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Assassinat de Laura Tavarès à Alençon : "Je me suis jeté sur elle comme un animal", raconte l'accusé au procès

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Témoignages, rapports d'enquête et d'autopsie, interrogatoire, excuses de l'accusé : le deuxième jour du procès de l'assassinat de Laura Tavarès à la cour d'assises de l'Orne à Alençon mardi a été très dense et intense. Avant les plaidoiries, le réquisitoire et le verdict qui sera rendu ce mercredi.

Les scellés lors du procès de l'assassinat de Laura Tavarès à Alençon : le marteau et le couteau avec lesquels Evan Jean a tué la jeune femme.
Les scellés lors du procès de l'assassinat de Laura Tavarès à Alençon : le marteau et le couteau avec lesquels Evan Jean a tué la jeune femme. © Radio France - Nolwenn Le Jeune

On ne l'avait quasiment pas entendu depuis le début du procès de l'assassinat de Laura Tavarès à Alençon. Il n'avait pas été plus prolixe pendant les trois ans et demi d'instruction. Evan Jean, l'ex-petit ami de la victime, a parlé longuement devant la cour d'assises mardi. Un long interrogatoire, entrecoupé de quelques silences, émaillé d'incohérences, dans lequel il a tenté de raconter cette funeste journée du 14 janvier 2021.

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L'accusé explique que le rendez-vous était fixé chez Laura, qui voulait lui "parler de certaines choses". Ces choses, c’est, selon lui, un avortement durant l’été. "Elle m’a dit qu’elle avait été enceinte de moi, mais qu'elle avait pris seule la décision d'avorter. Ça m’a mis en colère. On s'est disputé. Elle m’a demandé de partir".

"Je voulais lui faire mal"

Evan Jean explique qu'il est alors descendu, et que c'est une fois arrivé en bas, qu'il a trouvé par hasard le marteau. "Je suis remonté avec, je voulais lui faire mal, comme moi j’avais mal". "Mal physiquement ?", lui fait préciser la présidente, qui souligne qu'il avait dans l'autre main son couteau. "Vous vouliez la blesser ? La tuer ?" Un silence… et la réponse résonne dans la salle d'audience. "La tuer".

Et il raconte la sauvagerie de la scène suivante. "Je me suis jeté sur elle comme un animal. J'ai frappé la tête avec le marteau, je lui ai mis un coup de couteau sur le côté. Elle est tombée, je lui ai remis des coups de marteau à la tête". "La tête ?", demande la présidente. "Ça veut dire quelque chose la tête, selon les experts ça représente la personne". Evan Jean reste silencieux.

Et le rapport d'autopsie confirme la violence et l'acharnement. Une plaie au thorax qui a perforé le poumon et touché le cœur, causée par le couteau enfoncé jusqu'à la garde. "Cela a provoqué une hémorragie interne qui a probablement entraîné la mort, indique la médecin légiste. Laura a également été victime d'un "traumatisme crânien encéphalique sévère", avec une dizaine de plaies importantes sur le cuir chevelu qui peuvent aussi avoir participé au décès.

Des explications confuses

Il s’enferre ensuite dans des explications confuses. Il ne sait pas pourquoi le pantalon de Laura était déboutonné, "peut-être quand je l'ai transportée pour la mettre sur le lit ?" Il n'explique pas non plus pourquoi il est revenu dans l'appartement dans la nuit, pourquoi il a volé la carte bancaire et le téléphone de Laura. Il continue aussi de prétendre qu'il a trouvé le marteau en bas de l'immeuble. Mais le voisin qui avait déposé des outils à cet endroit ne reconnaît pas celui qu'on lui présente sur la photo.

Et il maintient que Laura lui a bien dit qu'elle était enceinte de lui, alors que tous les témoignages établissent qu’il n’était pas le père. "Mais il n’y a que vous qui dites ça !", s’agace la présidente. Et elle enchaîne sur la relation qu'Evan Jean prétend avoir eu avec Laura malgré la séparation. "Ça ne correspond pas à ce que disent les témoins, tout le monde dit qu'elle voulait rompre. Ça ne correspond pas non plus aux SMS retrouvés dans le portable de Laura. Elle avait peur de vous. Je veux bien tout entendre, mais il faut quand même que ce soit un minimum cohérent avec les éléments du dossier".

Evan Jean encaisse. Tout cela pèsera lourd au moment où les jurés se retireront pour délibérer. Alors les excuses, qu'il a présentées pour la première fois depuis la mort de Laura, sont-elles en mesure d'adoucir un peu la sentence ? "Je suis sincèrement désolé, c’est inhumain, elle ne méritait pas de mourir". Son avocat veut y voir une évolution positive de son client. "Stratégie de défense, balaye un de ses confrères de la partie civile. Les proches ne sont pas du tout convaincus par sa sincérité."

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