MES POEMES SUR LE TEMPS QUI PASSE

SONGES DU PASSE

De l’enfance je garde cet amour de la terre
Avec son vent, son ciel, ses éclairs, ses tonnerres…
Un petit feu de bois de genêt dans un pré,
Une odeur de châtaignes en train de griller…

Mon enfance, c’est l’amour d’une grand mère aimée,
Ses cheveux blancs tirés, son doux visage ridé
Par le soleil, le vent, le travail dans les champs.
Toujours elle s’agitait, elle savait donner.

Elle avait de l’amour pour chacun d’entre nous
La vie rude des femmes assumant jusqu’au bout
Leur destin difficile d’une vie de travail
Sans se plaindre jamais et sans quitter les rails.

Mon enfance, c’est aussi des parents adorés,
La douceur de maman qui toujours me berçait,
Qui avec tant de tendresse chassait mes pleurs
Avec un gros bisou où elle mettait son cœur.

C’est la joie d’un papa qui toujours m’emmenait
Avec lui, n’importe où, fier de me promener,
Fier quand on lui disait que je lui ressemblais…
J’aurais tellement voulu ne jamais les quitter.

De l’adolescence, je voudrais effacer
Ces cris, ces disputes pas souvent justifiées,
Ce sentiment injuste de ne plus être aimé,
Une petite fille à jamais reniée.

Ces mots blessant, insultant restent dans mon cœur…
Et je souffre aujourd’hui de plaies en profondeur,
Et se sentir de trop dans son propre foyer,
Et se sentir si seule et si abandonnée.

Dans cette solitude où je me réfugiais
Je m’inventais un monde d’amour, d’amitié…
Livres et rêveries occupaient tout mon temps…
Il fait bon s’évader à l’aube des seize ans !

Est-ce donc pour cela que je n’ai pas grandi,
Cette vulnérabilité face à la vie ;
Aux sentiments, à la mort, au temps qui passe
Je rêve de lacs bleus, de grands prés, d’espace…

Je pense à une enfant qui me prendrait la main
Et qui me guiderait tout au long du chemin.
Elle vit près de moi, habitée de tendresse…
Parfois, dans le soir, c’est elle qui me berce.

Venelles, novembre 1990

Brigitisis