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Trafic de stupéfiants à Canteleu : l'ex-maire de la ville Mélanie Boulanger jugée pour complicité à Bobigny

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L'ancienne maire de Canteleu (Seine-Maritime) comparait à partir de ce lundi devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Mélanie Boulanger est jugée pour complicité de trafic de stupéfiants, avec 18 autres prévenus, dont son ancien adjoint Hasbi Colak. Les deux élus nient toute implication.

La maire de Canteleu, Mélanie Boulanger,  lors dune conférence de presse après sa garde à vue, le 11 octobre 2021.
La maire de Canteleu, Mélanie Boulanger, lors dune conférence de presse après sa garde à vue, le 11 octobre 2021. © Radio France - Christine Wurtz

Le tribunal de Bobigny juge à partir de ce lundi l'ex-maire de Canteleu et 18 autres prévenus en lien avec le trafic de drogues dans cette commune de Seine-Maritime. Mélanie Boulanger, qui a démissionné de sa fonction de maire en février dernier "pour raisons de santé", est poursuivie pour complicité de trafic de stupéfiants, aux côtés de son ancien adjoint, Hasbi Colak.

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Si le procès se tient à Bobigny en Seine-Saint-Denis, c'est que l'enquête débute à Nanterre le 25 septembre 2019, par l'interpellation d'un homme dans un Berlingo Citroën blanc avec plus de deux kilos de cocaïne. Le véhicule appartient à un restaurant de Canteleu dont le gérant, Hasbi Colak, est l'adjoint au maire de la ville, en charge du commerce. Deux ans d'investigations vont aboutir à mettre au jour un vaste trafic de drogue, organisé autour d'une fratrie cantilienne déjà connue des services de police, les Meziani. Deux frères, Aziz et Montacer et leur sœur Fouzia.

Dix millions de bénéfices annuels selon les calculs des enquêteurs

Une organisation très lucrative qui aurait écoulé 720 kilos d'héroïne, 180 kilos de cocaïne et rapporté plus de 10 millions d'euros chaque année, soit plus de 21 millions d'euros sur les deux ans de la prévention, selon les estimations des enquêteurs. Les investigations ont révélé que le trafic s'appuyait notamment sur un bar de Canteleu, "le Jean Jaurès", situé tout près de la mairie et qui servait au blanchiment de l'argent de la drogue. Il aurait aussi bénéficié de la complicité de la maire socialiste de la ville, Mélanie Boulanger, et de son adjoint, tous deux soupçonnés d'avoir rendu des services et fourni des informations à la famille Meziani, notamment de les avoir renseignés sur des opérations de police à venir et sur l'installation de caméras de vidéosurveillance.

Des écoutes téléphoniques qui posent question

Les deux élus, mis en examen en 2022, nient toute implication dans le trafic de stupéfiants. L'enquête n'a d'ailleurs révélé aucun enrichissement personnel, mais l'accusation s'appuie principalement sur le contenu des écoutes téléphoniques. Des conversations et des échanges de SMS entre les deux élus montrent que Hasbi Colak aurait servi d'intermédiaire entre les trafiquants et la maire de Canteleu.

Mélanie Boulanger aurait ainsi retardé l'installation de caméras de vidéosurveillance et serait intervenue pour faire cesser des contrôles de police trop fréquents qui gênaient les trafiquants. Un SMS qu'elle envoie au numéro 2 de la police départementale en atteste. Elle aurait aussi fait pression sur un policier municipal pour qu'il arrête des contrôles qui déplaisaient à la famille Meziani.

"Une instruction à charge" contre les élus selon les avocats de la défense

Arnaud de Saint-Rémy, l'avocat de Mélanie Boulanger, et Jérémy Kalfon, qui défend les intérêts de Hasbi Colak, regrettent ce qu'ils estiment n'être que "des interprétations" et dénoncent "une instruction faite à charge" contre les deux élus "sous pression" selon la défense. Après sa démission en février 2024, Mélanie Boulanger dénonçait, de son côté, la grande solitude dans laquelle les services de l'État l'auraient laissée face au trafic de stupéfiants et aux menaces qu'elle a reçu de la part des trafiquants.

Mais elle n'a jamais déposé plainte, ni adressé la moindre dénonciation au parquet, relèvent les juges d'instruction. Un "double positionnement" de l'élue, "affichant publiquement une volonté de lutter contre le trafic, mais officieusement en lien direct avec les trafiquants", peut-on lire dans l'ordonnance de renvoi.

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La tête du réseau toujours en fuite

Dix-neuf personnes seront donc jugées à partir de ce lundi et jusqu'au 24 juin au tribunal correctionnel de Bobigny, mais seulement 18 seront présentes, car celui que le dossier désigne comme la tête du réseau, Aziz Meziani, est toujours en cavale au Maroc. Selon le calendrier prévisionnel, Hasbi Colak et Mélanie Boulanger, qui comparaissent libres sous contrôle judiciaire, doivent être entendus le 12 juin.

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