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coucou ma brigitte !
me revoilà après quelques jours d'absence (panne de pc).
comme elle est belle vénus et
Par tubesetfonds, le 22.01.2025
hello je passe avec la pluie et un ciel très nuageux c'est dommage car ce sont les quelques jours à regarder l
Par creationsreinette, le 22.01.2025
bonjour jolies photos , j'espère que ton mercredi se passe bien ? le mien calme sans sortie , chez nous la
Par Anna, le 22.01.2025
oh ça donne envie d y aller....j adore ces paysages. http://harmony 2011.centerblo g.net
Par harmony2011, le 22.01.2025
superbe endroit, elle est belle vénus. http://harmony 2011.centerblo g.net
Par harmony2011, le 22.01.2025
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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour :
22.01.2025
11517 articles
Mélissa Da Costa, née le 7 août 1990, est une romancière française autrice de best-sellers.
Mélissa Da Costa grandit à la campagne dans l'Ain, près de Mâcon.
Son père travaille dans le bâtiment et sa mère est assistante maternelle.
Elle écrit depuis toute petite mais ne se sent pas légitime pour devenir écrivain. Après des études d'économie, elle occupe un emploi de chargée de communication.
Elle dépose en 2018 un roman sur la plateforme numérique d'auto-édition monbestseller.com sur laquelle elle est repérée et publiée par une petite maison d'édition, Carnets nord. Renommé Tout le bleu du ciel, le roman connaît un succès important et est publié en poche.
Suivront d'autres titres publiés chez Albin Michel :
Les Lendemains (2020), Je revenais des autres (2021), Les Douleurs fantômes (2022), La doublure (2022) et Les femmes du bout du monde (2023) .
Ses romans sont des best-sellers, ils figurent dans le top 10 des livres les plus vendus en France
En janvier 2023, Mélissa Da Costa figure dans le classement publié par Le Figaro des dix auteurs français qui ont le plus vendu de livres en 2022.
Elle atteint la troisième place derrière Guillaume Musso et Joël Dicker avec 844 547 exemplaires vendus au cours de l'année 2022.
L'Histoire :
Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.
Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.
Critiques
Un livre aux dialogues impeccables et aux personnages touchants d’humanité.
Psychologies magazine.
Lumineux et bouleversant.
Version Femina.
Une aventure inoubliable
Elle
Une ode a la vie
La Provence
Un bouleversant voyage
Le Parisien
Un roman stupéfiant de beauté
Ouest France
Cirque de Gavarnie
Extraits :
«Petitesannonces.fr
SUJET : Recherche compagnon(ne) de voyage pour ultime escapade
AUTEUR : Emile26
DATE : 29 juin 01:02
MESSAGE :
Jeune homme de 26 ans, condamné par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) d’aventure pour partager avec moi ce dernier périple.
Itinéraire à valider ensemble. Alpes, Hautes-Alpes, Pyrénées ?
Voyage en camping-car avec passages en randonnées (sac à dos et tente à porter). Condition physique convenable à avoir.
Départ : dès que possible. Durée du voyage : 2 ans maximum (selon estimation des médecins). Possibilité d’écourter.
Profil de mon/ma compagnon(ne) de voyage :
Pas de compétences médicales particulières à avoir : je ne reçois aucun soin ou traitement et je dispose de toutes mes capacités physiques.
Bon mental (je risque de subir des pertes de mémoire de plus en plus importantes).
Goût pour la nature.
Ne pas être effrayé(e) par des conditions de vie quelque peu rustres.
L’envie de partager une aventure humaine.
Me contacter uniquement par mail. Nous pourrons échanger par téléphone par la suite.»
« Émile se frotte le menton. C’est un tic qu’il a depuis gamin, dès qu’il est songeur ou indécis. Il n’est pas certain de son annonce. Il la trouve froide, désincarnée, un peu dingue aussi. Il l’a écrite d’une traite, sans réfléchir. Il est une heure du matin. Il n’a pas dormi depuis une semaine, ou presque pas. Ça n’aide pas pour écrire.
Il relit l’annonce. Il trouve qu’elle laisse un goût bizarre en bouche. Un peu amer. Mais il se dit que c’est bien comme ça, que c’est suffisamment noir pour décourager les âmes sensibles et suffisamment insensé pour décourager les personnes conventionnelles. Seule une personne suffisamment spéciale pourra déceler le ton décalé de cette annonce.
Depuis qu’on lui a annoncé le verdict médical, il voit sa mère pleurer et son père serrer les mâchoires. Il voit sa sœur dépérir, le visage mangé par les cernes. Lui non. Il a pris la nouvelle avec une lucidité totale. Une forme d’Alzheimer précoce, lui a-t-on dit. Une maladie neurodégénérative entraînant une perte progressive et irréversible de la mémoire. La maladie finira par attaquer le tronc cérébral jusqu’à sa destruction. Le tronc cérébral responsable des fonctions vitales : battements du cœur, tension artérielle, respiration… Ça, c’est la bonne nouvelle. La mort le rattrapera rapidement. Dans deux ans au plus tard. C’est parfait. Il n’a pas envie de devenir un poids, de passer le restant de sa vie, des dizaines et des dizaines d’années encore, dans un état de sénilité avancée. Il préfère savoir qu’il mourra bientôt. Deux ans, c’est bien. Il peut encore en profiter un peu.
Ça n’est pas plus mal, finalement, que Laura soit partie, un an plus tôt. Ça aurait beaucoup compliqué les choses. Il se le répète depuis une semaine, depuis le verdict. Laura est partie, il n’a plus de nouvelles depuis un an. Pas un coup de fil. Il ne sait même pas où elle vit. Et c’est tant mieux. Il n’a plus réellement d’attache comme ça. Il peut partir. Il peut entamer ce dernier voyage sereinement. Non pas qu’il n’ait plus personne… Il y a bien ses deux parents, il y a sa sœur Marjorie et son compagnon Bastien, leurs jumeaux. Il y a Renaud, son ami d’enfance, Renaud qui vient de devenir papa et qui cherche une maison pour établir sa famille. Renaud papa et marié…»
Pic du Midi de Bigorre 2872 m par le sentier des Muletiers
«Émile secoue la tête en se renversant sur son siège de bureau. Il n'est plus l'heure d'être sentimental et de ressasser le passé. Il faut se concentrer sur le voyage maintenant, Ce voyage, il en a eu l'idée depuis qu' on lui a annoncé le verdict, Il a pris une heure ou deux pour s'effondrer, puis l'idée de voyage a germé dans son esprit. Il n'en a pas parlé. À personne. Il sait qu' on l' en empêcherait. Ses parents et sa sœur se sont empressés de l'inscrire à l'essai clinique. Le médecin a bien précisé pourtant : il ne s'agit pas de le guérir ou de le soigner, simplement d'en apprendre un peu plus sur sa maladie orpheline. Aucun intérêt pour lui. Passer ses dernières années dans une chambre l'hôpital à faire l'objet d'études médicales. Pourtant, ses parents et sa sœur ont insisté. Il sait pourquoi. Ils refusent d'accepter sa mort. Ils s'accrochent à l'espoir infime que l'essai clinique et ses observations permettent de freiner la maladie. La freiner pour quoi ? Rallonger sa vie ? Rallonger sa sénilité? C'est déjà tout vu : il partira. il règlera tous les détails dans le plus total des secrets, sans leur en toucher un mot, et il partira.
Il a déjà trouvé le camping-car. Il a envoyé l’argent. Il récupérera le véhicule en fin de semaine. Il le stationnera sur un parking en ville, en attendant que tout soit réglé, pour ne pas éveiller les soupçons de ses parents et de sa sœur. Pour Renaud, il hésite encore. Lui en parler ? Lui demander son avis ? Il ne sait pas. Si Renaud avait été célibataire, sans enfant, tout aurait été différent. Ils seraient partis tous les deux. Ça ne fait aucun doute. Mais voilà, les choses ont changé. Renaud a sa vie, ses responsabilités. Et Émile il n’a pas envie de l’embarquer dans ses dernières errances. Pourtant, ils en ont rêvé d’aventures tous les deux. Ils se disaient : « Quand on aura fini les études, on partira avec nos tentes et nos sacs à dos dans les Alpes. » Puis Émile a rencontré Laura. Et Renaud a rencontré Laëtitia. Ils ont laissé tomber leurs envies d’évasion.
Aujourd’hui il peut enfin partir. Il n’a guère plus d’attaches. Il n’a que deux ans à vivre et des proches qui se préparent déjà à le perdre. Maintenant ou dans deux ans, ça ne fait pas grande différence. Il relit une dernière fois l’annonce. Oui, elle est étrange et impersonnelle. Oui, probablement personne n’y répondra. Peu importe, il partira tout de même. Seul. Il craint de mourir seul, c’est quelque chose qui l’angoisse. Mais si ça doit arriver, si personne ne répond à son annonce alors tant pis. Il partira car son dernier rêve est plus fort que sa peur. Il clique sur le bouton « Envoyer » et un message s’affiche à l’écran, lui indiquant que l’annonce vient d’être publiée. Il se laisse aller dans son fauteuil en soupirant. Il est une heure et quart du matin. Si jamais quelqu’un répond, si jamais quelqu’un a la folie ou le courage de lui répondre (il ne sait pas très bien comment le définir)… alors il est persuadé qu’il aura trouvé le meilleur compagnon de voyage de tous les temps.»
«Il a failli effacer l’annonce. Pourtant ce matin quelqu’un y a répondu. Et il est totalement pris au dépourvu… Car ça n’est pas un homme, comme il était intimement persuadé que ce serait le cas, si toutefois une réponse venait à arriver. Non, il s’agit d’une femme. Une jeune femme. Elle dit avoir vingt-neuf ans. L’annonce devrait l’avoir effrayée ou au moins inquiétée. Partir seule avec un homme inconnu, qui se prétend en fin de vie, sans avoir aucune idée précise de l’itinéraire ou du but profond de ce voyage… Mais elle n’a pas eu l’air inquiète. Elle a posté un message court, elle n’a presque pas posé de questions. Est-ce qu’elle est dérangée psychologiquement ?
Petitesannonces.fr
SUJET : Re: Recherche compagnon(ne) de voyage pour ultime escapade
AUTEUR : Jo
DATE : 5 juillet 08:29
MESSAGE :
Bonjour Emile26,
Votre annonce a retenu mon attention.
Je m’appelle Joanne, j’ai 29 ans.
Je suis végétarienne, pas très à cheval sur le ménage et le confort.
Je mesure 1m57 à peine, mais je suis capable de porter un sac à dos de 20 kilos sur plusieurs kilomètres.
J’ai une bonne condition physique malgré quelques allergies (piqûres de guêpes, arachides et mollusques).
Je ne ronfle pas.
Je ne parle pas beaucoup, j’aime la méditation, surtout quand je suis plongée dans la nature.
Je suis disponible dès que possible pour partir.
J’attends de vos nouvelles.
Joanne »
Cabane de Tramezaïgues
« Depuis que le verdict est tombé, ils ne lui laissent plus une seconde de répit. Ni les uns, ni les autres. Ils l'étouffent. Il a hâte de partir, d'en finir avec tout ce cinéma. Même eux, ça les soulagera, au fond. Ils ne le savent pas encore. Pour le moment ils sont emplis de douleurs et pleins de bonnes intentions mais ça finira par leur peser, tout ça. Ils faut qu'ils recommencent à vivre. Personne ne peut plus rien pour lui. Mais eux, ils faut qu'ils vivent.»
«Il a cru qu'il n'avait plus rien quand Laura est partie, qu'il ne lui restait que du vide et des choses insignifiantes. Il n'a pas vu ce qui lui restait, des petites choses de rien du tout qui font qu'on se sent aimé quand même, qu'on reste en vie.»
L'observatoire du Pic du Midi
«Il observe le dos immobile de Joanne. Il songe que ça ne change pas grand-chose, qu'elle soit là ou non. Elle parle peu. Elle ne tient pas de place. Elle respire à peine. Mais elle est là, elle ferme les yeux au contact de l'eau fraîche, elle agite ses doigts quand un rayon de soleil la caresse et ça fait une présence, une présence douce.»
« Le soleil décline doucement. Ils ont garé le camping-car sur un petit terrain mis à disposition par la municipalité. Il y a d'autres voyageurs sur ce terrain. Émile et Joanne les ont salués, de loin. Ils se sont arrêtés à l'ombre, dans l'herbe. Ils ont installé la table et les chaises pliantes sous les arbres. Joanne a proposé de sa voix frêle de préparer une salade et elle s'est assise à la table pour découper les tomates et les poivrons. Émile s'est assis en face et il a sorti son guide de voyage. Cet après-midi, quand ils ont fait les courses, ils ont acheté un guide de voyage pour les Pyrénées. Il y a une carte géante, des photos des plus beaux points de vue et des itinéraires de randonnées. Les aires de service pour camping-cars sont annotées. Émile est penché au-dessus de la carte géante qu'il a dépliée. Il se frotte le menton, entoure un nom de ville de temps en temps. Joanne continue de découper les tomates, indifférente. Quelques mètres plus loin, des enfants jouent avec un ballon en criant. Une dame se fait bronzer devant son camping-car. Un chien jappe.
Eux, ils sont silencieux.»
«C'est toujours plus simple d'accuser son rival d'être la cause de la rupture. C'est beaucoup plus simple que de voir ce qu'on a raté.»
«Je pourrais vous faire une liste des raisons qui m’ont poussé à partir. Ça pourrait vous aider à comprendre et à me pardonner. Vous pourriez en trouver au moins une qui serait valable, pour chacun d'entre vous. La première et la plus évidente, c’est que je ne veux pas de cet essai clinique et que je ne veux pas crever branché à des électrodes. Je ne veux pas être un rat de laboratoire. Si la maladie doit m’emporter, qu'elle m'emporte, mais par pitié que tous ces médecins me fichent la paix !
La deuxième raison, celle qui explique ma fuite, c’est que je ne veux pas devenir un poids pour vous. Si j'étais resté, ça se serait produit. Vous avez mieux à faire. Tous autant que vous êtes.
La troisième raison tient plus à une histoire de fierté et d’ego. Est-ce qu’elle est moins louable? Je ne sais pas. Mais voilà, je ne veux pas ternir l’image que vous avez de moi. Je préfère partir (égoïstement sans doute) en vous laissant une image de moi telle que je l’imagine : jeune, beau, musclé, plein d’avenir, dynamique, séduisant… (riez, oui…)
Je ne veux pas devenir sénile, délirant, je ne veux pas qu'on m'aide à me rappeler mon nom, qu’on doive me réapprendre à lacer mes chaussures ou à faire cuire un œuf. Je ne veux pas que la dernière image que vous ayez de moi soit celle d’un homme diminué et vulnérable (surtout le dernier point). J’ai ma fierté, comme tout le monde. Je préfère vivre mes derniers mois à l’abri de vos regards.
Une autre raison, plus sympathique celle-là, c’est que j’ai toujours voulu le faire, ce fameux voyage en pleine nature!!! Renaud, on se l’était juré ! Tu auras probablement le temps de le faire plus tard, avec Laëtitia et le morveux. Pour moi c’est maintenant ou jamais. C ’est plutôt chouette de partir en réalisant un rêve ;)
Je n’ai pas voulu des adieux. Je suis lâche. Ça fait aussi partie de mes qualités.
C'est come pour cette lettre : c'et plus facile qu'un coup de téléphone. Je ne sais pas si je vous appellerai un jour mais je vous écrirai, c'est sûr. En tout cas aussi longtemps que je me souviendrai de vous.»
«Il a l'impression de fuir une fois de plus, d'esquiver encore les adieux. Peu importe. Dans quelques mois il ne sera plus. Ceux qui resteront s'arrangeront avec leurs souvenirs pour s'inventer des adieux convenables et des raisons valables.»
Lac D'Oncet
« Le silence retombe. Émile sent la boule grossir dans sa gorge. Il aime que Joanne parle librement de ce qui va arriver, qu'elle ne se montre pas gênée. Pourtant, il est dérouté par la facilité avec laquelle elle le fait. C'est comme si la mort, sa mort, ne représentait pas grand-chose, juste une formalité en ce bas monde. C'est bien et c'est troublant à la fois.
Il a fui ses proches pour cette raison, pour se détacher de ça : les liens, l'attachement, la douleur du départ. C'est plus facile de mourir en présence d'une inconnue qui vous regarde avec indifférence, c'est plus facile de n'avoir rien à quoi se rattacher le moment venu. Mais c'est troublant.»
«Il a l’impression qu’ils croisent des gens sur leur ascension mais il n’en est pas sûr car il est plongé dans ses pensées. Il croit comprendre ce que veut dire Joanne quand elle déclare qu’elle préfère marcher seule, et même quand elle s’isole pour méditer dans un champ. On se retrouvé plongé en soi, on n’est plus vraiment conscient de ce qui se passe autour. L’effort physique permet au mental de totalement lâcher prise. Les pensées se succèdent en tourbillon, mais un tourbillon calme et serein. À certains moments, on est à peine conscient qu’on pense. Il y a des souvenirs qui remontent tout doucement, qui s’imposent sans provoquer d’émotions douloureuses. On les regarde avec une certaine distance et avec bienveillance.»
″Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.″
Il fronce les sourcils, se sentant un peu idiot.
″Pardon ?″
Elle relève son chapeau, qui lui tombe sur le front.
″C'est de Proust″
Il se sent bête. Elle doit lire beaucoup plus que lui.
″Tu veux que je te le répète ?
Elle a comme un demi-sourire sur les lèvres. Il hoche la tête.
″Oui...Vas-y...
— Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux.
— Ce qu'il veut dire, c'est que...?
Il hésite. Il a peur de passer pour un idiot.
"Ce qui veut dire que ce voyage qu'on fait toi et moi, c'est avant tout un voyage intérieur... Une introspection.»
Elle marche d'un pas vif maintenant, elle regarde droit devant elle.
″Oui″, lâche-t-il.
Il a la bouche sèche.
″Pour voir les choses avec un nouveau regard ?"
Il cherche son approbation. Mais elle conserve un visage inexpressif quand elle parle :
"Comme tu l'as dit, il y a toutes ces choses qui remontent mais là, on les voit différemment, avec de nouveaux yeux."
Elle vient de lui faire une confidence. Elle sait pourquoi il marche et elle marche pour la même raison. Elle vient chercher des réponses, des explications. »
«Il y en a une autre que j'aime beaucoup.
Il hoche la tête pour l'encourager à continuer.
"Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même." C'est de Confucius.»
«Il est toujours allongé sur son duvet, le visage tourné vers les étoiles et il a l'impression que quelque chose s'est débloqué en lui, que ses épaules sont moins lourdes, que son cœur bat plus vite, comme s'il venait de se décharger de quelque chose qui l'enserrait depuis un an.»
"Il a de la chance d'être là ce soir, au milieu des ruines d'une cabane en pierres. Il a de la chance de faire ce voyage. Quelque part, il a de la chance de savoir qu'il va mourir très bientôt. Sans ça il n'aurait jamais pris le temps de partir, de voyager au cœur de lui-même, de voir les choses avec de nouveaux yeux.
Il n'a jamais ressenti ça, ce sentiment de plénitude et de gratitude envers l'univers. Oui, il va mourir mais il est là ce soir, il a compris énormément de choses. Il n'en est pas vraiment sûr mais il a l'impression qu'il vient de se pardonner. "
«2 juillet, 22h
Sur le sentier des Muletiers (pic du Midi), au pied des ruines d'une cabane en pierre.
Nuit dégagé, ciel étoilé.
Me voici à la première page de ce carnet (une idée de Joanne...). Je ne suis pas forcément très emballé par le concept mais je vais tenter de l'écrire tout de même, même si ça me semble être une lubie de fille. Pourquoi elles ont toujours tendance à vouloir écrire des journaux intimes ?
Bon, je dois reconnaître que dans mon cas, c'est plutôt ingénieux. Un aide-mémoire qui me servira également de carnet de lettres. C'est vrai que là où on sera, on n'aura pas toujours la possibilité de poster des courriers. Alors je me lance.»
«Ce soir, il m'est arrivé un truc dingue, un truc qui ne m'était jamais arrivé : je me suis accordé mon pardon. Par rapport à Laura. C'était comme une petite délivrance. Je me suis rendu compte que c'était rare qu'on se montre indulgent envers soi-même. Moi j'avais perdu l'habitude de le faire. En fait, je crois que j'avais oublié que je pouvais m'aimer.»
«On dit parfois qu'à l’heure du grand départ, les mourants voient leur vie défiler devant leurs yeux, qu'ils revivent les moments les plus forts. Je ne sais pas si c'est vrai mais je crois qu'on a tous besoin de faire ce retour sur images avant de s'en aller, de revoir les évènements avec de nouveaux yeux, plus sages, avec le recul des années, de Comprendre (avec un grand C), de pardonner, de se pardonner. Je ne suis qu'au début du chemin. La route est encore longue. J'espère que j'y arriverai, que je trouverai la conclusion de ma vie et que je partirai en paix.»
« Une expression douloureuse traverse son visage. Un aveu de faiblesse. C’est la première fois qu’il peut lire à travers ses traits lisses. Elle souffre. Énormément. Il ne sait pas pourquoi mais à cet instant il comprend que c’est la raison pour laquelle elle s’est renfermée en elle-même, la raison pour laquelle elle mime l’indifférence et n’exprime aucune émotion. Il y a trop de douleur en elle. Si elle laisse échapper ne serait-ce qu’une parcelle de cette douleur, un torrent la rattrapera et elle ne sait pas si elle y survivra.
Elle a la voix lourde et profonde lorsqu'elle répond :
"J'ai à nouveau une raison d'avancer."
Il l'avait compris. Avant même qu'elle n'ouvre la bouche.»
«— J'ai choisi deux mots bretons qui sont assez courts et qu'il pourrait retenir facilement. Pok, qui signifie bisou, et Spi, l'espoir.
Il la trouve touchante avec son petit air sérieux et préoccupé, comme si elle décidait du nom de son nouveau-né.
— Tu as une préférence ? Tu as ton mot à dire, bien sûr...
Cela le fait sourire encore plus largement.
— Quoi ? dit-elle en le voyant sourire.
— Rien...
Il n'ose pas lui dire qu'il la trouve touchante. À la place, il dit :
— On peut l'appeler Pok et considérer Spi comme son second prénom … Qu'est-ce que tu en dis ?"
Joanne acquiesce avec enthousiasme.
— On peut faire comme ça.
Puis elle ajoute avec un large sourire :
— Ce sera le premier chat sur terre à avoir un deuxième prénom!
Cela semble la rendre infiniment heureuse.»
« Lui aussi, elle l'a recueilli. Elle a décidé de l'accompagner dans sa dernière escapade et de lui offrir sa liberté en l'épousant. Il fait partie du lot. Tom Blue, Pok et lui. Elle a décidé de leur donner une seconde chance. À tous les trois. Elle est comme cette petite église, qui se dresse fièrement, intacte et forte, au milieu des ruines de Cômes. Elle est comme ça, Joanne...Un symbole d'espoir au cœur d'une terre de désolation.»
Lac de la Glère et son refuge
«Ma fuite et ma requête sont égoïstes mais pas moins que votre volonté de vouloir me garder sénile et prisonnier près de vous. Je vous ai pardonné. J'espère que vous saurez faire preuve de la même indulgence envers moi. Je vous aime et c'est pour le vie. Ces deux années loin de vous n'y changeront rien. Au contraire...
On dit que c'est en s'éloignant des personnes qu'on réalise l'amour qu'on porte.
Considérons cela comme une chance.
...
Maman, papa, je vous embrasse. Vous n'êtes jamais loin.
Vous êtes toujours auprès de moi, où que je sois. N'en doutez pas.
Votre fils, Émile. »
«Les petits boulots ne sont plus d'actualité. Il n'ose pas le dire clairement à Myrtille mais il se demande bien en quoi il serai utile à quiconque avec ses étourderies de vieux fou. Ce matin encore il a retrouvé sa brosse à dents dans un endroit improbable : sous son oreiller.»
«30 septembre, 23 h
6, Carrero del Massador, Eus
J'imagine que pour freiner ce genre de maladie, il faut sans cesse être stimulé. C'est pour ça que les vieux finissent tous par dépérir dans les maisons de retraite. Ils n'ont plus de stimulations, plus rien qui leur donne une motivation de rester en vie. Ici ça aurait fini par arriver. Malgré Myrtille et Annie, malgré Joanne. Le quotidien m'aurait englouti.»
« — Ici tu vois, je peux regarder le gâteau. On ne regarde jamais vraiment ce qu’on mange. Je peux passer plusieurs minutes à le regarder, à essayer de deviner son parfum, quelle sera sa texture en bouche, si la couche caramélisée sur le dessus sera croustillante ou fondante. Après je peux… je peux fermer les yeux et me concentrer sur l’odeur. Tu sais, l’expression j’en ai l’eau à la bouche… Ce n’est pas une blague. Ça se produit vraiment quand tu regardes et que tu sens avec attention, quand tu laisses l’envie s’installer. Moi, je laisse mon corps réclamer ce gâteau, saliver suffisamment longtemps, jusqu’à ce qu’il soit prêt à recevoir le goût, parce qu’alors je sais que tous mes sens seront en alerte.
Il l’écoute avec attention maintenant mais il ne peut retenir sa petite pique. Il est idiot, c’est comme ça.
— Et tu le manges, à un moment donné ? »
Elle ignore parfaitement ses sarcasmes et elle poursuit comme s’il n’avait même pas parlé.
— Après je le porte à ma bouche et je me concentre sur sa texture contre ma langue, sur la façon dont ma salive l’enrobe… Je le sens fondre lentement, contre mon palais, je découvre les premiers arômes qui se dégagent, mes papilles qui se réveillent. Ça fait comme des petites bulles de bonheur qui éclatent sur la langue. Et puis il y a cette sensation de bien-être dans tout le corps. Tu sais, le cerveau libère les hormones du bonheur en détectant le sucre. Les souvenirs d’enfance qui peuvent remonter en captant un arôme de fleur d’oranger ou de chocolat…
Elle laisse planer une seconde de silence comme si elle était en train de déguster le gâteau et pousse un petit soupir.
— Ensuite, je croque enfin dedans. Et alors c’est comme une grande explosion… Une extase. Le bouquet final.
Il est amusé de l'entendre parler ainsi. Ça semble très très sensuel. Il retient avec peine le sourire immature qui naît sur ses lèvres.
— Il se passe tout ça quand on mange ?
Elle hoche la tête. Il croit deviner un sourire aussi sur son visage.
— Oui. Il se passe tout ça quand on mange. Mais aussi quand on respire, quand on marche, quand on fait l'amour.... il suffit d'y prendre garde.
Il acquiesce et quand il essais de déglutir, il se rend compte qu'il a une boule énorme dans la gorge. Tout à coup il se sent lourd et pataud. Il réalise qu'il n'est qu'un mec complètement gauche. Un type banal qui n'a jamais rien compris à rien. Un type qui n'a jamais tenu de carnet, qui n'a jamais été foutu de comprendre la profondeur d'une citation ou de déguster une part de gâteau en pleine conscience. Elle, elle a appris à vivre. Son père lui a enseigné. C'est pour ça que tout est poétique dans sa tête, que tout est beau et si simple. "
Eus
« Un vent frais balaie la ruelle et ils restent silencieux, chacun perdu dans ses pensées. Et lui, est-ce qu'il était à la hauteur des filles qu'il a rencontrées ? de Laura ? Probablement oui. Ce n’étaient que des filles banales, des filles qui feignaient de déborder de confiance en elles, qui riaient très fort pour montrer au monde entier qu’elles étaient heureuses. Des filles qui sortaient danser sans ressentir les vibrations des basses dans leurs corps. Elles se contentaient de se dandiner en surveillant les regards de désir ou d’envie qu’elles pouvaient faire naître sur la piste de danse. Elles n’étaient jamais là pour être là, dans le moment présent. Elles étaient là pour plaire, pour panser leur ego, pour oublier une mauvaise journée, pour chercher du réconfort dans le regard de quelqu’un, pour se prouver qu’elles étaient encore jeunes. Elles étaient aussi pataudes que lui mais elles avaient la beauté et le charisme suffisant pour le faire oublier.»
« — Tu sens des choses que je ne sens pas. Et tu vois des choses que je ne vois pas. J'aimerais que tu m'apprennes. Dans mo monde les choses sont plus brutes, moins colorées, il n'y a pas de nuances.»
Ce magnifique livre ne peut se résumer ainsi !
Aussi ce sera en deux articles...une petite suite bien méritée...car 683 pages de pur bonheur...A suivre !
Ces photos trouvées sur le Net des merveilleux endroits découverts par nos personnages...Mille mercis à leurs auteurs pour leur partage.
Brigitisis
BON DEBUT DU MOIS DE MAI
BISES
http://lescockersdemaryse.centerblog.net
j ai adoré que de belles vues
un tout beau weekend
je te souhaite
une pluie fine chez nous ,,
il en faut , les réserves d eaux s épuisent
déjà ,,
bizou mon amie Brigitte
Christiane
http://douceuretdetente.centerblog.net
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