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Affaire des viols de Mazan : les enjeux d'un procès hors norme

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Le procès des viols de Mazan s'ouvre ce lundi matin devant la cour criminelle départementale du Vaucluse à Avignon. Pendant quatre mois, 51 hommes seront jugés pour viols aggravés sur une femme qui avait été droguée par son mari. Quels sont les enjeux de ce procès hors norme ?

Dans la salle d'audience, au palais de justice d'Avignon.
Dans la salle d'audience, au palais de justice d'Avignon. © Radio France - Adèle Bossard

Le procès de l'affaire des viols de Mazan s'ouvre ce lundi 2 septembre devant la cour criminelle départementale du Vaucluse à Avignon. Un retraité de Mazan, Dominique Pelicot, est accusé d'avoir drogué sa femme pour la soumettre sexuellement à d'autres hommes qu'il recrutait sur internet.

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Cinquante d'entre eux ont pu être identifiés et vont comparaître avec lui pendant quatre mois pour "viols aggravés". France Bleu Vaucluse dresse les enjeux de ce procès historique, qui sera le premier face-à-face entre Dominique Pelicot et sa famille, depuis la révélation des faits.

La personnalité du principal accusé

L'un des enjeux principaux de ces mois d'audience, c'est la personnalité du principal accusé. "C'est tout l'enjeu, estime même son avocate, Béatrice Zavarro. Si on n'aborde pas le volet personnalité dans ce dossier-là, on ne l'aborde dans aucun dossier". Car les experts et témoins vont tenter d'expliquer comment cet homme, décrit par ses proches comme "un père et mari parfait", a trompé tout le monde pendant des années.

Devant les enquêteurs, il a expliqué qu'il prenait du plaisir à voir sa femme effectuer des actes qu'elle refusait habituellement. Mais il reconnaît aussi une certaine perversité, et c'est aussi ce qu'ont noté les experts pendant l'instruction : il ne présente pas de déficience mentale, mais une "personnalité perverse", "pathologique", une "absence d'empathie" et une "froideur affective".

"Dès la garde à vue, il a coopéré en expliquant ce qu'il avait fait et comment. Le pourquoi, il le réservera à la cour", indique Béatrice Zavarro, en précisant qu'il s'agit aussi d'une épreuve pour lui, qui n'a rencontré personne d'autre que son avocate depuis son incarcération, il y a près de quatre ans.

"Chacun va être un peu sur ses gardes et va choisir ses mots, pour ne surtout pas heurter madame, assure-t-elle. On va se retrouver avec le premier face-à-face depuis le 2 novembre 2020, avec son épouse, avec ses enfants, avec sa famille, avec peut-être ses amis. Je pense que ça va être un moment très compliqué sur le plan des émotions."

Une famille "anéantie et dévastée"

Pour la première fois depuis la révélation des faits, l'épouse et les enfants de Dominique Pelicot vont devoir faire face à ce "père et mari parfait" dont ils ignoraient tout. "C'est une famille qui est anéantie et dévastée. Ils se tiennent prêts à affronter cette épreuve avec courage, mais savent que ce sera très difficile", explique l'avocat Antoine Camus, qui défendra les parties civiles, la victime et sa famille, avec Stéphane Babonneau.

Et cette famille aborde l'audience avec "une énorme appréhension", poursuit Antoine Camus. "Tous adoraient cet homme et depuis quatre ans, ils n'ont pas pu le confronter à sa duplicité. Ils appréhendent le moment pour ce qu'il est et aussi pour leurs propres réactions. Ils ne savent pas comment ils vont réagir et sont dans une très forte anxiété".

D'après Antoine Camus, l'épouse a finalement renoncé à demander le huis clos au début de l'audience, comme elle l'avait envisagé à l'annonce de la tenue du procès. "Le temps a fait son œuvre, et aujourd'hui elle réalise qu'à partir de sa propre histoire, il y a beaucoup d'enseignements à tirer, et sa première volonté est évidemment que ça se sache", explique-t-il.

Les 50 co-accusés, des hommes ordinaires ?

Et la famille devra aussi faire face aux 50 co-accusés. 50 hommes, presque tous Vauclusiens, présentés pour la plupart comme des hommes ordinaires. "Nous n'avons pas affaire à des violeurs habituels", insiste l'avocat avignonnais Louis-Alain Lemaire, qui défend quatre des 50 co-accusés.

Selon lui, "ils ont accepté d'y aller et prennent leur responsabilités, mais ils n'avaient pas du tout l'impression, l'intention d'aller au viol, sinon ils n'y seraient pas allés, c'est évident. Et pourtant, c'est pour ça qu'ils sont poursuivis : ça va être le débat".

"On risque gros", estime aussi Guillaume De Palma, avocat de six autres co-accusés. "On défend des gens qui ont des vies tout à fait ordinaires, qui du jour au lendemain voient leur vie basculer". Lui aussi assure que ses clients ne savaient pas ce qu'ils faisaient en se rendant chez Dominique Pelicot.

"Ils se sont rendus sans savoir le piège qui leur a été tendu", détaille Guillaume De Palme. "Peut-être parce qu'ils ne se sont pas posé les bonnes questions, mais ils ne se sont rendu compte de rien".

Un argument que conteste l'avocat des parties civiles, Antoine Camus. "Ils ne sont pas Monsieur Tout-le-Monde", rétorque-t-il. "En réalité, nous avons un beau panel de personnes très problématiques. Il suffit de visionner les vidéos pour voir qu'ils s'en sont pris à une morte. Ma cliente est dans un état de sédation assez profond qu'elle en paraît morte".

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