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Date de création : 27.01.2012
Dernière mise à jour : 26.07.2024
379 articles


Le vent dans les cyprès VI Michel Teston

Le vent dans les cyprès VI Michel Teston

            © teston (photo extraite de son diaporama:"Le vent dans les cyprès")

 

Voici en cadeau le chapitre VI de mon roman: "Le vent dans les cyprès" (Michel Teston)

ISBN 2-9501967-1-3

Pour les mordus, s'il y en a, il me reste encore quelques exemplaires de ce livre que je peux vous envoyer ( 20 Euros TTC, au lieu de le trouver à prix d'or chez un bouquiniste sans un centime pour l'auteur déjà vieux et toujours poète maudit!)

 

                                Chapitre VI

 

                                 les  ragots 

 

 

 

Jean avala une dernière bouchée et sortit sa Mercedes du garage... Il voulait aller boire un crème chez la Germaine. Une habitude de bourgeois : ça ne se justifiait pas vraiment puisqu'il venait de prendre un copieux petit déjeuner... Il en profiterait peut-être pour voir

Estelle, la seule fille du pays qu'il connaissait pour l'instant... En l'espace d'une minute il arriva sur la place du village... Il aimait sa voiture : de la belle mécanique, de

la reprise, aucune côte ne lui résistait : montée ou descente, toujours la même vitesse.

 

L'arrivée de la belle Mercedes blanche sur la place ne devait pas passer inaperçue... Combien de regards planqués derrière les vitres ? Peu importe, Jean leur faisait le coup du mépris, et il descendit de sa voiture comme si de rien n'était...

 

Rentré chez la Germaine, il vit tout de suite qu'Estelle n'était pas là; c'est le patron qui servait. Par contre y avait une certaine animation. Cinq ou six individus, hommes et femmes, à l'aspect paysans discutaient à voix haute avec passion. Il se sentit gêné en reconnaissant au moins deux ou trois têtes qu'il n'avait pas vues depuis plus de quinze ans... Tout en prenant son petit crème, il  leur tourna légèrement le dos pour ne pas être reconnu et pour essayer de capter cette conversation, forcément intéressante, pensait-il, puisqu'il ne se passe jamais rien ici...

 

- Mais quand même, disait quelqu'un, il exagère bien un peu !... Ces étrangers, ça se croit tout permis, quelqu'un du pays n'aurait jamais fait ça !...

 

- Moi c'est pareil, disait une autre, il a fait exprès de planter des vignes près de ça mien, et il a rien trouvé de mieux que de boucher le chemin !...

 

- Quel chemin ?

 

- Celui du Clapas qui passe devant ma porte...

 

- Ah !  oui ? Ca alors !

 

- Il n'a pas le droit de boucher ce chemin ! Moi de tous temps j'y ai vu passer les bêtes ; que ce soit mon grand-père, mon père ou les autres, tout le monde passait... Oh ! mais moi je vous le dis, ça ne pourra pas durer comme ça...

 

- Il a bien de drôles de manières, pour ça, disait un
autre; c'est comme les droits d'eau : il ne respecte rien...

 

Les types parlaient patois la moitié du temps, et Jean n'arrivait pas bien à comprendre ce qu'ils disaient. Que ce soit son père, l'instituteur ou même la mamet, il faut dire qu'on s'était efforcé de l'empêcher de parler patois, et, en sa présence, déjà tout gosse, on parlait français, la langue de la réussite bourgeoise; ce qui fait que Jean avait en quelque sorte des blocages psychologiques qui lui empêchaient d'apprendre ce dialecte ; du reste, il n'avait jamais été doué pour les langues, que ce soit l'anglais ou autre...

 

- Pas moyen de lui faire comprendre à cet estafier, disait un des types, que j'ai le droit de lui prendre son eau du lundi au lever du soleil au mardi midi...

 

- Que si ! qu'il comprend ! répondait une femme, moi je crois qu'il ne veut pas comprendre.

 

- Il le fait exprès, disait un autre...

 

- C'est comme cette clôture qu'il a fait dessus sa maison, surenchérissait la femme, il m'oblige à faire un détour d'au moins un kilomètre avec mes chèvres... Jamais on n'avait vu ça... Si les anciens étaient là et qu'ils voient ça...

 

Les Anciens, c'était l'expression consacrée ici pour parler du bon vieux temps. Jean savait que les Anciens en question avaient mis au point toutes sortes de coutumes, non écrites nulle part, ne figurant sur aucun livre de lois et pourtant connues et respectées dans tous les pays... Depuis une quinzaine d'années, apparemment, ce n'était plus du tout ça, rien n'allait plus. Il n'y avait plus de respect humain, comme disait un vieux autrefois. Les règles du jeu étaient faussées. La mort des indigènes, l'exode des jeunes, y étaient pour quelque chose. D'autre part, les touristes et les bourgeois qui s'installaient au pays et achetaient parfois les terres à prix d'or, sans même les entretenir, ne respectaient pratiquement jamais ces us et coutumes; il en résultait des conflits perpétuels... Jean continuait à écouter la conversation, se demandant qui était cet il mystérieux et inconnu dont tout le monde parlait...

 

- Mais moi je crois qu'on va être obligé de s'y mettre à tous et de l'attaquer en procès, disait un paysan de sa voix traînante et forte...

 

 

En ville, dans les bistrots, on parle presque à voix basse, ici à Castelmaure on gueule comme des veaux en parlant, et on trouve ça tout à fait naturel. On n'impose pas son point de vue par sa dialectique savante, mais en couvrant de sa voix toutes les voix de l'assistance...

 

- « Ocos lou diablo » ! (c'est le diable) ce Debray disait la grosse « femmasse »...

 

Ainsi donc, il s'appelait Debray, ce personnage terrible qui semait la panique dans toute la région. Le mec Jean eut subitement envie de le connaître... Cet énergumène  qui avait, semble-t-il, réussi à se mettre à dos tout le pays, excitait sa curiosité...

 

L'accusation finale de la grosse paysanne avait jeté une sorte de froid, comme si tout le monde avait marqué le coup, approuvant tacitement, pensant que c'était là la vérité vraie... Du coup l'intensité de la conversation diminua d'un cran; on se mit à dévier, à changer de sujet... Jean en profita pour finir son café-crème et pour poser deux pièces sur le comptoir...

 

Estelle n'était pas là; il n'avait pas l'intention de s'attarder, d'autant plus que le patron, un gros à moustache, avait une gueule rébarbative, à faire pisser un cheval de bois, et il aurait été malaisé, sinon indécent, de lui demander des nouvelles de sa petite employée...

 

Dehors, il faisait un temps magnifique. Jean eut envie d'aller faire un peu de « footing » dans la campagne. Comme il était l'incontestable héritier de la propriété de son père (c'est loin d'être toujours le cas : il y a dans le pays un tas de familles nombreuses ; dans ces cas-là, la mort du père entraîne toute une série de tractations, discussions interminables, de disputes ; c'est chaque fois le partage de l'empire de Charlemagne ; parfois ce partage est rendu impossible par le véto d'un ou plusieurs des enfants : les choses restent alors comme elles sont, c'est le « statu quo », le « black-out » total, jusqu'à la solution finale, c'est-à-dire la mort des uns et des autres...) ce « footing » serait un prétexte pour visiter ses terres. Il ménerait sa voiture jusqu'au bout de la route; arrivé là, il escaladerait à pied la rude montagne, parmi les épines de châtaigniers, armé d'un bâton, comme autrefois, pour le cas où il verrait quelque vipère...

 

Le mec Jean qui était à ses moments du genre impulsif, sortit donc rapidement du bistrot, sauta dans sa Mercedes, et au vu et au su de tout le monde, démarra en trombe et traversa, à fond de ballon, sur les chapeaux de roues, le village si calme et si reposant de Castelmaure...

 

© Michel Teston  "Le vent dans les cyprès" ISBN 2-9501967-1-3

 

 

 Ci-dessous mon poème "Reveyre soun poï" (Revoir son pays) inspiré en même temps que le roman, et récité par moi-même. Bonne lecture et bonne audition!

 

 

 

Commentaires (2)

patricia93 le 30/10/2013
Je prends plaisir a réécouter ton poème "Reveyre soun poï"
Bisous et bonne soirée
http://patricia93.centerblog.net


cyclisme31 le 01/11/2013
Bonjour Michel ,
un très joli texte , qui nous raconte un peu la vie , que les anciens connaissaient autrefois ,
Je te souhaite un excellent Week-end
Amicalement Patrick
http://cyclisme31.centerblog.net


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