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jeudi 15 juillet 2010

Sur le cinéma et l'identité

Même si on pourrait le croire, je n'ai pas vraiment l'intention de réagir aux propos de Jacob Tierney sur l'absence des minorités culturelles dans le cinéma québécois. Je n'ai pas l'intention d'y réagir parce qu'à mon avis, des propos d'une telle simplicité ne mérite même pas qu'on s'y attarde tant on voit qu'ils ont été formulés sous le coup de l'émotion, sans prendre le temps de méditer son argumentaire. Je ne vois pas l'intérêt de réagir aux propos de Jacob Tierney quand je peux trouver, sans me forcer, au moins dix façons d'illustrer qu'il a tort.

La société québécoise est excessivement tournée sur elle-même ? Évidemment, sinon, comment survivre à l'assimilation en situation de double-diglossie à l'échelle continentale ? Les anglophones et les immigrants sont ignorés dans les arts et la culture québécoise ? Si on considère la culture au sens strict de production artistique, évidemment, dans une société majoritairement blanche et francophone, plus d'artistes blancs et francophones produisent des discours dans lesquels ils se projettent, ce qui donnent une plus grande présence aux réalités blanches et francophones. Est-ce que ça empêche les Kim Nguyen, Danny Laferrière et Wajdi Mouawad d'être présents sur la scène culturelle, et acclamés par le public ? Pas que je sache. Les jeunes haïtiens ne se sentent pas représentés par Luc Picard ? Évidemment, mais peut-être qu'ils ne se sentiraient guère plus en filiation avec Didier Lucien ou Rodney St-Éloi. On ne produit pas de films comme Un prophète au Québec ? Non, nos prisons ne sont pas remplies d'Arabes et de Corses qui s'y affrontent violemment. Par contre, on produit de très bons films comme Un ange de goudron, sur la réalité d'immigrants algériens tentant de s'adapter à la société québécoise.

Je n'oserais pas le dire, mais pourquoi pas l'écrire: à mon avis, Jacob Tierney manque probablement juste de culture. D'abord parce que la culture d'une société, ce n'est pas que sa production artistique, et que le Québec a montré aussi .dans sa façon de vivre, de manger, de se vêtir et de faire du sport, que les Québécois sont inclusifs. Peut-être pas autant qu'ils le devraient, mais certainement assez pour que je considère comme honteux d'entendre Jacob Tierney parler de l'invisibilité des minorités. Et aussi, parce que sa connaissance du cinéma québécois ne semble limitée qu'à celui qui présente l'histoire et la vie de la majorité, parce qu'il ne faut pas chercher bien loin pour trouver des exemples du contraire, ne serait-ce que dans la très riche et très diversifiée production documentaire québécoise.

Pour toutes ces raisons, je ne vois pas l'intérêt de réagir aux propos de Jacob Tierney sur la fermeture d'esprit de la société québécoise. Non. Ce qui me choque, ce sont des propos comme ceux de ce professeur de pensée politique (c'est quoi, seigneur, enseigner la pensée politique ? montrer à de jeunes personnes comment penser comme soi-même ?) qui prétend que Jacob Tierney énonce simplement une réalité (prémisse fausse, comme je l'ai démontré plus haut), et qui accuse Hugo Latulippe de donner dans la démagogie quand il dit que les immigrants qui ne comprennent pas en quoi Luc Picard représente la société québécoise sont: «coincé[s] dans une manière de voir la société qui tient du racisme ou du manque d'ouverture. Il y a aussi une responsabilité de l'immigrant, qui consiste à épouser le monde dans lequel il arrive.»

Est-ce que quelqu'un, s'il vous plaît, peut m'expliquer la démagogie là-dedans ? Qu'est-ce qu'il y a de mal dans le fait de constater que la société québécoise est aussi (et surtout) une société blanche et francophone et qu'il est normal que la majorité des réalités qui sont représentées au sein de la société soient blanches et francophones ? Revendiquer sa place, je suis pour. Exiger d'être représentés, d'avoir aussi des modèles culturels et poltiques, je suis pour. Oublier le fait que les francophones représentent 82% de la population du Québec au profit du multiculturalisme à tout prix ? Je suis contre. Je veux que les immigrants voient en Luc Picard ce qu'il est: un homme intelligent, cultivé, articulé, souverainiste et engagé, et je suis fière qu'il me représente à leurs yeux. Je trouverais ça normal qu'ils ne se sentent pas parfaitement représenté en la personne de Luc Picard, mais je voudrais au mois qu'ils y voient une partie de ce que peut-être leur société d'accueil, tout comme je voix une partie des cultures migrantes quand je rencontre l'un de leur représentant. Pour moi, Lucian Bute, c'est un peu la Roumanie, tout comme mon ami Cosmin et ma collègue Anca. Haïti, pour moi, c'est surtout les mots de Lionel Trouillot qui m'ont bouleversée dans Bicentenaire, mais c'est aussi Daphnée. C'est ainsi que je perçois le Québec: tissu social composite, paysage culturel diversifié.

J'ai vu récemment un très bon film japonais (Ten Ten ou Adrift in Tokyo) que j'ai adoré, et je n'y ai vu que des Japonais. J'ai aussi loué un film suédois, Tilsammans (Together) qui parlait des difficultés d'adaptation d'une banlieusarde divorcée dans la commune hippie de son frère. Je n'y ai vu que des Suédois. Je n'ai pas l'impression que le tissu social de ces deux nations est complètement uniforme. Je n'ai pas le sentiment que leurs communautés culturelles sont lésées par ces films qui les représentent pourtant à l'étranger. Je suppose tout simplement que, comme au Québec, la représentation des diverses communautés doit être relativement proportionnelle à leur présence dans la société. Je ne me sens pas non plus représentée par les films de Blaxploitation américains, mais je ne considère pas que ces films représentent une forme d'exclusion. Je trouve au contraire qu'ils représentent une façon ironique et décapante de démonter le racisme déductible des films Hollywoodiens.

Pourquoi diable est-ce qu'au Québec, et seulement au Québec, on se sent obligés de cacher ce qu'on est pour faire plaisir à des intellectuels avec des raisonnements douteux ? Que tout le monde ici prenne le crachoir et se sente libre de dire ce qu'il est, c'est tout !

jeudi 19 novembre 2009

Roman Polanski: wanted and desired


J'ai terminé le visionnement de Roman Polanski: wanted and desired en déclarant qu'il s'agissait, sans aucun doute, du documentaire le plus palpitant que j'avais vu depuis Cocaïn Cowboys - ce qui veut tout dire. Malgré le sujet choquant en apparence (le fait que le cinéaste Roman Polanski ait eu des activités sexuelles avec une adolescente de 13 ans qu'il aurait d'abord soûlée et droguée - et qu'il ait, depuis, échappé à la justice), j'ai trouvé que le traitement du film était sobre et approprié. Fait intéressant, la trame sonore du film est constituée en majeure partie de thèmes musicaux issus des films de Polanski, dont celui de Rosemary's Baby qui ponctue les dénouements dramatiques. On s'attarde très peu sur les évènements en tant que tels, et on évite soigneusement de détailler les contingences défavorables à la jeune victime qui, à l'époque, avaient fait les choux gras dans les journaux à potins. Ce qui intéresse Marina Zenovich, dans ce documentaire réellement abouti, c'est le déroulement du processus judiciaire qui a conduit Polanski à fuir l'Amérique, pour toujours.


Ou du moins, jusqu'à ce qu'il se fasse arrêter le 27 septembre dernier.



Je pense que le sous-titre du film est en lui-même tellement évocateur que je ne pourrais avoir un meilleur commentaire: « The truth couldn't fit in the headlines ». L'histoire de Polanski face à la justice a des ramifications si complexes et si inextricables qu'il semble impossible d'en voir le bout, ni même d'accéder à la vérité. La seule thèse soutenue et défendue par le fim, c'est que le processus judiciaire a été inéquitable à l'endroit de Polanski, et que dans un tel cas de figure, il est compréhensible qu'il ait cherché à fuir.

C'est ce que dit son avocat.

C'est aussi ce que dit l'avocat de la victime.

C'est aussi le discours tenu par le procureur de la couronne chargé de l'affaire.

Et c'est aussi ce que semble dire Samantha Gailey Geimer, la victime de Polanski.

De quoi remettre les choses en perspective, quoi qu'on en dise.

mercredi 7 octobre 2009

Capitalism: a love story


Hier, Chéri et moi sommes allés voir le nouveau pamphlet de Michael Moore, non pas au Colossus (lol) mais au complexe Guzzo du Pont-Viau (une autre incursion dans le merveilleux monde de laval pour nous, donc). Une de mes collègues de travail me faisait hier la remarque que nous étions les seuls personnes qu'elle connaisse dans son entourage à toujours aimer Michael Moore. Or, ce n'est pas exactement le cas. Chéri et moi sommes de véritables boulimiques du documentaire, et ce que nous apprécions plus que tout, ce sont les documentaires divertissants. Il y en a un certain nombre, mais très peu d'entre ceux que nous avons déjà consommés se sont avérés être impartiaux. C'est pourquoi nous apprécions Micheal Moore exactement pour ce qu'il est, c'est-à-dire un pamphlétaire à la méthode et à la rigueur douteuses, qui a néanmoins le mérite d'être divertissant.

Faire une critique rigoureuse du nouvel opus de Michael Moore me semble assez compliqué parce que le film est dense (il dure plus de deux heures, un brin plus) et assez informatif (somme toute). Cela étant, il me semble que j'ai, en général, plutôt apprécié ce ballet sonore de dénonciations et d'anecdotes, fidèle au style déjà amplement commenté du cinéaste. Si, comme Chéri le faisait remarquer à notre retour, Michael Moore a la fâcheuse manie de nous dicter des émotions en abusant des close-up sur les gens qui pleurent, et qu'il utilise des raccourcis intellectuels quelque peu puérils, il faut avouer qu'il a aussi le don d'offrir des interludes ludiques à ses spectateurs qui ont un petit quelque chose de sympathique. Voir Michael Moore quadriller Wall Street avec des police line et apostropher des boursicoteurs qui sortent du métro (et qui n'ont, par ailleurs, aucune classe) pour leur demander des explications sur les dérivés et les swaps est un divertissement sans égal. Par ailleurs, Michael Moore a vraiment le sens de la trame sonore et du divertissement, et si ce ne sont pas des qualités habituellement recherchées chez les documentaristes, ce sont très certainement des qualités de grands cinéastes, et en ce sens, il faut rendre à César ce qui appartient à César (comme disait Montaigne, qui en fait, plagiait l'évangile selon Mathieu pour parler d'honnêteté intellectuelle).

Capitalism: a love story a certes de très bons points forts pour pallier à ses points faibles. Sans adopter le ton docte du film pédagogique, Michael Moore et ses intervenants réussissent à nous expliquer la crise des subprimes de façon efficace. De plus, et c'est là toute la force des films de Michael Moore, le choix des exemples est absolument agissant: des Dead Peasants aux images d'archives de Franklin Delano Roosevelt, tout est soigneusement choisi pour produire du sens dans le même sens que Michael Moore. S'il est légitime de se demander si ces dits exemples répondent à l'universalité de la thèse, il n'en demeure pas moins qu'en elles-mêmes, elles sont puissantes et impétueuses.

Finalement, il me semble important de souligner que le discours de Capitalism: a love story est un discours révolutionnaire, ce qui n'est absolument pas courant dans la société. Bien rares sont les gens qui osent prendre la parole contre l'ordre établi et appeler non plus au changement (hey, nous, Québécois, on a vu ce que ça donnait, «le changement», merci aux multiples élections) mais bien à la révolte. Si le discours révolutionnaire peut apparaître passéiste à une minorité dirigeante, il m'a semblé qu'il n'a jamais été autant d'actualité. Donner 700 milliards de dollars à Wall Street pour qu'elle continue de déposséder les gens dans la misère de leurs biens, ce n'est pas une façon saine de gérer les soubresauts d'une crise économique. Ce qu'hier, Michael Moore et cette sénatrice (dont le nom m'échappe... Chéri ?) appelait «a financial coup d'état» appelle, à mon avis, la seule réponse possible dans de telles conditions: le blitzkrieg. Il est étonnant que Michael Moore ait la lucidité de formuler cette évidence, mais il n'a malheureusement pas la crédibilité nécessaire à la conduite de cette révolte populaire. Néanmoins, Capitalism: a love story me semble être au moins un jet de pierre dans la bonne direction.

mardi 15 septembre 2009

Milk; message d'amour à Gus Van Sant et à Sean Penn


Chéri m'a acheté le DVD de Milk pour mon anniversaire. Je crois qu'il s'agissait d'un cadeau impulsif, puisqu'il l'a trouvé dans les bacs de DVD en rabais au dépanneur, mais j'étais néanmoins fort heureuse de le recevoir, parce que ce film m'avait fortement marquée et parce que je l'avais mis très haut dans la liste des films que j'ai vu au cinéma en 2008. Chéri et moi l'avons donc réécouté cette semaine, et je dois avouer que je suis encore très fascinée par le traitement biographique qu'a réservé Gus Van Sant à la vie de Harvey Milk.


La vérité, c'est que je suis tout à fait vendue à l'oeuvre de Gus Van Sant. Même que Chéri et moi, nous avons bien aimé Last Days, et je crois que nous sommes les seules personnes dans notre entourage à avoir apprécié ce film. Je ne fais à peu près aucune différence entre ses films très mainstream, comme Good Will Hunting ou Finding Forrester et ses films expérimentaux, comme Paranoid Park ou la trilogie composée de Gerry, d'Elephant et de Last Days. Dans chacun d'entre eux, je retrouve exactement ce qui me fait triper chez Gus Van Sant, c'est-à-dire une photographie exceptionnelle qui est toujours composée de scènes où des plans rapprochés successifs transcendent l'émotion avec pudeur. Pour moi, Gus Van Sant joue à « figurer à peine » ou « montrer un peu » et c'est ce qui fait que chacun de ses films est artistiquement intéressant.


L'autre vérité, c'est que je suis à peu près autant vendue à tout ce que fait Sean Penn. Pour moi, Sean Penn est tout aussi crédible en avocat verreux dans Carlito's Way (malgré ses cheveux... seigneur, quels cheveux !!) qu'en gangster juvénile dans Bad Boys, et je fais partie de ces gens qui pensent qu'il aurait amplement mérité son Oscar du Meilleur acteur pour sa performance dans I am Sam (je souligne au passage que tous ceux qui ont prétendu qu'il n'avait que copié Dustin Hoffman dans Rain man n'avait sûrement pas écouté Rain man depuis de longues années parce que Sam Dawson n'a vraiment strictement rien à voir avec Raymond Babitt). Le fait qu'il en ait eu deux autres depuis ne change rien à cela.


Tout ça pour dire que je peux avoir l'air bien loin d'être critique quand je parle de Milk, mais le film me donne de grands frissons. Je trouve qu'il a toutes les grandes qualités d'un biopic (disons que dans la production de l'année 2008, il surpasse W. dans son intégrité et Sagan dans... à peu près tout ce que peut divertir le public dans un film), et le fait qu'il fasse le récit d'une des grandes luttes pour les droits civiques me touche beaucoup. La signature de Gus Van Sant appliquée à la vie de Harvey Milk est tout à fait cohérente (disons que les scènes d'homosexualité sont beaucoup moins dérangeante dans Milk que dans Elephant, où elles ont l'air « rajoutées ») et les performances de Sean Penn et de Josh Brolin sont excellentes (particulièrement Josh Brolin, dont on ressent la rectitude et la «coincitude» avec beaucoup d'acuité), sans parler de celle de Emile Hirsch. Et dans toute sa force, et dans toute sa pudeur, je pense que ce film peut contribuer à faire tomber des tabous dans les endroits où ils subsistent toujours...


Bref, si vous l'avez manqué l'année dernière, courez le louer. Pour Gus Van Sant et pour Sean Penn. (L)

vendredi 21 août 2009

La vengeance n'est pas un plat qui se mange froid


Ou, à tout le moins, pas dans Inglorious Basterds, le dernier film de Quentin Tarantino que je suis allée voir aujourd'hui (étouffez vos rires) au Colossus de Laval (lol). Je dois admettre que le film m'a agréablement (ok, le terme agréable est weird pour un film de Tarantino) surprise et que je l'ai trouvé dense, constant, intéressant, interactif (oui, interactif comme dans produisant des symboles qui font réagir le public, donc moi) et plein d'une énergie absolument jouissive (ce qui fait beaucoup de bien aux gens qui encaissent beaucoup mais déversent peu).

Honnêtement, le marketing du film (au Québec à tout le moins - j'ajoute cette phrase surtout à l'adresse de Cibiou, parce que je me demande comment s'est passé le marketing du film en France) a un peu faussé mes attentes envers le film (que je supposais festin de violence et d'action, disons, plutôt que lente progressision vers une catharsis historique fantasmée), et il me semble que l'attention donnée aux Basterds dans la bande-annonce occulte plutôt le synopsis du film, qui, à lui seul, vaut le déplacement (même si le déplacement implique un déplacement vers le Colossus). Chéri, lui, a trouvé l'ensemble un peu trop complaisant (ses arguments se basent sur l'abus de dialogue - que je n'ai pas trouvé abusif, mais on a le droit de ne pas être en accord, au moins une fois par jour - et la longueur du film, qui lui ont donné l'impression que Quentin Tarantino se regardait réaliser, sur le modèle des gens qui s'écoutent parler, mettons), mais moi, j'ai trouvé, au contraire, que malgré une absence d'économie des mécanismes fictionnels, le film était "monté serré". Comme quoi tous les goûts sont dans la nature.

Au contraire des deux précédents sévices de Tarantino, j'ai trouvé le film absolument bien dosé, c'est-à-dire que la violence n'y était pas pornographique (se basant sur le postulat que, dans Kill Bill, la violence était utilisée comme le sexe dans les films pornographiques, c'est-à-dire grossièrement et vulgairement, malgré une photographie magnifique), ni spectaculaire (disons qu'on est loin du body count de 236 victimes du dernier Rambo). J'ai trouvé que même les scènes les plus graphiques avaient leur place, et qu'elles étaient aussi "amorties" par de très belles scènes (belles photographiquement parlant), notamment celle où Shosanna se grimme pour la première de La fierté de la nation. Finalement, l'ensemble est assez bien mené pour qu'on ait une impression tangible de tension dramatique en constante progression, tant et si bien que la scène finale entre Shosanna et Frederick m'a donné la désagréable impression de ne pas avoir droit à mon bonbon. (C'est exactement ainsi que je me suis exprimée à Chéri: ewww, c'est comme si j'étais passée super proche d'avoir un orgasme et que le téléphone avait sonné au même moment. En deux mots: cock block.). Heureusement pour nous, le dénouement attendu a lieu, et le spectateur en ressort particulièrement satisfait.

Je peux toutefois comprendre les gens qui ont qualifié Inglorious Basterds d'être carrément de la pornographie historique (je sais que c'est Eli Roth qui a qualifié le film de pornographie kasher, mais le mot a été amplement repris). À ceci, j'aurais tendance à répondre que nous ne pouvons toutefois pas taxer Quentin Tarantino de ce genre de prétentions puisqu'il n'est PAS juif, ce qui, à mon avis, donne une crédibilité différente et assez intéressante au film, que je considère comme plutôt intuitif. Le seul détail qui m'a chicotée était dans le montage final: il me semble que j'aurais mis la scène d'opéra baroque (c'est-à-dire, l'incendie) en tout dernier lieu, après le dénouement avec Landa. C'eût été une finale merveilleuse.

Finalement, message à Chéri: j'ai menti dans la voiture en revenant (mexcue) quand j'ai dit que, contrairement à Batman l'été dernier que j'aurais facilement amputé d'une demi-heure en coupant le bout à Hong-Kong, je n'avais trouvé aucune longueur dans le film. C'est vrai que la scène de la taverne à Nadine est un peu longue. Mais juste un peu. Je ne trouve juste pas que cette longueur justifie l'épithète complaisant. Je t'aime. (L)

dimanche 16 août 2009

Le cinéma selon Chéri et moi

"Moi: ah, hmmm, (air interloqué), c'est quoi le film que tu écoutes à la télé, Chéri ?

Chéri: bah, c'est Swordfish.

Moi: Que ?

Chéri: bien, tu sais, c'est comme un film de crime, correct, mais assez fade dans son traitement, voire prévisible. Genre, le film que tu es content d'écouter l'après-midi quand il passe à la télé, mais que tu ne possèderais pas en DVD.

Moi: Ah, comme Sissi Impératrice !

Chéri: ... Euh, ouin. C'est ça, Kim, Swordfish, c'est comme Sissi Impératrice..."

mardi 11 août 2009

Julie & Julia

Après de longues pérégrinations littéraires qui nous ont mené des Archives Nationales au Chercheur de trésors, en passant par le mémorial à Denis Vanier de la rue Panet (oui, nous aimons faire des allers-retours inutiles lorsque le temps est collant d'humidité), Chéri m'a emmené voir le film Julie & Julia, basé sur l'histoire d'amour à sens unique entre Julie Powell et Julia Child, la première grande dame américaine de la cuisine française. J'ai bien sûr eu à faire quelques moyens de pression (j'ai notamment rappelé à Chéri que nous avions convenu un jour d'aller voir Sex and the city dans un pacte biparti qui comprenait aussi Indiana Jones 4, et que finalement, nous avions vu Indy mais jamais Big demander Carrie en mariage - bref, qu'il me devait ce film), mais à ma grande surprise (et sans doute à la sienne aussi !), c'est lui même qui a avancé l'idée d'y aller aujourd'hui, et nous nous sommes bien amusés (je le surveillais du coin de l'oeil et je l'ai vu éclater de rire à plusieurs reprises).

Le film est amusant et bon enfant: ce n'est pas la chose la plus substantielle du monde, mais l'univers gastronomique qui nous est révélé est le plus sain qui soit: de la viande, de la crème, et du beurre, bon sang, que de beurre ! Bref: un film dont le compteur calorique disjoncte dès les premières minutes et remet à sa place la cuisine dans le coeur des gens. Si donc, j'ai trouvé les turpitudes sentimentales entre Julie Powell et son mari un peu longuettes, voire carrément inutiles, l'enthousiasme bon enfant que transcendaient Julie et Julia à l'écran ne peuvent que rendre les gastronomes (ce que nous sommes) heureux, et leur donner envie de se péter la panse avec des litres de sauce à la crème (ce qui est actuellement mon cas). De même, je soupçonne Chéri de rêver secrètement de pouvoir sauter dans une génoise au chocolat, couverte d'amandes effilées, comme le faisait le mari de Julie dans le film.

Honnêtement, le film est presque entièrement porté sur les épaules de Meryl Streep, qui incarne la très grande et très carrée Julia Child avec beaucoup de gestes et d'emphase. Ça marche. J'ai rarement vu quelqu'un qui jouait aussi bien le plaisir gustatif et le plaisir de la vie. Un film qui, en somme, déculpabilise et rend heureux. Un bon divertissement d'été.

jeudi 6 août 2009

Il est grand le mystère de Laval

Le fait de vivre à Montréal-Nord a entraîné de grands changements dans ma vie, notamment par rapport à mes déplacements extra-insulaires. Maintenant que Laval est tout près, chéri et moi allons souvent sur l'Île Jésus pour les choses heureuses de la vie, c'est-à-dire, se faire éclater la panse au Boston Pizza, magasiner des meubles dans un gigantesque Brault et Martineau, ou faire le tour des marchés moyen-orientaux.

Or, il y a une chose que je ne comprends pas avec Laval.

Pas le fait que les gens se donnent rendez-vous dans des restaurants dont l'adresse civique n'existe pas, non.

Pas le fait qu'il y ait plus de monde au Marché Adonis le dimanche matin qu'à la messe de minuit dans un village de campagne, non.

Non.

Ce qui me trouble vraiment beaucoup avec Laval, c'est le Colossus.

Maudit que c'est laid !!! Y'a personne un moment donné qui a dit à l'architecte de lâcher la drogue et de recommencer ses plans ? Personne ne s'est douté qu'un ostie de gros cinéma bleu pourdre avec un fake-ovni sur le toit, ce n'était pas ni du design, ni de l'urbanisme ?

Arg.

Je me suis étouffée de rire en allant au cinéma l'autre jour, mais maintenant, je suis plutôt triste pour les Lavalois. Comment est-ce qu'on peut vivre heureux dans une ville qui abrite cette horreur ?

dimanche 3 août 2008

Éphémérides culturelles


Chéri et moi avons loué la version originale de The Amityville Horror, celle réalisée par Stuart Rosenberg (Cold Hand Luke) en 1979 (et ce, même si la fiche signalétique du Phos indiquait 1970). C'était absolument étrange, parce que le film que j'avais toujours pris pour "le premier Amityville" ne l'était pas finalement, et, donc, je n'avais jamais vu cette version qui était, et c'est à propos, totalement terrorisante. Je me suis laissée prendre au jeu et c'était exactement comme écouter l'Exorciste la première fois: la tension monte, l'atmosphère s'alourdit, et le film devient l'instrument de nos propres angoisses. J'ai adoré, et j'ai trouvé que c'était la jaquette du film qui expliquait le mieux l'intérêt du film: "Le tour de force de Stuart Rosenberg, c'est d'avoir réussi à monter un ballet d'horreur avec les éléments du quotidien.". Je crois sincèrement que ce film mérite sa place au sommet du palmarès des "vrais-bons" films d'horreur, et ce, même si on sait maintenant que le livre de Jay Anson dont s'était inspiré Rosenberg n'était qu'une supercherie.

Maintenant, à force de lire les plotlines des différents films d'Amityville, je me rappelle plusieurs expériences de visionnement tournant autour d'artéfacts de la maison possédés (Amytiville Dollhouse: la maison de poupée, Amityville 1992: l'horloge, Amytiville New Generation: le miroir) mais je ne retrouve pas le souvenir du film que j'écoutais avec Audrée quand nous étions ados. C'est vraiment curieux. Peut-être qu'il n'a jamais existé !

Toujours est-il qu'il s'agit du dernier film que nous avons loué au Phos, qui ferme demain, ce qui, en soi, est une tragédie.

*****

J'ai lu très très vite le nouveau livre de Frank McCourt, qui avait écrit le (supposé) admirable livre qui avait donné le film Les cendres d'Angela; Teacher Man, un jeune prof à New York. Je trouvais que la prémisse était intéressante (un jeune prof à New York, dans les années cinquante), mais c'est vite devenu rasoir et mélodramatique à fond, avec le classique divorce tragique, et l'enfant qu'on ne voit plus, et les élèves pauvres et tristes... Blah. La traduction suçait grave, je ne sais pas si ça a contribué à mon ennui, mais finalement, j'ai peut-être perdu quelques heures de ma vie en lisant cette chose.

J'ai bien aimé, toutefois, ce moment où tous les profs du lycée sont réunis et qu'ils essaient de faire monter les notes de leurs élèves pour qu'ils atteignent la moyenne de Staten Island, où Frank McCourt a ce mot: "On doit leur donner des points pour la structure des paragraphes, notamment lorsqu'ils arrivent à faire des phrases d'introduction. D'une certaine façon, toutes les premières phrases deviennent des phrases d'introduction, pas vrai ? Donnons-leur trois points pour ça.".

Je vais la retenir, ça va m'être utile dans deux ans.

*****

Il y avait un documentaire et une émission spéciale de French Connexion sur Indochine ce matin. J'ai enfin compris pourquoi j'ai tellement accroché à Paradize: Oli de Sat n'est qu'un vil émule de son idole de jeunesse, je veux dire: Trent Reznor. Wow. Ça explique bien des choses.

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