Afficher De Santiago à Los Ángeles |
Un passage à Toronto, encore une nuit dans l’avion et j’arrive au Chili. Passage éclair à l’immigration. « Habla espanol ? » Non, pas grave. Un coup de tampon et « Bienvenido a Chile ! » Ça change de l’immigration américaine. A San Francisco, avec mon passeport aux milles tampons j’avais eu droit à un petit traitement personnalisé. Tout le monde tourne à droite après le comptoir, sauf moi. Non, vous c’est à gauche dans la petite salle au bout. Interrogatoire et passage en revue de chaque pays où je suis passé. Heureusement je n’ai quasiment pas mis les pieds au Moyen-Orient... Très polis et plutôt sympas ceci dit les officiers de l’immigration américaine. Au Chili c’est différent, c’est portes ouvertes !
Je prends le bus pour Santiago. J’ai encore une bonne partie de l’après-midi à tuer avant de retrouver Francisco plus tard en début de soirée. Je me pose sur l’avenida O’Higgins, envie de dormir. Je rencontre Denisse et Francisca qui prennent leur pause déjeuner. Elles parlent aussi bien l’anglais que moi l’espagnol, autant dire pas du tout. On se débrouille, toujours à faire des dessins sur mon petit carnet. Je les laisse repartir travailler, et je fais comme les chiliens : je me prends à manger et à boire et je m’étale sur la pelouse. Le lendemain visite de la ville. Une ambiance très européenne. Santiago c'est Madrid, avec des chiliens et la Cordillère derrière la brume. L’heure du déjeuner sur la Plaza de Armas. Qu’est-ce qu’on peut bien manger au Chili ? Déjà la veille en regardant passer la foule dans l’herbe j’avais trouvé les chiliens plutôt "bien portant". Je comprends un peu mieux pourquoi en cherchant à manger dans Santiago. Des fastfoods un peu partout. Je me mets au régime local. C’est peut-être bien en Amérique du Sud que je vais finalement reprendre du poids... « Dos completos y una cerveza ». Le completo c’est un hot-dog avec une sauce de nature indéfinie et… beaucoup de mayonnaise. Pas particulièrement délicieux mais ça cale. Le soir on sort à Bellavista avec Francisco. Un petit bar avec un groupe de musiciens. Ça fait un petit moment que je n’ai pas bu un peu sérieusement. Une bonne soirée, mais les Pisco sour m’ont mis par terre en un rien de temps. Le lendemain après sa journée de travail Francisco voudrait remettre ça. Moi qui n’ai quasiment rien fait de la journée je suis plus fatigué que lui. On part finalement acheter de quoi se faire un barbecue et… du Pisco. Soirée piscolas sur le balcon. A ce rythme la traversée de l’Amérique du Sud va être une succession de cuites… Il va falloir freiner un peu.
Arrive le weekend. Je pensais partir pour Valparaiso. Mais finalement j’ai accepté l’invitation de Pato, dans sa famille à Limache, près de Valparaiso et Viña del Mar. Valparaiso, "Valpo", mignonne petite ville en bord de mer, des collines, des ascenseurs, des petites maisons colorées et des fresques plein les murs. Viña, beaucoup moins de charme, une station balnéaire qui se remplit d’argentins durant l’été. Pato m’emmène au sommet de la Campana, le plus haut sommet de la région. A 1900 mètres on devrait voir la mer et les Andes. Après trois heures d’ascension on voit bien la Cordillère. Mais le temps s’est couvert sur la côte, le Pacifique est dans la brume. Quelques jours dans le coin et je rentre à Santiago, en bus depuis Limache. Rien à voir avec le bus de luxe que j’avais pris à l'aller. Plus rustique, embarquant et déposant les passagers un peu partout, même sur l’autoroute. Passage express à Santiago, une nuit. Et le lendemain je prends la route, la vraie. La Ruta 5 pour le sud. Pas de bus. Il est temps d’aller vérifier si ce qu’on dit du Chili est vrai. L’eldorado de l’autostop, la Mecque des leveurs de pouce… Je me lève tôt. Je prends le métro jusqu’au terminus et je cherche une station Copec avant l’entrée sur l’autoroute. J’attends cinq minutes avec ma pancarte « El Sur » et je monte dans la voiture de Marcelo. Il part à Rancagua avec sa mère, et il parle un peu d’anglais, ça commence en douceur. A Rancagua il me pose en bord de route. Là encore j’attends à peine cinq minutes, et ce n’est même pas moi qui fais signe au conducteur, c’est Julio dans son pick-up qui klaxonne et s’arrête alors qu’il s’engage sur la bretelle derrière moi. Très sympa Julio. Lui ne parle qu’espagnol, mais doucement. Je comprends un peu et avec lui je commence à apprendre. Il passe par la campagne visiter ses ouvriers avant de me conduire jusqu’à Talca, toujours plus au sud où il m’emmène manger à Las viejas cochinas (littéralement "les vieilles sales"), un restaurant populaire de Talca. Puis il me dépose sur la Ruta 5. Là je vais attendre un petit moment, en plein soleil. C’est l’autopista, les voitures et camions vont vite, difficile de s’arrêter. Un pick-up s’arrête, pas pour moi. Mais je leur demande si je peux monter à l’arrière. Pas de problème, je saute dans la remorque. Un saut jusqu’à Maule, où je n’ai pas vu la station Copec un peu plus sur la route. Un paysan dans son champ me fait comprendre qu’il vaudrait mieux que j’aille jusque là-bas. Il a bien raison. Cinq minutes d’attente à la station et j’embarque dans la voiture d’Angel jusqu’à Linares. Comme les autres, Angel me laisse son numéro de téléphone et même de carte d’identité, « si tu as un problème au Chili...». Comme les autres il connait le Chili d’Arica à Punta Arenas... Avec Marcelo puis Alexis je fais encore quelques dizaines de kilomètres et je me fais déposer à un péage. Au milieu de nulle part je dirais, une cinquantaine de kilomètres de Chillian. Bientôt 19h, un soleil rasant, les camions et les voitures se font plus rares. Je ne suis pas inquiet, j’ai la tente dans le sac, je commence à rassembler mes quelques mots d’espagnol pour demander où camper. Je n’ai plus d’eau, ça m’ennuie un peu. Mais finalement un camion passe le péage, un petit signe de tête au conducteur quand je vois qu'il me regarde. Il hoche la tête, allez c’est bon. Il arrête son semi sur la bande d’arrêt d’urgence. C’est Juan, un vieux routier qui parle un espagnol difficilement compréhensible pour moi, mais on se débrouille. Quelques dizaines de kilomètres après la bifurcation pour Conception lui aussi doit quitter la Ruta 5. Je le laisse aller décharger sa cargaison. Et aller aux putes aussi accessoirement, si j’ai bien compris. Même pour quelqu’un ne parlant pas espagnol c’était assez explicite, je pense que j’ai très bien compris. Je me retrouve en bord de route de nuit, à cinquante kilomètres de Los Angeles, la destination que je pensais atteindre en plus d’une journée. Ce serait trop bête de camper là. Je vais prendre un bus. Prendre le bus au Chili c'est d’une simplicité. Il s'en trouve des centaines qui sillonnent les routes nuits et jours, et il y a des arrêts de bus partout, y compris sur l’autopista. Il me suffit d’attendre un petit quart d’heure et de faire signe au premier que je vois. J’arrive le soir, à l’heure du diner, chez Nancy et Gregorio. Nancy parle parfaitement français. La journée parfaite, du matin au soir. Des rencontres, la Ruta 5 sous le soleil, des chiliens adorables, partout. Me gusta el Chile !
Je prends le bus pour Santiago. J’ai encore une bonne partie de l’après-midi à tuer avant de retrouver Francisco plus tard en début de soirée. Je me pose sur l’avenida O’Higgins, envie de dormir. Je rencontre Denisse et Francisca qui prennent leur pause déjeuner. Elles parlent aussi bien l’anglais que moi l’espagnol, autant dire pas du tout. On se débrouille, toujours à faire des dessins sur mon petit carnet. Je les laisse repartir travailler, et je fais comme les chiliens : je me prends à manger et à boire et je m’étale sur la pelouse. Le lendemain visite de la ville. Une ambiance très européenne. Santiago c'est Madrid, avec des chiliens et la Cordillère derrière la brume. L’heure du déjeuner sur la Plaza de Armas. Qu’est-ce qu’on peut bien manger au Chili ? Déjà la veille en regardant passer la foule dans l’herbe j’avais trouvé les chiliens plutôt "bien portant". Je comprends un peu mieux pourquoi en cherchant à manger dans Santiago. Des fastfoods un peu partout. Je me mets au régime local. C’est peut-être bien en Amérique du Sud que je vais finalement reprendre du poids... « Dos completos y una cerveza ». Le completo c’est un hot-dog avec une sauce de nature indéfinie et… beaucoup de mayonnaise. Pas particulièrement délicieux mais ça cale. Le soir on sort à Bellavista avec Francisco. Un petit bar avec un groupe de musiciens. Ça fait un petit moment que je n’ai pas bu un peu sérieusement. Une bonne soirée, mais les Pisco sour m’ont mis par terre en un rien de temps. Le lendemain après sa journée de travail Francisco voudrait remettre ça. Moi qui n’ai quasiment rien fait de la journée je suis plus fatigué que lui. On part finalement acheter de quoi se faire un barbecue et… du Pisco. Soirée piscolas sur le balcon. A ce rythme la traversée de l’Amérique du Sud va être une succession de cuites… Il va falloir freiner un peu.
Arrive le weekend. Je pensais partir pour Valparaiso. Mais finalement j’ai accepté l’invitation de Pato, dans sa famille à Limache, près de Valparaiso et Viña del Mar. Valparaiso, "Valpo", mignonne petite ville en bord de mer, des collines, des ascenseurs, des petites maisons colorées et des fresques plein les murs. Viña, beaucoup moins de charme, une station balnéaire qui se remplit d’argentins durant l’été. Pato m’emmène au sommet de la Campana, le plus haut sommet de la région. A 1900 mètres on devrait voir la mer et les Andes. Après trois heures d’ascension on voit bien la Cordillère. Mais le temps s’est couvert sur la côte, le Pacifique est dans la brume. Quelques jours dans le coin et je rentre à Santiago, en bus depuis Limache. Rien à voir avec le bus de luxe que j’avais pris à l'aller. Plus rustique, embarquant et déposant les passagers un peu partout, même sur l’autoroute. Passage express à Santiago, une nuit. Et le lendemain je prends la route, la vraie. La Ruta 5 pour le sud. Pas de bus. Il est temps d’aller vérifier si ce qu’on dit du Chili est vrai. L’eldorado de l’autostop, la Mecque des leveurs de pouce… Je me lève tôt. Je prends le métro jusqu’au terminus et je cherche une station Copec avant l’entrée sur l’autoroute. J’attends cinq minutes avec ma pancarte « El Sur » et je monte dans la voiture de Marcelo. Il part à Rancagua avec sa mère, et il parle un peu d’anglais, ça commence en douceur. A Rancagua il me pose en bord de route. Là encore j’attends à peine cinq minutes, et ce n’est même pas moi qui fais signe au conducteur, c’est Julio dans son pick-up qui klaxonne et s’arrête alors qu’il s’engage sur la bretelle derrière moi. Très sympa Julio. Lui ne parle qu’espagnol, mais doucement. Je comprends un peu et avec lui je commence à apprendre. Il passe par la campagne visiter ses ouvriers avant de me conduire jusqu’à Talca, toujours plus au sud où il m’emmène manger à Las viejas cochinas (littéralement "les vieilles sales"), un restaurant populaire de Talca. Puis il me dépose sur la Ruta 5. Là je vais attendre un petit moment, en plein soleil. C’est l’autopista, les voitures et camions vont vite, difficile de s’arrêter. Un pick-up s’arrête, pas pour moi. Mais je leur demande si je peux monter à l’arrière. Pas de problème, je saute dans la remorque. Un saut jusqu’à Maule, où je n’ai pas vu la station Copec un peu plus sur la route. Un paysan dans son champ me fait comprendre qu’il vaudrait mieux que j’aille jusque là-bas. Il a bien raison. Cinq minutes d’attente à la station et j’embarque dans la voiture d’Angel jusqu’à Linares. Comme les autres, Angel me laisse son numéro de téléphone et même de carte d’identité, « si tu as un problème au Chili...». Comme les autres il connait le Chili d’Arica à Punta Arenas... Avec Marcelo puis Alexis je fais encore quelques dizaines de kilomètres et je me fais déposer à un péage. Au milieu de nulle part je dirais, une cinquantaine de kilomètres de Chillian. Bientôt 19h, un soleil rasant, les camions et les voitures se font plus rares. Je ne suis pas inquiet, j’ai la tente dans le sac, je commence à rassembler mes quelques mots d’espagnol pour demander où camper. Je n’ai plus d’eau, ça m’ennuie un peu. Mais finalement un camion passe le péage, un petit signe de tête au conducteur quand je vois qu'il me regarde. Il hoche la tête, allez c’est bon. Il arrête son semi sur la bande d’arrêt d’urgence. C’est Juan, un vieux routier qui parle un espagnol difficilement compréhensible pour moi, mais on se débrouille. Quelques dizaines de kilomètres après la bifurcation pour Conception lui aussi doit quitter la Ruta 5. Je le laisse aller décharger sa cargaison. Et aller aux putes aussi accessoirement, si j’ai bien compris. Même pour quelqu’un ne parlant pas espagnol c’était assez explicite, je pense que j’ai très bien compris. Je me retrouve en bord de route de nuit, à cinquante kilomètres de Los Angeles, la destination que je pensais atteindre en plus d’une journée. Ce serait trop bête de camper là. Je vais prendre un bus. Prendre le bus au Chili c'est d’une simplicité. Il s'en trouve des centaines qui sillonnent les routes nuits et jours, et il y a des arrêts de bus partout, y compris sur l’autopista. Il me suffit d’attendre un petit quart d’heure et de faire signe au premier que je vois. J’arrive le soir, à l’heure du diner, chez Nancy et Gregorio. Nancy parle parfaitement français. La journée parfaite, du matin au soir. Des rencontres, la Ruta 5 sous le soleil, des chiliens adorables, partout. Me gusta el Chile !
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