la plus jeune, Huma Abedin, dont la famille, d’origine indo-pakistanaise, avait créé l’Institut des affaires de la minorité musulmane, avait été affectée au bureau mis à la disposition de Hillary Clinton et était devenue, en une dizaine d’années, sa plus proche collaboratrice. Au mariage de sa protégée avec le représentant démocrate Anthony Weiner, la première dame avait même prononcé ces mots qui disaient toute la charge affective : « Si j’avais eu une deuxième fille, ça aurait été Huma. » Elle l’avait soutenue quand, un an plus tard, le jeune époux diffusait par erreur des photos de lui dans des postures suggestives sur Twitter – torse nu, le sexe moulé dans un caleçon qui ne dissimulait rien de sa turgescence. Elle avait été présente quand le mari volage avait récidivé, entretenant cette fois une correspondance érotique par textos avec une mineure – alors qu’il briguait une investiture démocrate dans la course à la mairie de New York ! Qu’il était l’un des jeunes hommes politiques les plus prometteurs ! En dépit des avertissements de ceux qui réclamaient l’éloignement de Huma Abedin, invoquant sa toxicité politique, Hillary Clinton, désormais candidate démocrate à la présidence des États-Unis, l’avait gardée à ses côtés. Bienvenue au Club des Femmes Trompées mais Dignes, des grandes prêtresses du poker face américain – souriez, vous êtes filmées.
Du trio de stagiaires ambitieuses, la seule qui, jusqu’alors, avait échappé au scandale, c’était elle, Claire Davis-Farel, fille d’un professeur de droit à Harvard, Dan Davis, et d’une traductrice française de langue anglaise, Marie Coulier."
"Elle avait passé les trente années suivantes à justifier ce qu’elle appelait « un égarement » ; elle disait qu’elle était tombée sous la coupe d’un « pervers narcissique ». La réalité était plus prosaïque et moins romanesque : elle avait eu une passion sexuelle qui n’avait pas duré."
"Après ses études à Normale sup, Claire avait intégré le département de philosophie de l’université Columbia, à New York. Là-bas, elle avait renoué avec d’anciennes relations de son père qui l’avaient aidée à obtenir ce stage à la Maison Blanche. C’est à Washington, à cette époque-là, qu’elle avait rencontré, à l’occasion d’un dîner organisé par des amis communs, celui qui allait devenir son mari, le célèbre journaliste politique français Jean Farel. De vingt-sept ans son aîné, cette vedette de la chaîne publique venait de divorcer et était à l’acmé de sa gloire médiatique. En plus de la grande émission politique dont il était l’animateur et le producteur, il menait une interview à la radio entre 8 heures et 8 h 20 – six millions d’auditeurs chaque matin. Quelques mois plus tard, Claire renonçait à une carrière dans l’administration américaine, rentrait en France et l’épousait. Farel – un homme au charisme irrésistible pour la jeune femme ambitieuse qu’elle était alors, doté en plus d’un sens de la repartie cinglant et dont les invités politiques disaient : « Quand Farel t’interviewe, tu es comme un oisillon entre les griffes d’un rapace. » Il l’avait propulsée dans un milieu social et intellectuel auquel elle n’aurait pas pu accéder si jeune et sans réseau d’influence personnel. Il avait été son mari, son mentor, son plus fidèle soutien ; cette forme d’autorité protectrice renforcée par leur différence d’âge l’avait longtemps placée dans une position de sujétion mais, à quarante-trois ans, elle était maintenant déterminée à suivre le cours de sa vie selon ses propres règles."
"Le sexe et la tentation du saccage, le sexe et son impulsion sauvage, tyrannique, incoercible, Claire y avait cédé comme les autres, renversant quasiment sur un ‘coup de tête’, dans un élan irrésistible, tout ce qu’elle avait patiemment construit — une famille, une stabilité émotionnelle, un ancrage durable — pour un homme de son âge ..."
"Leurs échanges étaient encore circonscrits à cette camaraderie courtoise, artificielle, qui croit masquer le désir mais dévoile tout ; chacun était resté à sa place, c'était socialement convenable, et pourtant, ils l'avaient su, à la minute où ils s'étaient attablés dans ce bistrot désert : ils se reverraient, ils feraient l'amour et ils se piégeraient."
"Peut-on refaire sa vie après quarante ans ? Elle s’était raisonnée : Travaille et mets de côté ta vie privée. La passion, oui, à vingt ans, mais à plus de quarante ? Tu as un fils de vingt et un ans, une fonction qui t’expose, une vie satisfaisante. Une vie pleine.
Tu es mariée à un homme qui t’offre toute liberté et avec lequel tu as conclu tacitement le même pacte que celui qui avait lié Jean-Paul Sartre à Simone de Beauvoir : les amours nécessaires, les amours contingentes, le conjoint, ce point fixe, et les aventures sexuelles qui nourriraient leur connaissance du monde – cette liberté, pourtant, tu ne l’avais jamais prise jusque-là, pas par fidélité, non, tu n’avais aucun goût pour le rigorisme moral, mais par une inclination naturelle à la tranquillité. Tu as organisé ta vie avec un parfait sens de l’ordre et de la diplomatie. Tu as eu plus de difficultés qu’un homme pour trouver ta place mais tu as fini par l’avoir, et tu t’y sens légitime ; tu as décidé une fois pour toutes que tu t’assumerais et ne serais pas une victime. Ton mari est souvent absent et, quand il est là, tu vois des femmes de plus en plus jeunes graviter autour de lui, mais tu le sais, c’est à toi qu’il est attaché. Elle, la femme qui affirmait son indépendance dans toutes ses prises de parole médiatiques, se soumettait en privé aux injonctions sociales multiples : Contente-toi de ce que tu as. Ne cède pas à la dépendance corruptrice, au désir sexuel, au mirage amoureux, à tout ce qui finit par aliéner, affaiblir. Ce qui causera ta perte. Renonce.
"Durer – c’était le verbe qui contractait toutes les aliénations existentielles de Jean Farel : rester avec sa femme ; conserver une bonne santé ; vivre longtemps ; quitter l’antenne le plus tard possible. À soixante-dix ans, dont quarante à l’écran, il voyait arriver les jeunes loups de la télévision avec la férocité des vieux fauves qui, sous le masque atone, n’ont rien perdu de leur combativité. Son corps montrait quelques signes de faiblesse mais il avait conservé un mental d’athlète et un esprit agile qui attaquaient avec d’autant plus de violence que l’interlocuteur juvénile, en sous-estimant la vigueur, se trouvait rapidement renvoyé aux frontières de son insuffisance intellectuelle et de son arrogance.
"Les locaux de la chaîne étaient un véritable vivier de chair fraîche : journalistes, stagiaires, invitées, éditorialistes, présentatrices, hôtesses d’accueil. Parfois, il se surprenait à rêver de refaire sa vie avec l’une d’entre elles, à lui faire un enfant. Elles étaient si nombreuses à être prêtes à échanger leur jeunesse contre la sécurité. Il les introduirait dans le monde des médias – avec lui, elles auraient dix ans d’avance sur les autres – tandis qu’en s’affichant à leurs côtés il rajeunirait de quelques années en explorant une nouvelle vitalité sexuelle. Il connaissait tout cela par coeur, mais il manquait de cynisme : il n'aurait pu appeler amour ce qui n'était qu'un troc."
"Jean avait rencontré Françoise Merle trois ans après la naissance de son fils, Alexandre, dans les couloirs d’une association qu’il avait créée, Ambition pour tous, regroupant des journalistes désireux d’aider des lycéens issus de milieux défavorisés à intégrer les écoles de journalisme – une femme belle, cultivée, généreuse, qui venait de fêter son soixante-huitième anniversaire, et avec laquelle il vivait depuis près de dix-huit ans une double vie. Pendant des années, il avait juré à Françoise qu’un jour ils seraient ensemble ; elle ne s’était pas mariée, n’avait pas eu d’enfant, elle l’avait attendu vainement; il n’avait pas eu le courage de divorcer, moins par amour pour sa femme – il y avait longtemps que son intérêt pour Claire était circonscrit à la vie familiale – que par désir de protéger son fils, lui assurer un cadre stable, équilibré. Alexandre avait été un enfant d’une exceptionnelle précocité intellectuelle, il était un jeune homme brillant, un sportif émérite mais, dans la sphère privée, il lui avait toujours semblé immature. Alexandre venait d’arriver à Paris pour assister à sa remise de décoration à l’Élysée : le soir même, Jean serait fait grand officier de la Légion d’honneur."
"On le disait égocentrique, vaniteux, impétueux, belliqueux, caractériel – ses colères étaient célèbres – mais aussi combatif, pugnace : une bête de travail, un homme qui avait placé sa carrière au-dessus de tout. Petite consolation : maintenant que Claire était partie, il pouvait s’y consacrer pleinement."
"À un certain niveau, être journaliste, c’est savoir gérer la pression. Entre ceux qui se plaignent des papiers qui ne leur conviennent pas, qui s’estiment diffamés à la moindre critique, les coups de fil des politiques ou de leurs sbires, les courriers incendiaires des lecteurs qui menacent de se désabonner, les journalistes qui se cabrent, les misogynes qui ne supportent pas d’être dirigés par une femme, ceux qui veulent ma place, j’ai à faire, crois-moi… Et je ne te parle même pas de la violence des réseaux sociaux… Aujourd’hui, un bon journaliste doit avoir au minimum vingt mille abonnés sur Twitter, ce qui signifie y passer une grande partie de sa journée ; moi, j’ai l’impression d’y perdre mon temps. Pour les jeunes, j’incarne le journalisme de maman, ils n’ont jamais lu un seul de mes reportages, ils me voient comme une relique. Passé cinquante ans, les femmes sont transparentes, c’est ainsi, je n’en ressens aucune amertume."
"En cause, une phrase : "Le drame du mariage ce n’est pas qu’il n’assure pas à la femme le bonheur qu’il promet – il n’y a pas d’assurance sur le bonheur – c’est qu’il la mutile – il la voue à la répétition et à la routine. »
"Au début de sa relation avec Claire, quand la communion sexuelle annihilait la capacité de penser à autre chose qu’à faire l’amour, il avait failli plus d’une fois faire ses valises mais il lui avait fallu attendre un an pour trouver enfin le courage d’annoncer à sa famille qu’il partait définitivement et de s’imaginer organisant le divorce religieux dont sa femme aurait besoin si elle voulait refaire sa vie, scandant devant le juge rabbinique à celle qui lui avait donné ses deux filles adorées, qui avait soutenu tous ses projets professionnels, qui l’avait aidé nuit et jour quand il était abattu, quand il doutait de lui, avec laquelle il avait eu si peur, ces mots qu’il se reprocherait jusqu’à sa mort :
Je te répudie,
Je te répudie,
Je te répudie."
"Dans nos métiers, il n’est pas rare d’être confronté à des entreprises dont les objectifs ou le mode de fonctionnement manquent de morale, je ne veux pas travailler dans ce genre d’entreprise car comme la plupart des étudiants que je côtoie au cours de cette année à Stanford, je veux donner un sens à ma vie et changer le monde en lui insufflant des valeurs positives."
"Je crois que nos défauts peuvent devenir des qualités si on en a conscience. Je suis angoissé, j'aime toujours tout prévoir et anticiper, mais dans un cadre entrepreneurial, cela peut être un atout."
"Un grand leader doit être capable de diriger des équipes et, à titre individuel, de donner confiance à ses employés, notamment en déléguant certaines responsabilités et en les valorisant, en leur donnant une part active dans la vie de l’entreprise."
"- Racontez votre plus grand échec.
C’était la question que tous les candidats redoutaient. Il fallait à la fois se présenter comme une personne ayant des facilités, de l’intuition, de la chance, encline à la réussite, et valoriser sa capacité à rebondir après un échec. Quelqu’un qui prétendait ne jamais avoir échoué paraissait suspect mais personne n’avait non plus envie de se présenter comme un loser définitif."
"Il relisait souvent les mots que Steve Jobs avait prononcés devant les étudiants de l'université de Stanford dix ans plus tôt, en juin 2005, alors qu'il se savait atteint d'un cancer : "La mort est très probablement la meilleure invention de la vie. Elle efface l’ancien pour faire place au nouveau. Actuellement vous êtes le nouveau, mais un jour pas très éloigné, vous allez devenir progressivement l'ancien et être balayé.(...)Votre temps est limité, alors ne le gaspillez pas en vivant la vie de quelqu'un d'autre." C'étaient peut-être les seules leçons qu'il avait tirées de toutes ces épreuves : tout pouvait basculer, à tout moment."
"Pendant toute la durée du traitement, elle avait conservé sur elle un texte de Susan Sontag, La maladie comme métaphore, que l'intellectuelle américaine avait écrit après son cancer du sein : "La maladie est la zone d'ombre de la vie, un territoire auquel il coûte cher d'appartenir. En naissant, nous acquérons une double nationalité qui relève du royaume des bien portants comme de celui des malades. Et bien que nous préférions tous présenter le bon passeport, le jour vient où chacun de nous est contraint, ne serait-ce qu'un court moment, de se reconnaître citoyen de l'autre contrée."
"Un chagrin d'amour pouvait-il être considéré comme la plus grande épreuve d'une vie ? Tout amour était-il une illusion ? L'amour rendait-il heureux ? Était -il raisonnable d'aimer ? L'amour était-il un jeu de hasard ? Qui aimait-on dans l'amour , Pouvait-on vivre sans amour ? Y avait-il une vie après l'amour ? Comment se remettre rapidement d'une rupture amoureuse ? Alexandre se rappelait la façon dont Yasmina Vasseur avait mis un terme à leur relation. Le lendemain de son avortement, elle avait brutalement cessé de répondre à ses messages et l'avait évincé de tous ses réseaux sociaux. L'un de ses amis lui avait expliqué qu'il s'agissait d'un nouveau phénomène comportemental : le "ghosting", du mot "ghost", fantôme, en anglais. Du jour au lendemain, la personne que vous aimiez disparaissait sans un mot. C'était une forme d'abandon extrêmement violente, vous étiez littéralement effacé de la vie de quelqu'un en quelques clics."
"Il repensa au questionnaire imposé par les recruteurs américains. Sa plus grande épreuve avait été cette rupture. Il avait mis des mois à aller mieux ; il ne s'en était toujours pas remis. Quand Yasmina l’avait quitté, il avait souffert le martyre comme si, avait-il confié au psychiatre qu’il consultait depuis sa tentative de suicide, « le sang coulait de tous les pores de ma peau ». Il avait passé six mois dans un état d’instabilité morale, oscillant entre un désespoir total et une sérénité de façade."
"Dès qu’on a un peu de pouvoir, tu es déférent mais si l’on n’a plus rien à t’offrir, tu deviens méprisant. Tu as bien appliqué la règle qui t’a mené où tu es aujourd’hui : Fort avec les faibles, faible avec les puissants."
"Il n'eut aucun mal à entrer à l'hôpital en dépit de l'heure tardive, les visites n'étaient plus autorisées depuis longtemps ; pourtant il avait réussi, à la grâce d'un sourire et d'un autographe, à franchir la porte du service psychiatrique - la notoriété délivrait un laissez-passer permanent."
"Il sortit de sa poche un pilulier, l'ouvrit et prit un anxiolytique qu'il fit fondre sous la langue. En quelques minutes, l'angoisse se dissipa : désormais, le bonheur ne s'obtenait plus que sur ordonnance."
"Avec le temps, l’expérience, il avait appris à maîtriser la charge de tristesse qui s’abattait sur lui quand ils le renvoyaient, par leur absence, à sa solitude. Il se connecta à son compte Instagram. Il fit défiler les photos des comptes auxquels il était abonné. Les gens semblaient vivre une existence tellement excitante."
"De nouvelles personnes s'abonnèrent à lui, des fille pour la plupart, en tenue de yoga, de fitness ou en maillot de bain. Il vérifia les comptes et ne s'abonna en retour qu'à celles dont le profil lui plaisait, les mannequins de moins de vingt-cinq ans ayant sa préférence, il y en avait des centaines sur Instagram qui posaient à moitié nues, à croire que ces filles se baladaient en string toute l'année. Il évitait les blogueuses mode et toutes celles qui vivaient aux crochets des grandes enseignes en faisant du placement de produits – trop vulgaire. Il cliqua sur les liens de deux mannequins, deux Américaines dont l'activité principale consistait à poster des photos de leurs fesses galbées par des centaines de squats quotidiens, elles posaient bouche entrouverte, ne souriaient jamais, ça l'excitait."
"Une lumière jaunâtre irradiait la Seine, teintant vaguement un ciel de traîne : tout semblait incertain, mouvant depuis que Claire , à son réveil, avait allumé son téléphone.
Son fils lui avait annoncé qu'il avançait son départ et elle n'avait pas trouvé le courage de le rappeler pour l'en dissuader.
Professionnellement, elle traversait une zone de turbulences et, dans ces moments de conflits, elle devait mobiliser toutes ses forces morales, intellectuelles, elle ne savait plus alors être une femme et une mère.
Elle était si jeune quand elle avait eu son fils ; elle avait traversé des phases de doute et d'abattement. Elle se revoyait, au lendemain de l'accouchement, serrant le petit être dans ses bras et se répétant avec effroi qu'elle était à présent responsable de lui à vie.
Elle s'était sentie impuissante et veule, comme l'avait été sa mère à sa propre naissance, pleurant en cachette par crainte du jugement social.
Il y avait bien cet attachement très fort, cet amour fou, ce désir constant de protéger son enfant mais ce n'est qu'avec le temps qu'elle avait réussi à se départir – partiellement – de ses angoisses.
Depuis la naissance d'Alexandre, elle se sentait ponctuellement dépassée par l'ampleur des exigences qu'impliquait la maternité, et notamment la plus difficile à satisfaire pour une femme qui avait placé très haut sa liberté : la disponibilité."
"Le vrai problème, ce n’est pas l’origine ethnique, sociale ou religieuse, c’est la domination, c’est le patriarcat. Pas besoin d’être syrien ou maghrébin pour l’imposer. La violence sexuelle a toujours existé, elle n’a pas été importée par les migrants !"
"Simplement, ces jeunes en provenance de pays musulmans ont été élevés dans une ambiance patriarcale très forte, au sein de sociétés régies par l’ordre religieux, ces hommes ont souvent une méconnaissance totale des désirs féminins, il y a même parfois, chez les plus jeunes, une vraie misère sexuelle car il y a, dans certaines familles, beaucoup d’interdits, on assiste alors à une chosification de la femme qui mène aux violences commises sur son corps comme ce qui s’est produit à Cologne."
"Vous êtes dans le déni. Voilà ce que je reproche au néoféminisme : avoir trahi le combat féministe en donnant la priorité à l'antiracisme sur l'antisexisme."
"Mon engagement, mes prises de position, mes livres parlent pour moi. On ne peut pas débattre avec quelqu’un comme vous. Vous êtes dans l’invective, vous êtes dans le jugement définitif. D’une certaine façon, vous êtes le produit de notre époque."
"Il faut seulement penser différemment l'accueil, faire un travail d'information, d'éducation."
"Vous avez choisi d'abandonner les femmes. Tous les agresseurs sexuels doivent être lourdement condamnés. Quand il s'agit d'étrangers, notre volonté ne doit pas être affaiblie."
"Elle avait aimé avec passion un homme qui incarnait tout ce qu'elle détestait humainement. C'était un mystère."
"Il se souvenait du discours qu'avait prononcé l'un de ses professeurs le jour de sa rentrée à Stanford : "Vous êtes tous des étudiants brillants, intellectuellement curieux, ambitieux mais ce qui vous distinguera, c'est la flexibilité." Et ce grand spécialiste de la topologie algébrique avait cité Darwin : " Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements."
"C'était le pire moment de leur vie, ils le savaient. Ils n'iraient pas plus bas, ils touchaient le fond ; après ça, ils ne pourraient que remonter à la surface, peut-être pas naviguer à vue, nager, mais seulement se laisser porter par un mouvement cyclique de submersion-asphyxie-réanimation, pour finir par flotter comme des corps inertes : les grands noyés bleus. Ils découvraient la différence entre l'épreuve et le drame : la première était supportable ; le second se produisait dans un fracas intérieur sans résolution possible - un chagrin durable et définitif."
"Claire n'avais pas osé s'exprimer, elle avait refusé de signer toutes les tribunes qui avaient été diffusées,
elle était restée à l'écart, son silence était son échec personnel, sa trahison intime.
Il y avait toujours un moment dans la vie ou l'on piétinait ses idéaux avec une velléité suspecte."
"Ce fut une période noire au cours de laquelle elle fit l'apprentissage de la solitude, de la trahison et de la déception. Elle avait toujours été du côté des femmes dans la lutte contre les violences, du côté des victimes, mais à présent, elle cherchait avant tout à protéger son fils. Elle avait découvert la distorsion entre les discours engagés, humanistes, et les réalités de l'existence, l'impossible application des plus nobles idées quand les intérêts personnels mis en jeu annihilaient toute clairvoyance et engageaient tout ce qui constituait votre vie."
"Après avoir vu quatre ou cinq procès, elle avait la conviction que l'on pouvait déterminer l'état d'une société au fonctionnement de ses tribunaux et aux affaires qui s'y plaidaient : la justice révélait la fatalité des trajectoires, les fractures sociales, les échecs politiques - tout ce que l'état cherchait à occulter au nom d'une certaine cohésion nationale; peut-être aussi pour ne pas être confronté à ses insuffisances. Les itinéraires personnels des victimes comme des accusés étaient le plus souvent des récits pleins d'épouvante, matière éruptive et contagieuse, où chaque détail narratif vous renvoyait à la fragilité des choses ; des existences tranquilles avaient soudainement basculé dans l'horreur, et pendantplusieurs jours, jurés, auxiliaires de justice et juges essayaient de comprendre ce qui s'était joué, à un moment donné, dans la vie d'un être."
"Comment basculait-on? Ce qui s'exprimait dans les salles d'un tribunal, c'était le récit d'existences saccagées, c'était la violence, les blessures d'humiliation, la honte d'être à la mauvaise place, d'avoir cédé aux déterminismes, au désir, à l'orgueil ; d'avoir commis une faute, une erreur de jugement ; d'avoir été léger, cupide, manipulé,manipulable, impuissant, inconstant, injuste, d'avoir trop aimé le sexe, l'argent, les femmes, l'alcool, les drogues ; d'avoir souffert ou fait souffrir ; d'avoir fait confiance, par aveuglement/amour/faiblesse ; la honte d'avoir été violent, égoïste, d'avoir volé/violé/tué/trahi ; de s'être trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, de payer pour son enfance, les erreurs de ses parents, les abus des hommes, leur propre folie ; la honte de dévoiler sa vie, son intimité, livrée sans condition à des inconnus ; de raconter la peur qui les intoxiquait, comme une seconde peau urticante, une perfusion venimeuse ; la honte d'avoir gâché chacune de ses chances, avec application."
"Pour Claire, le dilemme, c'était de vivre une telle promesse de réorganisation sociétale - les femmes racontaient enfin ce qu'elles avaient vécu, quelque chose d'important se jouait là dans cette réappropriation publique de leur valeur, cette écoute attentive de leur parole - et, dans le même temps, d'analyser avec le plus d'objectivité possible ce qui était raconté au procès alors que, sous le prisme de l'émotion et de l'affectivité, tout lui paraissait vicié, excessif, à charge - son fils risquait jusqu'à quinze ans de prison et elle devait l'accabler ? Toute sa vie durant, elle n'avait fait qu'agir en contradiction avec les valeurs qu'elle prétendait publiquement défendre. C'était ça, la violence : le mensonge - une représentation falsifiée de son existence. Le déni : la voie qu'elle avait substitué au réel pour pouvoir le supporter."
"Quand tu es parti, j'ai eu une sensation physique de déséquilibre ; je me suis écroulée. Tout me manquait : ton corps, mais aussi nos échanges, notre complicité, tout ce que tu me donnais et dont j'ai été subitement privée. Quelque chose en moi a été abîmé."
"Se hâtant vers la salle Victor-Hugo, elle songea à cette phrase de l’écrivain dans L’Homme qui rit : « La vie n’est qu’une longue perte de tout ce qu’on aime. "
"Il faut quand même le dire, il est jugé dans un moment de grande tension : depuis quelque temps, les femmes s'expriment librement et racontent les agressions dont elles ont été les victimes, et c'est une bonne chose mais reconnaissons qu'on est en pleine hystérie collective. On assiste à une véritable chasse à l'homme ; sur les réseaux sociaux notamment, c'est un lynchage, il n'y a pas d'autre mot, c'est la meute qu'on libère.
À écouter certains commentaires, tous les hommes seraient des violeurs en puissance, tous des porcs."
"Alexandre devient le bouc émissaire de cette folie de la délation, ça me rappelle les pires heures de la France. Je le dis : c'est de l'hypocrisie, à dix-huit ans, on est adulte, on sait ce qu'on fait. Quand une fille majeure suit un garçon de son âge dans un local en pleine nuit, elle sait ce qu'elle fait, elle n'est pas une victime, elle est responsable de ses actes, alors peut-être qu'elle s'est laissée influencer, peut-être qu'après coup, elle a regretté parce qu'elle avait honte ; en tout cas, sur le moment, elle n'a pas dit clairement ce mot qui aurait freiné mon fils : « Non ».
" La zone grise, c'est une zone inventée par les hommes pour se justifier, dire : les choses n'étaient pas claires, j'ai pensé qu'elle voulait, je me suis trompé, et passer à autre chose sans avoir à se sentir coupable ni rendre des comptes pour le mal qu'ils ont fait. "
"Moi j'étais claire ; je ne voulais pas. S'il ne s'était rien passé, pourquoi est-ce que j'aurais été porter plainte ? Est-ce que tu sais ce que c’est que d'aller dans un commissariat au milieu de dizaines de personnes qui attendent et d'entendre, quand vient enfin ton tour, ces questions horribles : vous étiez habillée comment? Vous aviez envie d'avoir un rapport? ..."
"Tu ne sais pas ce que ça fait d'être nue devant des inconnus, d'écarter les jambes... Imagine-toi cinq minutes... Mets-toi à ma place, pour une fois ! On m'a introduit plusieurs coton-tiges dans le vagin, on m'a donné des médicaments, un traitement préventif du VIH, on a introduit des embouts dans mon sexe pour voir à l'intérieur en commentant à chaque fois comme si j'étais une zone d’expérimentation et on m'a donné une pilule du lendemain. On m'a fait des analyses pour déterminer si tu m'avais transmis une MST, le VIH, j'ai cru mourir de peur en attendant les résultats, après tout, je ne savais rien de toi..."
Après plusieurs heures, j'ai enfin eu le droit de me doucher et alors j'ai pleuré et j'ai frotté ce corps que je détestais, je l'ai frotté jusqu'au sang, jusqu'à me faire un eczéma géant, tu as vu les photos, j'étais une plaie vivante, peut-être que moi, je n'ai pas tes mots ni ton langage, toi tu parles bien, tu es surdiplômé, on connaît même ton score en trail, façon de dire ; on ne va quand-même pas détruire la vie d'un jeune homme qui a fait Stanford et est capable de faire cinquante kilomètres en moins de quatre heures pour cette nulle qui a redoublé sa terminale et n'est même pas capable de contrôler son poids ? Mais mon corps a parlé, je n'ai pas menti."
"Tu as détruit ma vie et je veux avoir une chance de me reconstruire. Mais pour cela, je voudrais qu'aujourd'hui tu reconnaisses le mal que tu m'as fait."
"Je salue votre courage car c'est une épreuve. Tout au long de la procédure et du procès, il vous a fallu raconter encore et toujours l'indicible alors que la seule choses que vous vouliez, c'était oublier, ne plus avoir à en parler pour ne pas être confrontée à cette douleur que chaque récit ravivait. Dans les agressions sexuelles, redire, c'est revivre."
"Dans la vie , on n'est jamais loin de chuter, de commettre une erreur de perception et détruire, en quelques secondes, ce qu'on aura mis une vie à construire. La vie, votre vie, peut basculer à tout instant dans la tragédie. Il suffit d'un rien pour tout perdre. Vous croyez que cela ne peut pas vous arriver ? Vous avez tort. Fréquentez les salles de tribunal et vous le comprendrez : il suffit d'un rien."
"La dilection avait succédé à la passion. C'était ça, le véritable amour : être présent à l'heure du déclin quand on avait tout connu et tout aimé d'un être.
"Disons-le : vous avez le droit de détester M. Farel. Vous avez le droit de ne pas aimer sa façon de parler, de briller. C’est comme on dit un privilégié, quelqu’un qui a un parcours de jeune élite et qui a un sentiment de supériorité peut-être inhérent à sa caste. Il y a cette façon de se mettre un peu à distance, l’impression qu’il n’est pas authentique, sincère, qu’il est froid, arrogant, qu’il vous prend de haut – c’est sa manière de s’exprimer, sa manière d’être, mais ça ne veut pas dire qu’il ne souffre pas."
Mon humble avis :
Si les personnages restent pour moi ambivalents, stéréotypés, excessifs, et pas forcément attachants, (je pense que c'est exprès) le livre m'a captivé!
Un sujet très grave, important, dérangeant...
Une histoire qui nous entraîne très loin dans la réflexion sur le délicat drame du viol, mais aussi sur la vie qui peut pour chacun d'entre nous basculer en quelques instants.
Bouleversant! Le chapitre 23 des plaidoiries, c’est avec les larmes que je l'ai lu.
Pas étonnant que ce livre ait reçu le prix Goncourt des lycéens 2019 car c'est un récit puissant et primordial à notre époque pour les jeunes...
Oui, des interrogations sur notre monde d'aujourd'hui : les réseaux sociaux et leur puissance positive ou négative, l'éducation, l'importance de la vie familiale, les déviances sexuelles, la mécanique impitoyable de la machine judiciaire, l'influence terrible des médias, le suicide assisté, la peur du vieillissement, la réflexion face à nos jugements...
Tant de sujets passionnants et bien abordés...
Un livre que l'on dévore! Superbement écrit...Superbe lecture !
Trop long pour moi ma petite Brigitte !
http://chantouvivelavie.centerblog.net
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