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Trois cas d'une nouvelle maladie bovine au Pays basque et dans les Hautes-Pyrénées, une première en France

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Le virus qui provoque la maladie hémorragique épizootique chez les cervidés, les bovins et les caprins, est arrivé en France, après s'être propagé en Sardaigne, Sicile et en Espagne. Deux cas ont été formellement identifiés mardi au Pays basque, un troisième a été identifié dans les Hautes-Pyrénées.

Après l'Italie et l'Espagne, le virus arrive dans les élevages du Pays basque.
Après l'Italie et l'Espagne, le virus arrive dans les élevages du Pays basque. © AFP - GAIZKA IROZ

Deux cas, dans des élevages bovins à Hasparren et à Etchebar, ont été touchés par la maladie hémorragique épizootique (MHE), a appris France Bleu Pays Basque ce mercredi 20 septembre auprès de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) des Pyrénées-Atlantiques, confirmant une information de Sud-Ouest (article réservé aux abonnés). D'après nos informations, confirmées par la préfecture des Hautes-Pyrénées, un cas a été détecté sur un bovin dans le secteur de Lannemezan.

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Pour la première fois en France, les autorités sanitaires ont officiellement détecté cette maladie qui touche les animaux sauvages surtout, les cervidés, les bovins et les caprins, mais qui peut aussi toucher les élevages. Transmis par des moucherons piqueurs, du genre Culicoides, la maladie hémorragique épizootique est étroitement surveillée depuis 2022 par les autorités sanitaires européennes, quand elle a fait son arrivée en Europe.

Une maladie rarement mortelle

Cette maladie hémorragique peut rendre gravement malade, voire tuer les cervidés et les bovins. Les ovins sont sensibles, mais asymptomatiques aux souches actuelles. Une maladie qui touche d'abord la faune sauvage, "d'ailleurs, c'est une maladie hémorragique épizootique des cervidés, explique Alain Mesplède, directeur de la DDPP des Pyrénées-Atlantiques. Donc à la base, c'est sur la faune sauvage, en Amérique du Nord. Et c'est arrivé en Europe plutôt au niveau élevage. Et ça touche tous les ruminants d'élevage, c'est-à-dire les bovins, les ovins et les caprins."

Le variant de cette maladie qui a touché deux élevages au Pays basque, n'a "à ce stade-là, peu de symptômes ou pas de symptôme sur les ovins par exemple, précise le directeur de la DDPP 64. En revanche, les bovins, eux, "présentent quelques symptômes".

À Hasparren et à Etchebar,"c'était des problèmes d'hémorragies et de cyanose des muqueuses", poursuit Alain Mesplède. Ce qui implique des problèmes digestifs, des problèmes d'affaiblissement des animaux, avec normalement une atteinte de l'état général et puis éventuellement la mort de l'animal dans les cas les plus graves". C'est ce qui est arrivé à Etchebar.

"Chez les bovins, cette maladie potentiellement mortelle se traduit par de la fièvre, de l’anorexie, des boiteries et une détresse respiratoire", complète sur son site internet l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses). Contactée, la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques a tenu à souligner avant tout "que la mortalité sur les bovins est inférieure à 1% et que le taux de morbidité est inférieur à 7%".

Le virus ne fonctionne pas comme la grippe aviaire qui fait régulièrement des ravages dans les élevages basques. Les animaux malades ne sont pas contagieux. "C'est le principe d'une maladie vectorielle, précise Alain Mesplède. Il faudra qu'un moucheron piqueur adapté pique un animal, pompe son sang infecté et le retransmettre à un autre animal voisin."

Exportation interdite dans un rayon de 150 km, 12 départements sont concernés

C'est la première fois que les autorités françaises détectent ce virus dans un élevage de l'hexagone, en tout cas "dans la connaissance actuelle et la surveillance qui a eu lieu jusqu'à présent", confirme Alain Mesplède.

L'arrivée de ce virus a engendré une première décision politique : les exportations des ruminants vivants sont désormais interdites pour toutes les exploitations dans un rayon de 150 kilomètres autour des élevages touchés, a indiqué le syndicat agricole ELB à France Bleu Pays Basque.

Contacté, le ministère de l'Agriculture a confirmé cette information à France Bleu Pays Basque : "La réglementation européenne n’impose pas de restrictions de mouvements sur le territoire national. En revanche, la réglementation interdit l’envoi, vers d’autres États membres de l’Union européenne à des fins d’élevage, de tout ruminant provenant des exploitations situées dans le rayon de 150 kilomètres autour de chaque foyer. L’envoi direct pour abattage dans un autre État membre demeure quant à lui possible."

La mesure sanitaire touche au total 12 départements :

  • Dans leur totalité : les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, les Landes, le Gers, la Haute-Garonne, l'Ariège.
  • En partie selon la localisation : la Gironde, le Lot-et-Garonne, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, les Pyrénées-Orientales et l'Aude.

"Le plus important aujourd'hui, préconise Bernard Layre, président de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques, c'est que la Direction départementale de la protection des populations fasse une communication à tous les éleveurs pour dire exactement ce qu'il en est. Quels sont les véritables risques et surtout que l'on puisse avoir des perspectives en matière de circulation des animaux, et surtout de vente des animaux. Parce que le plus important quand même, c'est que l'activité économique puisse, sur le court terme et à moyen terme, continuer à exister et que les gens ne soient pas bloqués s'il n'y a pas de raison de bloquer."

Aucun vaccin et peu de solutions efficaces

Si ce virus est arrivé au Pays basque en cette fin d'été 2023, il est surveillé par les autorités sanitaires depuis fin 2022 quand il est arrivé en Europe, après s'être propagé sur le continent américain, où il a été détecté pour la première fois en 1955 aux États-Unis.

Puis, il est arrivé en Europe par la Sardaigne, avant d'envahir l'Espagne. "Son extension est une conséquence directe du changement climatique", affirme l'Anses. Les chaleurs permettent "aux moucherons vecteurs de survivre dans nos régions."

Aucun vaccin pour se protéger de virus n’est disponible. L'Anses recommande "une seule mesure pour freiner la propagation du virus, tester les animaux et interdire le transport de ruminants depuis les zones infectées", mais son efficacité reste faible.

Autre solution proposée par le directeur de la DDPP des Pyrénées-Atlantiques, qui, elle aussi, à ses limites : "la protection chimique, avec des insecticides au long cours. C'est toujours compliqué et on ne peut pas non plus faire ça à outrance pour des questions environnementales".

L'avantage de cette période, c'est que les beaux jours vont se raréfier. "On arrive vers l'automne et l'hiver, note Alain Mesplède. Il faut espérer que les moustiques seront moins présents avec le froid qui va peut-être ne pas tarder à arriver."

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