Fontainebleau

Publié le 28/04/2024 à 20:01 par cours-pour-le-plaisir Tags : course sur bonne vie moi place saint coup belle travail centre bleu

Dimanche 28 avril 2024, 7h05.

Je viens de me garer à proximité du centre-ville de Fontainebleau pour mon 4e semi-marathon officiel depuis que je cours.

Mon record jusqu'à présent était aux alentours de 1h45', réalisés à Saint-Witz et Andrésy en 2017 ou 2018 et 1h50 au semi de Paris en 2019. Tout en sachant que Saint-Witz comporte de belles côtes et Andrésy comporte un ''mur'' c'est-à-dire une côte très courte mais avec un pourcentage élevé à franchir deux fois.

Je recherchais un semi roulant pour me rapprocher le plus possible des 1h40' avec un objectif de 4'45'' par kilomètre. Attention tout de même le relevé final de ma montre Garmin indique 120 mètres d'ascension, sans parler du fait que certaines portions sont très venteuses et d'autres boueuses. Toutefois il faut raison garder, même si ce n'est pas non plus un trail, ce n'est pas le semi le plus roulant du circuit francilien à n'en pas douter. 

Je n'ai pas eu de difficulté à me garer à 7 heures du matin, bien que beaucoup de routes soient fermées à la circulation automobile.

Ensuite je marche un bon moment pour venir retirer mon dossard. Je m'égare après avoir suivi un groupe de coureurs marcheurs bien décidés. Je n'ai jamais su où ils se rendaient mais il me fallut rebrousser chemin, poser des questions avant de comprendre que je devais me rendre à l'hôtel de ville.

Je retire mon dossard en quelques minutes mais pas de tee-shirt bleu. Il était payant et j'avais oublié cette information qui m'a été rappelée après la course alors que je réclamais sans succès mon dû.

Puis je me rends aux toilettes. Une vingtaine de personne font le pied de grue devant moi. Au bout de 15 minutes d'attente infructueuse, je décide de me rendre à la consigne pour déposer mon sac. Je me renseigne et quelqu'un me fait savoir qu'il semble ne pas y avoir de consigne, ou tout au moins dans ce bâtiment. Vais-je devoir courir avec mon gros sac à dos ?

Allez j'ai assez tergiversé, je me rends manu-militari sur le lieu du départ car il est presque 8 heures, il me reste 15 minutes avant le coup de feu. 

Sur place des cabines WC sont à disposition des coureurs. Super. Aucun bénévole pour donner cette simple info qui eût été utile à de nombreuses personnes.

Pareil pour les consignes, il eût été utile de mieux communiquer sur ce point. 

L'avantage c'est que tout s'accélère en l'espace de 4 minutes et je peaufine pendant les 5 petites minutes restantes mon échauffement, tout en sachant que je suis sorti de ma voiture depuis déjà 1 heure, et j'ai déjà parcouru une bonne distance de marche à pied. Donc je ne suis pas inquiet pour le début de course, je suis en confiance et détendu.

Au départ, je ne vois pas de sas, mais ce n'est pas non plus une marée humaine, je parviens sans souci à me positionner vers l'avant du peloton sans pour autant me fixer aux avant-postes. Je ne suis pas non plus un élite, ou pas encore. ;-)

Ça sourit, ça rigole, je distingue des meneurs d'allure 1h40, 1h45 et 1h50.

Allez c'est parti. Même tactique que pour les précédentes courses, je me blottis derrière d'autres concurrents pour m'abriter au maximum du vent. Très vite je me fixe à 4'45'' et puis non je repense à ce que nous disait la prêtresse de la course à pied Véronique Billat. Partir vite c'est la garantie d'un bon chrono. Alors je me fixe plutôt autour de 4'20''.

Tout va bien, je suis frais, en confiance, serein. La vie est belle, j'attendais ce jour depuis des lustres.

Un concurrent me dépasse. Je prends sa foulée pendant 1,5 km environ, puis à un moment je le vois faiblir. Je l'embarque dans ma foulée et pendant la première partie du semi nous nous relayons, lui plus souvent que moi. Il vise les 1h35'.

A 10 km je suis sur une allure 10 quasiment, à savoir 45 minutes et des brouettes (mon record est à 43-44). Autant dire que je suis en surchauffe. Une spectatrice me dit en plaisantant que je suis rouge comme une tomate...que je dois être beau à voir !

A 12 km je suis dans le dur. Les jambes souffrent, et je commence à craindre pour mes ishios sans parler des quadris qui souffrent en raison d'une petite descente très sèche que nous traversons à plusieurs reprises. Je ne veux pas revivre une fin à l'agonie, c'est clair que je dois penser à lever le pied. De plus mon cardio lui aussi s'enflamme aux alentours de 170 bpm de plus en plus souvent. 

Je laisse filer mon acolyte et je choisis dès lors de suivre ma propre partition.

Peu à peu le cardio redescend vers 160 bpm. J'essaye de me rapprocher des 4'45'' mais c'est compliqué alors je me contente plutôt de 4'55'' puis parfois 5'00' et parfois plus encore. Alors quand je constate que ma vitesse diminue de manière trop nette, je re accélère un chouïa.

Je ne m'inquiète pas pour le temps final, grâce à une première heure frénétique, car je dispose d'une avance substantielle sur mon objectif.

Je m'auto-encourage. Le public aussi est là et chaque encouragement c'est un plus, quelque chose qui stimule et motive. Il faut le dire, j'aime ces parcours resserrés où le public peut s'agglutiner à des points clés, c'est vivifiant et chaleureux, c'est humain. Même si je n'ai pas la force de répondre, je prends toutes ces phrases glissées à la volée et cela donne du courage pour avancer.

Un petit mot par ici un autre par là et j'y crois.

Entre le kilomètre 12 et 16 j'ai peur de me blesser. Alors je me dis qu'il faut aller le plus loin possible viser le 15 , puis ajouter 600 mètres et viser le 16.

Au 17 seulement je commence à penser à l'arrivée. Il faut tenir hectomètre après hectomètre. Beaucoup de coureurs véloces, plus jeunes ....et parfois plus vieux me dépassent. Ma foulée est encore légère malgré le coup de chaud du kilomètre 12, les jambes tiennent.

La semaine d'affûtage s'est avérée payante, et jeudi sur la piste j'ai fractionné à allure semi au grand dam de mes collègues qui me reprochaient d'être timoré sur les intervalles. Non, il  faut parfois savoir dire non pour gagner le jour d'après.

Et aujourd'hui tout va bien.

Il reste 4 km et je me vois désormais à l'arrivée. Il faut tenir les 5' par km. Je m'accroche et je retrouve ma zone de confort. Je respire bien, enfin j'ai retrouvé le rythme. 

Dernière ligne droite le public est nombreux, je me prends pour un champion. Il faut tenir son rang et faire honneur à tous ces gens.

Je donne tout. 

Les derniers 200 mètres sont parcourus à 3'20'' de moyenne c'est ma plus grosse accélération. 

Je finis un peu en-dessous de 1h40, 13e de ma catégorie soit environ dans les 15 % sur la totalité des coureurs et 25 % dans ma catégorie. Je ne suis pas peu fier. Quel moment de bonheur. Oui le travail paye !

J'ai hâte de raconter mes exploits à mes proches et ceux de mon club. 

Sportivement