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Par rodriguez, le 22.09.2021
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Date de création : 24.10.2018
Dernière mise à jour :
18.11.2024
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Orque ou épaulard
Bien que toutes les orques n'aient pas le même comportement alimentaire, certaines s'attaquent aux autres mammifères marins – ce sont les seuls cétacés à le faire –, même les plus gros. Pour se nourrir, une orque peut mettre en pièces une baleine ou un autre dauphin, et les baleiniers lui ont fait une terrible réputation de tueur sanguinaire, d'où son nom anglais de killer whale (« baleine tueuse »)… bien qu'elle n'attaque pas l'homme.
Son régime alimentaire est en fait très varié. De nombreuses études menées notamment sur les populations d'orques résidentes des eaux littorales de la côte pacifique de l'Amérique du Nord, dans la région de l'île Vancouver en particulier, ont permis de mettre à bas sa réputation injustifiée et d'étendre considérablement les connaissances sur sa vie sociale. Ces recherches de longue haleine, fondées sur l'identification individuelle des animaux grâce à des fichiers photographiques, ont fourni un très riche catalogue de comportements.
Les nombreuses études menées sur les comportements des orques ont permis d'en mettre en évidence trois types, différant par leur comportement, leur organisation sociale et leur alimentation, et qui ne se mélangent pas entre eux : les orques résidentes, les orques nomades et les orques hauturières (ou « offshore »).
Adeptes de la vie en communauté, les orques résidentes, sédentaires, vivent en petites troupes stables de 5 à 20 individus, le plus souvent près des côtes. Selon les observations faites dans la région de l'île Vancouver (Canada), une troupe comporte en moyenne un peu plus d'adultes (57 %) que de jeunes (43 %), dont 4 % environ sont encore allaités. Chez les adultes, le nombre des femelles, plus élevé que celui des mâles (respectivement 34 % et 23 %), s'explique sans doute par un taux de mortalité plus fort chez ces derniers. Chaque troupe représente vraisemblablement une famille qui possède un répertoire acoustique propre, permettant de l'identifier. Très stable, elle peut toutefois se scinder pendant quelques heures, notamment lors de la recherche de nourriture. Des animaux seuls ou plusieurs sous-groupes nagent alors ensemble, mais à plusieurs kilomètres de distance les uns des autres. Les orques résidentes se nourrissent essentiellement de poissons.
Dans le détroit de Puget, situé entre l'île Vancouver et le continent, des études menées pendant près de cinq ans sur des groupes résidents ont permis d'établir une sorte d'emploi du temps type de la journée de l'orque résidente : 46 % de son temps, soit près de la moitié, sont consacrés à la recherche de la nourriture et à la capture des proies ; 27 % aux déplacements ; 13 % aux jeux et aux activités sexuelles ; 12 % au repos et au sommeil. Les rencontres avec les autres groupes couvrent environ les 2 % du temps restant. Ces activités se déroulent par séquences, selon un certain ordre : ainsi, le repos succède généralement à la chasse et peut être suivi par les jeux, qui précèdent les déplacements.
Les orques nomades forment généralement de petits groupes indépendants de 2 à 7 individus (souvent 3), comprenant fréquemment une femelle adulte et un ou deux de ses jeunes, qui se déplacent en permanence. Les jeunes mâles entretiennent des liens forts avec leur mère, dans de nombreux cas jusqu'à l'âge adulte. Ensuite, il semble qu'ils mènent une vie errante, essentiellement solitaire, bien qu'ils se joignent à d'autres groupes de nomades pendant la période de reproduction. Les femelles qui ne se sont pas encore reproduites se déplacent souvent ensemble. Contrairement aux orques résidentes, majoritairement piscivores, les orques nomades se nourrissent surtout de mammifères marins (phoques, marsouins, lions de mer…), parfois de grande taille si elles chassent à plusieurs (cachalots), ainsi que d'oiseaux marins, de tortues, de céphalopodes, et de poissons dont les requins (des orques nomades solitaires ont même été observées attaquant de grands requins blancs). Les nomades de l'hémisphère Sud sont friandes de manchots, qu'elles chassent près des côtes.
Les orques hauturières sont les moins bien connues. Un peu plus petites que les résidentes et les nomades, elles vivent au large en grandes troupes hiérarchisées comptant au minimum 25 individus, parfois jusqu'à plus de 60. On pense qu'elles se nourrissent surtout de bancs de poissons.
Les sauts, bonds et mouvements de queue spectaculaires des orques ne semblent pas liés à la nage ou aux déplacements. Pour tenter d'en comprendre la signification, les scientifiques les ont répertoriés selon les circonstances des observations.
Les orques adoptent souvent des attitudes d'observation. En faisant surface, elles élèvent brièvement la tête hors de l'eau ou se dressent verticalement, émergeant parfois jusqu'au niveau des nageoires pectorales, comme pour effectuer un tour d'horizon sur l'espace qui les entoure.
Ces positions d'observation, appelées en anglais spyhopping(littéralement « tour d'espionnage »), peuvent parfois être adoptées simultanément par plusieurs animaux d'un même groupe et sont fréquentes chez les jeunes. Dotées d'une vue excellente, les orques repèrent sans doute ainsi une proie éventuelle sur le rivage et reconnaissent le meilleur chemin pour s'échapper lorsqu'elles sont cernées par des bateaux.
Souvent, l'orque bat violemment l'eau avec ses nageoires lorsqu'elle joue avec d'autres orques. Le bruit qu'elle fait alors, en assénant des claques rapides sur la surface de la mer avec ses nageoires pectorales ou en frappant celle-ci en rythme avec sa nageoire caudale, se propage rapidement sous l'eau. Il est si fort qu'il peut être entendu à plusieurs kilomètres de distance. Ces grands battements sont aussi observés pendant les préliminaires de l'accouplement. Lorsqu'ils sont exécutés pendant la chasse, ils servent sans doute à effrayer les poissons pour les rabattre. Durant ses jeux, toujours bruyants et animés, l'orque fait preuve d'une impressionnante agilité malgré sa taille et son poids. Dressant sa queue hors de l'eau, elle la fait osciller longuement de droite à gauche ; ou encore, elle exécute des sauts étonnants : émergeant presque totalement, elle replonge tête la première ou, le plus souvent, se laisse lourdement retomber sur le ventre, le dos ou le côté, dans un grand jaillissement d'éclaboussures.
Comme les autres dauphins, les orques aiment se frôler les uns les autres. Ces contacts entre individus sont assez brefs, les animaux passant plus de temps, parfois près d'une heure d'affilée, à se frotter à des pierres du fond sur certains sites utilisés dans ce seul but, comme cela a été observé dans le détroit de Puget.
Enfin, lorsqu'elles passent à proximité d'un champ d'algues, les orques ne résistent pas à la tentation de se frotter contre ces végétaux et d'en rapporter quelques-uns jusqu'à la surface afin de mieux en ressentir la caresse sur leur nageoire caudale. On ne sait s'il s'agit là d'un jeu, d'un plaisir ou d'une nécessité.
L'orque, comme les autres dauphins, chasse presque toujours en groupe. La recherche et la capture des proies impliquent la coopération de tous les animaux. Les techniques de chasse et la taille des groupes sont adaptées à la nature des proies : bancs de poissons de toutes sortes (éperlans et morues, notamment), céphalopodes (seiches, poulpes), tortues, oiseaux marins, mammifères marins, petits et grands.
En coordonnant les activités de recherche, la détection des bancs de poissons est beaucoup plus efficace. Les orques piscivores se dispersent sur deux kilomètres et nagent à une allure de 5 km/h environ. Elles peuvent ainsi explorer au sonar 10 km2 par heure, surface considérable par rapport à celle que pourraient prospecter une orque isolée ou un groupe compact. Les signaux d'écholocation émis et reçus par les différents individus permettent à chaque animal de se situer par rapport aux autres, de rester en contact avec eux et de participer à l'activité générale du groupe. Ils sont cependant insuffisants pour coordonner précisément les actions de l'ensemble du groupe, notamment quand il s'agit de concentrer un banc de poissons ; l'orque utilise alors des signaux acoustiques.
Chez les populations d'orques résidentes du détroit de Puget, on a pu distinguer une quarantaine de ces signaux, dont certains sont spécifiques à chaque groupe et constituent une sorte de dialecte. Les chercheurs ont observé des similitudes dans les dialectes propres à divers groupes et ces ressemblances leur ont permis d'apprécier le degré d'association qui existe entre ces groupes. Enfin, chaque individu peut émettre un son spécifique, qui est comparable au timbre de la voix humaine. Cette « signature » permet aux animaux de se reconnaître acoustiquement et, peut-être à certains d'entre eux, de diriger les opérations.
Le langage des orques est différent entre les populations résidentes, nomades et hauturières.
La recherche d'autres mammifères marins pratiquée par les orques nomades semble se dérouler différemment. La difficulté n'est assurément pas la même puisque les orques peuvent être détectées acoustiquement par les autres cétacés (baleines ou dauphins) et visuellement par les pinnipèdes (otaries, par exemple), qui auront alors le temps de fuir à leur approche. Elles patrouillent donc en silence, se fiant à leur ouïe pour localiser leurs proies grâce au bruit que celles-ci font en se déplaçant ou aux signaux qu'elles émettent. Elles connaissent aussi les sites où baleines, phoques ou otaries ont l'habitude de se concentrer à certaines périodes de l'année pour se reproduire.
La capture de ces proies de choix et leur mise à mort dépendent de la taille et du nombre des futures victimes. Les baleines, qui se déplacent le plus souvent seules ou en petits groupes, sont des adversaires coriaces. Pendant qu'une partie des orques immobilise un animal en se saisissant de ses nageoires, d'autres attaquent la tête, mordant ses lèvres pour le forcer à ouvrir la bouche ; ils peuvent ainsi attraper sa langue, partie très vulnérable, véritable « talon d'Achille » de ce mastodonte. Certaines baleines parviennent à s'enfuir en se débattant violemment. En zone côtière, elles peuvent être repoussées et isolées par les orques dans les eaux peu profondes qui bordent le rivage, où elles sont beaucoup plus vulnérables. Les observations faites sur les cadavres de baleines, et plus particulièrement sur les rorquals, montrent que les orques ne mangent qu'une partie de leur proie, soit par manque de temps – car le rorqual, plus dense que l'eau, a tendance à couler après sa mort –, soit par manque de moyens, leur denture ne leur permettant que d'arracher et non pas véritablement de sectionner des morceaux de lard ou de muscles.
En pleine mer, les phoques et les otaries constituent des proies faciles. Mais, quand ils se trouvent à proximité de la terre ou de la glace, ils peuvent échapper à leurs prédateurs (s'ils les ont détectés à temps) en sortant au plus vite de l'élément liquide. Encore que, dans l'hémisphère Sud, les orques déploient une technique de chasse consistant en « échouages » volontaires sur les plages pour se saisir des otaries sortant de l'eau ; parfois entièrement émergées à l'issue de ces attaques, elles regagnent la mer par puissantes contorsions de leur corps.
Entre mâles et femelles, tout commence comme pour un jeu à la saison des amours : tapes données avec les nageoires et caresses diverses, au cours desquelles les partenaires se frottent et se roulent l'un contre l'autre en surface. Après ces préliminaires, l'accouplement lui-même se déroule souvent à la surface de l'eau, au milieu des éclaboussures et des tourbillons, ce qui rend son observation malaisée. Durant l'action très brève – 30 secondes tout au plus –, les animaux s'accouplent soit en position horizontale, soit en position verticale ; ils accolent leurs ventres et s'arriment brièvement l'un à l'autre avec leurs nageoires pectorales.
La durée de la gestation est relativement longue, de 15 à 16 mois, et les femelles ne mettent au monde qu'un petit tous les trois ans au maximum. La mise-bas et les premiers soins donnés aux petits ne varient guère par rapport à ce que l'on observe chez les autres dauphins. La mère, sans doute aidée d'une autre femelle, pousse le nouveau-né vers la surface pour lui permettre de respirer. À la naissance, le petit orque mesure de 2,20 à 2,90 m, mais il grandit vite. La première année, il ne se nourrit, semble-t-il, que du lait de sa mère, qu'il ne quitte guère d'ailleurs. Lorsqu'il veut boire, il la sollicite d'un petit coup de nez dans le ventre, près de la mamelle, et boit adroitement le jet de lait maternel propulsé.
On rencontre parfois des sous-groupes d'orques composés uniquement de petits allaités et de jeunes, mais un adulte n'est jamais très loin. Il est là pour surveiller et, dans certaines circonstances, pour coordonner les activités.
Comme chez tous les cétacés, la croissance de l'orque est rapide durant les premières années de la vie. Après une dizaine d'années, celle des femelles ralentit nettement, alors que les mâles continuent de grandir. À l'âge adulte, ceux-ci peuvent atteindre près de 10 m de long, alors que la taille maximale des femelles est de 7 m. À cette différence de taille correspond également une différence de poids : les mâles adultes pèsent parfois deux fois plus lourd que les femelles (respectivement 8 et 4 tonnes).
L'âge de l'orque est évalué d'après le nombre de couches d'ivoire constituant ses dents. La longévité maximale ainsi calculée avoisine les 35 ans. Il faut dire que, dans la nature, l'orque ne craint pas grand-chose. À part l'homme ou, éventuellement, les autres orques (un cas de cannibalisme a été rapporté), elle n'a pas d'ennemis. Le taux de mortalité de l'espèce est donc relativement faible : de 1 à 9 % selon les auteurs.
Aujourd'hui, mieux aimées et mieux connues de l'homme, les populations d'orques ne semblent pas menacées. Cependant, ce nouvel intérêt et cette popularité acquise auprès du grand public constituent paradoxalement une menace pour ces animaux. Une véritable industrie touristique (whale watching) s'est développée à leurs dépens. Dans certaines zones d'Amérique du Nord, leur domaine est maintenant sillonné par de nombreux bateaux qui, souvent, portent atteinte à leur tranquillité.
Dans le détroit de Puget, en particulier dans sa partie méridionale, le trafic maritime a considérablement augmenté et l'habitat de l'orque subit de ce fait des nuisances acoustiques croissantes. Or, on l'a vu, l'audition est le sens dominant chez les cétacés. L'écholocation leur est indispensable, tout comme les signaux acoustiques qu'ils émettent. Il existe vraisemblablement chez les cétacés un seuil au-delà duquel l'organisme ne s'accommode plus des bruits de l'environnement. Des troubles peuvent alors apparaître qui, chez l'orque, pourraient altérer grandement les capacités de survie et le comportement social. Le trafic maritime et les bruits qu'il engendre constituent donc une sérieuse menace dont il importe d'évaluer les nuisances par un suivi de la population.
Par ailleurs, la surpêche industrielle diminue les stocks de poissons (saumon notamment) dont les orques résidentes se nourrissent.
Enfin, une pollution chimique notable affecte cette même région. Un certain nombre de poissons pêchés dans les eaux de l'État de Washington présentent des affections pathologiques graves (tumeurs, ulcérations) et des produits chimiques toxiques ont été trouvés dans leurs organes. Le saumon, principale nourriture de l'orque dans le détroit de Puget, renferme dans ses tissus du mercure, du plomb, de l'arsenic. De hautes teneurs en divers polluants ont été mises en évidence dans les tissus des orques elles-mêmes : produits organochlorés (DDE [VP3] notamment), PCB (polychlorobiphényles) et métaux lourds (mercure en particulier). L'effet de ces polluants sur l'organisme des cétacés est difficile à évaluer. Il est toutefois probable qu'ils diminuent les défenses immunitaires des animaux et perturbent leur système endocrinien et la fonction de reproduction.
Cette situation n'est malheureusement pas localisée géographiquement. Des analyses ont mis en évidence des polluants dans les tissus d'orques dans d'autres régions du monde, comme l'Antarctique. Elles montrent que ces produits se sont répandus dans tous les océans, même dans des zones reculées que l'on a longtemps crues à l'abri de toute pollution.
Une étude (publiée en 2007) menée dans le Pacifique Nord-Est a toutefois montré que la concentration, dans les tissus de l'orque, en polluants dont l'utilisation a été interdite décroît avec le temps. Mais les auteurs de cette étude, avec d'autres, craignent que ces substances se maintiennent dans les populations d'orques pendant plusieurs décennies encore avant de disparaître.