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vendredi 4 mars 2011

Mali, dernière étape

Afficher De Mopti à Sikasso
Une petite pause à Sikasso avant de franchir la frontière du Burkina Faso. Encore tout un périple pour y arriver. Autant je n’ai pas cru ceux qui à Mopti m’assuraient qu’en partant à 15h je serai à Sikasso vers 23h, autant j’espérais quand même arriver avant 3h30 du matin… Sûrement le bus le plus pourri que j’ai pris jusque-là, avec tout son chargement (mon sac compris) sur le toit, les sièges arrachés, des sacs de riz plein l’allée centrale, un troupeau de chèvre dans la soute (qu’on vendra en cours de route pour y mettre… des moutons). Bref, une fois arrivé je décide de finir ma nuit à la gare routière, sur une petite chaise.
Sikasso, une petite ville dans le sud, le « jardin du Mali ». Effectivement plein de cultures un peu partout, un petit air de Casamance sans la mangrove. Rien de bien excitant, mais c’est plaisant, vide de touriste et de tourisme, on me laisse tranquille. Je trouve quelqu’un pour m’emmener à moto dans les environs ("bien sûr, c’est possible"). A Farako voir les champs de thé. Puis à Missirikoro où se trouve une grotte, évidemment « sacrée ». Les habitants des alentours, musulmans et animistes viennent y faire des sacrifices. Le guide du coin insiste pour que je sacrifie un poulet. Hum… non merci ça ira.
Cet après-midi, départ pour Bobo-Dioulasso, Burkina Faso.

Fabrique de thé près de Sikasso

mercredi 2 mars 2011

Retour au Pays Dogon

Afficher Voyage en pays Dogon
Mopti est une ville bien sale, sale mais pas désagréable. Un port au confluent du Bani et du Niger, une activité permanente, des pinasses pleines de sels en provenance des mines du nord du pays, de poissons, de riz.
L'hôtel est lui très agréable. Après quelques jours à buller en bord de piscine à manger des mangues, je me trouve un guide pour m'emmener découvrir le nord du pays Dogon Je pars donc mercredi matin avec Amadaga en moto pour la falaise. Après Bandiagara la route se dégrade sérieusement, mon sac (pourtant allégé de pas mal d'affaires laissées à Mopti) me scie le dos. On arrive en bord de falaise, le spectacle est toujours aussi saisissant. C'est différent du sud, où arrivé au bord de la falaise c'est l'apparition soudaine d'une étendue de brousse  infinie cinq cents mètres plus bas  qui vous laisse sans voix. Le nord est moins plat, en contrebas de la falaise une dune rouge orangée s'élève face à nous. C'est magnifique.
Arrivé en bas on passe par la dune. A deux, et bien chargés c'est difficile, on s'ensable plusieurs fois avant d'arriver à Tireli. Pas mécontent de mettre pied à terre. Mais avec une bonne moto c'est sans doute très sympa à faire. Tu vois ce qu'il te reste à faire Jérem : remonter les deux bécanes via le Burkina (à l'ambassade à Bamako le visa ne m'a coûté "que" 70€...) jusqu'au pays Dogon !
Je laisse mes affaires à Tireli avant de repartir à moto. Amadaga veut me montrer Nombori plus au sud. Débarrassé de mon sac, sur notre petite bécane le long de la falaise la balade est bien agréable. A Nombori c'est la pause, repas et sieste. Ici il n'est pas question de marcher entre 11h30 et  15h30, il fait bien trop chaud on doit frôler les 40 je pense. Premier repas d'une longue série de repas parfaitement infâmes. Dans les campements du pays dogon le choix est limité : pâtes, riz ou couscous. On visite Nombori, un peu à l'abandon puis on repart. En chemin on s'arrête dans un village où des hommes sont occupés à dépecer et cuire de la viande porc (les dogons, sont musulmans, chrétiens et surtout animistes), on en prend un morceau accompagné de bière de mil avant de repartir. Le soir, nuit à la belle étoile sur le toit du campement à Tireli. Ici pas d'électricité à des kilomètres à la ronde. Avant que la Lune ne fasse son apparition on distingue quantités d'étoiles dans le ciel.
Le lendemain on laisse la moto et on part pour Amani et ses crocodiles "sacrés". Dans une grosses mare tous les crocodiles du coin semblent s'être donné le mot et se retrouvent là pendant la saison sèche. Les crocodiles sacrés sont bien élevés, ils n'attaquent ni les villageois ni le bétail, pas même les touristes. Après Amani on doit rejoindre Ireli pour y passer la nuit. Et là gros problème avec Amadaga. Pour aller à Ireli il faut passer devant le village de Yaye, un "très joli village" selon Amadaga. Mais un village qui a pour tradition de chaque année offrir un "poisson sacré" à une personne de passage avant d'invoquer quelques fétiches assurant protection au village et... la mort de celui ayant reçu le poisson. Amadaga ne veut pas y passer et veut qu'on passe à l'écart par la dune. Je suis ravi, on va faire un détour de plusieurs kilomètres dans le sable par une trentaine de degrés pour contourner un - je cite - "très joli village" de peur que des villageois ne nous tendent un poisson pas frais.
Finalement avant de partir on apprend que le poisson a déjà été donné il y a deux jours. Excellente nouvelle, un malheureux est mort à notre place, on va pouvoir poursuivre tranquillement. Pas si tranquillement quand même, Amadaga n'est pas totalement rassuré, et si on ne passe pas par les dunes on reste quand même au large. On arrive à Ireli et ses nombreuses habitations troglodytes, vestiges des Tellem, peuple pygmée ayant habité la falaise avant les dogons. Au campement la bière de mil nous est encore servie à profusion. Quelle erreur... Ça ajouté aux patates douces et à la viande de porc et le lendemain j'ai le ventre rond comme une calebasse. Sale endroit pour tomber malade le Pays Dogon, quand dans chaque campement c'est plus ou moins le même refrain : "la douche elle est cassée", "la toilette c'est gâté"...
"C'est cassé". Après "Y'a pas de problème, oui c'est possible" voilà sans doute la phrase que j'entends le plus régulièrement en Afrique. C'est cassé et généralement ce n'est pas près d'être réparé. Je me traîne quand même jusqu'à Banani, puis Ibi pour passer la nuit dans le pire de tous les campements, pratiquement à l'abandon faute de touristes. Le lendemain ça va quand même mieux, on monte à Arou sur la falaise où l'on rencontre le "suppléant" du Hogon de Arou décédé l'an dernier. Le Hogon est le chef spirituel des dogons, il vit seul isolé de tous dans sa maison. Il nous parle des origines, de l'arrivée sur la falaise depuis le Mandé, des cousins Bozos, des Peuls de la plaine... Une scène étonnante que ce vieux monsieur - que je n'ai pas  le droit d'approcher - au sommet de sa falaise, face à moi devant sa maison bonnet vissé sur la tête me parlant d'événements datant de plusieurs siècles.
On redescend. À Banani quelqu'un nous a ramené la moto. On repart pour Sangha puis Bandiagara. Le petit tour en pays Dogon prend fin. J'avoue que ce deuxième passage dans la région me laisse un sentiment plus mitigé que le premier. J’ai vu le nord, réputé plus touristique. Et cette année des touristes, il n’y en a pas. En quatre jours j’ai croisé un groupe de trois français, deux belges et deux italiens. C’est tout. Tous ces campements vides, voire à l’abandon, laissent une impression étrange. C’est paradoxalement quand il n’y a plus de touristes que l’on voit l’impact que peut avoir le tourisme sur une région pareille. Tous ces vieux accros aux noix de kola (mis à part les touristes je me demande bien qui peut leur en donner), ces enfants qui mendient des bonbons, des "bic", des "cadeaux ", conditionnés par des voyageurs inconséquents… Et puis il y a tous ces hommes qui vivent du tourisme et qui restent là, assis toute la journée, espérant désespérément vendre un masque, une statue, un bogolan à mon passage. Le tourisme est une ressource pour la région, mais c’est une source d’argent bien trop "facile" pour ces jeunes qui prétendent tous être guide, sculpteurs, artistes... Que restera-t-il de ces années si les touristes ne viennent plus ? Rien ou presque, des campements abandonnés, et des jeunes qui ont oublié qu’avant en saison sèche ils s’occupaient des cultures saisonnières, de crépir les maisons, etc.
Mais ne vous y trompez pas, si vous avez l’occasion d’y aller foncez ! Les paysages à eux seuls valent le voyage. Et la vie dans les villages, la culture, l’histoire de ce peuple restent fascinantes. Je reviendrai ! Pendant l'hivernage cette fois, pour voir cette même falaise pleine de verdures et de cascades.

La "toguna"de Ibi, case à palabres face à la plaine

lundi 21 février 2011

Deux ans après, Djenné

Afficher De Kayes à Mopti
Les transports... Un jour de long trajet, ne jamais rien prévoir d'autre que d'éventuellement arriver à destination. Départ de Kayes le dimanche 13 à 8h, on part à l'heure. Alors que je me baladais dans le coin je dois même me presser vers le bus qui démarre. Une fois arrivés à la seconde gare routière de l'autre côté du fleuve Sénégal, ça se complique. On charge, on charge, on charge. Comme d'habitude on met tout et n'importe quoi en soute, des chèvres, des poules, une moto... Et quand enfin tout le monde monte dans le bus, il faut redescendre. Le bus "il est cassé"... On attend un autre bus et on recommence !
On part enfin. Bien sûr le bus s'arrête constamment, à chaque arrêt des femmes, des enfants montent vendre des gâteaux, des bananes, des papayes, des cacahuètes. Tout le monde partage sa nourriture. On pose des gens un peu partout, parfois au milieu de nulle part, au commencement d'un vague chemin.
J'arrive à Bamako vers 20h. Je me pose à l'auberge Djamilla (déjà testée il y a deux ans et que je vous recommande, très sympa). Je flâne quelques jours dans les marchés, je fais mon visa pour le Burkina et rebelote, départ pour Djenné ! Mes "amis" de Gana Transport me font quasiment le même coup que précédemment, le bus tombe en panne entre les deux gares routières... J'arrive finalement au carrefour de Djenné en fin de journée. Les souvenirs reviennent. Je pense à Philou, et aussi à Mathieu, avec qui j'étais là il y a deux ans. Après quelques minutes je réalise que ce gamin boiteux qui vend des gâteaux était lui aussi déjà là à l'époque...
Le bâché se remplit et on part pour Djenné. On prend le ferry et on entre dans cette ville entièrement faite de banco. La mosquée est là, imposante, parfaitement crépite. Le site est extraordinaire. J'y passe deux nuits. Deux nuits sous les étoiles et une lune pleine. Pas besoin de bouchons pour les oreilles, on n'entend que les ânes, quelques chants religieux le soir, et les oiseaux au petit matin.
Alors que je pensais rejoindre Mopti directement, je me laisse embarquer pour un petit détour hors piste... Départ prévu en camion à midi le vendredi, direction Manga à une quarantaine de kilomètres de Djenné. Mais vendredi c'est jour de prière à la mosquée. Il faut attendre. Puis le camion se remplit. Sur deux mètres de marchandises on doit être une quarantaine assis n'importe comment au sommet du camion. On traverse la brousse, prenant quelques branches d'arbres dans la figure au passage. Le camion se tord dans tous les sens. Au coucher du soleil, guidé par Bara, j'arrive à Manga. Manga Peul plus exactement. Je m'installe sur le toit d'une maison et je redescends. A Manga Peul on est... chez les peuls. Personne ne comprend un mot de ce que je raconte. J'ai déjà eu du mal à apprendre quelques mots de bambara, alors en fulfulde... Je finis par retrouver Bara. On prend le thé, puis vient le repas. Du tô, une pâte de mil cuite, accompagné d'une sauce au poisson. Pas fameux. Avec le tô une gamelle de riz accompagnée de... de sable, ça craque bien sous la dent. Petit à petit dans la nuit, une petite foule s'agglutine autour de nous. Je suis l'attraction du jour. Il y a une école depuis peu dans le village, les plus jeunes parlent un peu français. La petite Binta est même très douée. Bara joue au professeur, "Qu'est-ce que c'est "les oreilles" en peul ?". Je triche en pointant discrètement mon menton, mon nez, etc. au fur et à mesure de l'interrogation. Fou rire général.
Après un petit tour dans le village le lendemain (où on ne manque pas de m'inviter au petit déjeuner pour y déguster... hmm du tô), on part en charrette pour Kouakourou où c'est jour de marché. Les peuls y arrivent d'un peu partout pour y vendre leur bétail. Kouakourou est au bord d'un bras de Niger. Du port arrivent quantités de poissons séchés. C'est de ce même port que je dois partir pour Mopti.
Le départ de la pinasse publique est annoncé pour 17h environ (19h heure malienne). Le mécano qui  s'occupe du moteur (le pilote est à l'avant) me réserve une bonne place pas loin de lui. Une fois parti je me renseigne un peu sur l'heure d'arrivée. On me dit "vers minuit", ça nous fait du 2h heure malienne, je ne sais pas trop où je vais trouver un endroit où dormir à cette heure là à Mopti. On part. En cette saison le Niger est extrêmement bas, on s'échoue une première fois sur une bande de sable. Quelques personnes descendent dans le Niger pour pousser et on finit par repartir. On s'échoue une deuxième fois. C'est plus difficile, le mécano demande à d'autres passagers de descendre. "Toubabou !" ça c'est pour moi. Il se retourne vers moi hilare. J'échappe au bain de minuit dans le Niger. Puis tout le monde s'arrête, trop fatigués, on va dormir. Je me cale à l'extérieur, à l'arrière de la pinasse dan mon duvet. Pas le temps de dormir une heure qu'on recommence. J'attrape une perche pour pousser la pinasse. On tourne en rond sur un banc de sable. On finit par renoncer, il est 2h on va passer la nuit ici. Au loin on devine les lumières de Mopti, on n'est qu'à quelques kilomètres.
Au petit matin, alors qu'une autre pinasse est venue s'échouer près de nous on finit par repartir. J'arrive enfin à Mopti. Un bon lit dans un dortoir, une douche, une piscine, je vais me reposer quelques jours.

Mon camion pour Manga - presque - prêt au départ

samedi 12 février 2011

Du Sénégal au Mali

Afficher De Ziguinchor à Kayes
La route est longue pour se rendre au Mali. Au Sénégal je ne me déplace quasiment qu’en « sept-places », en théorie le moyen de transport le plus rapide. Je quitte Ziguinchor tôt le matin pour rejoindre Tambacounda. La route est belle en Casamance, des singes traversent régulièrement la route. Autre « espèce » très répandue sur les bords de route : les militaires en armes. Blindés, pick-ups surmontés de mitrailleuses, les contrôles sont très fréquents. On change deux fois de véhicule en cours de route, arrivée à Tamba en fin d’après-midi, après plus de huit heures de route.
Soirée devant France - Brésil avec quelques sénégalais et je repars le lendemain pour Kidira, la ville frontière. La route est un peu meilleure, on dépasse le train (qu’on aurait probablement rattrapé à pied). Puis vient le passage de la frontière, tout un poème… L’essentiel du trafic du Sénégal vers le Mali, et plus loin vers le Burkina, le Niger passe par là. Une file de camion s’étend jusqu’à l’extérieur de la ville. Arrivée au poste frontière j’apprends qu’il faut que j’aille faire mon tampon de sortie au commissariat, à l’autre bout de la ville. C’est parti pour un aller-retour… Mon passeport tamponné je passe la frontière à pied par le pont surplombant le fleuve Sénégal. Très joli, j’aurais bien pris une photo, mais ça reste un poste frontière, je m’abstiens. De l’autre côté c’est Diboli, je suis au Mali. Je monte dans un bus pour Kayes, il va maintenant falloir passer les formalités maliennes. On double une autre file de camions à l’arrêt par la piste et on arrive à la douane. Inspection des soutes, on fait descendre une femme pour qu’elle ouvre son sac plein… de tissus. Ça s’éternise.  Encore quelques centaines de mètres de pistes et on arrive au poste de police. Tout le monde descend, un par un, un policier récolte les papiers d’identité à la sortie et on s’assoie à l’ombre d’un arbre en attendant. On finit par nous appeler un par un. « Baptiste Vincent Agard ! » c’est moi, tout va bien je suis en règle. Je remonte dans le bus. Mauvaise inspiration, le même policier vaut aussi contrôler les personnes remontant dans le bus. Je me dirige vers la porte du bus, je suis le seul blanc, pas la peine de ressortir mon passeport je peux regagner ma place. Cette fois on va partir, on part même, on fait quelques mètres et le même policier nous arrête de nouveau. S’en suit une discussion animée en bambara, je ne comprends rien. Enfin si, je comprends bien que le policier nous laisse partir après qu’un passager lui ait tendu 2000 CFA (il en avait refusé 1000…) de la main à la main.
Après avoir passé plus de temps à la frontière que sur la route, j’arrive à Kayes. Poussière, chemin de fer, western africain. Le lendemain au petit déjeuner je rencontre Coulibaly dit « black » qui me propose d’assister à une conférence se tenant à deux pas de là où je loge. Il y a un festival à Médine, et parmi les conférenciers se trouve le conservateur du fort de Médine. Quelques longueurs africaines, mais c’est très intéressant. A la sortie mon ami éphémère a déjà disparu, j’en profite pour visiter un peu la ville.
A mon retour c’est soirée de gala dans le campement. Toujours dans le cadre du festival de Médine le ministre des transports est là, lui et d’autres officiels. C’est la deuxième fois que ma route croise une délégation ministérielle. A Oussouye en Casamance déjà c’était le ministre des sports qui préparait la campagne de Wade pour 2012. Je fais la connaissance de Touré le responsable du camp. C’est lui qui me conduira à Médine le lendemain.
Le fort est très bien restauré. Le site, coincé entre des collines et le fleuves Sénégal, est superbe. Après Saint-Louis et Podor je poursuis ma visite des lieux symboliques de la présence française en Afrique de l'Ouest.
Demain matin départ pour Bamako.

Gare de Kayes