Une mosquée de Reims contrainte de fermer, des fidèles s'inquiètent d'un "quartier livré à lui-même"

Elle doit fermer ses portes dans moins d'un mois. À Reims, dans le quartier Croix-Rouge, une salle de prière musulmane ouverte depuis 1978 au 11 rue des Savoyards va bientôt être transformée en logement. Le propriétaire du local, le bailleur social Le Foyer Rémois, a en effet dénoncé le bail dans le cadre d'un plan de rénovation urbaine. L'association Alliance, chargée de la vie de la mosquée, dénonce une absence de solution pour trouver un autre lieu de culte.

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"Il y a trois bailleurs à Croix-Rouge : Plurial Novilia, Le Foyer Rémois et la mairie. Il n'y a pas de parc privé dans le quartier", explique le président de l'association Abdelhak Bellamine. "On comprend que" les deux bailleurs sociaux "ne puissent pas trouver de solution, donc ça doit passer par la mairie. Il y a des terrains, des locaux disponibles et vides" et "nous financerons avec les dons des fidèles" assure-t-il. Contactée par France Bleu Champagne-Ardenne, la ville répond ne pas avoir "de compétence ou de droit pour intervenir dans ce dossier qui concerne une pratique cultuelle. Le principe de laïcité est clair : la ville de Reims n’a ni à empêcher, ni à faciliter l’installation d’un lieu de culte."

"Croix-Rouge a besoin d'une mosquée"

Au sein de l'association Alliance, on s'inquiète pour la communauté musulmane du quartier. "Il faut une heure pour aller jusqu'à la Grande mosquée de Reims. Imaginez quelqu'un qui a des béquilles... Non ce n'est pas la solution", affirme son président Abdelhak Bellamine. Il craint aussi des conséquences pour les jeunes : "Aujourd'hui s'ils ont une question d'ordre religieux, au lieu de contacter je ne sais qui ou d'aller sur internet, ils vont voir notre imam qui leur explique. Si demain la mosquée ferme, vers qui vont-ils se tourner ces jeunes?", s'interroge-t-il. "C'est pour cela qu'on demande que cette mosquée reste : on combat le fanatisme, le radicalisme, l'extrémisme. Laissez-nous travailler, laissez-nous poursuivre notre mission. Le quartier Croix-Rouge a besoin d'une mosquée", plaide le responsable associatif.

"En tant qu'étudiant, avoir une salle juste à côté de la fac, ça facilite la vie", raconte Ryan, 24 ans. "Ça nous permet d'être toujours concentré sur notre travail et de pouvoir venir prier, parce que notre foi est toujours présente", ajoute Ibtissem, étudiante en licence de géographie et aménagement. "On fait le chemin ensemble, on discute, franchement c'est super bien", abonde son amie Lina qui fréquente la mosquée quotidiennement. "Ça me change les idées, et s'il n'y avait plus de salle je ne resterais que dans mes études ... ça ne m'aiderait pas du tout. Là je suis plus efficace." "Quand on a appris qu'elle allait fermer, on s'est pris un coup de massue sur la tête", abonde Mouloud, habitué de la salle de prière depuis 2008. "C'est comme à la maison, parfois on mange ensemble...", ajoute ce Rémois de 42 ans, qui souligne l'importance du lieu pour les habitants de Croix-Rouge.

Manifestations et pétition

D'autant que la salle de prière n'est pas la seule à être contrainte de quitter la rue des Savoyards : le n°9, siège de l'association Alliance et également propriété du Foyer Rémois, est aussi concerné par un Nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU). Le bail a par ailleurs expiré le 30 juin dernier. "Les petits qui viennent pour le soutien scolaire ne vont plus trouver d'aide, les gens qui ont besoin d'aide administrative vont être perdus... Le quartier va être livré à lui-même", prédit Hamid Guennoun, membre d'Alliance. Contacté par France Bleu Champagne-Ardenne, Le Foyer Rémois, qui va procéder à une "réhabilitation énergétique conséquente" et une "résidentialisation" de certains immeubles de la rue des Savoyards dont les n°9 et 11 d'ici "fin 2026", a répondu ne pas être "en mesure de proposer à l’association un local répondant à ses besoins et conforme aux normes de sécurité applicables aux établissements recevant du public".

Pour protester contre la fermeture de la salle de prière, l'association Alliance va organiser deux manifestations, le 9 décembre rue des Savoyards et le 16 décembre devant la sous-préfecture de Reims. Une pétition, qui a recueilli plus de 2 000 signatures, a également été lancée.