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Ruralité : “Même pour 1 euro, personne n’en veut", la pharmacie de Oiron n'arrive pas à trouver de repreneur

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La pharmacie de Oiron (Deux-Sèvres) ne trouve pas de repreneur. En mars 2024, sa propriétaire va pourtant prendre sa retraite. Pour trouver une autre pharmacie, les habitants du bourg devront donc se rendre jusqu’à Thouars, à 13 km de là.

La pharmacie de Oiron (Deux-Sèvres) ne trouve pas de repreneur, même pour 1 €
La pharmacie de Oiron (Deux-Sèvres) ne trouve pas de repreneur, même pour 1 € © Radio France - Julien Morceli

À trois mois de la retraite, les journées d'Hélène, pharmacienne à Oiron (Deux-Sèvres), sont encore bien remplies. Elle doit réceptionner et ranger les commandes de médicaments, servir les clients sans oublier toute la partie administrative. La pharmacienne travaille six jours sur sept, et ne prend quasiment pas de vacances.

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Estimée à 200.000 euros

Il y a encore quelques années, Hélène avait deux employés pour l’épauler, mais avec le départ des deux derniers médecins du bourg, les clients se sont fait plus rares et elle a dû se séparer de ses deux salariés. Sa pharmacie, achetée 3 millions de francs en 1996, est aujourd'hui estimée à 200.000 euros. Pourtant, elle est devenue invendable. “Je n’ai aucun appel. Même pour la vendre à l’euro symbolique, personne n’en veut”, explique-t-elle. Les jeunes pharmaciens préfèrent en effet investir dans des pharmacies plus grandes, afin de pouvoir se relayer les week-ends et les jours de gardes.

Aucune pharmacie à la ronde dans un rayon de 13 km

À partir du mois de mars, ses clients devront se rendre jusqu’à Thouars, à 13 km de là, pour trouver une pharmacie. “Vous ne pourrez plus venir à vélo ! ”, lance Hélène à un habitué venu chercher son traitement. Lui s’inquiète pour ses voisins âgés qui n'ont pas de voiture. “Comment vont-ils faire pour aller chercher leurs médicaments ?", s'interroge-t-il.

Hélène Bargue partira à la retraite en mars 2024, elle ne sera pas remplacée.
Hélène Bargue partira à la retraite en mars 2024, elle ne sera pas remplacée. © Radio France - Julien Morceli

Un phénomène récurrent dans les villages, mais aussi en ville

À quelques kilomètres de là, la pharmacie de Cersay, fermera elle aussi ses portes début 2024. Là encore, faute de repreneurs. Une situation récurrente dans les territoires ruraux, “mais aussi dans les villes” observe Bernard Penicaud, pharmacien à Niort et élu du conseil régional de l'ordre. “On a récemment eu le cas à Niort sur au moins deux officines”. Ce phénomène s’explique selon lui par l'absence de médecins. “Les déserts médicaux d'aujourd'hui sont les déserts pharmaceutiques de demain", assure-t-il.

La Vienne est également touchée, ajoute Julien Delage, Vice-président du Syndicat des pharmaciens de la Vienne. Selon lui, en 2023, deux pharmacies ont fermé à Poitiers, et deux autres à Châtellerault.

Le prix des médicaments trop bas, selon les pharmaciens

Bernard Penicaud pointe également le prix des médicaments en France, trop bas, et la difficulté à trouver des pharmaciens diplômés.Sur l'Université de Poitiers, qui est notre université de référence ici, on forme quelques dizaines de pharmaciens en sixième année, ce qui est totalement insuffisant pour couvrir les besoins de la profession”, déplore aussi Bernard Penicaud.

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