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Date de création : 13.06.2011
Dernière mise à jour : 14.02.2025
11550 articles


DUST DE SONJA DELZONGLE

DUST  DE SONJA DELZONGLE

 

L'Auteure

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Née en 1967 d'un père français et d'une mère serbe, Sonja Delzongle a grandi entre Dijon et la Serbie. 

La famille de Sonja Delzongle lui transmet très vite le goût de la lecture et de l’écriture. A 5 ans à peine, la future écrivaine dévore les romans.


Elle a mené une vie de bohème, entre emplois divers ( les plus marquants ayant été le commerce artisanal afro-asiatique, six années de journalisme et la tenue d'un bar de nuit ) et écriture.

Après un DEUG en Langues et Lettres Modernes, elle s’attaque au concours de l’École des Beaux-Arts de Dijon et obtient un diplôme au bout de six ans.
Elle peint et expose durant une quinzaine d’années, puis devient journaliste en presse écrite à Lyon.

Après l’écriture d’une nouvelle devenue depuis un roman court, "La journée d’un sniper" (2007), elle publie un premier thriller "À titre posthume" (2009), puis "Le Hameau des Purs", en 2011.

C’est en 2011 qu’elle commence l’écriture de "Dust".
Sa passion pour l’Afrique, qui remonte à sa petite enfance, l’a amenée à y faire de multiples séjours.

Son roman parait en 2015 chez Denoël et connait un succès éditorial et public. La même année, elle obtient le Prix Anguille sous Roche.

En 2016, parait "Quand la neige danse", toujours chez Denoël, qui met également en scène la profileuse Hanah Baxter et dont l’action se passe non plus au Kenya mais dans le froid nord-américain.
"Récidive" paru en 2017 nous offre une troisième enquête.

Après une épopée arctique dans "Boréal" (2018), elle revient cette fois dans les montagnes des Balkans, ses racines, avec "Cataractes" (2019).
 

L’homme de la plaine du Nord », toujours de la maison d’édition Denoël, dont la parution a eu lieu en 2020.

Son dernier roman qui vient de sortir "Abîmes" connaît déjà un immense succès.

Style d’écriture

Sonja Delzongle avoue s’inspirer grandement de son expérience de vie et du monde qui l’entoure pour créer ses histoires, ainsi que les caractères de ses personnages. Chaque héros est différent et détient ses propres caractéristiques.

Concernant l’élaboration de l’intrigue, tout dépend de ses romans, chacun a son histoire propre.
Pour son roman « Dust », l’auteure a laissé libre court à son imagination. 
Sonja Delzongle confie que c’est un pur plaisir, mais que ce mode de fonctionnement donne aussi lieu à un important travail de réécriture.
L’écrivain a toujours une trame, qui évolue au fil de l’élaboration du récit. 
Sonja Delzongle ne s’impose aucune règle, aucun « filet », ce qui fait le charme de ses œuvres.

Concernant ses lectures et influences littéraires, Sonja Delzongle s’amuse à citer « Les Déferlantes » de Claudie Gallay, « Le Prince des Marées » de Pat Conroy, ou encore « Abysses » de Schatzing, un thriller politico-écologique qu’elle adorerait relire, malgré les 1500 pages du livre en format poche.

Sonja Delzongle partage sa vie aujourd'hui entre Lyon et la Drôme. 

Son blog : http://sonia-blogart.blogspot.fr/
Page Facebook : https://www.facebook.com/Sonja-Delzongle-1403988013229391/

 

 

L'histoire :

 

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Quelque part en Afrique, la mort rôde...

2010. Dans un terrain vague de Nairobi, un gamin à vélo s'amuse à rouler dans une grande flaque sur le sable ocre.
Du sang humain, répandu en forme de croix.
Sans le savoir, le garçon vient de détruire une scène de crime, la première d'une longue série.

 

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Nairobi



2012, à Nairobi.
Une femme albinos est décapitée à la machette en pleine rue.
Le tueur a emporté la tête, un bras aussi.
Elle a été massacrée, comme beaucoup de ses semblables, parce que ses organes et son corps valent une vraie fortune sur le marché des talismans.
Appelée en renfort par le chef de la police kényane, Hanah Baxter, profileuse de renom, va s'emparer des deux enquêtes.

Hanah connaît bien le Kenya, ce pays où l'envers du décor est violent, brûlant, déchiré entre ultra modernité et superstitions.
Mais elle ne s'attend pas à ce qu'elle va découvrir ici.
Les croix de sang et les massacres d'albinos vont l'emmener très loin dans les profondeurs du mal.

 

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Épigraphes

"La poussière qui reste, c'est le temps qui se dépose." 

Jean-Luc Hennig

 

Waloyo, olowa, wagoi !
("Nous gagnons, nous perdons, nous vous rosserons de toute façon," cri de guerre du Gor Mahia, club de football kenyan.)

 

 

Extraits :

 

     "Le jeune Salim avait déjà vu du sang dans sa courte vie. À commencer par le sien, qui coulait d’une plaie après qu’il se fut entaillé un doigt ou écorché les genoux. Il savait même que les filles, à la puberté, en perdaient tous les mois et que c’était le signe qu’elles étaient devenues des femmes. Il en avait vu aussi à la télévision et dans la rue. Des images gluantes, le bitume ou la terre, rougis du sang versé lors de combats fratricides. Des crimes, des guerres sans fin.
     Le sang était la vie et la mort.
     Ce matin de juin, debout sur son vélocross, à évaluer les aspérités exploitables du sol à des fins acrobatiques, il fit une découverte singulière.
     Sur le terrain vague des faubourgs de Nairobi où il avait l’habitude de se retrouver avec ses copains, un miroir pourpre réfléchissait les rayons du soleil naissant.
     Il donna quelques coups de pédale et s'approcha, tel un animal curieux. La chose se révéla plus précisément. C'était la surface lisse et luisante d'une grande flaque de sang encore frais, dont l'odeur métallique avait dû alerter les deux hyènes qui venaient de s'enfuir, dérangées dans leur festin par le petit homme et sa monture.

     Les charognards se risquaient rarement aux abords des villes.
Mais le sang sur la terre desséchée avait attiré les animaux nécrophages à plusieurs kilomètres.

     Salim regarda partout autour. Il manquait quelque chose à cette scène. Un corps, un cadavre."

 

     "— C’est probablement une nouvelle série, sauf que cette fois le tueur ne laisse pas de cadavre derrière lui.
— Alors que laisse-t-il ?
— Rien que du sang. Beaucoup de sang avec lequel il a tracé une croix de la taille d’un homme. Ces flaques apparaissent depuis deux ans avec une régularité frappante, sans aucune trace des corps. La quantité d’hémoglobine retrouvée est trop importante pour que les victimes aient survécu. D’ailleurs, j’imagine que dans ce cas elles auraient averti la police.
— Sauf si le traumatisme est trop violent… Cette croix tracée avec du sang, il s’agit peut-être de crimes rituels ? L’œuvre d’une secte ? suggéra Hanah maintenant tout à fait réveillée. J'ai entendu que depuis 2009, l'Afrique, notamment l'Ouganda et le Gabon, connaît une recrudescence inquiétante de sacrifices humains, en particulier d'enfants."

 

 

     "− Avez-vous creusé du côté des crimes religieux, ethniques ou politiques ? demanda Hanah, dubitative. Des règlements de compte suite aux événements qui ont secoué le Kenya en 2008…
     Elle faisait allusion aux sanglantes émeutes après les élections présidentielles truquées. Les Kikuyus, assimilés à la défense d’un pouvoir corrompu, avaient été pris pour cible par les opposants.
Les combats avaient fait au moins quatre cents morts.

— Je ne pense pas. Ça ne s’étalerait pas sur deux ans, avec cette régularité.
— Ou bien des actes de certains mouvements rebelles, poursuivit Hanah sur sa lancée, les Mau-Mau et autres gangs ?
— Ce n’est pas leur mode opératoire. Ils préfèrent abandonner les cadavres mutilés dans la rue, à la vue de tous, comme des avertissements."

 

 

     Le bouddhisme n’était pas la seule croyance vers laquelle Baxter s’était tournée. Elle s’était aussi approprié une superstition amérindienne sur l’étroite corrélation entre l’homme et la nature.
     Chaque être humain serait accompagné d’un animal totem, un guide, un esprit protecteur. Lorsqu’elle entrait en connexion avec les âmes des personnes qu’elle rencontrait, y compris celles des criminels, Hanah cherchait à détecter quel pouvait être leur animal totem. Le sien était l’ours, toujours avide de vérité, en quête permanente des secrets terrestres. Ça lui correspondait bien."

 

     "Une bonne partie de sa vie, Hannah avait suivi cette route. La route du mal. La route du sang. Celui des victimes et parfois du tueur. Son destin était tracé au rouge. Elle aurait pu ne pas choisir cette voie. Mais avait-elle vraiment eu le choix ? Le libre arbitre n'est il pas un mythe, une invention, pour avoir l'illusion d'échapper à son destin ?
      La question sans réponse hantait encore ses nuits."

 

     "Elle n'était pas vraiment ce qu'on appelle "un canon" ou "une bombe" −  surprenant, tous ces termes d'artillerie lourde, juste pour décrire une belle femme."

    "Mais pour sortir indemne de toutes ces horreurs, il fallait avoir soi-même un profil particulier. En tout cas, être sacrément blindé ou un peu dérangé. Dans ce contact permanent avec le mal, les insomnies et les crises d'angoisse doublées de paranoïa étaient, la plupart du temps, la rançon du succès de Baxter.
     Lorsqu’elle approchait ceux que l’on appelait les « monstres », elle suivait en grande partie son intuition, une sorte de sixième sens, une aptitude particulière à se glisser dans les méandres de l’esprit humain et ses abysses. Tel un courageux plongeur, la jeune femme descendait toujours plus loin dans la tête des tueurs, dans les profondeurs de l’âme humaine, sans combinaison ni oxygène."

     "Dès qu'elle mit un pied sur la passerelle, les yeux cernés d'un dégradé de violets, la profileuse sentit l'air chaud s'insinuer jusqu'à la racine des cheveux. La caresse de l'Afrique sur sa nuque.
Il était à peine 7 heures du matin.
     Juste à cet instant, elle aurait aimé avoir les cheveux longs pour les abandonner au tendre jeu du vent."

 

    "− En Afrique, vous allez voir ce que vous ne verrez nulle part ailleurs, l'avait averti Collins. Au début, vous croirez que votre esprit vous joue des tours, mais c’est tout simplement parce que, ici, les forces de la nature sont impénétrables."

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Bidonville de Kibera à Nairobi
http://french.peopledaily.com.cn/96852/7581895.html?urlpage=1

 

 

     "Hanah retrouvait l'Afrique. Ses couleurs gueulardes, sa musique, sa crasse, ses villes tuberculeuses aux poumons saturés.
     Bienvenue à Nairobi !"

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Nairobi :  https://www.evaneos.fr/kenya/voyage/etape/26402-nairobi/

 

     "Elle mettrait deux ou trois semaines, peut-être plus, à le deviner, le percevoir au fond d'elle. Mais tout d'abord, elle devait penser comme lui. Atteindre ses fantasmes, en démanteler le sombre mécanisme. Ensuite, elle entendrait sa voix dans sa tête, devinerait le moment précis où il commettrait son meurtre. Très vite, il l'habiterait, l'accompagnerait jour et nuit, sans relâche.
     Sa mission terminée, il lui faudrait du temps pour récupérer, se retrouver tout à fait elle-même. Comme chaque fois."

 

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Marché de Nairobi

 

"Au coin des rues, sous des parasols chamarrés, des marchands ambulants de sorbets ou de limonades. Des petits kiosques où l'on pouvait déguster de la banane plantain en barquette, frite à l'huile de palme ou de moteur. D'autres vendaient des mangues, des papayes ou des noix de coco percées, dont on aspirait le jus à l'aide d'une paille, en même temps que le virus de l'hépatite."

 

     "− Le Mexicain avait risqué sa vie pour sauver cette pauvre bête, alors qu'il semblait éprouver le plus profond mépris envers ses semblables. Il était fou ou héroïque. Avait-il une revanche à prendre ? s'interrogea Hanah. Que cachait-il, sous cette chappe d'arrogance ? Une authentique bonté, une charité chrétienne ou bien une profonde fêlure... Peut-être tout à la fois."

 

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Tableau d'affichage de la ville de KIKUYU

      "Cependant, le problème majeur de Kikuyu Town, outre l'état des routes menant aux villages environnants, restait l'insécurité. Pour rendre la ville plus attractive aux investisseurs, il était impératif de réduire, à court terme, le taux de criminalité."

   

     "Les rues de ce quartier de Nairobi étaient sombres. À cause des restrictions. La fréquence des coupures d'eau ou d'électricité fragilisait un équilibre déjà précaire. Tout était coupure dans ce pays. Paradoxes, incohérences, désordres.
De surcroît, les coutumes locales ne voulaient pas céder le terrain à une occidentalisation endémique. À proximité des mégapoles vivaient encore des tribus dans leurs villages. Aux limités des grandes agglomérations s'étendaient la brousse et les reliefs verdoyants. Le royaume de la faune sauvage. Le Heron se trouvait à la frontière des deux mondes.
     Comme d'autres pays d'Afrique, le Kenya s'enfonçait dans ses anachronismes. Rien d'étonnant à ce que les structures modernisées souffrent de ces violents décalages, avec la prééminence d'un système aussi anarchique."

 

     "La profileuse pouvait endurer beaucoup de choses, mais ne pas pouvoir se laver ne serait-ce qu’un jour entier relevait de la torture. Il lui fallait n’importe quoi, un robinet, une source, une rivière, un point d’eau quelconque, pourvu qu’elle puisse s’y rafraîchir. Sentir l’eau couler sur son corps, la purifier des mauvaises vibrations accumulées sur sa peau."

     "Hanah pensa à ces bidonvilles voisins, théâtres d'une pauvreté absolue, des verrues malsaines collées aux flancs des grandes agglomérations, où les gens étaient pour la plupart équipés de téléphones mobiles, alors qu'ils n'avaient pas de quoi manger et dormaient sur une natte à même le sol."

     "Elle savait qu’il lui faudrait de nombreux contacts avec les scènes de crime pour percer l’énigme des corps de poussière. D’autres indices, d’autres vibrations. Encore du temps et de la patience. Celle du chausseur à l’affût, dans un long bras de fer avec la cible. » 

 

"En effet, à chacune de ses missions, elle observait, étudiait, disséquait à leur insu les policiers avec qui elle travaillait et consignait précieusement leurs profils dans un dossier à part, ultra-confidentiel. Au cas où elle aurait à s'en servir. Le tueur pouvait se trouver parmi eux. C'était déjà arrivé."

     "Ali Wildeman, littéralement « homme sauvage » — surnom qu’on lui avait donné pour son naturel farouche et taciturne —, était le meilleur légiste du pays, et le seul à exercer son métier par vocation. Vouloir travailler avec les morts n’était pas donné à tout le monde. D’autant que les coroners gagnaient moins bien leur vie que les autres membres du corps médical. Mais Ali était un orfèvre de la chair morte, qu’il faisait parler mieux que personne.
Consciencieux et méthodique, il ne lâchait pas le cadavre tant que celui-ci n’avait pas craché tout ce qu’il avait dans les tripes."

À la confirmation de l’identité du corps mutilé, la bouche de Collins se contracta douloureusement.
— Aka Merengue ! Ils ont osé s’en prendre à elle…
Sa voix vibra comme une corde cassée.
— Qui est-ce ? demanda Hanah.
— La fondatrice de la Ligue de défense des albinos d’Afrique. Une jeune femme d’un grand courage à qui, il y a une dizaine d’années en effet, un de ces chasseurs d’albinos avait réussi à couper un bras presque devant chez elle. Il était sur le point de l’achever lorsqu’une voiture de police est arrivée. Aka a survécu par miracle à cette mutilation sauvage et, grâce à son combat, elle a même gagné une place au Parlement. Mais elle était seule face à toute cette corruption. Ça ne pouvait que finir comme ça pour elle."

 

     "Dans de nombreux pays d’Afrique, dont le Kenya, l’albinos est considéré comme un être aux pouvoirs surnaturels ou, parfois, comme une créature maléfique. Les sorciers diffusaient ces croyances auprès de la population en promettant longue vie, richesse et pouvoir à qui consommerait des poudres et des substrats obtenus à partir des membres, des organes ou des cheveux d’albinos, qui se vendaient à prix d’or. Face à ce marché juteux, la chasse aux albinos se répandit en Afrique avant les années 2000, prenant au fil du temps un essor inquiétant."

     "Elle n'hésitait pas, pourtant, à se déplacer dans les écoles du pays où elle donnait des réunions de sensibilisation à la cause des albinos. Son objectif était pédagogique. Couper le mal à la racine. Faire entendre aux jeunes générations que l’albinisme, une différence génétique, n’altérait en rien l’intelligence et l’humanité des personnes. Et surtout, que les « nègres blancs » n’étaient ni des êtres nuisibles ni des créatures douées de pouvoirs surhumains — comme l’assuraient certains qui avaient tout intérêt à ce que vivent ces croyances populaires — mais des êtres humains comme les autres."

   

     "On ne fabrique pas du bullshit ! Cette chasse aux albinos, rien ne peut l’arrêter ! C’est comme si on avait essayé de stopper la ruée vers l’or, de fermer les casinos de la planète et d’empêcher les planches à billets de tourner !"

"La Tanzanie et le Burundi, officiellement. Les massacres d'albinos connaissent une recrudescence inquiétante dans les trois pays, mais aussi ailleurs, seulement, ils ne rentrent pas dans les statistiques. C'est très difficile à quantifier."

 

     "Ses revenus avaient triplé grâce à un marché très rentable en constante progression. La fabrication et la vente de poudres d’origine humaine. De la poussière d’homme aux vertus magiques. La miraculeuse poudre d’albinos, aussi chère et précieuse que la cocaïne."

 

"Ailleurs, une telle vision aurait donné la nausée, mais pour qui la terre africaine coulait dans les veines, ce spectacle permanent en était indissociable. Une seconde peau.
     L’Afrique n’était pas seulement un Disneyland destiné aux amateurs de safaris proprets, c’était ça aussi, les mouches pondant leurs œufs sur la barbaque pourrissante au soleil, le dard des anophèles vecteurs du palu ou de la fièvre jaune, les hordes de gosses dépenaillés sniffeurs de trichlo et tueurs à la petite semaine, les lépreux exhibant leurs moignons nécrosés au coin des rues, les ethnocides à l’origine des massacres les plus sanglants, le paradis des mercenaires et des aventuriers, la terre du diamant mortifère, les mines d’or, le pétrole, la drogue, la corruption à haut niveau, le sida endémique, les gangs et les dictateurs sanguinaires, la haine du Blanc, les croyances fêlées et meurtrières.
L’Afrique était à l'image de l'ensemble de lin froissé de James Right.  Une matière noble, salie et ravagée à force d’usure et d’exploitation."

  

     "Ce que Hannah découvrait accrut son malaise face à cette barbarie fondée sur un obscurantisme aveugle et dangereux, rappelant des idéologies sulfureuses à l'origine de génocides massifs de l'Histoire.
     Le regard de la profileuse flotta dans la pièce.
     La vie n'est rien, ici, semble-t-il, écrivit-elle dans son carnet. Du moins la vision n'en est pas la même qu'en Occident.
En revanche, le fait de tuer, qui est un acte du quotidien, revêt parfois une dimension sacrée, mystique. L'acte de tuer serait même au-dessus de celui de donner la vie. Preuve est cette notion omniprésente de sacrifices humains.
C'est aussi un acte qui se monnaye facilement."

     "Hanah sentait son pouls battre au galop. À côté de l'univers que lui décrivait Swili, les rue de New York et même le Bronx lui paraissaient être le monde des Bisounours."

" — Pas besoin de travailler dans les mines du lac Magadi pour voir son espérance de vie réduite, monsieur Randalls, il suffit de naître noir en Afrique, riposta Kate."

     "Chaque enfant de Hope Camp portait avec dignité son histoire ou sa tragédie. Pourtant, Hannah n’avait jamais ressenti autant de goût pour la vie, autant de générosité et de respect que dans cette oasis gérée avec amour et exigence par une femme dont l’existence était vouée à ses protégés."

 

      "Il faisait le sale boulot, il le savait. Rien de bien gratifiant à essuyer la merde de la police devenue impuissante. Mais l'Afrique, il fallait la nettoyer de sa pourriture, décaper la saleté pour en faire réapparaître l'éclat."

     "Cet accès à des milliards d'informations sans avoir à se déplacer, à remuer la poussière des bibliothèques ou des archives, lui donnait parfois le vertige. Et en même temps, dans un métier comme le sien, quel précieux gain de temps et, par voie de conséquence, d'argent ! Internet et l'informatique permettaient des bonds prodigieux dans une enquête.
     À partir d'un seul mot clé, une véritable jungle et une infinité de ramifications l'accueillirent comme une exploratrice. Chaque clic l'entraînait un peu plus loin, un peu plus profond dans le monde de la physique lié, comme souvent, à celui de la chimie.
Elle avançait à coups de machette imaginaire, s'enlisait dans des marécages, puis finissait par déboucher sur une clairière. des tâtonnements qui la conduisirent au royaume presque magique des champs magnétiques et de leur utilisation."

     "Les Médecins de la Mort", réalisé avec des images d'archives, était un document unique sur les recherches génétiques menées par les nazis en vue de créer une race pure à partir de la race aryenne "

 

     "— C'est plutôt l'inverse. Pàl Unger a étudié de près le gène de l'albinisme dans la perspective de créer une race pure, sans origine ni existence antérieure. Une race zéro. Vous le savez, les nazis faisaient des expériences sur les humains à des fins raciales, des manipulations génétiques dont nul ne pouvait avoir la moindre idée. Et Unger avait de fortes sympathies pour leurs théories et pour la doctrine hitlérienne.
     — Je croyais que, selon mes théories nazies, la race aryenne était issue des peuples nordiques et que les chercheurs nazis cherchaient à développer cette race ?
     — Les nazis n’ont rien inventé. Ils n’ont fait que se réapproprier des notions antérieures pour servir l’idée d’une race pure et supérieure qui tire sa source de théories scientifiques du XIXe siècle servant à justifier le colonialisme et les dominations de l’homme par l’homme."

 

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Au Kenya, la sorcellerie a la vie dure
Rituel de désenvoutement au Kenya (AFP)

        "La magie noire en Afrique n'est pas un mythe. Les authentiques sorciers réussissent à provoquer des choses incroyables par envoûtement.
Les charlatans, eux, se contentent d'abuser de la naïveté de leurs clients."

 

"Le Kenya. La terre de ses ancêtres massaïs, chassés et expropriés. Une terre convoitée, meurtrie, qui portait ses blessures visibles ou invisibles. Nulle part ailleurs il n’aurait pu se réveiller face à ce sommet mythique, le Kilimandjaro et ses neiges éternelles, honoré par la plume d’Hemingway, pour contempler ce spectacle en terminant une bouteille de Cardhu, seul et nu sous les étoiles."

 

     "Pourquoi, se dit-il, alors que tout pourrait être à l'image de ce bonheur volé au temps, alors que l'existence pourrait s'écouler ainsi, paisible et douce, régnait-il tant de violence sur le monde ? Pourquoi des milliers d'innocents devraient-ils payer de leur vie la cupidité d'une poignée d'hommes ?"

   "  — À vos yeux, ce n'était qu'un enfant. mais ici, d'enfants, ils n'ont parfois que l'apparence. Au Liberia, les gamins tiennent une kalachnikov dès l'âge de huit ans et n'hésitent pas à tirer sur tout ce qui bouge. Avez-vous vu ce qu'il y a au fond de leurs yeux ? Rien. Plus rien qui puisse ressembler à de l'innocence, de la candeur juvénile."

 

"— Non, non, non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Au contraire, je trouve que nous sommes conditionnés, pris dans un système de consommation qui vous broie à la longue, de constantes exigences de performance, si on n’est pas le meilleur, on n’est rien. C’est ce qu’on appelle paradoxalement « civilisé ».
Mais je ne suis pas sûr que ce soit vraiment ça, être civilisé.
Les pays colonisateurs n’ont rien de « civilisé ». C’est la soif de conquêtes qui les motive, ainsi que le gain et la conviction qu’ils détiennent la Connaissance.
Quand on plonge dans le monde de l’Afrique avec un regard vierge, tout cela vole en éclats. Bien que les stigmates de la colonisation soient encore perceptibles et que, après l’avoir sucé jusqu’à la moelle, les pays colonisateurs aient laissé ce continent livré à lui-même, dans un chaos indescriptible, on sent une force et une sagesse singulières, la vie et la mort étroitement mêlées, les hiérarchies bousculées, une autre approche de l’humain …, bref des notions qui remettent les choses à leur place…"

 

"L'usine de traitement de la soude naturelle, propriété de la Sodash Society, avait été agrandie et équipée de deux nouveaux laboratoires. Au total, mille ouvriers, mineurs et techniciens y travaillaient jour et nuit, pour un salaire de 300 euros.
De lourdes pertes humaines — 30% — étaient causées par les émanations qui entrainaient des problèmes respiratoires. Ces types mouraient dans des conditions atroces et étaient remplacés sans que personne s'en inquiète. Il fallait travailler pour nourrir femmes et enfants, alors on se taisait. La peau et les poumons brûlés par la soude, ils continuaient jusqu'au bout, à une cadence extrêmement rentable. C'était visiblement tout ce qui comptait aux yeux et au portefeuille des deux associés propriétaires, Mark Hidden et Darko Unger."

     

Mon humble avis

509 pages que j'ai dévoré...
Avec sa merveilleuse écriture, son style direct, Sonja nous entraîne en Afrique, au Kenya...
Et quel voyage, quel dépaysement !

Mais nous sommes loin du voyage qui nous fait rêver : contempler les animaux dans la brousse, les voir le soir boire, admirer le sommet du Kilimandjaro, rouler en jeep dans la savane, cheveux au vent! 
Si toutes ces beautés là nous sont suggérées,

 

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https://www.opnminded.com/2017/02/09/beaute-sauvage-lac-magadi-kenya.html

nous sommes happés par l'histoire dans les côtés obscurs, dramatiques et cruels de cette partie de l'Afrique! 
Avec sa  documentation toujours si riche, son travail de recherches phénoménal , nous plongeons dans l'horreur mais actuelle...
Par le truchement des enquêtes policières, tant de sujets traités : la misère et la violence des enfants, le tourisme sexuel, bien sûr le fétichisme, la magie noire, les croyances vaudou, les sacrifices humains, les ventes d'organes, le pouvoir des guérisseurs,  mais aussi les champs magnétiques, les usines thermiques, la géothermie, le traitement de la soude...
Mais plus bouleversant, les trafics humains, la traite des êtres humains,  les trafics d'espèces genre NAC• 
(Au niveau européen, le trafic porte principalement sur les animaux vivants et les « nouveaux animaux domestiques » (NAC) souvent destinés à des collectionneurs ou des particuliers à la recherche d'un animal de compagnie « exotique »)
les manipulations génétiques sur les humains et sur les animaux avec des références à Hitler et aux recherches nazi...
Et plus que tout, un sujet dramatique, qui m'a interpellé avec beaucoup d'émotion : la chasse aux Albinos...
Je lisais tellement l'horreur et l'indicible sur cette chasse à l'humain, que je suis allée vérifier sur google si de telles choses pouvaient exister...et hélas, oui, t
ous les sujets graves, horribles et dramatiques sont des tristes réalités d'aujourd'hui encore et j'avoue ne pas sortir indemne d'une telle lecture...
Comment ne pas se laisser captiver par un tel livre ?

Brigitisis

 


"Au Malawi, les personnes albinos sont traquées et tuées à des fins de sorcellerie. Leurs membres et leurs os sont en effet utilisés par les sorciers pour des rituels censés apporter richesse et pouvoir. Mais le Malawi n’est pas un cas à part puisque d’autres pays d'Afrique sub-saharienne, comme le Kenya, le Mali, la Tanzanie ou le Burundi, pratiquent cette chasse à l’homme."


https://information.tv5monde.com/afrique/malawi-les-albinos-en-danger-de-mort-105736#:~:text=Au%20Malawi%2C%20les%20personnes%20albinos,cens%C3%A9s%20apporter%20richesse%20et%20pouvoir.

 

"La revente d’os et de membres d’albinos peut rapporter quelques centaines de dollars, voire plusieurs milliers de dollars pour un corps entier. Dans un pays aussi pauvre que le Malawi où le salaire moyen est à peine de 30 dollars par mois, les scrupules peuvent se trouver très amoindris, sinon balayés. Même morts, les albinos ne connaissent pas la paix. On a rapporté en effet plusieurs cas de profanations de tombes à l’experte de l’ONU."

https://www.rfi.fr/fr/afrique/20160430-malawi-albinos-menaces-extermination-sorcellerie-trafic-onu-tanzanie