Procès des viols de Mazan : qui est Jean-Pierre M., jugé pour avoir imité Dominique Pelicot avec sa propre épouse ?

C'est un peu un procès dans le procès. Le Vauclusien Dominique Pelicot est jugé par la cour criminelle à Avignon pour avoir drogué sa femme et invité des hommes à la violer pendant son sommeil. Contrairement aux 50 autres accusés, le Drômois ne répond pas de viol sur la Vauclusienne, mais pour avoir agi de la même manière avec sa propre épouse à Montségur-sur-Lauzon.

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"J'en suis persuadée : s'il n'était pas tombé sur la mauvaise personne, s'il n'était pas allé sur ce site, jamais ça ne serait arrivé". Ce sont les mots de la victime, l'épouse de Jean-Pierre venue témoigner à la barre ce mercredi 11 septembre. Le sexagénaire garde la plupart du temps la tête baissée dans le box des accusés. À un moment pendant l'audience, il pleure discrètement. Il a rencontré Dominique Pelicot sur internet. De 2015 à 2020, il a imité ce dernier au moins une dizaine de fois en droguant son épouse avec des anxiolytiques que Pelicot lui fournissait, et l'invitait à la violer. "Il a reconnu les faits. Il faut maintenant cerner la relation de manipulation éventuelle et d'emprise entre les deux hommes", pose son avocat, Me Gontard.

"C'était un homme merveilleux"

Son épouse essuie des sanglots à la barre. Elle n'accable pas son mari, "ça a toujours été quelqu'un de très bien. Je suis tombée de très très haut". La quinquagénaire raconte sa vie de couple sans nuage, son intimité sans heurts jusqu'à son interpellation. Ils se sont mariés en 1997 et ont cinq enfants. Elle décrit "un père aimant et protecteur", parle même d'un mari "dont je faisais ce que je voulais".

L'épouse - elle ne sait pas si elle divorcera - ne s'est pas portée partie civile contre lui, d'abord pour préserver ses enfants. Aussi parce qu'elle admet avoir toujours quelque chose pour lui, de l'affection. "C'était tellement un homme merveilleux, je n'arrive pas à oublier ces années-là".

Elle ne pardonne pas, mais éprouve de la peine et de la pitié. Quand on lui demande ce qu'elle attend du procès, elle dit vouloir la vérité, comprendre pourquoi il a agi ainsi. Pas plus : "Sa peine, il l'a faite" ; "il a tout perdu, il n'a plus rien, sauf l'amour de ses enfants". Deux d'entre eux ont témoigné également. Ils continuent à le voir en prison et expliquent le soutenir autant qu'ils soutiennent leur mère. "J'ai l'intime conviction que s'il n'avait pas rencontré cette personne, il n'y aurait jamais eu ça", déclare son fils.

Dominique Pelicot, un "catalyseur" pour le Drômois

Un expert psychiatre est venu présenter son rapport. Jean-Pierre n'a aucun trouble psychiatrique selon lui, "quelques traits d'inhibition, mais dans la norme". Et d'ajouter : "un parcours linéaire". L'enquête a permis toutefois de démontrer l'enfance compliquée du Drômois, entre une mère alcoolique et un père violent, suspecté de viols sur certains de ses enfants. Il invitait des couples à leur domicile pour des parties de sexe.

Jean-Pierre a-t-il été sous l'emprise de Dominique Pelicot ? Ce dernier était absent à l'audience de ce mercredi et n'a pas pu être entendu par la cour. L'expert répond que ce dernier a joué un rôle de "catalyseur", qui lui a permis d'assouvir ses fantasmes. Il poursuit : "il se décrit comme un suiveur", en ajoutant "c'est un moyen de mettre à distance la culpabilité".