Critiques

Happy New Year : un spectacle d'envergure !

Réalisatrice : Farah Khan

Avec : Shahrukh Khan, Deepika Padukone, Boman Irani, Abhishek Bachchan, Sonu Sood, Vivaan Shah, Jackie Shroff, etc

Résumé : Cinq voleurs prévoient de faire le plus gros casse du monde à Dubaï. Leur alibi ? Participer à une compétition mondiale de danse. Pour paraître un peu plus crédibles, ils font appel à Mohini, une danseuse de bars. L'aventure ne fait que commencer !

Critique : Actuel deuxième plus gros succès de l'année en Inde, quatrième plus gros succès de l'histoire du cinéma indien sur le plan mondial, Happy New Year a été le géant de l'année. J'avais cependant quelques réserves avant d'entrer dans la salle de cinéma. La plus grande étant que Farah Khan est totalement imprévisible. Main Hoon Na avait de bonnes bases mais trop de défauts de débutante pour être vraiment excellent, Om Shanti Om était une majestueuse déclaration d'amour au cinéma indien et Tess Maar Khan était un plantage indigeste. Quel verdict donc pour ce Happy New Year ?

Comme souvent chez Farah Khan, le film peut être divisé en deux parties distinctes et la partie post-interval est largement plus sérieuse (à relativiser tout de même !) que la première. Ainsi, dès le début, Happy New Year nous annonce la couleur. Un spectacle absolument démesuré de feux d'artifices à Dubaï, un suspense créé, et nous voilà emportés dans un flash-back. 

On assiste alors à la présentation de "Charlie", alias King Khan, dans un style terriblement Farah Khan : un combat clandestin dans la boue. Voilà l'occasion pour la réalisatrice de nous montrer l'idole sous tous ses angles, exhibant fièrement ses muscles et son corps impressionnant. Certes, le combat n'a aucun intérêt scénaristique, ce qui est surprenant d'ailleurs car il va à l'encontre d'un match truqué, ce qui devrait lui créer quelques gros problèmes. Mais là n'est pas la question ! La réalisatrice en profite pour enchaîner avec la présentations de ses personnages, tous plus hauts en couleur et déjantés que les uns que les autres. 

L'humour est souvent lourd, téléphoné, répétitif...mais voilà, on connait tous le style de Farah Khan et se plaindre de son humour c'est comme aller voir un Marvel et se plaindre qu'il n'y a pas de scénario ! On vient en acceptant totalement le fait qu'il s'agira d'un gros spectacle décomplexé, et la jovialité avec laquelle la réalisatrice enchaîne les scènes comiques nous amènent à entrer totalement dans son monde. Le contexte du cinéma contribue également à la bonne humeur, puisque toute la salle explosait de rire toutes les trois minutes ! On retiendra une caricature délectable de Sajid Khan, un Boman Irani absolument hilarant en papy tombeur soumis à sa mère ou encore une scène de baston absurde et là encore assumée pendant laquelle un certain "Peter" ne cesse d'appuyer sur une blague attendue à laquelle on finit sans s'en rendre compte par adhérer totalement. C'est sûrement là que Happy New Year fait fort. Qu'importe les préjugés qu'on ait, qu'importe qu'on aime ou pas ce type d'humour, on est obligés de finir par rire aux éclats à un moment ou à un autre. Certes, on aurait pu éviter quelques fautes de goût (voir vomir Abhsihek au ralenti n'a jamais fait partie de mes rêves les plus profonds) et quelques autres plans au ralenti dispensables...mais franchement, ce divertissement déjanté est diablement efficace !

De ce gros spectacle, Shahrukh Khan est le véritable maître. Mis en valeur physiquement, il illumine l'écran à chaque apparition et toutes les mauvaises langues qui parlent d'un décalage d'âge entre lui et les actrices sont une fois de plus forcés de se rendre à l'évidence : cet homme est le roi du cinéma indien et il est encore capable de jouer les romances comme personne ! Je ne saurais dire le nombre de fois que j'ai entendu les spectactrices derrière moi (moyenne d'âge 20 ans) s'extasier devant le King avec de "Oh...qu'il est beau !". Le verdict est donné. Il nous emporte de bout en bout, nous fait sourire, nous fait rêver et apporte surtout une palette d'émotions plus graves : de la rancœur, de la haine, de la tristesse, etc. Son ironie acide envers les autres et sa dureté envers lui-même nous livrent un personnage plus profond et plus intéressant qu'on simple héros tout-puissant. Il ne fait pas partie du spectacle, il est le spectacle !

A ses côtés, Deepika Padukone ne cesse de prendre de l'ampleur à chaque film. Sacrée à juste titre reine du cinéma commercial indien (l'actrice vient d'enchaîner 7 succès consécutifs en 3 ans !), elle hypnotise le spectateur de bout en bout. Son entrée en vamp sensuelle dans "Lovely" a de quoi provoquer des crises cardiaque à toute l'audiance masculine de la salle et ce n'est que le début du spectacle ! Son personnage déjanté de jeune femme remplie de rêves et de naïveté malgré le contexte dans lequel elle vit la rend touchante. Au-delà de sa jovialité, on perçoit la fragilité d'un personnage que l'actrice nous rend plus vraie que nature. Elle crée le spectacle tout autant que King Khan, et leur couple est définitivement un des meilleurs de ces dernières années. Deepika sait absolument tout faire puisqu'elle danse incroyablement bien, et nous livre quelques chorégraphies d'envergure.

Côté casting "secondaire", Boman Irani est une fois de plus excellent. Cet acteur est capable de tout : folie, calme, comique, tragique, et ici il varie de scène en scène entre son énergie débordante et son affection sincère pour les autres. Abhishek Bachchan excelle lui aussi dans un registre comique qu'il maîtrise totalement (Dostana, Bol Bachchan, etc). Son double rôle est totalement assuré et il est certainement celui qui nous fait le plus rire de tout ce film !

J'ai été très agréablement surpris par Sonu Sood. Capable d'être excellent, mais aussi d'être un méchant de masala terriblement cliché, il est ici un gros bras au cœur tendre auquel on s'attache. Sa semi-surdité crée là encore de nombreux quiproquos délectables. Vivaan Shah tient bien son rôle, même s'il marque moins que les autres. Enfin, Jackie Shroff est une fois de plus parfaitement juste dans son rôle. Voilà un acteur qu'on aimerait retrouver plus souvent à l'écran !

La seconde partie du film souffre d'un petit flottement sur son premier quart d'heure, mais elle se relance rapidement, et l'arrivée de la bande à Dubaï confirme définitivement le renouveau du film. Et sur l'ensemble du film, on ne voit pas passer les 3 heures tant le spectacle est réjouissant. 

Un peu plus sérieuse, la seconde partie nous offre des moments de bravoure, d'émotion, de suspense et de disputes, sans perdre pour autant l'esprit comique qui caractérise le film. Et quand on réfléchit à la précision du scénario, on se dit que si quelqu'un d'autre que Farah avait eu accès au film, on aurait eu droit à un grand film de casse, une sorte de Special 26 gros budget. Toujours est-il que de mélanger tant de genres en un film donne un divertissement qui ne cesse de surprendre. Les rebondissements sont généralement prévisibles, mais ils ne sont pas pour autant dénués d'intérêt, bien au contraire. 

La séquence durant laquelle Shahrukh Khan explique ce qui est arrivé à son père est marquante et très bien maîtrisée. Les quelques face-à-face entre King Khan et Jackie Shroff sont d'une efficacité incroyable et c'est un plaisir de retrouver ce duo d'acteurs, qui se sont rencontrés de nombreuses fois à l'écran dans les années 90.

La séquence du casse permet également de monter d'un cran en termes de mise en scène et de suspense. Mais le véritable clou du spectacle est la finale du championnat, mise en scène magistrale du "World Dance Medley" qui - sans égaler "Malang" - s'avère être une des chorégraphies les plus marquantes de ces dernières années. Tout y est, les frissons, l'émotion et l'incertitude de la suite du film. Définitivement, on se souviendra pendant longtemps de ce final absolument hallucinant !

Au final, que retenir de Happy New Year ? Ce n'est pas du chef-d'œuvre, ni du grand cinéma d'auteur, mais voilà on n'est pas du tout venu pour ça ! A l'inverse, le film se révèle être un honnête blockbuster qui offre tout ce qu'on pouvait espérer d'un tel projet. Du divertissement de haut niveau comme on les aime, avec un casting irréprochable qui semble s'amuser autant que nous ! Le jodi SRK-Deepika fait des étincelles, les chorégraphies font mouche ("Lovely", "Indiawaale", "World Dance Medley"), l'air de rien on a droit à une histoire bien ficelée...bref, énormément de points positifs. Alors, certes, l'humour est lourd...mais dans un pays qui a eu le mauvais goût d'apprécier Les Visiteurs, Camping et Les Bronzés, qu'on vienne me parler d'humour subtil a toujours tendance à me faire ricaner ! Happy New Year est un vrai plaisir (plus ou moins coupable) et j'affirme librement ne pas avoir ri autant au cinéma depuis longtemps. Un succès mérité à ne pas manquer !

Ma Note : 17,5/20

PS : J'oublie un petit détail...contre toute attente (on l'imagine mal dans ce type de cinéma), on découvre un Anurag Kashyap qui ruine jovialement l'image mystérieuse qu'on lui attribue. Quel rigolade une fois de plus !