La charge mentale fait peser un risque accru de maladie du coeur sur les femmes, leur première cause de mortalité

Il est de couleur rose, impossible à manquer sur la place Danton, sur le parvis du Pôle Simone Veil, au Havre. Le "Bus du cœur des femmes" s'est installé dans la cité océane jusqu'à vendredi 13 septembre. Il propose de 9h à 17h un dépistage gratuit des maladies cardio-vasculaires spécifiquement dédié aux femmes, car contrairement à une idée reçue, elles sont particulièrement sujettes à ces pathologies, notamment en raison de la charge mentale qui pèse sur elle. C'est la première cause de mortalité des femmes. 200 femmes meurent chaque jour en France des suites d'une maladie cardio-vasculaire, c'est quasiment sept fois plus que la mortalité liée au cancer du sein.

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"C'est une urgence vitale absolue" qu'un centre de dépistage leur soit spécifiquement dédié, alerte Thierry Drilhon, co-fondateur du fonds de dotation "Agir pour le cœur des femmes", à l'origine du "Bus du cœur des femmes", invité du Choix de France Bleu Normandie ce jeudi. "Il y a à peu près 50 % des symptômes qui sont différents entre l'homme et la femme, mais il y a des facteurs de risque, notamment les trois phases clés de la vie hormonale des femmes, la contraception, la grossesse et la ménopause. Il y a des données physiologiques qui font que les artères et le système coronarien des femmes est beaucoup plus fragile que le système coronarien des hommes."

81% des femmes font passer la santé de leur famille avant la leur

Il y a les facteurs de risque traditionnels liés aux addictions (alcool, tabac,...). "Et vous avez quelque chose qui est beaucoup plus délétère sur l'artère d'une femme qui est la charge mentale, poursuit Thierry Drilhon. Aujourd'hui, notre vie moderne fait que les femmes sont des grandes professionnelles parce qu'elles travaillent, sont des super épouses, des super mamans, des super logisticiennes pour toute la vie de famille. Mais en fait, cette charge mentale est beaucoup plus délétère sur l'artère d'une femme que sur l'artère d'un homme."

50 % des symptômes sont les mêmes entre les hommes et les femmes, et 50 % sont différents. "Par exemple, une fatigabilité à l'effort, une douleur derrière l'omoplate, des troubles gastriques" sont des signes à prendre immédiatement en compte, détaille Thierry Drilhon. "Tout ce qui est brutal, tout ce qui est soudain doit alerter les femmes. Il faut rendre les femmes actrices de leur propre santé, parce que 81 % des femmes ne s'occupent pas de leur santé et s'occupent de la santé de leur conjoint, des enfants ou des parents. Elles repoussent toujours en se disant 'Demain ça ira mieux'. Il faut donc informer les femmes sur ces facteurs de risque qui sont atypiques chez elles et faire en sorte qu'elles n'hésitent pas, notamment à appeler le 15 dès lors qu'il y a une douleur ou quelque chose de très brutal. Les femmes connaissent particulièrement bien leur corps de par leur vie et c'est important qu'elles restent à l'écoute."

Informations pratiques

C'est la quatrième année que le "Bus du cœur des femmes" sillonne le territoire. 12 000 femmes ont été dépistées depuis 2021. Il est stationné place Danton jusqu'au vendredi 13 septembre, ouvert de 9h à 17h. Les dépistages sont gratuits et se font sur inscription au 02 35 19 45 45, ou auprès de la ville et de la CPAM. À l'issue du dépistage, un courrier de synthèse sera remis pour le médecin traitant, et des rendez-vous de consultations spécialisées pourront être pré-réservés.