Que retenir de la visite d'Emmanuel Macron au Fort de Joux et dans le Jura ?

Une halte surprise pour montrer qu'il peut encore échanger, certes vivement, avec les Français : Emmanuel Macron a défendu ce jeudi son bilan à Dole, dans le Jura, avant un hommage mémoriel à Toussaint Louverture, au château de Joux, dans le Doubs, qui lui a permis de vanter les mérites de "l'ordre" au service de la "liberté".

ⓘ Publicité

De retour sur le terrain à un rythme soutenu depuis qu'il a décrété "cent jours" pour relancer son second quinquennat empêtré dans la crise des retraites, le chef de l'État avait prévu un hommage à l'esclave affranchi devenu général, mort en captivité dans le Fort de Joux. Mais alors que des manifestants contre la retraite à 64 ans l'attendaient près de l'ancienne forteresse, le chef de l'État s'est d'abord présenté au marché de Dole, à une centaine de kilomètres de là, pour une visite surprise, avant de poursuivre son chemin en hélicoptère jusque dans le Doubs.

Pas de casserole à Dole, mais le président a été interpellé par un habitant sur les salaires des grands patrons.

L'hommage à Toussaint Louverture

L'objectif de la visite, c'était officiellement l'hommage à Toussaint Louverture. Dans un discours d'une quinzaine de minutes, le chef de l'État a salué un "inlassable combattant" pour la liberté, héros de la lutte contre l'esclavage. Il a salué "un extraordinaire parcours tout entier tourné contre l'assignation à laquelle sa naissance le vouait".

"Ce nom de l'ouverture résonne depuis longtemps au plus profond de notre mémoire", a ajouté le chef de l'État en rappelant que ce nom de Louverture fut donné à une rue puis un lycée de Pontarlier.

Prenant exemple sur Toussaint Louverture, Emmanuel Macron a aussi vanté dans son discours les mérites de "l'ordre" au service de la "liberté" et ceux de la "concorde". "Révolutionnaire d'exception, Toussaint Louverture considérait lui aussi que seul l'ordre pouvait maintenir la liberté, la prospérité et le bien public", a-t-il lancé depuis la forteresse.

Le 17 avril, lors de son allocution télévisuelle, le chef de l'État a érigé "l'ordre républicain" parmi ses trois chantiers prioritaires pour tenter de tourner la page de la réforme des retraites et relancer son quinquennat.

Opposants à bonne distance

Le président de la République est arrivé avec du retard, peu après 12h35 en hélicoptère, sur le stade de football situé non loin du château de Joux.

Les manifestants ont été, eux, tenus à bonne distance de la visite présidentielle. À 1,5 km environ du château de Joux, entre 200 et 300 manifestants ont été retenus, au prix de quelques bousculades, par un cordon de gendarmerie. "On n'a jamais vu un président qui se protège de cette manière, et qui nous méprise autant", a grincé Pascal Maillard, 62 ans, retraité d'Enedis. "Ce dispositif (...) c'est démesuré : on n'est pas des terroristes, on veut juste se faire entendre", a déploré Céline, 51 ans et enseignante en primaire.

Une halte surprise sur le marché de Dole

Avant l'hommage à Toussaint Louverture, le président de la République s'est posé vers 11h à l'aéroport de Dole. Il s'est ensuite invité de manière impromptue sur le marché de Dole, entre les halles et la collégiale Notre-Dame, pour échanger avec les quelques habitants présents.

Accueilli à chaque visite de terrain par un concert de casseroles et de sifflets depuis l'adoption de la réforme, Emmanuel Macron a pu montrer cette fois qu'il pouvait aussi aller sans accroc au contact des Français, même si certains échanges ont été vifs et directs. Pourquoi cet exercice ? "Pour entendre les difficultés (...) Avoir des idées nouvelles, ressentir ce qui est compris, ce qui n'est pas compris", a-t-il expliqué, accompagné de quelques journalistes, devant des passants éberlués.

Interpellé sur les écarts de rémunérations et les salaires des grands PDG, le président de la République Emmanuel Macron s'est dit "choqué". "Ça me choque [ces écarts], ça choque tout le monde", a-t-il répondu à un passant. Le chef de l'État a longuement discuté avec commerçants, clients et simples badauds sur la hausse des prix, les petites retraites ou encore les déserts médicaux.

"Tout est cher. Il y a des gens qui crèvent de faim", lui a lancé une passante. "Voiture de fonction, logement gratos, on n'a pas tous ça nous hein". Une commerçante s'est plainte d'être "en retraite et de travailler quand même".

Le chef de l'État a rappelé les baisses d'impôts, la suppression de la taxe d'habitation, les chèques énergie ou la hausse des petites pensions avec sa réforme très contestée des retraites.

Les opposants mobilisés

Le président a aussi eu droit à son concert de casseroles. Les opposants à la réforme des retraites ont mis en place un comité d'accueil à Pontarlier au départ du rond-point André Malraux. Ils étaient près de 70 à bloquer le rond-point dès jeudi matin depuis 10h.

Le préfet du Doubs a retiré ce jeudi matin son arrêté interdisant de manifester à la Cluse-et-Mijoux. Trois recours avaient été déposés devant le tribunal administratif de Besançon, mais devant ce recul des autorités, le tribunal a du coup annulé son audience qui était prévue à 8h30 ce jeudi.