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JO 2024: "On m'a refusé l'accès à l'Insep", la crise de l'athlétisme français racontée de l'intérieur par Zézé

Membre du relais français sur 4x100 mètres, le sprinteur Méba-Michaël Zézé est revenu sur sa préparation pour les Jeux olympiques. Il estime que la fédération française d'athlétisme n'a rien fait pour l'aider et lui a même mis des bâtons dans les roues.

Après les JO 2024 vient l'heure du bilan. Pour l'athlétisme français, qui n'a décroché qu'une médaille grâce à Cyréna Samba-Mayela sur le 100 mètres haies, il est particulièrement mauvais. Mais d'après Méba-Michaël Zézé, membre du relais qui a terminé sixième du 4x100 mètres, l'échec ne vient pas de nulle part.

Lui s'est exilé aux Etats-Unis pour s'entraîner ces derniers mois, au sein du groupe de Noah Lyles. Mais il regrette que la France ne propose pas un tel accompagnement, et pire, mette parfois des bâtons dans les roues de ses athlètes. "En 2021, je sors des JO, a-t-il expliqué jeudi, sur RMC. Je décide de partir à l'Insep, pour être dans un écosystème où je vais pouvoir m'entraîner correctement. Mais on m'a refusé cet accès parce que je ne rentrais pas dans leurs critères."

En creux, il comprend que son âge, proche de la trentaine, le freine. "Si la performance n'est pas le premier critère, c'est quoi alors ? C'est l'âge. Une personne capable de perfer tard reste une personne avec du potentiel, précise-t-il. Je pense qu'il y a tous ces petits combats qui animent la fédération et qui nous coincent."

"Jimmy Vicaut, à un moment, on lui a dit tu ne t'entraînes pas avant 18h"

"Je n'ai pas eu du tout d'aide, insiste Zézé. J'ai décidé de monter une cagnotte Leetchi pour marquer les esprits, pour montrer que même si j'étais à ce moment-là le meilleur athlète français sur le sprint, il fallait que je me bouge. Mon rêve olympique ne dépend pas de la fédération. J'ai décidé de prendre les rênes et d'avancer. Sans ça, je ne pense pas que je serais allé aux JO. Cette année-là, je l'ai un peu grillé parce que ça m'a pris de l'énergie, mentalement et physiquement."

Renaud Longuèvre, ancien coach de l'équipe de France, appuie Zézé. "Le haut niveau c'est que du cousu main et de l'humain, assure-t-il. Mickael c'est un mec qui ne triche pas. C'est un bosseur et un super relayeur. Alors ok il n'avait peut-être pas tous les critères, il était un peu haut dans les critères d'âge. Mais les mecs tirent des tableaux Excel comme ça. Tu fais des dégâts sur l'humain. Tu ne respectes pas forcément l'être humain qui est derrière."

Il donne même un autre exemple. "Mais il n'y a pas que Mickael. Jimmy Vicaut, à un moment, on lui a dit tu ne t'entraînes pas avant 18h. Jimmy Vicaut, il a été recordman d'Europe, 9"86. Ce n'est pas possible, regrette Longuèvre. Même s'il n'est plus à 9"86 et qu'il est à 10"10, il y a des choses qui s'appellent le respect. C'est ça qu'on a perdu, ce lien humain, cette flexibilité que tu dois avoir dans le très haut niveau." Il faudra tirer les conclusions nécessaires d'ici Los Angeles, dans quatre ans.

RW