Guingamp attend la Ligue des champions, entre fierté et indifférence

C'est de très loin la plus petite ville à accueillir des rencontres de Ligue des champions cette saison. Avec ses 7.105 habitants, Guingamp va vivre la prestigieuse compétition par procuration, en mettant son Roudourou à disposition du Stade Brestois 29, qui débute la toute première aventure européenne de son histoire jeudi 19 septembre face aux Autrichiens de Graz.

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Sur les bords du Trieux, on ne s'est évidemment pas découvert une passion pour le Stade Brestois. Très peu de locaux iront encourager le voisin et (parfois) rival. Mais les Guingampais sont plutôt fiers de retrouver un peu de lumière, alors que le club aux deux Coupes de France (2009, 2014) végète en Ligue 2 depuis cinq ans. Pierre-Jean Corre, un agent SNCF de 46 ans, sort justement de la boutique de l'En Avant de Guingamp avec deux places pour le match de vendredi contre Annecy. "Brest qui vient à Guingamp, ça a posé quelques problèmes avec les supporters au départ. Maintenant pour la ville, c'est sympa. C'est quand même quelque chose la Ligue des champions, pour une petite ville de 7.000 habitants, c'est royal !", s'enflamme ce supporter, qui se souvient avoir vu ici l'Inter Milan de Djorkaeff et Zamorano en 1996 (32ᵉ de finale de la Coupe de l'UEFA).

Jérôme, 34 ans, un ancien du Kop Rouge (le club des supporters de Guingamp) attablé à une terrasse, retient surtout la venue du Real Madrid, le 29 janvier. "C'est des clubs qu'on n'a pas l'habitude de voir au Roudourou. C'est magnifique ! Ce serait bien que ce soit Guingamp et pas Brest, c'est sûr, mais il faut avant tout supporter la Bretagne".

Du travail pour les hôtels et les bars

Les trois hôtels de la ville affichent complets depuis plusieurs semaines. Au Brit Hôtel de l'Arrivée, face à la gare de Guingamp, Julie Martin reçoit encore des appels chaque jour, mais ses 49 chambres sont réservées depuis la fin août. "Je suis obligée de refuser. Ça s'est rempli sur internet avec des supporters, on suppose. D'habitude, on a des réservations un ou deux jours en avance, là dès que le calendrier a été diffusé, on a eu des réservations pour le 19 septembre, le 23 octobre, le 10 décembre et le 29 janvier. On a un peu de tout, clientèle régionale et étrangère". La gérante a prévu un renfort de personnel et des stocks de boissons et de sandwiches.

En centre-ville, les bars se préparent eux aussi à un pic d'activité grâce aux supporters. Didier Calvez, le patron du Bar des sports, va "mettre une tireuse dehors pour les accueillir, et pour que les habitués soient tranquilles à l'intérieur. J'espère les voir !"  Sur la place du Centre, qui servira de lieu de rassemblement des supporters étrangers, les commerçants sont particulièrement enthousiastes. "C'est une bonne chose pour nous, reconnaît Bertrand, gérant du Grand Café. Économiquement, on va avoir quatre journées qui devraient être très belles. On va mettre un barnum dehors pour avoir une pompe en plus, on va essayer de les accueillir au mieux".

Le maire socialiste de Guingamp a tout fait pour encourager cette délocalisation des matchs européens du Stade Brestois. "Pour nous c'est une fierté, confirme Philippe Le Goff. Et on voit bien que ça génère une activité festive sympa, c'est aussi ce qui relie les gens. Donc je suis très content de voir qu'à travers cet événement, on a des gens qui viennent de l'étranger. C'est aussi ça qui porte un rayonnement pour une collectivité comme la nôtre".

Les charmes de la petite cité de caractère séduiront-ils les supporters de Graz, Leverkusen, Eindhoven ou Madrid ? "Peut-être que certains vont apprécier l'environnement au point de revenir une prochaine fois en vacances, veut croire l'hôtelière Julie Martin. Ça peut être bénéfique".