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bonjour je viens te souhaiter une excellente journée bise de josy http://crystal 46.centerblog. net
Par Crystal46 , le 08.01.2025
coucou kdo pour toi sur mon blog
rubrique crea amie/coup de coeur
bisous a toutes les 2 http://lescock ersde
Par lescockersdemaryse, le 07.01.2025
bonjour je viens te souhaiter une excellente journée bise de josy http://crystal 46.centerblog. net
Par Crystal46 , le 07.01.2025
je te souhaite une bonne semaine ainsi qu a venus
gros bisous a tres bientot http://lescock ersdemaryse.ce nt
Par lescockersdemaryse, le 06.01.2025
coucou
oui j ai bien eu tes voeux ne t inquiete pas
j ai 5 chats !! 4 filles et un garcon desiré 18 ans - fi
Par lescockersdemaryse, le 06.01.2025
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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour :
06.01.2025
11498 articles
L'auteure :
Delphine de Vigan est une romancière française née le 01/03/1966 à Boulogne Billancourt.
Son premier roman, "Jours sans faim", est paru en 2001 aux éditions Grasset sous le pseudonyme de Lou Delvig, pour ne pas heurter sa famille.
En 2007, "No et moi" reçoit le Prix des Libraires.
Ce "roman moral" à succès sur une adolescente surdouée qui vient en aide à une jeune SDF a été récompensé par le prix du Rotary International 2009 et par le Prix des libraires 2009.
Il a été traduit en vingt langues et une adaptation au cinéma a été réalisée par Zabou Breitman, film sorti en novembre 2010.
En 2008, Delphine de Vigan a participé à la publication de "Sous le manteau", un recueil de cartes postales érotiques des années folles.
En 2009, elle a été récompensée par le "prix du roman d'entreprise," décerné par deux cabinets de conseil (Place de la Médiation et Technologia) avec le soutien du ministre du travail de l'époque Xavier Darcos, pour ses "Heures souterraines" (Jean-Claude Lattès) qui a également obtenu le prix des lecteurs de Corse en 2010.
Le roman a été adapté pour Arte par Philippe Harel.
En 2011, elle obtient le prix du roman Fnac, le Prix Roman France Télévisions et le Prix Renaudot des Lycéens pour "Rien ne s'oppose à la nuit" ainsi que le grand prix des lectrices Elle 2012.
Toujours en 2011, elle co-scénarise le film de Gilles Legrand "Tu seras mon fils" avec Niels Arestrup et Lorant Deutsch.
En 2012, elle signe la préface de la BD de sa sœur Margot "Frangines, et c'est comme ça".
En 2015, elle a publié un nouveau roman "D'après une histoire vraie" couronné par le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des Lycéens.
Le roman est adapté pour le cinéma par Roman Polanski avec Éva Green et Emmanuelle Seigner.
Après son roman "Les loyautés", paru en 2018, elle continue à explorer les grandes valeurs humaines avec "Les gratitudes", paru en mars 2019.
Mère de deux enfants, elle vit avec le critique littéraire, reporter et animateur d'émissions culturelles de radio et de télévision, François Busnel.
L'histoire :
"Ce livre est le récit de ma rencontre avec L.
L. est le cauchemar de tout écrivain.
Ou plutôt le genre de personne qu'un écrivain ne devrait jamais croiser."
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s'aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d'une époque fascinée par le Vrai.
Critiques :
LePoint 03 décembre 2015
À la fois thriller psychologique et vertigineuse réflexion sur l'obsession actuelle de l'édition ou du cinéma pour les histoires inspirées de « faits réels », ce livre s'aventure sur les terres des diaboliques Lunar Park de Bret Easton Ellis et Misery de Stephen King.
LeJournaldeQuebec 21 septembre 2015
Comme elle brouille habilement les cartes, on aura beaucoup de mal à discerner le vrai du faux. En revanche, une chose est sûre: on s’est régalé.
Liberation 14 septembre 2015
D’après une histoire vraie, devrait confirmer sa place parmi les auteurs français les plus populaires et bankable du moment.
Lexpress 31 août 2015
Un récit intime et déroutant dans lequel la fiction rattrape le réel ou peut-être l'inverse. Ils s'entremêlent, se confondent et se répondent au travers d'un troublant face-à-face.
LesEchos 25 août 2015
Delphine de Vigan fait tourner à merveille la boule à facettes des faux-semblants et du mentir vrai.
Lexpress 21 août 2015
Delphine de Vigan excelle à égarer le lecteur, instille sans cesse le doute, entretient le mystère à la manière de Stephen King. D'après une histoire vraie est l'histoire captivante d'une manipulation. Mais qui manipule qui, au juste?
LeFigaro 20 août 2015
Le nouveau récit de la romancière, D'après une histoire vraie, s'apparente à un thriller psychologique.
Telerama 19 août 2015
L'auteur met en scène son double, secoué par le succès de son dernier roman et aux prises avec une amitié dangereuse. Une fiction qui donne le vertige.
Extraits :
"Le simple mot écrire dans une lettre ou un message suffisait à me nouer l'estomac.
Ecrire, je ne pouvais plus.
Ecrire, c'était non."
"J’ai rencontré L à la fin du mois de mars. À la rentrée suivante, L. évoluait dans ma vie telle une amie de longue date, en terrain connu. À la rentrée suivante, nous avions déjà nos private jokes, une langue commune faite de sous-entendus et de doubles sens, des regards qui suffisaient à nous comprendre. Notre complicité se nourrissait de confidences partagées, mais aussi de non-dits et de commentaires silencieux."
"Je ne pouvais pas lui dire Madame, je suis désolée, je n'y arrive plus, je suis fatiguée, je n'ai pas l'étoffe, la carrure, voilà tout, je sais bien que d'autres peuvent tenir des heures sans rien boire ni manger, jusqu'à ce que tout le monde soit passé, ait obtenu satisfaction, de vrais chanceux, des athlètes certainement, mais moi non, pas aujourd'hui, j'en n'en peux plus d'écrire mon nom, mon nom est une imposture, une mystification, croyez moi, mon nom sur ce livre n'a pas plus de valeur qu'une merde de pigeon qui serait tombée par malchance sur la page de garde."
"Quand j’étais enfant, je pleurais le jour de mon anniversaire. Au moment où les convives réunis entamaient la traditionnelle chanson dont les paroles sont sensiblement identiques dans toutes les familles que je connais, tandis que s’avançait vers moi le gâteau surmonté de quelques bougies, j’éclatais en sanglots.
Cette attention centrée sur ma personne, ces regards brillants convergeant à mon endroit, cet émoi collectif m’étaient insupportables."
"Combien de temps faut-il pour être une femme comme ça, me demandais-je en observant L., comme j’avais observé des dizaines de femmes avant elle, dans le métro, dans la file d’attente des cinémas, aux tables des restaurants ? Coiffées, maquillées, repassées. Sans un faux pli. Combien de temps pour parvenir à cet état de perfection, chaque matin, et combien de temps le soir, pour les retouches, avant de sortir ? Quel genre de vie faut-il mener pour avoir le loisir de dompter ses cheveux en brushing, de changer de bijoux chaque jour, d’assortir et varier ses tenues, de ne rien laisser au hasard ?
Aujourd’hui, je sais que ce n’est pas seulement une affaire de disponibilité, mais plutôt de genre, quel genre de femme l’on choisit d’être, si tant est qu’on ait le choix."
"Oui, sans doute avais-je peur de l'habitude, de l'usure, de l'agacement, des compromis, toutes ces choses très banales qui arrivent aux gens qui s'aiment après quelques années de vie commune, mais il était surtout question d'un équilibre que je craignais de mettre en péril. Et puis, à l'âge qui était le nôtre, chacun trimballant son lot de défaites et de désillusions, il me semblait qu'à vivre ainsi nous donnions et recevions le meilleur de nous-même.
J'aime cette facilité dans l'échange que l'on éprouve avec certaines personnes, cette manière d'entrer tout de suite dans le vif du sujet. J'aime parler des choses essentielles, émotionnelles, même avec des amis que je ne vois qu'une ou deux fois par an. J'aime chez l'Autre (et chez les femmes souvent) cette capacité à évoquer l'intime sans pour autant être impudique."
J’aimais aller au cinéma avec d’autres gens et parler du film juste après l’avoir vu, dans ce moment un peu flottant, parfois ému, qui suit la projection, mais j’aimais aussi y aller seule, pour que rien n’altère ces premières impressions, rien ne perturbe cette possibilité d’offrir son corps en résonance, quand les lumières viennent de se rallumer et que défile le générique, être seule pour que ce moment s’étire, se prolonge, rester assise dans l’atmosphère du film, en absorber entièrement l’humeur."
"J’avais accepté depuis longtemps l’idée que je n’étais pas l’une de ces femmes impeccables, incontestables, que j’avais rêvé d’être. Chez moi toujours quelque chose dépassait, rebiquait, ou s’effondrait. J’avais des cheveux bizarres à la fois raides et frisés, j’étais incapable de garder du rouge à lèvres plus d’une heure et il arrivait toujours un moment, où je me frottais les yeux, oubliant le rimmel sur mes cils. À moins d’une vigilance extrême, je me cognais dans les meubles, je ratais les marches, les dénivellations, me trompais d’étage pour rentrer chez moi. Je m’étais accommodée de cela et du reste. Et mieux valait en rire."
"— Je sais à quoi tu penses. Et tu te trompes.
Il y a une grande différence entre ce que tu ressens, la manière dont tu te perçois, et l'image que tu donnes de toi. Nous portons tous la trace du regard qui s'est posé sur nous quand nous étions enfants ou adolescents. Nous la portons sur nous, oui, comme une tache que seules quelques personnes peuvent voir."
"Encore aujourd'hui, il m'est difficile d'expliquer comment notre relation s'est développée si rapidement, et de quelle manière L. a pu, en l'espace de quelques mois, occuper une telle place dans ma vie.
L. exerçait sur moi une véritable fascination.
L. m'étonnait, m'amusait, m'intriguait. M'intimidait.
L. avait une façon singulière de rire, de parler, de marcher. L. ne semblait pas chercher à me plaire, ne semblait jouer aucun jeu. Elle m'impressionnait au contraire par sa capacité à être elle-même (au moment où j'écris ces lignes, je prends conscience de leur naïveté, comment pouvais-je savoir qui était L., après si peu de temps ?). Tout, chez elle, avait l'air simple, comme s'il suffisait de frapper dans ses mains pour apparaitre ainsi, naturelle et parfaitement adaptée. Lorsque je quittais L., après un moment passé avec elle, ou une longue conversation téléphonique, je demeurais souvent sous l'influence de cet échange. L. exerçait sur moi une douce emprise, intime et troublante, dont j'ignorais la cause et la portée."
"— Les gens s'en foutent. Ils ont leur dose de fables et de personnages, ils sont gavés de péripéties, de rebondissements. Les gens ont assez des intrigues bien huilées, de leurs accroches habiles, et de leurs dénouements. Les gens en ont assez des marchands de sables ou de soupe, qui multiplient les histoires comme des petits pains pour leur vendre des livres, des voitures, des yaourts. Des histoires produites en nombre et déclinables à l'infini.
Les lecteurs, tu peux me croire, attendent autre chose de la littérature et ils ont bien raison : ils attendent du Vrai, de l'authentique, ils veulent qu'on leur raconte la vie, tu comprends? La littérature ne doit pas se tromper de territoire."
"Combien d'entre eux m'avaient demandé après la lecture de mon dernier roman: "Est-ce que tout est vrai ?”.
Mais je voulais croire à autre chose : la rencontre avec un livre — la rencontre intime, viscérale, émotionnelle, esthétique avec le livre — se jouait ailleurs."
"— Mais il n'y a pas de vérité. La vérité n'existe pas. Mon dernier roman n'était qu'une tentative maladroite et inaboutie de m'approcher de quelque chose d'insaisissable. Une façon de raconter l'histoire, à travers un prisme déformant, un prisme de douleur, de regret, de déni. D'amour aussi."
"L'écriture doit être une recherche de vérité, sinon elle n'est rien. Si à travers l'écriture tu ne cherches pas à te connaître, à fouiller ce qui t'habite, à gratter, creuser avec les mains, si tu ne mets pas en question ta personne, ton origine, ton milieu, cela n'a pas de sens. Il n'y a d'écriture que l'écriture de soi. Le reste ne compte pas."
"Rares sont les amis dont nous pouvons dire qu'ils ont changé notre vie, avec cette certitude étrange que, sans eux, notre vie tout simplement n'aurait pas été la même, avec l'intime conviction que l'incidence de ce lien, son influence, ne se limite pas à quelques dîners, soirées ou vacances, mais que ce lien a irradié, rayonné, bien au-delà, qu'il a agi sur les choix les plus importants que nous avons faits, qu'il a profondément modifié notre manière d'être et contribué à affirmer notre mode de vie."
"Car le livre n’est rien d’autre qu’une sorte de matériau à diffusion lente, radioactif, qui continue d’émettre, longtemps. Et nous finissons toujours par être considérés pour ce que nous sommes, des bombes humaines, dont le pouvoir est terrifiant car nul ne sait l’usage que nous en ferons."
"— Tu n’as pas besoin d’inventer quoi que ce soit. Ta vie, ta personne, ton regard sur le monde doivent être ton seul matériau. L’intrigue est un piège, un traquenard, tu crois sans doute qu’elle t’offre un abri, ou un pilier, mais c’est faux. L’intrigue ne te protège de rien, elle aura vite fait de se dérober sous tes pieds ou de s’effondrer sur ta tête. Que cela soit clair, l’intrigue est un vulgaire trompe-l’œil, elle n’offre aucun tremplin, aucun appui. Tu n’as plus besoin de ça. Tu es ailleurs, maintenant, tu comprends ? Tu sous-estimes tes lecteurs. Tes lecteurs n’attendent pas qu’on leur raconte des histoires pour qu’ils s’endorment en paix ou pour les consoler. Ils se moquent des personnages interchangeables, transposables d’un livre à l’autre, ils se moquent des situations plus ou moins plausibles tricotées avec agilité mais qu’ils ont lues déjà vingt-cinq fois. Ils s’en contrefoutent. Tu leur as prouvé que tu savais faire autre chose, que tu pouvais t'emparer du réel, en découdre avec lui, ils ont compris que tu cherchais une autre vérité et que tu n'avais plus peur."
"Une chose injuste qui sépare le monde en deux : dans la vie, il y a ceux dont on se souvient et puis ceux qu'on oublie. Ceux qui laissent une empreinte, où qu'ils aillent, et ceux qui passent inaperçus, qui ne laissent aucune trace. Ils n'impriment pas la pellicule. Ça s'efface derrière eux."
"Je prends des notes sur des petits carnets. Je les aimes fins et légers, à couverture souple, avec les lignes. je les garde au fond de mon sac, où que j’aille , les emporte en voyage, en vacances et j’en dépose toujours un le soir venu sur ma table de nuit. J’y note des idées ou des phrases pour mon travail en cours, mais aussi d'autres mots, des titres de futurs livres, des commencements d'histoires. "
"En réalité je tergiversais, m'éparpillais, repoussais de jour en jour et de semaine en semaine le moment où il me faudrait admettre que quelque chose était cassé, perdu, ne fonctionnait plus.
En réalité, dès que j'allumais l'ordinateur, dès que je commençais à réfléchir, la voix de la censure s'élevait. Un genre de surmoi sarcastique et sans indulgence avait pris possession de mon esprit. Il gloussait, se faussait, ricanait. Il traquait, avant même qu'elle soit formulée, la faible phrase qui, sortie de son contexte, provoquerait l'hilarité. Sur mon front, un troisième oeil s'était greffé au-dessus des deux autres. Quoi que je m'apprête à écrire, il me voyait venir avec mes gros sabots. Le troisième oeil m'attendait au tournant, démolissait toute tentative de début, démasquait l'imposture.
Je venais de comprendre quelque chose de terrifiant et vertigineux : j'étais dorénavant mon pire ennemi. Mon propre tyran."
"Une période de ma vie venait de se terminer, cela s’était fait de manière naturelle et joyeuse, sans heurts, cela était dans l’ordre des choses et pourtant cela me trouait le ventre. Dans les chambres vides, les lits étaient faits, les livres bien alignés, les placards fermés. Un ou deux objets étaient déplacés, un vêtement était resté accroché au dos d’une chaise, j’observais ce faux désordre, semblable à ceux qu’on découvre dans des catalogues pour meubles ou les magazines de décoration qui ne se ressemble qu’à ce qu’il est : un simulacre ridicule, une représentation factice de la vie. J’avais envie de pleurer."
"L. se donnait à voir sous des jours différents, tantôt grave et sous contrôle, tantôt facétieuse et imprévisible. C'est sans doute ce qui rend si complexe la représentation de sa personne, ces failles brusques dans la maîtrise d'elle-même, ce mélange d'autorité et de sérieux, que venait soudain contredire un accès d'humeur ou de fantaisie, dont la violence m'évoquait ces appels d'air inattendus, lorsque les fenêtres s'ouvrent en fracas sous la pression du vent."
"Oui, moi aussi je m'étais souvent demandé : comment font les gens ? Et à vrai dire, si ces questions s'étaient modifié, elles n'avaient jamais cessé : comment font les gens, pour écrire, aimer, dormir d'une seule traite, varier les menus de leurs enfants, les laisser grandir, les laisser partir sans s'accrocher à eux, aller une fois par an chez le dentiste, faire du sport, rester fidèle, ne pas recommencer à fumer, lire des livres + des bandes dessinées + des magazines + un quotidien, ne pas être totalement dépassé en matière de musique, apprendre à respirer, ne pas s'exposer au soleil sans protection, faire leurs courses une seule fois par semaine sans rien oublier ?"
"Tu n'as jamais pensé que le roman était mort, en tout cas une certaine forme de roman ? Tu n'as jamais pensé que les scénaristes vous avaient tout simplement coiffés au poteau ? Cloués, même. Ce sont eux, les nouveaux démiurges omniscients et omnipotents. Ils sont capables de créer de toutes pièces des familles sur trois générations, des partis politiques, des villes, des tribus, des mondes en somme. Capables de créer des héros auxquels on s'attache, que l'on croit connaître. Tu vois de quoi je parle ? Ce lien intime qui se tisse entre le personnage et le spectateur, ce sentiment de perte ou de deuil qu'il éprouve quand c'est fini. Ça ne passe plus avec les livres, ça se joue ailleurs, maintenant. Voilà ce que les scénaristes savent faire."
"De quoi crois-tu que sont faits les écrivains ?
Regarde-toi, regarde autour de toi ! Vous êtes le produit de la honte, de la douleur, du secret, de l'effondrement. Vous venez des territoires obscurs, innommés, ou bien vous les avez traversés. Des survivants, voilà ce que vous êtes, chacun à votre manière et tous autant que vous êtes."
"Oui, l'écriture est une arme, Delphine, une putain d'arme de destruction massive. L'écriture est même bien plus puissante que tout ce que tu peux imaginer. L'écriture est une arme de défense, de tir, d'alarme, l'écriture est une grenade, un missile, un lance-flammes, une arme de guerre. Elle peut tout dévaster, mais elle peut aussi tout reconstruire."
"Maintenant que j'expose ces faits, reconstitués dans un ordre à peu près conforme à celui dans lequel ils se sont déroulés, j'ai conscience qu'apparaît, comme à l'encre sympathique, une sorte de trame, dont les ajours laissent entrevoir la progression lente et assurée de L., renforçant chaque jour son emprise. Et pour cause : j'écris cette histoire à la lumière de ce que cette relation est devenue et des dégâts qu'elle a provoqués. Je sais l'effroi dans lequel elle m'a plongée et la violence dans laquelle elle se termine."
"À l'âge adulte, l'amitié se construit sur une forme de reconnaissance, de connivence : un territoire commun. Mais il me semble que nous recherchons chez l'autre quelque chose qui n'existe en nous-même que sous une forme mineure , embryonnaire ou contrariée. Ainsi, avons-nous tendance à nous lier avec ceux qui ont su développer une manière d'être vers laquelle nous tendons sans y parvenir."
"Je suis quelqu’un de maladroit. Je me cogne dans les murs, me prends les pieds dans les tapis, je fais tomber des objets, renverse l’eau, le vin, le thé, je glisse, je trébuche, je me laisse entraîner dans des dérapages incontrôlés, tout cela parfois au cours d’une même journée. Ce n’est pas nécessairement dû aux irrégularités de terrain ni à la présence d’obstacles camouflés. Il s’agit plutôt d’une grande distraction, ou d’une forme sournoise d’inadaptation au monde qui m’entoure. À cela s’ajoutent d’autres paramètres : la fatigue, le regard de l’autre. Encore aujourd’hui, si je me sais observée, il m’arrive de traverser une pièce ou de descendre un escalier avec pour unique préoccupation de parvenir au bout sans tomber. Encore aujourd’hui, si je suis intimidée, il m’arrive de passer un repas entier à suivre la conversation d’une oreille distraite parce que je m’applique à ne pas avaler de travers, à ne rien laisser choir, et que cela requiert toute mon attention."
"Est-ce que chacun de nous a ressenti cela au moins une fois dans sa vie, la tentation du saccage ? Ce vertige soudain - tout détruire, tout anéantir, tout pulvériser - parce qu'il suffirait de quelques mots bien choisis, bien affûtés, bien aiguisés, des mots venus d'on ne sait où, des mots qui blessent, qui font mouche, irrémédiables, qu'on ne peut pas effacer. Est-ce que chacun d'entre nous a ressenti cela au moins une fois, cette rage étrange, sourde, destructrice, parce qu'il suffirait de si peu de choses, finalement, pour que tout soit dévasté ?
"Quiconque a connu l'emprise mentale , cette prison invisible dont les règles sont incompréhensibles , quiconque a connu ce sentiment de ne plus pouvoir penser par soi-même , cet ultrason que l'on est seul à entendre et qui interfère dans toute réflexion , toute sensation , tout affect , quiconque a eu peur de devenir fou ou de l'être déjà , peut sans doute comprendre mon silence face à l'homme qui m'aimait .
C'était trop tard ."
"Selon L., je ne m'étais pas cassé le pied par hasard. La fracture était une manière visible de signifier l'empêchement, l'empêtrement, qui m'assignait au silence. La chute devait s'entendre dans tous les sens du terme : au-delà de la perte concrète d'équilibre, j'étais tombée pour mettre fin à quelque chose. Pour clore un chapitre. Tomber ou somatiser, au fond cela revenait au même. D'ailleurs, selon L., nos somatisations avaient pour fonction principale de révéler une angoisse, une peur, une tension que nous refusions d'admettre. Elles nous adressaient un message d'alerte."
Mon humble avis
479 pages captivantes...Un livre lu en novembre 2015 et relu aujourd'hui .
J'ai retrouvé avec plaisir l'écriture de Delphine de Vigan, son style si agréable à lire mais si différent dans ce roman puisque nous sommes dans une atmosphère particulière de suspens et de tension.
Un thriller psychologique bien construit, qui aborde tout au long du récit des réflexions pertinentes sur les échanges entre un écrivain et le lecteur, sur la difficulté parfois de trouver un sujet et la peur de la page blanche, l'inspiration, la pression des éditeurs, sur ce que souhaite au fond trouver un lecteur : un récitautobiographique ou imaginaire ?
Elle nous parle aussi de la place prépondérante aujourd'hui des films, des séries.
Mais aussi des sujets plus graves comme leharcèlement, l'emprise qui vous brise, vous broie, vous détruit, vous diminue, vous éteint en vousôtant touteconfiance en vous, toute estime, tout amour de vous-même, en vous mettant sous la domination de l'autre.
Une tension qui noushappe au fil des pages nous entraînant vers des sentiments plus intimistes comme le doute et la folie.
Et avec ce titre "D'après une histoire vraie" la vraie question demeure quand on pose le livre une fois la dernière page tournée : où est la vérité ? où est la fiction?
Passionnant.
À lire absolument...